Mara Séléné Wayne-Imithéos. C’est un prénom qu’on n’oublie pas, comme tous ceux des membres de la famille Imithéos. Je suis fière de ma famille, ils m’ont toujours soutenue et écoutée, en particulier mon frère cadet, Thaos, et bon nombre de mes cousins. J'ai une affection toute particulière aussi pour mon plus jeune frère, Lexis, qui n'a pas encore manifesté sa magie. L’histoire des Imithéos remonte à l’Antiquité grecque, et prend racine dans une ancienne légende ; nous serions les humbles descendants du roi des Dieux, Zeus. J’aime à croire que cette légende est vraie, car elle me rappelle que je dois avoir confiance en moi, même si ça n'est qu'une métaphore. Je caractérise le côté réfléchi et érudit de la famille, du moins c’est ce que je pense. J'adore écrire, c'est ce qui m'occupe principalement quand je ne lis pas. J'observe le monde, et j'écris mes impressions, je débats avec moi-même (et avec Nexus aussi, son intelligence s'entretient à force de m'accompagner). La bibliothèque de Poudlard est un de mes endroits préférés, j’aime travailler seule là-bas, et la solitude ne me dérange pas de façon générale. La vie est pour moi formidable, car il y a toujours quelque chose à apprendre. Toutefois, je ne suis pas quelqu’un d’inamical, je sais apprécier les moments que je partage avec mes amis ou ma famille. Il me semble que ma plus grande qualité est ma capacité à conserver mon sang-froid, même dans des situations difficiles. Sans ce fameux sang-froid, je ne pourrais plus me concentrer, et perdre mes moyens n’est pas envisageable pour moi. Je tiens ça de mon père, Bruce Wayne, un riche héritier qui a toujours refusé de nous élever dans « la facile acquisition des choses » avec ma mère, Hestia. Nos parents veulent nous inculquer l’humilité et le respect des autres ; en gros, ça n’est pas parce qu’on est richissimes qu’on peut tout obtenir. Ca, mes frères et moi l’avons bien compris, et j’essaye de mettre ma sagesse au profit de ma magie.

Le contexte actuel me laisse perplexe et pensive ; je ne comprends pas comment nous avons pu en arriver là. Cette ségrégation des Nés-Moldus et des Sang-Mêlés n’a pour moi aucun sens, je crois que les gens se leurrent sur la véritable nature de la crise gouvernementale. A mon sens, les choses ont pris une tournure qui a échappée au Ministère, ou alors ils ont laissé sciemment Vous-Savez-Qui s’installer sur le trône du pouvoir. J’ai souvent tendance à beaucoup questionner le monde et les phénomènes, tant et si bien que je demeure indécise à chaque réponse. Dans tous les cas, je ne peux me résoudre à trancher concrètement, puisque mes deux thèses se valent, ou presque. Cette manie de penser sans arrêt m’oblige à percevoir mon environnement de façon plus réaliste que la normale, voire parfois pessimiste. Ce pessimisme me plonge parfois dans des états dépressifs, qui s’en vont parfois aussi vite qu’ils viennent. La guerre est officiellement déclarée entre le Bien et le Mal à présent, je sais que je ne peux plus me permettre de demeurer neutre, et par là j’entends « passive ». Me décider définitivement à entrer en résistance avec le régime, c’est exposer ma famille à de grands dangers que je n’ose imaginer. J’ai peur pour mes proches, et j’ai peur de l’avenir obscur qui pèse sur nous. Je jure devant mes ancêtres que ma baguette servira toujours les causes justes, quoiqu’il arrive.

En parlant de baguette, la mienne est remarquablement jolie, mais ça n’est que mon avis. J’aime ma baguette telle qu’elle est, car je trouve qu’elle me représente bien. D’extérieur, elle est d’un blanc cendré, mesurant une vingtaine de centimètres. Son cœur est composé de crin de licorne, un animal calme et inoffensif, vivant à l’écart des hommes. Lorsque j’ai acheté mon outil de magie chez Ollivander’s, celui-ci m’avait observée avec cette lueur malicieuse dans les yeux, comme si encore une fois, la baguette et le sorcier allaient de pair. Ma magie n’a pas toujours été aussi précise et puissante que maintenant, car il y a quelques années, la magie m'effrayait.

A ce sujet, j'ai découvert que mon Epouvantard se traduisait par une sorte de Feudeymon qui se jetterait sur moi. « Reconnaître que l'on a peur est une forme d'intelligence », m'a dit le psychologue sorcier qui me prenait en charge durant la période chaotique de mon adolescence.

« Cher Journal,
Cela fait maintenant une heure qu’une masse informe et argentée me suit. Dis comme ça, ça peut paraître étrange, je sais, même pour une sorcière. Comment expliquer cette sensation ? Quand ça a commencé, je ne voyais pas ces filaments blancs et vaporeux se déplacer, mais je sentais une sorte de présence. Pas comme quelque chose de pesant ni de dérangeant, au contraire même. J’avais la sensation qu’on veillait sur moi en m’observant de près. Ça me paraissait étrange, alors j’ai été consulter des ouvrages sur les fantômes, les possessions. Mais ça n’avait vraiment rien à voir avec ce que j’éprouvais, une impression de bienveillance constante. J’ai décidé d’en parler à Thaos, et il m’a confié qu’il éprouvait la même chose. Nous avons ensuite appris l’origine de ces événements, et cela suscita certainement de la colère chez bon nombre de sorciers. Mais pas chez moi. Le sort que le gouvernement et la recherche nous avaient promis pour éradiquer les Ténèbres de notre monde avait échoué. Mais pis encore ; il avait eu des conséquences inattendues. Cette présence flottante et brillante. Il semblerait, cher Journal, que la situation nous échappe. Je vais aller dormir, peut-être les choses seront-elles plus claires demain. »










« Cher Journal,
Je crois que ce matin, en me réveillant, j’ai vécu ce que les Moldus appellent la magie de Noël. J’ai senti quelque chose de chaud et doux contre mon bras, j’ai donc ouvert un œil pour voir. Mon bras reposait sur une sorte de coussin recouvert de poils fauves. Je ne comprenais pas bien, alors je me suis écartée pour me lever. En bougeant, j’ai tout simplement constaté qu’une sorte de félin était allongé dans mon lit. Je n’ai même pas eu le temps d’essayer de réfléchir à la situation ; une voix résonna alors dans ma tête, en une sorte d’écho lointain. Une voix grave, sourde, et aussi fou que ça puisse paraître, elle venait de l’animal auparavant étendu sur mon lit. Le félin ocre se tenait assis et tranquille, ses yeux vifs soutenant mon regard. Je te jure Journal, je n’arrivais pas à y croire, et la voix reprit alors dans mon esprit :

« Bonjour, moi c’est Nexus. »

C’était assez impressionnant, je ressentais une présence interne quand cette voix parlait, mais une présence externe aussi, matérialisée par l’animal. Je n’arrivais pas à sortir de ma stupeur, mais c’est mon frère Thaos qui s’en chargea en hurlant qu’il avait trouvé un animal enroulé dans ses couvertures. Petit à petit, j’ai fait le lien avec l’étrange fumée argentée, et le sort sensé effacer Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom qui a échoué. Par pure curiosité, j’ai passé ma tête dehors pour regarder dans la rue, et à part la neige qui tombait, j’ai vu des animaux de toutes les races et provenant des quatre coins du monde marcher auprès de leur propriétaire. Mais ils n’étaient pas vraiment les propriétaires en réalité. Ils étaient nos Patronus, leur matérialisation complète. Avec une tendresse toute particulière, j’ai effleuré les oreilles noires et duveteuses de mon Patronus et nouvel ami. Presque instantanément après avoir compris, j’ai aimé cet animal, cette partie de moi qui existe à l’extérieur de moi. Nexus. C’est un nom qui sonne vraiment bien.

PS : Il ne m’appelle que par mon deuxième prénom, Séléné. Il dit que ça me va mieux. »

Mara