« Hé venez voir, Krystal a un admirateur ! » criais-tu, agitant ladite lettre en l’air pour attirer l’attention de camarades. Tu aimais ta sœur, mais tu te délectais bien plus de la voir bouillir, de voir ses joues s’enflammer et ce regard te fusiller. Dans la limite du raisonnable, car il n’y avait que toi qui avait le droit de l’indisposer. « Arrête ! » aboyait-elle, tandis qu’elle te courait après, tentant de récupérer son bien. Tu souris, et tu te prends au jeu. Tu t’arrêtes, tandis qu’elle tend les bras pour récupérer le parchemin, mais sans succès. « Chère Krystal… » commences-tu à lire à voix haute, rictus sur les lèvres. « J’ai pris en ce jour ma plus belle plume pour t’écrire ce que mon cœur n’ose te dire : tu hantes mon esprit. J’avais oublié… » Soudain, ta sœur te pousse et te tombe dessus. Elle s’empare de la lettre en la déchire sous tes yeux, folle de rage. Tu continues de sourire, fier de l’avoir mise dans tous ses états. « Je déteste ce sale sang-de-bourbe ! » siffle-t-elle entre les dents. Tu ne t’attendais pas à ça. Un admirateur né-moldu, le comble. Tu ris. Tu la pousses et tu te relèves. Tu lui tends la main pour l’aider, elle aussi à se relever, mais tu affiches toujours ce sourire moqueur sur les lèvres. Ce pauvre garçon avait tiré le gros lot. Éprise d’une sang-pur, d’une Black, de l’inaccessible. Peut-être avait-elle relâché un tantinet sa garde pour que quelqu’un de son statut puisse croire qu’il avait une chance avec elle. Peut-être n’était pas aussi monstrueuse qu’elle te l’avais toujours fait croire. Non. Tu ne pouvais douter des convictions de ta sœur. C’était tellement plus inné chez elle que chez toi.  «  Alors Krystal, plus docile que tu veux nous le faire croire finalement. » se prononce ton voisin, lui aussi, sourire aux lèvres, inconscient de la règle qu’il venait d’enfreindre. Tu lui lances ton plus beau regard noir, il n’y avait guère besoin de plus pour comprendre qu’il était désormais sur la liste rouge. « Levicorpus » murmura Krys’ à son attention, qui avait pris les devants. « Tu saisies pas à qui tu parles je crois, Hodge. » souffla-t-elle, baguette pointée sur ton voisin flottant dans les airs « Tiens-tu vraiment à ce que je te rappelle qui je suis ? » ricana-t-elle, les yeux emplis de malice. Tu regardes la scène se dérouler sous tes yeux, et tu aperçois qu’autour de vous les autres élèves vous observent. Tu savais le pouvoir des Black et la terreur qui se lisait sur les lèvres de ceux qui le prononçait. Tu savais également que l’un d’entre eux ne tarderaient pas à prévenir un professeur, et qui jubilerait de se venger d’un des membres de cette famille. « C’est bon Krys’, fais le descendre. » décides-tu d’interrompre, malgré toi. Elle rompit le sortilège à la simple entente de tes mots, sans poser de question, laissant ton voisin s’écraser brutalement sur le gazon du parc. Tu as toujours été de nature plus docile que ta sœur, et tu considérais cela comme une faiblesse, malgré que les masques ne t’étaient pas trop difficiles à porter. Tu jouais le salaud à merveille, et personne ne pouvait en douter. Si bien que même toi, tu t’étais convaincu être ce salaud.

* * *

Comme tous les ans, les elfes avaient monté tes valises, fait ton lit et avait disposé en évidence ton uniforme aux couleurs de ta maison. Cependant, cet été avait pris un tournant auquel tu ne t’attendais pas, du moins, tu avais souhaité qu’il n’arrive pas. Ton avenir était déjà tout tracé, ou presque. Tes parents avaient pris la liberté de te marier à une sang-pure, bien que tu n’éprouvais rien de tel à son égard, si ce n’est une aversion profonde pour elle. Tu songeais à cette conversation, tandis que tu fouillais dans tes affaires. Tu sortis ce parchemin et le déroula. Il était titré « Contrat de Mariage » et se composait de deux blocs d’écriture. Le premier bloc était une suite d’articles, le deuxième était un court paragraphe. Enfin, des espaces vides étaient destinés à y écrire les noms des futurs époux, et quelques informations supplémentaires. Tu soupiras, avant de lâcher des mains ce parchemin qui te dictait ta vie. Mais tu étais un Black, et tu devais faire honneur à ta famille.

Tu enfilas ton uniforme avant de regagner la grande salle, ta sœur t’avais emboîté le pas. Alors que tu déambulais dans les couloirs, tu pouvais voir les élèves raser les murs sur votre passage. Tu pouvais jouir des privilèges d’être un Black, mais tu t’étais également forgé cette image. Tu n’avais pas froid aux yeux et tu éprouvais toujours la sensation qu’aucune règle ne pouvait t’atteindre. « Rien ne change. » murmures-tu au dessus de ton épaule à l’attention de ta sœur. Elle souriait face à ta remarque. Rapidement, tu fus arrêté dans ton élan lorsque tu heurtas une autre personne. Tu sentis la colère monter à l’intérieur de toi. Qui avait donc osé se mettre en travers de ta route ? Tu étais sanguin, impulsif. Tes yeux fusillèrent cette petite chose qui se trouvait devant toi, occupée à ramasser les quelques livres que votre collision avait fait tomber. Le pire dans tout cela, c’est que tu arrivais à mettre un nom à cette fille, alors qu’elle aurait dû n’être qu’une fille parmi tant d’autres. Elle releva la tête et posa ses yeux sur toi. Tu sentis ton cœur battre. C’était bien la première fois. « Tu peux pas faire attention !? » crachas-tu avant de reprendre ta route, sans lui demander quoi que ce soit, sans te donner la peine de la regarder de nouveau. Tu te refusais à ressentir ce genre de sentiment, et ta sœur ne devait pas y voir ce moment de faiblesse.