Et si tout ce que nous vivions n’était qu’une simple illusion ? Un rêve utopique d’un monde presque parfait. Nous ne laissons qu’une simple trace éphémère de notre passage sur terre. Dans un siècle, qui se souviendra de nous, qui contera nos histoires ? Nous naissons, nous vivons, nous mourrons. Ainsi va la vie et personne ne peut rien y changer. Parfois, nous essayons de pimenter nos misérables existences. Parfois, nous aimerions qu’elle reste à jamais plane et monotone. La mienne n’a été pimentée que très récemment par la peur, la haine, l’adrénaline. Une simple attaque de mangemorts peut changer une vie. La mienne a été changée à jamais. Je me souviens du champ de batailles, les flammes qui m’entouraient, les élèves hurlant de douleur, les corps inertes étalés au sol, les éclairs provenant de toutes parts. Le chaos. J’aurais tant voulu les aider, les sauver, les soigner, mais je ne pouvais pas. Qu’est-ce que je vous disais, misérable existence. Nous ne sommes même pas maîtres de nos vies, ce n’est qu’une illusion. Nous avons tous envie de choses qui soient hors de notre portée. Triste vie. Pourtant, il ne faut pas baisser les bras. Mon père me l’a bien appris. Ce moldu pour lequel j’ai tant d’admiration a toujours su avancer malgré tous les coups bas qu’il a pu vivre. Il donne une véritable leçon à la vie, lui montrant que malgré tout, nous sommes libres de nos actes, de nos pensées. Ma mère, quant à elle, m’a montré la signification du mot « amour ». Aime ton prochain comme toi-même. Si seulement tout le monde pouvait suivre cette simple phrase, le monde d’aujourd’hui serait bien meilleur. Malheureusement, les brutes sans cervelles ne sont pas ce qui manque, j’en ai fait les frais durant mes années d’école moldue. C’est sans doute la raison pour laquelle je préfère les décisions sages plutôt que les guerres inutiles. Le pire, je pense, n’était pas les coups que je prenais, mais le fait de ne pas pouvoir me défendre par la magie. Ma mère ne m’a jamais caché qui j’étais et, même si je suis pris d’amour pour le monde de mon père, j’aurais aimé pouvoir exprimer ma haine envers les gens qui me blessaient. Un monde de brutes où les plus forts sont rois, tels est l’endroit où j’ai passé mes premières années de ma vie. Je traversais ces années sans réelle envie, j’étais curieux de tout, mais plus particulièrement de magie. Tout ce que j’avais à savoir sur le monde moldu, mon père me l’apprenait avec joie. Enfance heureuse, vie heureuse. On pourrait se dire ça, c’est vrai. Pour mon cas, cela a été vrai plusieurs années, jusqu’à aujourd’hui. Jusqu’à cette attaque haineuse. Nous cherchons toujours plus de pouvoirs, nous cherchons à laisser plus qu’une trace éphémère, nous avons peur d’être oubliés. Stupide humanité. Nous devrions être des milliers de mains sur des milliers d’épaules, nous devrions être unis, solidaires. Au lieu de ça, l’humain aime la compétition, il cherche à se démarquer. Je comprends cette philosophie, mais ne l’approuve pas. Durant mes premières années à Poudlard, j’étais un garçon joyeux, qui aimait venir en aide aux autres (ce qui m’a valu plus d’un ennemi), préférant rester dans l’ombre que de briller au grand jour. Je ne me suis pas privé pour autant de faire ce que j’aimais faire. Seulement, comme toujours, j’étais là sans réellement savoir pourquoi. J’avançais sans savoir où j’allais. Nous sommes tous un peu dans ce cas-là, nous avançons sans avoir de but précis. Aujourd’hui, j’ai trouvé ce but, je sais où je veux aller. Je veux pouvoir aider les autres, savoir tout de la vie, savoir pourquoi nous sommes là. Nos actes sont sans doutes là pour combler le vide qu’est la vie, mais ils existent et nous sommes libres de décider où ils vont nous mener.