Sirrush Mortensen. Un sang-mêlé au caractère bien trempé. Impulsif et nerveux, nous sommes différents malgré nos nombreuses ressemblances. Notre comportement nous a permis de rejoindre la même maison : les Gryffondor. Nous sommes comme deux lions en cage dont le verrou est constamment sur le point de lâcher. Mais voila ce qui nous différencie réellement, cette façon que l’on a de se brider. Contrairement à lui, j’y arrive très bien. Je ne me laisse pas aller, je résiste à cette impulsivité intérieure. Mes gestes sont brusques, mes paroles sèches mais je ne fais pas dans le débordement. Mon patronus y est pour quelque chose. Cette méduse géante qui m’accompagne constamment arrive à me faire garder raison, à rester calme en toute circonstance lorsque je suis face à quelqu’un quitte à exploser ensuite, seul. Tout cela pour la famille Shaklebolt, ma famille. Je dois constamment montrer que j’ai reçu une éducation digne de ce nom, que je sais faire preuve de compassion et de tolérance, ainsi que je possède ce maintien en société et cette discrétion qui nous caractérise tant. «
Te torturer l’esprit avec tout cela ne sert à rien » Mon coude sur la table glisse et je me rattrape rapidement. Je pose mon regard sur cette masse vaporeuse qui me tourne autour. «
Ouais, tu as surement raison Dist’ ! » J’expire bruyamment. La méduse géante qui me sert de patronus s’approche de moi, dans une danse étrange alliant de lents mouvements de chapeau qui lui permettent de se déplacer dans l’air ambiant. «
Tant que je serai là, je saurai te gérer ! » Je l’espère vraiment. «
Et si tu n’y arrives pas ? … » Le silence prit place dans la salle. Seul le crépitement du bois brulant dans la cheminée était perceptible à l’oreille. Quelle phrase philosophique allait-il encore me sortir pour me faire comprendre que je peux lui faire entièrement confiance… «
Etant une représentation de ton être capable de se maîtriser parfaitement, je suis à même de t’affirmer qu’il t’est également possible de le faire. Un peu de confiance en toi et tout te sera possible mon cher Anselme ! » Ma seule réaction est de lever les yeux vers ce haut plafond pour ensuite me mettre debout, quittant ainsi cette position assise qui commençait à m’énerver. Cette phrase ne mérite pas de réponse selon moi. Trop ennuyeuse. Je me retourne pour prendre la direction de la sortie. «
Et un peu de politesse ne te fera pas de mal, jeune homme ! » Je me mords la lèvre inférieure. «
Ok Dist’ ! Aller vient, on bouge ! » La méduse ne sait pas où l’on va aller, et je n’en sais pas plus. Un peu de découverte. Nous nous promènerons jusqu’à ce que je décide que c’est le bon endroit.
Quelques heures plus tard, nous voila au point de départ de toute cette aventure. Nous sommes devant ce tableau qui nous permettra d’entrer dans la salle commune des Gryffondor.
Le froid est davantage présent dans les rues de Pré-au-Lard. Le vent se faufile partout. Une sensation de picotement se fait ressentir sur mon visage et sur mes mains, lorsque je les sors de mes poches. J’ai réussi à me faufiler ici, grâce à un passage secret dont le code m’a été donné par l’un de mes oncles. Je me laisse guider par mes pas. Je n’ai pas de but, je marche simplement dans les rues vivantes vu le nombre de personnes qui s’y trouvent actuellement. Je ne suis pas le seul étudiant car je remarque d’autres personnes de mon âge, suivies d’animaux tous plus étranges les uns que les autres. Mammifères, batraciens, reptiles et autres oiseaux suivent leur sorcier tandis que je suis actuellement avec une méduse géante au dessus de ma tête. «
Ce n’est pas correcte d’être ici Anselme. Tu ferais mieux de rentrer au château ! » Elle est toujours là me réprimander, à me dire ce que je devrai faire ou ne pas faire. Elle me sert de conscience, chose dont je ne pense pas avoir besoin même si, au fond de moi, je devrai la remercier. Malgré tout, je préfère cette guêpe qui me suit dans mes aventures. Et non cette méduse qui passe son temps à me râler dessus pour des choses que je trouve si futile, comme celle de me promener une après-midi à Pré-au-Lard. Je m’arrête une petite heure pour boire une boisson chaude et grignoter quelque chose. J’écoute cet animal visqueux me parler et je me décide enfin à rentrer au château. Chose que je fais bien puisque la nuit tombe rapidement en ses jours de fin d’automne. L’hiver se fait ressentir à grand pas ainsi que les vacances. D’ici quelques semaines, le château se videra. Pour ma part, je vais rentrer chez moi afin de participer à ses repas de fêtes ennuyeux et où les sujets sont similaires tous les ans : politiques, justice et d’autres affaires importantes que règle le Ministère de la Magie. Je soupire tandis que j’arrive à entrer discrètement dans Poudlard sans me faire remarquer. Mes lèvres bougent. Le son sort de ma gorge. J’expédie rapidement le mot de passe qui fera se mouvoir cette porte d’entrée quelque peu étrange. J’entre dans la salle commune des Gryffondor. Rien n’a bougé depuis mon départ d’il y a quelques heures. Seuls quelques étudiants sont présents. Mon regard se pose illico presto sur l’un d’entre eux. Sirrush. Un garçon au comportement similaire au mien mais notre éducation nous permet d’avoir des réactions totalement différentes. Je suis dans la retenue tandis qu’il exprime sa colère et se laisse aller à son impulsivité. Il me permet de constater que tout ce que mes parents m’ont appris me sert, mais que cela est également difficile de ne pas exploser sur lui lorsque je le veux. Disturbia me permet de garder mon sang froid. Elle me résonne. Tant qu’elle est là, je sais que tout va bien mais je sais également qu’un jour, elle prendra sa forme de guêpe face à ce garçon et là, tout n’ira plus si bien. Pour l’instant, j’arrive à résister. Pour l’instant…
«
Ne l’approche pas. Tu sais que ça va mal finir si tu le fais… Alors, évite-le Anselme et monte directement dans ta chambre ! » Je m’exécute. Je suis les conseils de cette méduse géante et je tente de ne pas le regarder, de passer à côté de lui en appliquant l’ignorance en son égard. La tête haute, le regard droit et un pas devant l’autre. «
Ne fais rien qui puisse… » Mais il est déjà trop tard. Je pose ma main sur l’épaule de ce camarade Gryffondor tandis que les mots commencent à m’échapper.
« Alors Sirrush, qu’as-tu fais de bon aujourd’hui ? Exploser un élève dans le mur ou foutre ton poing dans la gueule d’un gars pendant l’un de tes cours ? » Je peux entendre un soupir dans ma tête. Disturbia me demande d’arrêter mais je ne veux pas. C’est tellement agréable de voir que, pour une fois, je ne suis pas la bombe qui explose face aux autres.
« La vie est si dure parfois… Encore plus quand on ne sait pas gérer son caractère ! Je compatis ! » Fouteur de gueule. Je me fous ouvertement de lui, je veux l’énerver. Un sourire malicieux se dessine sur mon visage tandis que je rompt tout contacte physique avec le norvégien.