J’ai moins d’un an,
Je viens d’inspirer ma première bouffée d’air, je suis en vie. Maman me serre fort dans ses bras, un peu trop même. Mais elle vient de passer une nuit entière à essayer de me mettre au monde, alors je n’en lui en veux pas de me tordre actuellement le bras. Papa lui, il est agenouillé juste à côté de maman et il est heureux. Le sang recommence enfin à circuler dans sa main après plusieurs heures de souffrance, causées par les griffes de ma maman qui s’agrippaient à la main d’encouragement, que mon papa lui offrait. Mes parents étaient heureux, ils venaient de me mettre au monde. Moi. Lila Mills-Davidson.

J’ai cinq ans,
Il y a un petit étang près de notre manoir, c’est mon papa qui me l’a fait découvrir! Depuis ce temps, je gambade toujours vers cet endroit à chaque fois que j’y trouve le temps. Là-bas, je deviens une chasseuse de grenouilles. Au début, je chassais à l’aide de mes mains, mais cette technique n’était pas très au point alors papa a décidé de m’apprendre le sort « glacius ». Ainsi, quand je chasse, je lance ce sort et je congèle toutes les grenouilles qui osent m’affronter. Je suis devenue une vraie professionnelle, papa et maman sont fiers de moi! Récemment, je me suis fait un ami à l’étang, nous sommes devenus de très bon copain, j’ai essayé de le présenter à mes parents, mais ils disent que ce n’est qu’un ami imaginaire et qu’en fait, il n’existe pas. Ils mentent. Je sais ce que je vois et je sais reconnaitre un petit garçon lorsque j’en croise un!

J’ai six ans,
Ma psychologue m’a dit qu’il y a 5 phases au deuil. La première est le déni. C’est cette phase qui a durée le plus longtemps chez moi. Je ne l’ai pas réalisé jusqu’à ce que ma maman me crache au visage ces puissants mots : « Il est mort pauvre idiote ». Simple et efficace vous direz, un peu trop. Mes yeux se sont teintés d’un voile de larmes, ils étaient tous globuleux, je ne les avais jamais vu dans cet état. Mon corps tremblait et j’avais de la difficulté à me tenir sur mes deux jambes… « il est mort »… C’est ce qu’elle venait de prononcer et chaque lettre était en train de se graver sur mon cœur, sans aucun anesthésiant pour alléger la douleur. Maman était toujours devant moi, droite comme une statue de marbre : « Son tueur lui a arraché le cœur! Il a transpercé son corps et il l'a retirés en créant une rivière de sang...C'est mon mari qui est mort dans son propre sang », dit-maman le regard fixé au loin. Je n’en pouvais plus. Je me suis abattue au sol. Je regardais ma mère non plus avec des yeux recouverts de larmes, mais bien d’un regard rouge, emplie de colère. Je venais de tomber dans la deuxième phase du deuil. La colère.

J’ai six ans et demi,
J’ai toujours adoré mes deux sœurs. Elles sont très importantes pour moi et je serais prête à tout faire pour elles, à la seule condition que cela ne me nuise pas bien sûr. Nous sommes jamais mieux servit que par soi-même à ce qu’on dit et j’approuve entièrement ce proverbe! J’ai 6 ans et demi et je veux que mon papa revienne, il me manque. Je suis prête à échanger ma mère contre la vie de mon père s’il le faut. Celle-ci est devenue folle et sa présence ne fait qu’aggraver notre situation familiale. Si je pouvais échanger mon papa contre ma mère, nous serions une famille heureuse à jamais. Je ne demanderais plus de cadeaux lors des fêtes de noël, enfin... j'en demanderais qu'un seul cadeau..! Et si ma mère ne suffit pas, je veux bien échanger ma petite sœur, Lio. Elle est bien gentille, mais elle est trop calme et silencieuse! Et puis, depuis que papa a été assassiné, on ne pourrait pas la décrire comme un enfant normal. Elle me fait un peu penser à mère parfois, lorsqu’elle arrête soudainement de marcher et commence à contempler le paysage avec ce regard frissonnant qu’elle aborde à chaque fois qu’elle nous fait ce coup! Je suis allée voir ma psychologue récemment et je lui ai parlé de mon idée d’échanger ma mère et Lio contre mon papa. Celle-ci m’a répondu que ce n’est pas possible mais que le côté positif est que je suis rendue à la troisième phase du deuil, qui est le marchandage…

J’ai sept ans et quelques mois,
Je mériterais une couronne et un diadème. Ma psychologue vient de m’annoncer que mon deuil est enfin terminé! Cela m’a pris 4 mois traverser la phase de la dépression et je viens tout juste de franchir la dernière, mieux connu sous le nom de l’acceptation. Je me sens soulagée, je pense toujours à mon papa, mais ma psychologue m’a dit que c’était quelque chose de permanent et que je suis dorénavant prête à accomplir de nouveaux défies. Youpi!

J’ai onze ans,
Souvenez-vous de l'histoire d'horreur que ma mère m'avait raconté au sujet de mon papa? Eh bien...Lumen vient de m'apprendre que c'était réellement qu'une histoire d'horreur! Attention, ne vous enthousiasmés pas trop car mon papa a vraiment été tué, mais on ne lui a pas arraché le coeur, il a subit le sort « avada kedavra ». C'était encore qu'une autre des nombreuses histoires de torture que ma mère aime raconter pour son plaisir personnel. Elle fait constament cela depuis la mort de mon papa.

J’ai quinze ans,
Je viens de débuter ma quatrième année à  mon école de sorcellerie. Ce lieu est carrément ma deuxième maison. Les étudiants savent à quel sang j’appartiens et rien ne doit changer. Une personne comme moi -même mérite d’être respectée comme il se doit. Soyons franc, ce n’est pas tous les jours que vous avez l’honneur de rencontrer une descendante des Mills.

Dernièrement, je suis retournée voir ma psychologue, nous nous ne sommes pas reparlées depuis 3-4 ans, mais je voulais aborder un sujet assez tabou avec elle... Vous vous rappelez, le garçon que j’ai rencontré à l’étang de notre manoir lorsque j’avais 3 ans? Eh bien…il n’a pas été ma seule "rencontre" de ce type... Il y a eu entre autre cette vieille grand-mère qui venait constamment me hanter dans ma chambre, elle disait y avoir perdue son dentier…enfin bref, ma psychologue m’a finalement conseillé d’aller passer des examens. Et c’est à la suite de ces nombreuses péripéties que j’ai été diagnostiquée schizophrénique. Je cache cette faiblesse aux gens qui m’entourent, certes, mes sœurs l’ont découvert avec le temps, mais ce n’est pas le genre de chose que je crierais dans la plus haute tour de Poudlard, au contraire, je murmurerais mon secret dans les cachots les plus sombres de mon école.


J’ai dix-neuf ans,
Lorsque j’étais petite, je rêvais de devenir une chasseuse de grenouilles professionnelle. J’adorais regarder les documentaires portant sur ce sujet, je trouvais que ce métier était honorable. Ramper dans des crevasses de bouette, se parfumer d’urine de grenouilles pour ne pas qu’ils sentent ma présence. J’étais une vraie guerrière et aujourd’hui je constate que les créatures marines m’ont toujours passionnée. Il n’y a pas que ces créatures qui me fascinent, les plantes aussi et plus particulièrement les plantes aquatiques. Et j’ai d’ailleurs concrétisé cette pensée lorsque j’ai eu mon premier cours de botanique. Dès le premier instant, j’ai su que je vais devenir professeure de botanique et heureusement pour moi, je viens de commencer mon cursus en enseignement magique.