Comme d'habitude, tu prends tes affaires et tu décides d'aller prendre l'air. Pas que Poudlard t'ennuie ou te donne des boutons, bien au contraire, mais parfois, tu as juste envie de respirer loin du château et puis tu as aussi envie de voir Rose. Ta chère Rose. Ta jolie Rose. Tu l'aimes bien cette fille sans savoir vraiment pourquoi. Peut-être parce que tu dois être le seul à voir en elle un potentiel magique que personne ne veut voir.

William se regarda dans le miroir avant de se passer de l'eau sur la visage. Il avait encore fait un cauchemar mettant en scène des bûchers. Pour la première fois, il n'était plus spectateur, mais acteur. C'était lui qu'on condamnait pour sorcellerie, c'était lui qui sentait les flammes lécher ses pieds avec avidité et c'était lui qui allait souffrir le martyr pendant des dizaines de minutes. Juste le temps pour qu'il sente sa peau fondre sous la chaleur et la terrible douleur envahir son cerveau avant de l'étouffer. Le réveil s'était fait juste avant qu'il ne perde connaissance dans son rêve. Il avait eu l'impression qu'il manquait d'air avant de se rendre compte qu'inconsciemment il avait retenu son souffle pendant son sommeil. Il avait fini par se lever et le voilà désormais dans sa salle de bain, blanc comme un linge. En entendant son maître se lever, son chat était venu se frotter contre ses jambes. William pesta contre lui avant de l'attraper par la peau du cou et le ramener dans la chambre. Les règles étaient strictes, il n'avait rien à faire dans la salle de bain plus depuis qu'il avait trouvé amusant de renverser tous les flacons de savon par terre. Sachant qu'il allait être impossible pour lui de se rendormir, William décida d'aller se mettre dans son salon avec les dernières copies de ses élèves.

Il alluma les lumières d'un simple geste de la main, attrapa les lunettes qu'il avait laissé sur son bureau puis s'installa dans son canapé juste en face de sa cheminée continuellement éteinte. Son chat vint le rejoindre et se lova contre lui. Pendant que le professeur d'Astronomie lisait la copie d'une quatrième année, il entama un ronron profond calmant les nerfs encore à fleur de peau de son maître. William passa une main sur le pelage doux de son ami tout en tournant le parchemin. Il sourit aux références de son élève heureux de constater qu'elle s'était améliorée depuis le début qu'il la suivait. Il l'avait toujours beaucoup aidée parce qu'il estimait que chaque élève avait un bon potentiel en lui, il suffisait à ce dernier de le découvrir à force d'effort. C'était pour ça que William aimait son métier parce que malgré ses positions et sa façon de penser, il adorait ses élèves, il avait toujours envie de leur en apprendre plus qu'il ne le devrait. N'avait-il pas passé un cours debout sur son bureau pour expliquer les constellations baguette en main et carte du ciel matérialisée grâce à un sort juste au-dessus de la tête de ces charmantes têtes blondes ?

Ta première rencontre avec Rose c'était un soir où t'avais juste eu envie de boire. Pas de copies à corriger, pas d'élèves à surveiller parce qu'ils s'étaient faits attraper par le concierge et pas de cours à préparer, t'avais déjà tout fait à l'avance alors t'étais descendu jusqu'à Pré-au-Lard avec un ami professeur, t'avais poussé la porte des Trois Balais et vous vous étiez installés à une table. Vous aviez commandé vos boissons favorites et vous avez commencé à discuter. Puis elles sont arrivées. Charmantes. Agaçantes même. Tu t'en moquais un peu, elles ne t'intéressaient pas. Par conte celui qui t'accompagnait n'avait d'yeux que pour elles. La salle était devenue bien intéressante, tu hochais la tête aux propos de ton ami sans y accorder de l'importance puis un mouvement sur la droite attira ton attention. La barmaid, une jolie brunette. Tes yeux se posèrent tranquillement sur elle. Un geste curieux attisa un peu plus ta curiosité : elle avait la manie de ranger sa baguette magique dans son décolleté. Au final, tu avais passé ta soirée à la regarder. Tu avais remarqué son agilité avec les sortilèges informulés et tu t'étais dit que tu reviendrais pour apprendre à plus la connaître.

En entrant dans la salle ce matin-là, ses élèves pouvaient facilement deviner que le professeur Lockhart avait passé une très mauvaise nuit. Les cernes noirs sous ses yeux et son air grognon attestaient ce constat quelque peu dérangeant pour leur petite tête parce que qui disait William de mauvaise humeur, disait contrôle surprise et remarques en tout genre. Il ressemblait à un ours mal léché. Ne remarquant pas que la salle entière retenait son souffle, Will s’installa tranquillement à son bureau et déballa ses affaires. Il vit à peine ses élèves sursauter lorsqu’il déposa non sans une certaine violence ses bouquins sur la table. Il prit un moment pour remettre ses idées en place. La nuit avait été très courte pour lui et il frissonnait toujours en repensant à l’horrible cauchemar qu’il avait fait. Encore une fois, il devait prendre sur lui. Il déposa sa cape sur le dossier de sa chaise avant de relever la tête et de sourire à pleine dents à l’assemblée. « J’espère que vous allez bien tous ! Je vous ai prévu un programme alléchant pour la journée. Que dis-je ‘’alléchant’’, ce n’est même pas assez fort pour désigner ce que je vous prépare. Vous allez être surpris vous allez voir ! » Il se savait terrifiant quand il passait une mauvaise nuit, il l’avait appris à ses dépens lorsqu’une élève était sortie en tremblant de sa salle de cours. Au début, ça n’avait pas été facile pour lui d’apprendre à faire comme si tout allait bien, mais avec de la motivation et une bonne dose de courage, il était arrivé à maîtriser ses émotions.

Malgré ses efforts, ses élèves avaient toujours l’image de leur camarade en pleine crise d’hystérie après son cours. Ils étaient toujours plein d’appréhension lorsqu’ils le voyaient débarquer avec une tête fatiguée. William fit un mouvement du poignet avec sa baguette et des mots commencèrent à s’inscrire sur le tableau noir. Ils allaient s’enfoncer un peu plus loin dans l’univers puis enchaîner sur une leçon de l’influence des étoiles sur les êtres humains. Connaissant William, ils étaient sûrs que le cours allait être magnifiquement bien illustré. A sa sauce, certes, mais ça rendait la matière bien plus passionnante.

Après ta première rencontre avec Rose, tu avais décidé de revenir de plus en plus souvent. Tu voulais en apprendre plus sur elle. Elle t'intriguait autant qu'elle te plaisait. Mais ça, tu n'osais pas vraiment te l'avouer après tout, au début tu pensais que les filles c'était pas tellement ton truc. Il avait juste fallu que Rose pointe son nez pour que tu remarques enfin les belles choses. Soit. Ton envie de détruire les moldus avait toujours été plus forte que le reste de toute façon. Ça, tes parents ne l'avaient jamais vraiment compris, ils pensaient qu'ils avaient fait quelque chose de travers alors que pas du tout. Tu avais juste été impressionné par un devoir en Histoire de la Magie, tu avais juste remarqué le nom d'un ancêtre de ta famille dans le lot des victimes de la chasse aux sorcières et tu n'avais tout simplement pas supporté le fait que les coupables n'aient jamais été condamnés. Tu avais continué de tenir des discours extrémistes avec la jolie Rose, tu avais envie de l'entraîner de ton côté, lui montrer que les mangemorts c'était une belle manière de penser pourtant d'un autre côté, tu ne savais pas trop si tu avais envie de voir la jolie Rose se faire corrompre par les autres mangemorts. Tu avais juste envie qu'elle soit à toi et qu'elle boive tes paroles comme tes élèves. Pourtant un soir, c'était impossible pour toi de retenir cette proposition. Tu lui avais dit deux mots avant de disparaître. Tu n'avais pas vu l'expression de son visage. Pas besoin, tu savais qu'elle allait cogiter et qu'elle finirait par venir vers toi.