« Grand-frère ! Grand-frère ! Maxim m’a encore prit ma poupée ! » « Maxim ! Rend sa poupée à Alexia s’il te plaît. Et ne boude pas, ce n’est pas la peine. ». Cyriac avait cinq ans de moins que son frère et sa sœur, des faux-jumeaux qui s’adoraient mais qui adoraient aussi s’embêter l’un l’autre. Cyriac était l’arbitre, la Suisse dans les conflits qui, parfois ressemblaient à une guerre mondiale avec ces deux-là. Ce jour-là, ses deux parents étaient absents de chez eux et il allait bientôt rentrer à Salem, l’académie des sorciers des Etats-Unis et il se demandait comme ses parents se débrouilleraient pour que Maxim et Alexia ne soient pas seules toutes les journées. Ils étaient une famille plutôt modeste mais ils s’aimaient énormément les uns les autres c’est pourquoi Cyriac n’en avait rien à faire d’être « pauvre » comme le disait parfois les gamins du quartier.  Il avait son intelligence et il s’en sortirait, il gagnerait assez d’argent pour offrir à sa famille une maison à la campagne ou quelque chose dans le genre. C’était son rêve. Il soupira en voyant qu’ils étaient de nouveau en train de se battre. Il a alors eu une idée, un éclair de lucidité : « Si vous n’arrêtez pas de vous battre, je ne jouerais pas à Un, deux, trois Soleil avec vous ! ». Ca fît tout de suite effet. Les deux plus jeunes adoraient ce jeu. Tous les deux se sont regardés avant de s’excuser avec une moue boudeuse sur leur bouille d’enfants innocents. Cyriac sourit et joua avec eux jusqu’à ce qu’ils tombent de sommeil et fasse une sieste bien mérité. Pffiouf ! Enfin, il pouvait se reposer à son tour. Quand je dis reposer, je veux dire s’asseoir dans un coin et lire un bouquin bien entendu. Oui, Cyriac n’a pas tout à faire le même sens du mot « repos » que les autres mais bon …


« Pars pas grand-frère ! » « J’veux pas que tu partes ! ». C’était le jour du grand départ pour Salem. Sa première année. Son frère et sa sœur étaient en larme devant lui et il ne savait pas quoi faire. Il s’accroupit devant eux et dit alors : « Je vous promets de vous écrire le plus souvent possible. Je reviendrais aussi pendant les vacances si je peux et comme ça, nous jouerons tous les trois encore plus qu’avant d’accord ? » « Mais … Mais … Mais. » « Alexia, Maxim, un jour, vous aussi vous irez à Salem et nous serons réunis tous les trois pendant toute l’année comme avant. Soyez sage d’accord ? » « Oui. » « Quand vous vous sentirez triste ou seul, prenez la petite couverture que j’ai laissé sur mon lit, elle contient beaucoup de souvenir entre vous et moi, entourez-vous dedans et repensez à moi et ce sera comme si j’étais là. ». Il sourit doucement, embrassa sur le front les deux petits avant de prendre dans ses bras sa mère dont les yeux brillaient de larmes et de fierté. Il fît la même chose à son père qui était simplement fier. Il savait que c’était inévitable mais cela ne voulait pas dire qu’il n’allait pas lui manquer. Au contraire !
Il resta le plus longtemps possible à la fenêtre en faisant de grands signes de la main. Il s’installa ensuite dans un siège et soupira. Sa famille allait beaucoup lui manquer durant son année à Salem, il le savait d’avance. Pour faire passer le temps, il lut le dernier livre qu’il n’avait pas eu le temps de lire. Bien sûr, c’était un de ses livres de cours. Quand je dis qu’il a des passions bizarres …


« Non, je ne dormirais pas dans le même dortoir que des personnes ayant moins de QI que moi, je deviendrais idiot avant la fin de l’année. » Doucement Cyriac. Ne dis rien Cyriac. Reste en dehors de ça Cyriac. « Non mais c’est vrai quoi ! Regardez-les, on dirait des monstres de Frankenstein, le même cerveau ! » Trop. C’était trop. Cyriac sortit sa baguette magique et lui lança en plein dans la tronche un sortilège de troisième année avant de dire : « Tais-toi et range tes affaires. » Il se détourna, ignorant totalement les grands yeux écarquillés des plus âgées qui étaient venus les aider par gentillesse ou pour les taquiner ou les deux. Il se plongea dans sa grosse valise quand il sentit une main tapoter son épaule. Il regarda la personne derrière lui et soupira : « Quoi ? » « Je suis Leviathan Faut et toi ? ». Et c’est ainsi qu’est né une belle et longue amitié. Les deux étaient aussi différents que la lune et le jour mais aussi complémentaire que ces astres. Cyriac tenait tête à Levi quand personne d’autre ne le faisait. Levian entraînait Cyriac dans les pires conneries et ils s’entendaient comme deux larrons en foire.  


C’est à ses dix-sept que quelque chose de terrible se produisit. Il était en cours comme tous les jours lorsque la porte s’ouvrit sur leur sous-directrice. « Monsieur McKintosh, prenez vos affaires et suivez-moi je vous prie. » Dire que Cyriac était surpris serait un euphémisme, il n’avait jamais été voir la sous-directrice. Il dirigea son regard droit sur Leviathan pour lui demander silencieusement ce qu’il avait fait pour que ce soit lui qui soit convoqué. Car oui, Leviathan rejetait parfois la responsabilité de ses bêtises sur Cyriac mais ce dernier semblait tout aussi surpris et il haussa les épaules. Il soupira, se leva et s’en alla. Il atterrit dans le bureau du directeur où, à sa plus grande stupeur, Maxim et Alexia étaient présents. Le directeur avait l’air grave, sa voix de baryton s’éleva dans son bureau : « Les enfants, j’ai une bien mauvaise nouvelle à vous annoncer … Cela concerne vos parents … Nous venons d’apprendre qu’ils sont décédés dans un violent accident de voiture. » Cyriac écarquilla les yeux, figé sur place. Alexia s’effondra en larme dans les bras de son frère qui était lui aussi au bord des larmes. Cyriac tomba plus qu’il ne s’assit dans un fauteuil, toujours aussi stupéfait. La bouche ouverte, l’information ne parvenait pas à monter à son cerveau pourtant développer. « Monsieur McKintosh ? » Son nom fût appelé plusieurs fois. Il hocha la tête pour réagir et écouta attentivement ce qu’avait à dire le directeur : « Prenez quelques affaires, nous allons vous raccompagner. Vous pourrez revenir dès que vous vous sentirez prêt. Nous parlerons plus avant de votre avenir quand vous serez de retour voulez-vous ? » Cyriac hocha de la tête, déglutit et ferma les yeux un instant afin que ses larmes ne coulent pas. Il ne pouvait pas pleurer devant eux. Il n’avait que rarement pleuré devant les autres et il n’allait certainement pas le faire ici. Il se releva et prit dans ses bras Maxim et Alexia. Doucement, il les serra contre lui et les consola comme il le pouvait d’une voix douce.

Il rentra dans son dortoir, prit quelques affaires et nota un mot pour Leviathan afin qu’il ne s’inquiète pas. Il lui disait que ses parents étaient décédés et qu’il devait partir pour quelques jours. Les trois McKintosh s’en allèrent et pendant quelques jours, ils ont reçu des condoléances jusqu’à ce qu’ils arrivent à l’enterrement. Cyriac cachait ses larmes tandis que son frère et sa sœur, eux, les laissaient tomber librement. Ils restèrent longtemps devant la tombe, bien après que toutes les personnes qu’ils connaissaient soient parties. Il prit ensuite Maxim et Alexia par le bras et ils s’en allèrent pour retrouver leur appartement. Cyriac s’enferma dans sa chambre et laissa les larmes couler librement pour la première fois depuis qu’ils étaient ici. La nouvelle faisait enfin complètement son chemin en lui et il ne pouvait plus rien retenir. Il n’essayait même pas. Le lendemain, ils allèrent au notaire où ils ont pris connaissance des dernières volontés de leurs parents. Ils sont rentrés chez eux et le directeur de l’école les attendait à l’intérieur. Ils ne s’en étonnèrent pas et ils s’installèrent tous les quatre autour de la table. Le directeur dit alors : « Mes condoléances les enfants. Je suis désolé de vous brusquez mais je dois vous proposez certaines choses … Vous pouvez choisir de rester dans l’appartement de votre famille ou bien de rester toute l’année à Salem jusqu’à ce que vous en sortiez. Vous avez également la possibilité de louer un appartement près de Salem qui sera moins cher et vous aurez des aides bien entendu. » Le silence s’installa. Maxim, Alexia et Cyriac se regardèrent et le plus âgé prit la parole : « Professeur, serait-il possible que je travaille pour assurer à Maxim et Alexia une vie confortable ? » « Vous voulez quitter Salem ? » « S’il le faut, je le ferais oui. » « Surtout pas ! Avec vos résultats vous obtiendrez sans nul doute une bourse d’étude vous n’aurez rien à payer. » « Mais, pour Salem, l’appartement, je dois payer tout cela et je ne veux pas que tout l’héritage de nos parents partent dedans ! » « Je comprends. Seriez-vous capable de combiner travail et étude ? » « Oui Professeur. » « Alors, je pense que vous pourrez trouver du travail facilement. En ce qui concerne l’appartement, qu’allez-vous faire ? » « Nous allons nous rapprocher de Salem. » « Parfait, je vous ai trouvé un appartement un peu plus petit que celui-là mais vous avez deux chambres et les prix sont bas. » « Merci Professeur. »

Lorsque leur frère avait proposé d’abandonner ses études pour qu’ils puissent les continuer, ils avaient failli protester mais, finalement, tout c’était plutôt bien terminé. Certes cela faisait beaucoup de mal de partir de cet endroit qu’ils aimaient tant mais c’était le mieux à faire. Ils ont emballés tout ce qu’ils voulaient prendre, ont vendu le reste des meubles pour ce faire un peu d’argent et ont emménagé dans leur nouvel appartement près de Salem. Cyriac trouva du travail assez facilement et ils sont revenus en cours deux semaines après la mort de leurs parents. Cyriac semblait épuiser mais il faisait comme si de rien n’était. Ses camarades le traitait avec beaucoup de douceur comme s’il était fragile et ça commençait à lui taper sur le système, heureusement que Leviathan le traitait comme avant. C’était ce qu’il voulait parce que lorsqu’on le traitait comme une poupée de porcelaine, il avait la vive impression d’en être une et cela lui rappelait la mort de ses parents avant tout.


Il termina ses études à Salem avec les honneurs. Il rentra alors au MIT (Magical Institute of Technology) dans un tout autre cursus que celui où tout le monde l’attendait car tous connaissaient sa passion pour la Botanique et les Potion. A la place, il rentra au MIT pour devenir Auror pourtant, cela lui allait plutôt bien car, pour devenir Auror il fallait être bon de partout. Heureusement pour lui, c’était le cas. Il rencontra d’ailleurs sa future femme grâce à des amis(es) communs. Elle n’avait pas « peur » de lui lorsqu’il était en colère, ne se formalisait pas de ses mots qu’elle savait qu’il ne pensait pas. Evidemment, il tomba amoureux d’elle. Aussi bien de sa beauté physique que psychologique. Elle était tout ce qu’il attendait. Il réussit brillamment ses études d’Auror et rentra dans une des meilleures formations dès le début. Il a eu un super mentor qui lui appris tout ce qu’il devait savoir même si c’était dur et qu’il ne lui laissait aucun répit. Peu importait !

C’est à l’âge de 25 ans que Cyriac et Cynthia se sont mariés. L’année suivante, un petit bébé naissait. Un petit garçon qu’ils ont prénommé Spencer. Cyriac était vraiment extatique, un vrai kangourou. Son fils était là. Il était Papa. Il n’arrivait pas à y croire. C’était trop beau pour être vrai. Spencer était sa fierté alors qu’il venait à peine de naître. Il devient un vrai papa gâteau quand il était là. Dès que l’enfant dormait, il étudiait pour, plus tard, quand il prendrait sa retraite devenir professeur de Botanique. C’était dur, mais il arriva à combiner ses études, sa vie privée et sa vie professionnelle. On se demandait comment il faisait pour pouvoir faire tout ça. Il avait vraiment le même nombre d’heures dans sa journée ? Oui, bien entendu mais il ne dormait que très peu. Ca a toujours été comme ça.

Deux ans après la naissance de Spencer, c’est au tour d’une petite fille de naître. Une petite fille prénommé Phénicia. Sa petite princesse. Tout comme pour Spencer, Cyriac était un vrai kangourou, toujours aussi ému d’ailleurs. Il se jura de tout faire pour les rendre heureux. De tout faire pour les protéger. De tout faire pour être le plus présent possible pour eux. De toujours les écouter quand ils en avaient besoin. Il réussit de nouveau à décrocher son diplôme avec les honneurs. Il pouvait ainsi mieux s’occuper de sa famille, passer plus de temps avec eux. Ces années-là étaient probablement les plus heureuses de sa vie. Maxim et Alexia ont réussi leurs études et se sont installés avec les personnes dont ils étaient amoureux, il n’avait plus à s’inquiéter pour eux. Même s’il le faisait quand même, on n’empêchera jamais un frère poule d’être un peu protecteur n’est-ce pas ?

Cependant, la vie n’est pas forcément toute rose et le temps passa, son boulot d’Auror lui prenait plus de temps qu’il ne l’aurait cru et Cynthia se sentit délaisser. Les disputes n’étaient plus rares et un jour, elle s’en alla avec ses enfants. Cyriac noya son chagrin dans le travail et un peu dans l’alcool aussi quand il ne bossait pas. La femme qu’il aimait encore venait de le quitter. Pire, elle avait pris leurs enfants avec elle. Elle lui avait demandé de signer les papiers du divorce mais Cyriac s’est battu pour tenter d’avoir la garde de ses enfants. Malheureusement pour lui Cynthia eut gain de cause. Cependant, il pouvait les voir dès qu’il le voulait étant donné que c’était un divorce à l’amiable, qu’ils sont restés « amis ». Il tenta tant bien que mal à se réhabituer à sa vie de célibataire. Ses enfants l’aimaient toujours autant cependant et cela mettait du baume à son petit cœur meurtri.

Cependant, quelques mois après son divorce lors d’une intervention particulièrement difficile et dangereuse il fût grièvement blesser. Touché par un sort, il est tombé de son balai et s’est empalé sur un grillage d’une maison de sorcier. Heureusement, aucun organe vital n’a été touché mais ça à bien faillit. Il fût amené à l’hôpital où on le soigna. Il resta cependant dans le coma pendant presque deux mois entier. Lorsqu’il regagna sa conscience c’était son ex-femme qui était à ses côtés. Ils faisaient des tours de gardes entre Maxim, Alexia et elle. Quand elle le vit ouvrir les yeux, elle se leva d’un bond et alla chercher le médecin pour qu’il vienne l’examiner. Cyriac était totalement dans le coltar, ses souvenirs de l’accident étaient flous. On lui expliqua qu’il avait échappé de peu à la mort et qu’il était là depuis deux mois déjà. Sa première pensée se dirigea vers ceux qu’il aimait : « Comment va Spencer ? Et Phénicia ? Alexia ? Maxim ? Et toi Cynthia ? » « Nous allons tous bien, ne t’inquiète pas pour nous et repose-toi, je vais écrire à Spencer que tu es réveillé. » « Merci Cynthia. » « Tais-toi et dors. » Il sourit et ferma de nouveau les yeux.

Il sortit de l’hôpital trois mois après son admission et une longue convalescence l’attendait. Il eut tout le temps de réfléchir et il décida de prendre sa retraite. Il ne voulait pas que ses enfants grandissent sans père –malgré le fait qu’il soit divorcé avec leur mère- comme Alexia et Maxim l’avaient fait. Il fît part de ses projets à sa famille et l’année suivante, il entra à Salem en tant qu’assistant du professeur de Botanique qui se faisait un peu vieux. Il put ainsi voir ses enfants, tous les deux à Salem toute l’année sans restriction mais ce n’est pas pour autant qu’il était tendre avec eux en cours.

L’année suivante, sous l’influence de Leviathan qui avait parlé de lui au Professeur Dumbledore, il partit pour l’Angleterre pour devenir professeur de Botanique. Ses enfants lui manquent énormément toute l’année mais il fait tout pour rentrer les voir le plus souvent possible. Il leur envoie des lettres également. Il sait que ce n’est pas grand-chose. Sa vie lui plaît à Poudlard et la seule chose qui lui manque réellement, ce sont ses enfants à ses côtés. Cela fait maintenant quatre ans qu’il est à Poudlard et personne ne s’est jamais plaint de ses cours ni de lui.