Fille de l'adultère, à défaut d'être fille de l'amour. Les formes somptueuses, le sang chaud et la douceur enfantine de Raïa Alvarès eurent raison de la solidité du mariage d'Abel Santarromana. Fille de l'adultère, Nora ne naquit pas seule, mais avec le soutien d'un double. Ira. Santalvarès. Des demies Santarromana. Demie, c'est toujours mieux que rien, que de ne pas avoir de famille du tout. Un père. Pas de mère, mais une belle-mère. Une belle-mère, c'est toujours mieux qu'être à demi orpheline. Une ribambelle de frères et soeurs plus ou moins aimant. Plus ou moins aimant, c'est toujours mieux que rien du tout, voir qui vous haïsse. Finalement, il est possible d'affirmer que la vie des deux Santalvarès est une succession de demie teintes mais si Ira n'en voit que les sombres aspects, Nora, dans sa naïveté légendaire, n'en voit toujours que le meilleur, oscultant les bassesses et méchancetés.

« Nora, pourquoi est-ce que leur rend encore service à eux ? » Ira se tenait près de sa soeur, sourcils froncés et narines pincées ce qui traduisait son énervement. Passant une main sur son front, à cause de la chaleur infernale, Nora ne prêta pas attention à la remarque de sa jumelle. Oui, nettoyer tous les outils de travail de la famille gitane prenait un temps considérable, mais elle le faisait de bon coeur. Elle savait que cela ferait plaisir au Santarromana et que cela déchargerait surtout Bascha, sa belle-mère. La pauvre femme avait du subit le rappel de l'infidélité de son mari, chaque jour, en côtoyant Ira et Nora qui étaient, indéniablement, le portait de leur mère. Ainsi, il semblait normal pour la cadette des jumelles, de faire tout ce qui était en son pouvoir pour tenter de soulager cette femme qui, même si elle ne lui avait pas donné énormément d'amour, l'avait acceptée en faisant de son mieux. « Je te parle, Nora ! » Soufflant de lassitude, la belle Santalvarès lâcha ce qu'elle était en train de faire pour poser ses yeux ébènes sur son exacte réplique. Pourquoi sa soeur était-elle aussi négative par rapport à leur famille ? C'était un mystère que Nora avait tenté de percer à plus d'une reprise, sans jamais de succès. « Parce que j'en ai envie tout simplement, maintenant laisse moi, j'ai encore du travail et t'entendre pester à mon oreille ne va pas m'aider. » Sa soeur fulminait, Nora le savait, mais elle s'en remettrait. Au ton qu'avait employé sa jumelle, Ira savait qu'il ne servait à rien de rajouter quoi que ce soir ou cela finirait en dispute. Nora Santalvarès était douce mais lorsqu'elle estimait avoir raison ou que l'on s'en prenait à quelqu'un de sa famille, son seuil de tolérance était très bas, quand bien même la personne critiquant faisant partie également de la même famille.

« Nora, y'a des riches qui viennent de Londres, ce soir tu sors le grand jeu et tu danses. » La porte de la loge de fortune de la belle andalouse claqua sans même attendre une réponse de sa part. Bien sûr, il savait qu'elle ne disait jamais non, bien que danser était son activité favorite. Les clients étaient toujours des vieux pleins de frics qui se trouvaient frustés dans leur vie sentimentale et avaient les mains un peu trop baladeuses à son goût. Epuisée de devoir sans cesse s'interrompre pour remettre les choses au clair, elle avait une fois giflée un homme ce qui avait poussé la famille Santarramona a lui attribué un de ses frères comme garde du corps durant ses représentation. Enfilant une tenue dévoilant presque entièrement son corps, elle se sentit très mal à l'aise mais prit sur elle-même et partie faire ce qu'elle avait à faire. C'est épuisée qu'elle retourna dans son petit espace pour se reposer après cette épreuve. La belle gitane n'était pas à l'aise avec son corps ainsi qu'avec les hommes, bien que l'on ait rien à reprocher au premier, bien au contraire. Sa mère, morte en couche, ne l'avait pas laissé son rien et lui avait légué son corps sublime en plus d'une partie de son fort caractère. Doucement, elle retira les vêtements avant de se jeter sous la douche. Elle avait, finalement, hâte de retourner à Poudlard. Tout le monde n'était pas très gentils avec elle, mais elle n'avait pas besoin de danser et de se dévoiler. Il suffisait juste qu'elle travaille pour que tout se passe bien. Bien qu'elle soit une fille du vent et qu'elle aime son statut, la découverte des études fut une vraie révélation pour la Santalvarès. Toujours le nez dans un bouquin, elle se révéla excellente à l'école et cette année, à la rentrée, elle allait commencée son second cycle pour faire médecine magique. D'après les échos, cette filière était très dure, mais la belle était motivée. Par ces études, elle pourrait retourner auprès des siens et leur être utile. Les infusions et remèdes de grand-mère à base de plantes ne se révélaient pas très efficaces pour soigner les blessures et chutes que les Santarramona pouvaient se faire lors de leur représentation. De plus, ils ne roulaient pas sur l'or. C'était donc une opportunité inespérée, et il fallait à tout prix qu'elle excelle pour être encore plus utile à ceux qui l'avait recueillie, elle, le fille du péché et de la trahison.