« poussez madame, poussez ! allez, vous y êtes presque... voilà ! c'est un garçon ! mes félicitations. »

La sage-femme tenait le bébé, fraichement sorti, entre ses bras. Encore un miracle de la vie qui venait de se produire, devant elle, elle en était même une des responsables du bon déroulement. Encore émue, elle donna le bébé à la mère, en lui tendant les bras, geste qu'elle refusa.

« non, je suis trop fatigué, pas maintenant, laissez-moi me reposez. coupez le lui le cordon et mettez-le dans un truc là-bas, ça ira. »

Elle resta quelque seconde en état de bloque devant la femme. Elle ne comprenait pas comment une mère pouvait ainsi rejeter son enfant, de cette manière, totalement désintéressée. Après s'être rafraichi l’esprit, elle lui mit un bracelet et la mit dans un bac. Elle regarda une dernière fois l'enfant avant de le quitter pour retourner à son travail.

« désolé. »

Puis, elle avança dans le couloir jusqu'à disparaitre dans les lumières éteintes.

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environ neuf ans et demi, maison familiale, salon

Un jeune garçon était en train de jouer, seul, accompagné de juste un bâton de bois. Il n'était pas pauvre, non, c'était même tout le contraire : sa fortune faisait des jaloux. Mais ils jouaient avec ce bâton « à faire comme un magicien. »

« mamaaaan, pourquoi ça existe pas en vrai la magie ? »

Il s'était mut jusqu'à la véranda d'où il s'était accroché à la jupe bleue de sa mère, la tirant, pendant que cette dernière assise, lisait le journal fraichement arrivé de ce matin. Elle soupira, gardant toute de même un sourire sur le visage, posa son journal sur la table à côté d'elle et, avec délicatesse, prit le garçon dans ses bras.

« écoute, Anthony, je te l'ai déjà dit. tout ça n'existe pas et ça n'existera jamais, à part dans ta tête. »

Il se renfrogna et commença à bouder. Il trouvait vraiment ça injuste, pourquoi il ne pouvait pas faire de la magie pour de vrai ? Il voulait en faire tout de le temps et ne rien faire d'autres. Ce qu'on pourrait appeler un rêve de gosse.

Elle sourit. L'innocence de son enfant était donc à toutes épreuves. Mais c'était vrai. Il n'y avait qu'une infime chance qu'il hérite des pouvoirs de ses ancêtres et elle ne voulait pas lui mettre ça dans le crane. Malheureusement, il ne l'entendait pas de cette façon. Elle ne voulait pas qu'il connaisse ce monde. Un sorcier dans la famille, si ça se sait, ça entache une réputation. « Sorciers ! » « Hérétiques ! » « Démons ! » Elle s'en fichait un peu en soit que son fils soit touché, c'était bien uniquement son propre intérêt qu'elle le défendait. Mais elle ne le montrait pas, pour rester la mère aimante et modèle que tout enfant voudrait avoir. Sa vie se déroula donc tranquillement, comme dans une famille normale, avec un père toujours un peu trop absent et une mère ne le laissant pas rester dans ses rêves d'enfant. Néanmoins, cela se passa sans accroche que pendant quelques temps. Jusqu'à son onzième anniversaire.

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« dit maman, tout est prêt, hein ? on a rien oublié ? et les invités vont vite arriver, hein ? »

pile onze ans, maison familiale, salle de réception

« oui, ne t'inquiète pas. tout est prêt et tout le monde a répondu à l'invitation. »

La porte claqua. Mais personne n'était entrée. Seulement une lettre s'était glissée juste devant elle. Il s'avança, puis se baissa pour la ramasser, avant de regarder le sceau. Il lui été étranger, mais voyant son nom sur l'enveloppe l'ouvrit sans attendre et en sortit le contenu.

Citation :

COLLÈGE DE POUDLARD, ÉCOLE DE SORCELLERIE
Directeur : Albus Dumbledore
Commandeur du Grand-Ordre de Merlin
Docteur ès Sorcellerie, Enchanteur-en-chef, Manitou suprême de la Confédération internationale des Mages et Sorciers
Cher Mr. De Grandpré,
Nous avons le plaisir de vous informer que vous bénéficiez d'ores et déjà d'une inscription au collège Poudlard. Vous trouverez ci-joint la liste des ouvrages et équipements nécessaires au bon déroulement de votre scolarité.
La rentrée étant fixée au 1er septembre, nous attendrons votre hibou le 31 juillet au plus tard.
Veuillez croire, cher Mr. De Grandpré, en l'expression de nos sentiments distingués.

Ses mains tremblaient. Il n'y croyait presque pas. N'importe qui aurait certainement penser à une mauvaise blague, mais lui ne pouvait pas. Il y croyait dur comme fer, lui qui le voulait tant, le moment tant attendu était là, devant lui. Mais il pleurait. Pas de joie.

« pourquoi tu ne m'as rien dit ? pourquoi ? je t'ai toujours dit que j'en rêvais. mais toi, tu m'as dit que non, tout ça c'était des histoires, que j'étais normal, que tout était normal. pourquoi ? »

Son sourire, son faux sourire, disparu instantanément de son visage.

« je ne voulais pas que tu ternis à toi seul le nom de toute une famille, en devenant un monstre. tu ne trouves pas ça égoïste ? »

Ses bras étaient tombés, raide, la lettre à moitié chiffonnée dans la main. C'est vrai, c'était complètement égoïste de vouloir ça, de... d'avoir un rêve. Non. Elle avait tort.

« et c'est pour ça que tu as voulu me priver de tout ce dont je rêvais et voulait ? tout ça pour toi ? »

Le visage de sa mère, ou plutôt « de la personne qui avait fait semblant élever », comme il l'appelle maintenant, devenait de plus en plus sombre. Son habituelle clarté avait disparu, pour laisser place à des rictus de colère et de rage.

« parce que tu crois que toi, qui naquit pour la seule raison d'assurer notre descendance, puisse au contraire ainsi détruire tout ce que notre famille à construit ? tu es notre unique fils, notre unique chance et je ne voulais pas gâcher cela avec tes sottises. »

La lettre, maintenant complétement chiffonnée, tomba sur le sol. Il ne pouvait pas s'empêcher de pleurer. Il venait de découvrir qu'il n'était qu'un pantin, destiné à « assurer » la lignée de sa famille. Dénigrant ce qu'il allait et voulait devenir. Pour son image, cette foutu image. Pourquoi est-ce qu'ils importaient tant d'importance à ce que les autres pensaient d'eux ? Pourquoi importaient t-il plus d'importance qu'a leur simple bonheur et à ceux de leur enfants ?

Suite à ça, Anthony accepta, bien que tristement, l'invitation à Poudlard. Il ne voulait pas rester près de cette famille, celle pour ainsi dire rejeter. Sa mère inventa, toujours pour se protéger, une histoire de pensionnat. Et ça l’arrangeait bien, plus besoin de s'occuper du rejeton inutile. Il arriva donc à Poudlard, et y passa de nombreuses années, ne revu pas ses parents, ayant décider d'y rester pendant toutes sortes de vacances scolaires. Il n'avait aucune envie de les voir, et eux non plus très certainement. Heureusement, il réussi à oublier et refouler toute cette haine, et elle ne lui a pas gâcher la vie avec une envie de vengeance irrépressible et constante

Et voila, c'est ainsi que s'achève son histoire. Jusqu'à maintenant, néanmoins.