ϟ Lysa est née le sept octobre mille neuf cent quatre-vingt-seize, d'une mère espagnole et d'un père allemand. Elle a vécu cinq ans en Espagne avant de partir vivre en France, où au fond, elle ne s'est jamais plu. Sa baguette, crin de licorne entouré de bois de cerisier, la suit partout et la colle tout autant qu'Ylis, jeune chat qu'elle a emporté avec elle. Solitaire, il passe son temps à dormir ou à observer l'extérieur par la fenêtre.

ϟ Lysa essaie de ne pas se faire remarquer, bien que son caractère haut en couleur prenne bien souvent le dessus. Elle ne peut pas s'empêcher de glisser ses remarques. Le monde l'agace, la foule l'énerve, les trop superficiels la mettent hors d'elle et la compagnie animale est pour elle bien plus précieuse que celle humaine. Enfin, c'est ce qu'elle vous dira, tout simplement pour ne pas s'attacher, car pour elle, amitié comme amour se finit toujours mal et ces relations ne font que l'enfoncer dans son mal-être. Elle est pourtant souriante, et garde ses problèmes pour elle. Elle ne voudra jamais pleurer devant quelqu'un, parler d'elle à quelqu'un qu'elle ne connait que peu et met du temps à considérer quelqu'un comme un ami.

Les cheveux au vent, les yeux fermés, elle ressent la moindre foulée, elle entends le moindre battement de son cœur qui se mêle à sa propre respiration. Elle profite. Elle se sent bien.

Cela faisait déjà plusieurs heures qu'ils étaient partis brusquement de la maison après la énième dispute que Lysa avait eu avec ses parents. Cela devenait une habitude. Ni l'équidé ni la cavalière n'était fatigué et ils continuèrent ainsi, variant les allures et par la même occasion, les sensations. Elle se sentait revivre, au milieu de nul part parmi ces champs et ces bosquets, en tout cas mieux que chez elle sous l'ambiance tendue de la fin de semaine. Elle finit par s'arrêter près d'un point d'eau. Ce coin, elle ne le connaissait que trop bien. Elle revenait à chaque fois malgré elle sur ces lieux. L'étalon avait finit par enregistrer le chemin à prendre et elle n'avait plus besoin de poser aucun contrôle sur l'animal. Ils se comprenaient, sans parler. Et ça leur convenait.

Elle frissonna lorsque l'eau pénétra dans ses chaussures, mais prit plaisir à avancer son étalon près d'elle dans le petit ruisseau. Elle remarqua une petite lueur bleue au niveau de sa cheville, mais la rattacha au reflet que l'eau projetais sur ses jambes et sur les membres de l'équidé. Elle marcha ainsi jusqu'à un grand chêne, et attacha l'étalon à la branche la plus basse. Elle grimpa vivement les pieds collés à l'écorce et s'arrêta au bout de quelques secondes d'escalade. La tête en arrière sur le tronc et les yeux dans le vague, elle finit par s'endormir.

Il serait temps de rentrer.
Brusquement sortie de son sommeil, elle jeta un œil à sa monture et repéra le soleil qui n'avait pas bougé. Elle n'avait pas dormit longtemps. Cherchant son interlocuteur, elle fronça les sourcils. Il n'y avait pourtant personne, et la voix douce et féminine résonnait dans ses pensées. Elle leva la tête, attirée par cette lumière bleue. Un jeune paon - qu'elle avait déjà pu observer dans les livres - était penché sur elle. Elle ne releva pas et fixa le jeune oiseau, dans le doute.
Tu vas rester ainsi combien de temps ?
Elle était fixée. C'était bien ce petit animal, perché au dessus de sa tête, qui l'avait interpelé. Il descendit et atterris sur ses genoux. Captivée par ces grands yeux noirs, elle n'osa dire un mot. Le jeune volatile la suivit sur son retour, et les liens se tissèrent tout naturellement. L'adolescente fini par apprécier ce petit être sans-gène.. qui prit peu à peu l'apparence d'un canidé, changeant de forme à sa guise.

En forme féline, Nube mesure une quinzaine de centimètres en garrot. La forme canine lui fait gagner un bon cinquante centimètres.