BELLUM PATRONUM


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When you came in the air went out and every shadow filled up with doubt ∂ Daphné
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Message When you came in the air went out and every shadow filled up with doubt ∂ Daphné
par Invité, Lun 21 Mar - 2:12 (#)
Daphné Isaac Bulle
St-James
ft. Rihanna
Née-moldue
Vingt-huit années
Célibataire
Hétérosexuelle
Professeur de défense contre les forces du mal à Poudlard
Un criquet, qui prend parfois la forme d'une Okopipi
Neutre
crédit tumblr
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À propos
Nom: Dans son enfance, il se murmurait, délicat et sombre. On se disait entre deux souffles "on l'a vu chez la St-James". Comme une malédiction, comme un espoir. Aujourd'hui il n'est plus rien qu'un nom parmi les autres. Le mythe a disparu, asséché par un vieux continent désabusé.  Prénom: Daphné, nymphe d'autres cultures, d'autres mythes. Nymphe d'une beauté dramatique, changée en laurier. Passion d'une mère pour le seul livre européen qui tomba entre ses mains de femme. Isaac en l'honneur de son propre père, homme de savoir parmi les siens dont elles sont les dignes héritières. Héritages chaleureux d'un pays lointain, d'une culture transmise au coin de l'oreiller. Bulle légèreté de l'être, emporté par des vents du hasard, entité vaporeuse que rien n'arrête de monter vers des cieux plus cléments. Âge et Date de Naissance: Elle est né le 3 mars 1954, elle a donc vingt-huit ans Nature du sang: On l'a dit sang-de-bourbe lorsqu'on veut la blesser. On l'a dit née-moldue lorsqu'on se montre polie. Elle se dit sang rouge lorsqu'on lui demande. Situation familiale: Une famille elle en a une. Une très grande. Mais une famille qu'elle ne connaît pas. Il parait, on lui a dit, on lui a raconté, que là-bas, loin par delà l'océan qui les a amené aux Amériques, il existe des cousins. Mais elle n'est jamais allée vérifier. Là-bas, par delà les océans, on ne tient pas d'arbres généalogiques de toute façon. Mais dans son monde, elle avait une mère, Charlotte, qui laissa sa vie aux mains de silhouettes encapuchonnées, d'un blanc de neige. Elle avait un frère, Zachary, un frère aîné qui vagabondait par delà les routes. Lui aussi laissa son sang sur la pierre frappé du nom ségrégation. Elle devait avoir un fils. Mais les hommes en ont décidé autrement. Son père est un mystère. Sujet tabou dans la famille. Jamais il n'en n'a été question. Elle a eu tante qui l'a prise sous son toit en Angleterre. Elle s'appelle Louise. Elle n'est pas méchante, mais elle n'est pas très à l'aise avec ces histoires de sorcellerie.Patronus: Depuis quatre ans désormais, un criquet se tient assis sur son épaule. Un petit insecte qui prend parfois la forme d'une Dendrobates azureus, plus connue sous le nom d'Okopipi, une grenouille d'un bleu électrique. Il paraît qu'il s'est donné le nom de Gaston Miroir du Rised: Debout, face au miroir, elle voit sa silhouette qui se dessine. Elle tient un livre portant son nom en lettres noires, sur la poitrine elle porte une médaille, reconnaissance de ses pairs pour ses connaissances en matière de potions. Epouvantard: Un objet luit doucement dans le noir, un objet étrange, un objet moldu. Une arme à feu, objet porteur de mort. Objet de ses cauchemars depuis son accident. Composition de la baguette magique: Elle est belle, d'un bois d'ébène aux teintes sombres comme elle. De 23.3 cm elle porte une plume de phénix en son cœur.  Emploi: Elle approche de son rêve, elle a été acceptée comme professeur de défense contre les forces du mal à Poudlard depuis la rentrée 1981 Animal de compagnie: Elle n'avait pas d'animaux de compagnie la Daphné. Elle n'a jamais eu son propre hibou, ça coûte cher un hibou. Mais pour ses Vingt-cinq ans Dame Annabelle s'est arrangée avec le sorcier qui vient de temps en temps travailler avec Daphné dans la pièce du fond. Elle voulait lui offrir quelque chose a couver. Alors ils lui ont offert une petite boule de poil avec de longues oreilles et une queue de lion. Un fléreur encore chaton à la fourrure caramel. Il répond au doux nom de Miel.
Caractère
Depuis sa plus tendre enfance elle a pris l’habitude d’observer, silencieuse et immobile, ce qui se passe autour d’elle. Elle peut impressionner avec ses yeux sombres, ses traits lisses, et cette fâcheuse habitude de vous dévisager sans vergogne. Pourtant quand elle le veut, elle sait parler la demoiselle. Elle sait avoir la parole torrentielle et ses longues heures d’observations ont fini par lui donner une connaissance poussée des choses. Car malgré ses origines populaires, elle a une jolie culture qui pourrait vous faire pâlir de honte. Sa passion à elle ce sont les potions et les plantes. Depuis qu’elle sait tenir sur ses jambes, elle a lu et relu toutes les étiquettes qui entouraient les bocaux de Mama Charlotte. Elle a lu et relu son livre à la couverture de cuir frappée du symbole familial. Une tête de mort dressée sur une fiole que croise une feuille de Napel. Elle son rêve c’est de prouver à ceux qui se moquaient de ce qu’ils appellent de la « magie moldue de grands chemin » est basée sur un savoir poussé des plantes et de leurs propriétés. Or on peut dire qu’elle est déterminée la Daphné. Quand elle a une idée en tête, il peut être difficile de la lui enlever. Enfant elle n’avait pas vraiment de jouets autres que ses yeux. Cela l’a rendue curieuse de tout. Elle observe, elle cherche, elle essaye de comprendre. Et si elle ne comprend pas elle sourit, ivre de joie. Car rien ne la passionne plus que les mystères de ce monde.

Derrière ses longs cils de jais, elle s’amuse à trouver les postures qui mettent mal à l’aise. Elle sait le pouvoir de ses prunelles luisantes dans le noir des pièces trop sombre. Elle s’amuse du folklore qu’elle porte en elle et qui dégoûte certains. A Poudlard, elle s’amusait à faire des poupées des sorciers qu’elle aimait le moins, entretenant volontairement le doute dans l’esprit de ces camarades. Et si cette magie fonctionnait véritablement ? Et si la petite Daphné était capable d’ensorceler ces poupées au point de pouvoir faire faire ce qu’elle veut à ses victimes ? Elle aimait entretenir ce mystère, elle se riait des regards inquiets qu’on pouvait lui lancer. Car de ce monde elle ne connaissait rien, alors derrière sa culture elle s’est retranchée. Dans les tranchées sombres de ces cils elle s’est construite des remparts contre l’adversité.

Elle rit beaucoup la Daphné, d’un rire chaud et rond comme celui de Mama Charlotte. Car c’est elle qui lui apprit à rire de tout, même des démons qui parlent par sa bouche parfois. Alors elle rit, elle est entière et préfère rire que de rendre les coups. Elle sait très bien faire cela, passer outre. Elle a appris ça aussi. Depuis des années elle passe outre les images fragmentées qui viennent hanter son sommeil. Passer outre les mauvais augures qui s’échappent des fibres de la magie pour s’écouler dans son être. Passer outre des têtes sans visage ce n’est pas facile. C’est toujours plus facile de passer outre les remarques blessantes des autres. Car Daphné n’a jamais eu besoin de personne pour savoir qu’elle n’était pas comme les autres. Ni comme les moldus, ni comme les sorciers. Elle est Daphné. Alors elle leur pardonne, elle rit, elle emporte dans ses éclats une rage qui n’explose presque jamais. L’indifférence blesse plus que tout le reste, alors elle fait l’indifférente. C’est plus facile, et ça permet de rire, et le rire ça donne chaud au cœur.

La mort fait partie de sa vie, depuis toujours, de par sa culture imprégnée de mythes de morts vivants, de par son don qui la confronte aux malheurs d’un monde bancal. En réponse elle offre une puissante énergie vivante. Elle croque la vie, elle rit, elle voyage, elle cherche à tout prix à trouver la prochaine potion révolutionnaire, elle veut prouver un tas de choses à des tas de gens, mais prend son temps pour le faire. La vie est longue et le futur trop présent pour ne pas rester bloqué dans l’immédiat de l’instant. Mais elle sait aussi se montrer dure et stricte. Son caractère bien trempé la rend difficile en affaire. On ne négocie pas facilement avec elle.

En amitié elle est tout aussi entière. Secrète sur de nombreux points de sa vie, secrète car le mystère l’entour de ses nappes brumeuses. Elle se lie facilement avec les gens, s’attachent parfois, elle peut se faire mener en bateau par d’autres. Peu lui importe, l’important est de vivre, et si on lui plante un couteau dans le dos, elle a sa plus belle arme en échange. Elle rit. Elle rit pour ne plus sombrer dans la rage. Elle a connu une fois, le versant sombre et mort de sa personne, elle a plongé dans les tréfonds de sa noirceur, celle qui se gangrène dans un coin de côtes. Elle a plongée, et personne ne sait ce qu’elle y a trouvé. Personne à part elle et sa conscience. Alors elle rit, pour se préserver d’y retourner. Quitte à passer pour une sorcière simplette qui se fait facilement avoir sans jamais demander des comptes. A quoi ça sert, de demander des comptes. A la fin, dans la tombe, les comptes ne comptent plus.
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Patronus
Assise sur son tabouret, son chaudron à sa droite, elle regarde, intriguée, le petit criquet qui saute en rond sur le plan de travail. Lentement, elle tend la main, et le petit insecte monte timidement dessus. Il a l’air un peu gêné, elle le sent dans son esprit. Cette sensation de partager son esprit, elle ne la connait que trop la devin. C’est d’ailleurs ce qu’elle a pensé la première fois. Lorsqu’une petite voix est venue murmure dans son esprit. Elle était là, les yeux fatigués et usés, à surveiller la potion d’un œil tout en suivant lisant ses propres gribouillis d’un autre. Mais la voix était trop nette et les paroles trop distinctes pour être l’effluve d’un futur brumeux. Alors elle a détaché les yeux, lentement, jusqu’à tomber sur le petit insecte, l’air hagard, qui la regardait depuis le plan de travail. Elle se souvient très bien la dernière fois qu’elle a vu ce petit criquet sautillant, il brillait d’une brume dorée autour d’elle, émanation d’un sortilège complexe, concentré de bonheur et de joie. Elle avait eu du mal à réunir assez de souvenirs heureux pour lui donner une consistance corporelle suffisante, mais à force de travail elle avait réussi. Et voilà qu’il se tenait là, dans la paume de sa main, à chatouiller son épiderme de ses petites pattes d’insecte. Par quel sortilège cela pouvait-il être ? ❝Comment c’est possible ?❞ C’est un murmure intrigué, curieux, sincère. Le petit criquet lève la tête, il semble sourire, du moins elle sent la joie filtrer dans tout son être, elle sent que ce sentiment émane de lui. ❝Daphné ! C’est incroyable ! Je vie ! Regarde ! Je suis ton patronus Daphné ! C’est incroyable ! Tu veux bien m’appeler Gaston ! Regarde ! Je serai à tes côtés maintenant❞ Sa petite voix précipitée résonne dans sa tête et elle rit face à son excitation. Elle rit en approchant le petit Gaston de son visage d’ébène. ❝Gaston hein❞ Elle rit, elle taquine elle examine sous toutes ses coutures ce petit insecte.

C’est comme ça qu’il a commencé à faire partie de son quotidien le Gaston. Elle est devenue plus étrange encore, à rire toute seule penchée au-dessus de ses potions, en remplissant les sachets d’ingrédients pour les clients. Sa folie douce est revenue se peindre sur son visage, et Gaston sautille sur son épaule, s’endors dans les boucles de ses cheveux sombres. Il est tout petit Gaston est c’est bien pratique, il se cache facilement, se tient à l’ombre de sa sorcière. Mais il voit tout Gaston, et il raconte tout ce qu’il voit à sa Daphné, de sa petite voix fluette et précipitée. Car il parle beaucoup Gaston, même pour ne rien dire, il parle. Il prend moins de place que les patronus des autres sorciers qui ont été touché par le sortilège. Il a fallu du temps à Gaston pour montrer sa deuxième forme, mais un jour, alors qu’elle se sentait mise en danger face au médicomage en chef qui examinait ses recherches, il s’est changé en grenouille d’un bleu électrique. Elle l’a trouvé beau dans ses couleurs exotiques. Elle est heureuse de l’avoir avec lui ce petit Gaston au final, même s’il parle beaucoup, elle est heureuse. Il lui tient compagnie, entre lui et Miel son joli fléreur, elle est se sent bien entourée. Elle a de quoi reportée son instinct maternel, elle se sent à nouveau chaude et entière. Elle aime bien son petit Gaston, quelque part elle pense qu’une partie de l’âme de son fils est venue s’infiltrer un peu dans ce petit corps d’insecte. Elle aime à le penser, elle sait que c’est possible, la réincarnation fait partie des croyances du vaudou, et elle connaît cette culture sur le bout des doigts, elle la manipule presque tous les jours. Et il est possible, qu’elle possède une petite poupée représentant l’âme de son fils, et qu’elle ait, un jour, invoqué les esprits sombres de ce monde à son sujet.  
Pseudo et âge: Artchie, je tâtonne les 25 ans wuuuuut Où as-tu trouvé le forum ? Dans un coin de mon chaudron Personnage: Inventé As-tu un autre compte sur BP ? roll c'est possible. C'est probable. C'est pas faux ! Présence: Jours et nuits Robert47cm Une remarque ? Amour, cookies et thé bien chaud  Daengelo


Histoire
Happiness can be found even in the darkest of times
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Les émotions n'ont pas besoin de mot. Quand la peur vous saisi, elle commence par prendre possession de votre squelette. Vague glacée, elle saisit vos os et vous paralyse de l'intérieur.
Extrait du journal de Daphné Isaac Bulle St-James

Dans la pénombre d’une petite pièce faiblement éclairée, la silhouette de l’enfant se devine à peine. Accoudée sur une étagère elle observe, attentive, le crâne blanc d’un alligator. De tous les ossements qui composent l’endroit, c’est son préféré. Le regard immobile elle s’amuse à reconstituer les écailles de l’animal, redessiner le contour de ses muscles, son orbite vide. Il devait avoir les yeux couleur de vase, elle les a toujours imaginés comme cela. Des grands yeux de reptiles qui vous observent à demi submergé au couvert des eaux troubles des rivières. Le plus difficile, ce sont les couleurs. Miroitantes dans l’eau, elles sont ternes et fades dans son esprit et elle a du mal à trouver les tons justes. Dans le faux silence de la pièce elle entend le murmure feutré des voix derrière la porte dissimulée sous un rideau lourd. C’est derrière celui-ci qu’elle reçoit les autres. Ces gens qui viennent, à peu feutrés, pousser la porte de la petite maison qu’ils habitent dans un quartier populaire de Louisiane. Un peu à l’écart de la route centrale, il faut prendre le petit chemin mal goudronné qui tourne vers la gauche juste après la poste.  C’est une maison comme une autre, de plein pied, posée sur pilotis – les inondations sont fréquentes par ici – toute en bois blanc délavé. Un petit perron sert de terrasse l’été. Mama Charlotte s’y installe sur le banc pour regarder les étoiles, une cigarette au coin des lèvres, rêveuse dans la chaleur des nuits d’été. On peut difficilement savoir l’étrange commerce qu’il se pratique ici. Rien, de l’extérieur, ne laisse entendre que dans la pièce du fond, des bocaux remplis de créatures mortes ou vivantes, d’herbes séchées et d’ossements laiteux, trônent sur des étagères.
Son visage est concentré, ses coudes commencent à rougir sous les picotements de la pression, mais elle reste immobile. Elle sait qu’elle n’a pas le droit de faire de bruit quand Charlotte consulte. Alors elle ne bouge pas, de peur de faire grincer la chaise sur laquelle elle est agenouillée. Soudain le tintement d’une petite cloque la tire du tableau mental qu’elle était en train de se dessiner. L'alligator avait presque pris vie. Elle était presque satisfaite des couleurs de ses écailles. Derrière le rideau le murmure feutré ne s’est pas arrêté, alors d’un geste lent, elle commence à faire bouger ses articulations endolories. Normalement Charlotte ne prend pas le risque de garder une personne trop longtemps, surtout quand elle sait qu’elle doit recevoir quelqu’un d’autre dans la même journée. La petite Daphné est déçue. Elle avait presque réussi à terminer son si joli tableau. Une grimace de douleur désagréable vient déformer son visage d’ébène alors qu’elle met pied à terre. Ses genoux lui font mal et elle doit plier les jambes à plusieurs reprises pour permettre au sang de revenir affluer dans leur partie inférieure. Le tintement de la cloche résonne une deuxième fois et cette fois c’est un sentiment d’appréhension qui vient se peindre sur le visage de l’enfant. L’espace d’une fraction de seconde elle se fige, le regard de biais posé sur le rideau qui dissimule la porte. Mais les murmures de voix ne se sont pas arrêtés. Alors le cœur battant elle s’empresse d’ouvrir la porte et de trottiner vers la porte d’entrée. Ses petits pieds nus claquent doucement sur le sol de bois et sa robe de coton flotte doucement autour de son corps frêle. Avant d’ouvrir la porte elle s’arrête, d’un geste empressé elle ébouriffe ses cheveux bouclés d’un noir de jais, elle ajuste sa robe qui lui descend légèrement sur les épaules et elle compose son visage. Ses traits se ferment doucement, une expression de douce rêverie se peint autour de ses joues bien rondes, ses cils se baissent jusqu’à ne laisser deviner plus que l’éclat éclatant de ses iris. Elle a l’air mystérieuse la petite Daphné. Mystérieuse et légèrement inquiétante avec son semblant de sourire qui flotte, indécis, sur son visage sombre. Enfin elle tourne la poignée, ouvre la porte et s’efface dans son ombre pour laisser le nouvel arrivant entrer. ❝Bonjour petite❞ Le regard de l’homme s’est posé sur elle, il l’a dévisage, il ne la connait pas, c’est un inconnu. Aussitôt son expression s’assombrit un peu plus et elle pousse la porte qui se referme dans un grincement sans prononcer un mot. ❝On m’a dit…❞ Sa voix est hésitante, il est mal à l’aise et elle doit se retenir de pas sourire trop franchement. Elle aime toujours quand elle parvient à rendre les gens mal à l’aise. Elle ne sait pas pourquoi. Mais elle aime ça. Sans doute parce que Charlotte lui a dit que c’était bien et qu’elle y arrivait étrangement mieux que quiconque. Sans doute parce que Zachary lui a dit qu’on parlait déjà un peu d’elle dans la communauté. La p’tite Daphné et ses yeux luisant dans la pénombre. Une petite beauté baignée d’une ombre malsaine. Elle ne comprend pas tout, mais cela lui fait plaisir, alors elle continue et elle s’applique. ❝On m’a dit que…vous pourriez faire quelque chose pour…pour mon problème.❞ Ses iris sont fébriles alors qu’elles s’accrochent aux éléments coquets du salon. Il cherche un élément pour le conforter, pour lui faire comprendre qu’il ne s’est pas trompé, qu’on ne s’est pas joué de lui. C’est un blanc. Il ne connaît pas, il n’est pas sûr. Mais la petite continue de garder le silence. Un mutisme gênant qui le met de plus en plus mal à l’aise. Mais quelque part cela le rassure. Il doit être dans la bonne maison. Aucune enfant normal ne le regarderait comme ça. Machinalement il commence à malaxer le chapeau qu’il tient dans ses mains de plus en plus moites. Alors, sans prévenir, elle fait un pas, puis un autre, sans le quitter du regard. Lentement elle se déplace sur sa gauche, le contourne jusqu’à passer devant lui, ce n’est qu’alors qu’elle rompt le contact visuel. Ses pieds nus glissent sur le parquet, elle a de plus en plus envie de rire, elle doit faire un effort exceptionnel et elle se concentre sur le tableau de l'alligator qu’elle essaye de retrouver. Elle sent derrière elle l’homme qui hésite, tourne la tête dans plusieurs direction, revient vers la porte d’entrée, avant de se décider à la suivre dans un balancement incertain.
D’un geste lent et raide elle avance le bras vers la porte du fond, tourne la poignée et pousse le battant de bois dans un nouveau grincement. De la pièce une forte odeur d’épices s’échappe. Elle s’enroule autour de leurs silhouettes, enivre les narines vierges de l’inconnu, lèche la joue de la petite. Dans la pénombre l’enfant glisse avec plus d’aise, elle retrouve son manteau d’ombres, l’unique lampe placée sur une étagère à droite vient faire jouer ses raies de lumières. Elle connaît les endroits où il faut se placer pour augmenter l’ombre sous ses yeux luisant. C’est son théâtre et elle connaît son rôle par cœur. Derrière eux la porte s’est refermée dans un son que l’homme a jugé lugubre. Plus que jamais il se sent mal à l’aise. Les bocaux, les ossements, les odeurs, la vapeur qui s’échappe d’une espèce de marmite, les tentures, les tableaux, les bijoux, les flacons. Tout le met profondément mal à l’aise. Sur son visage le doute fait trembler ses traits. Il a envie de partir, de faire marche arrière, de fuir cet endroit. Il veut renoncer à son idée. Pourtant quelque chose le fait rester. C’est la première fois que la petite observe tant d’émotions se peindre et se dépeindre en même temps sur un visage. Elle se demande même comment il fait pour ne pas avoir le tournis. Elle le laisse volontairement s’absorber dans la contemplation des étagères, elle se laisse s’effacer de son esprit, elle s’enfonce dans l’ombre des coins. Ca y est, il est seul à présent, le silence est revenu, seuls les parviennent les murmures étouffés derrière la porte. Entièrement à ses réflexions, à sa lutte interne entre rester et le désespoir de sa venue, il ne remarque pas les mouvements discrets de la petite Daphné. Elle glisse vers la porte, passe derrière le lourd rideau. Celle-ci a été bien huilée, elle ne fait pas de bruit et elle se fait aspirer par le gouffre encore plus sombre de la dernière petite pièce. La tête baissée la petite fille n’ose pas regarder. Normalement elle n’a pas le droit d’entrer pendant une consultation. Alors elle regarde ses orteils nus et leurs petits ongles plus clairs, gouttes laiteuses dans un océan de nuit. ❝Mama.❞ Sa petite voix se fait hésitante alors qu’elle ose interrompre le silence qui a précédé son entrée. ❝Mama. Un du dehors est là.❞ Par « du dehors » elle sous-entend un étranger à la communauté. Elle sous-entend un inconnu. Elle sous-entend un étranger. ❝Fait le patienter. Dis-lui que j’ai bientôt fini❞ Réponds la voix ronde et chaude de Charlotte. Alors elle hoche la tête et retourne de l’autre côté de la porte, le dos contre le lourd rideau. A nouveau elle attend, quelques secondes, une minute. Elle recompose son visage et sort de sa cachette. L’homme est toujours debout à la même place, ses mains torturent toujours son chapeau, mais il est toujours là, le regard perdu dans la lecture des étiquettes qui recouvrent des bocaux de plantes séchées. ❝Mrs. St-James sera à vous dans quelques minutes. Si vous voulez bien patienter.❞ Elle a une jolie voix quand elle ne force pas son côté sombre. Une jolie voix qui sonne la chaleur de l’été du sud des Amériques. L’homme a vaguement sursauté en se tournant vers elle. Il avait bien oublié sa présence. Il remarque le petit bras tendu vers un large fauteuil pourpre, il hésite à nouveau et s’installe, l’air résigné. Daphné est retournée s’agenouiller sur sa petite chaise de bois brut. Les coudes appuyés sur l’étagère elle s’est replongée dans la contemplation du crâne de l'alligator.

On ne peut nier l'angoisse que nous procure le noir. Car contrairement à ce qu'on essaye de se convaincre, l'obscurité n'est pas vide. Elle est pleine de nos peurs éveillées par notre imagination.
Extrait du journal de Daphné Isaac Bulle St-James

Depuis ses cinq ans, tous les matins, elle fait le trajet avec les autres enfants du quartier. Ils sont nombreux, d’âges différents. Ils parlent tous, certains rient, ils sont gentils et jamais ils ne dérivent du chemin. Quand elle prend le chemin de l’école elle fait attention. Elle chausse ses petites sandalettes de cuir, elle porte la robe de coton bleue que Charlotte a teint l’été dernier. C’était drôle à voir, ses longs bras sombres couverts d’une pellicule bleutée qui passaient et repassaient avec force une brosse dure sur le tissu imbibé du suc de fleurs. Elle a gardé ces bras bleus pendant plusieurs semaines, mais elle voulait être sûre que la robe ne perde pas toute sa couleur à la première pluie torrentielle. Daphné l’aime beaucoup cette petite robe. Elle lui arrive juste au-dessous du genou, ses manches courtes serrent doucement son bras, alors en prend bien soin. Dans le petit sac de toile qu’elle porte sur le dos elle a toujours avec elle une deuxième robe. Pour le chemin de retour, pour la récréation, pour les jeux dans les arbres, pour les courses poursuites, pour les baignades dans les rivières. Cela lui alourdit un peu le sac, mais elle ne se plaint pas. Elle aime aller à l’école avec les autres. Ca sent bon l’encre et le papier neuf. Sa maîtresse, Dame Annabelle, est douce et à la voix chantante. D’ailleurs elle le fait chanter tous les matins, sur des airs de gospel, des chansons à destination d’un enfant dieu. La religion, Daphné elle n’y connaît rien. Elle sait que le petit Jesus, s’il a réussi à revivre après sa mort, c’est grâce à des potions comme celles que Mama fabrique dans la petite pièce du fond. Il fait partie de ces morts-vivants dont on parle dans les rues pauvres de son quartier. Alors pour elle il n’est rien d’autre qu’un homme comme un autre. Pour elle, il n’a rien fait de plus que Mama ne peut faire. Alors cela ne l’impressionne pas, elle ne se sent pas concernée. Et cela Dame Annabelle l’a bien vu. Mais quand il s’agit de Daphné elle ne dit rien. Elle fait comme si elle ne voyait pas. Elle passe outre. Si un autre enfant ose rire pendant la messe, Dame Annabelle le reprend sévèrement. Mais quand Daphné s’endort, personne ne dit rien. Mais l’enfant sait, elle. La maîtresse elle vient souvent voir Mama Charlotte. Et elle n’est pas stupide la petite, elle écoute quand même parfois quand on parle du Jesus et de son histoire. Elle sait que les démons ne sont pas des êtres biens, alors elle devine, sans trop comprendre, que Dame Annabelle ne devrait pas aller voir Mama Charlotte. Car l’une raconte l’histoire de l’homme blanc, et l’autre parle aux démons des ombres.
Mais ce n’est pas pour ça qu’elle aime l’école. Ce sont avant tout pour l’histoire qu’on lui raconte sur le pays. Elle apprend que le monde est vaste et qu’il s’étend loin au-delà des frontières du quartier. Elle apprend que, contrairement à ce qu’elle pensait, ce sont les hommes à la peau blanche comme du lait qui sont font les lois. Elle est surprise car chez elle, tout le monde obéit toujours aux ordres de Charlotte. Qu’ils aient la peau sombre qui s’efface dans la nuit ou la peau blanche qui luit comme un fantôme. Elle a aussi compris qu’elle savait lire avant les autres. A force de rester à déchiffrer les étiquettes qui entourent les bocaux dans la salle du fond de la maison, la petite a reconnu facilement les lettres de l’alphabet qu’on lui présentait. Quand elle a compris à quoi tout cela servait, elle a froncé les sourcils, elle s’est concentrée, elle a délaissé le crâne de l'alligator pour se fixer sur les lettres des étiquettes, tant et si bien qu’au bout de quelques semaines elle a réussi à lier les lettres entre elle ❝Verveine❞ a-t-elle déchiffré dans un air de triomphe. Mais surtout, ce qui rendait l’école si intéressante à ces yeux, c’étaient les autres enfants. Enfermée dans la maison au bout du chemin, un peu à l’écart, elle n’avait pas eu l’occasion de passer beaucoup de temps avec les enfants du quartier. Car si elle aimait qu’on la traite différemment des autres enfants parce qu’elle est « la petite de St-James », elle aussi comprit que cela créait des barrières entre elle et les autres. Il arrivait que des parents lui jettent des regards suspects lorsqu’ils la voyaient s’amuser avec leurs propres enfants. Dans la communauté les croyances sont fortes, personne ne doute que les murmures et les potions de Charlotte aient de véritables pouvoirs. Mais ils savent aussi d’où elle les tient. Tout le monde connaît les origines de leurs cultures, ils sont tous nés avec, ils savent que les marabouts invoquent des êtres morts, des entités proches des démons et des créatures magiques venues des tréfonds de la nature. Tout ce que rejette la religion chrétienne qu’on leur rabâche tous les week-ends dans ces églises aux larges croix blanches. Pourtant elle n’est pas méchante Daphné. Quand elle ne joue pas à la petite fille aux pupilles luisantes sous le fil de ces cils. Elle est même agréable, souriante. Elle qui côtoie la mort tous les jours, elle aime la vie. Elle aime la chaleur du soleil sur ses joues l’été. Elle aime le souffle et la blessure de l’eau cinglante des tempêtes qui inondent le quartier, elle aime les rivières vertes et les animaux qui s’y baignent. C’est une enfant facile la petite Daphné. Elle ne fait pas d’histoire, elle rigole beaucoup, elle aime courir dans les bois et elle n’a pas peur de s’écorcher les mollets. Elle aime bien les chiffres, elle aime bien les cours même si au fil des années ce ne sont plus ses priorités. Certes, elle est étrange et les adultes ne savent comment être avec. Mais dans le fond, ce n’est pas une mauvaise personne. Et les autres enfants le savent, et c’est pour ça qu’elle aime bien aller à l’école avec eux. Ils lui apprennent leurs jeux, ils l’amènent dans des jolis coins où ils ont construit des cabanes. Parfois, Zachary, son grand-frère, se mêle à leur petit groupe. Il vient et il lui apprend à pêcher dans les rivières. Et petit à petit la petite fille se met à grandir. Ses joues perdent leur arrondit de la première enfance, son visage devient jour après jour plus mystérieux, ses longs cheveux lui tombent loin sur le visage, des cernes sombres se dessinent sous ses yeux et même le regard de ses camarades commence à changer. Surtout lorsqu’une matinée, en plein court de mathématiques, elle a parlé d’une voix rauque et lugubre. Elle semblait alors comme possédée. Et la possession dans la communauté, on connaît bien. On la redoute autant qu’elle fascine. Elle est vraiment étrange la petite de St-James. Ce n’est pas une enfant comme les autres. Et la différence, malgré tout, ça effraie toujours un peu.

Il existe autour de nous des forces qui nous dépassent. Elles nous transcendent et nous traverse sans qu'on s'en rende compte. Mais parfois le temps s'effrite et on entrevoit le champ immense des possibles. L'esprit humain n'est pas capable de supporter une telle infinité, c'est pourquoi nous refusons de croire que nous vivons dans un mensonge.
Extrait du journal de Daphné Isaac Bulle St-James

Avant d'ouvrir ses yeux, c'est la sensation étrange de froid qui lui indique qu'elle n'est plus allongée dans son lit. Sa silhouette fine se découpe dans la pénombre de la chambre. Dehors, un silence toujours vivant vibre doucement dans la brise d'été. Les mains de l'enfant son plaquée sur sa bouche, son corps est trop raide pour être dans une position naturelle et malgré la chaleur de la nuit fauve de Louisiane, un frisson glacé parcourt son épiderme de jais. Dans sa poitrine d'enfant les battements de son cœur se sont affolés. Ils tambourinent, frappent, échos des rires et des percussions qui traversent les volutes de la nuit. Dehors les corps luisant des hommes fêtent la libération de leurs ancêtres. Peu à peu les souvenirs reviennent embrouiller son cerveau vide. Les mécanismes de la pensée reprennent leurs droits et les images se fixent. Son visage de poupée s'est endormi au son lourd des percussions, emportée par leur marche entêtante elle a voyagé sur le dos luisant des esclaves. Elle a remonté des routes de bananes, fantasmes tirés des récits et comptes communautaire. Elle a vogué, bercée par son folklore, par une nuit piquée d'étoiles. Elle se souvient de l'odeur mentholée des grandes feuilles vertes qui ombrageait son voyage lunatique au son répétitif des tambours, son propre corps légèrement vêtu, vibrant dans la chaleur de l'été du sud-américain. Peu à peu pourtant, les silhouettes amicales des arbres sont devenues menaçantes. Un noir d'encre a envahi son ciel luisant. Une coulée glacée a fondu sur elle, emportant la douceur de l'été et le son rassurant des tambours. Une vague silencieuse et terrible qui a tout englouti sur son passage, jusqu'à sa propre conscience, son propre sommeil. Arrivée au bord de ses paupières, elle a senti le frisson gelé de l'étrange. Lentement les longs cils frémissent, courbures graciles dans le pénombre de la chambre d'enfant. Ses prunelles luisent, tremblotantes et perdues. Incapable de faire un geste, elle reste là. Trop raide pour être confortable, les mains plaquées sur sa bouche d'enfant, saisie par le froid du voile déchiré. Elle a huit ans. Elle a huit ans et aucun souvenir de ce que son rêve lui a fait voir. Mais elle sent, au plus profond de son jeune corps, que quelque chose de terrible s'est échappé de ses lèvres. Alors vainement elle reste là, les mains plaquées sur sa bouche, pour qu'aucun autre son ne s'en échappe, que le démon reste prisonnier de son corps et ne puisse plus venir chanter des malédictions. Car ce ne peut être que ça. Sinon pourquoi aurait-elle si peur ? Car du haut de ses huit ans Daphné n'a pas peur comme les autres personnes. C'est elle qui inspire l'appréhension dans le regard des autres. Elle sait y faire avec ses longs cheveux bouclés, ses pupilles luisantes dans le noir, son mutisme et ses grands yeux qui vous fixent dans la pénombre. Elle sait y faire pour donner aux visiteurs l'illusion qu'ils doivent se sentir mal à l'aise. Elle n'a pas peur des plantes ni des yeux de crapauds qui flottent dans les bocaux de Mama. Elle n'a pas peur comme les autres personnes. Seule la malédiction est capable de faire trembler son cœur d'enfant. Alors ce doit être une malédiction.

C'est comme cela qu'il la trouve. Figée dans son expression d'horreur. La porte s'est entre-ouverte doucement, dans un grincement rouillé. Un trait de lumière s'est incrusté dans la pénombre de la chambre. Une silhouette massive qui se découpe, nette et douce à la fois. Des pas feutrés, un effort évident pour étouffer ses bruits, jusqu'à ses les iris luisants rencontrent la silhouette raide de sa jeune sœur.

La lumière tremblote fébrilement dans le salon, une aura orangée baigne la table ronde napée d'un léger tissu bleu nuit. Assise sur le rebord de la chaise, Daphné attend. Sous ses yeux fixes des cernes commencent à s'installer. Quelque part à l'est, un filet rosâtre commence à luire. L'aube n'est plus très loin. Mais personne ne dort, les regards fixés sur le petit magnétophone, les cœurs battants, ils attendent. Dans le grésillement de l'enregistrement on distingue le son lointain des tambours, ceux-là même qui rythmait ses rêves avant que la vague noire n'envahisse son corps. Attentive elle écoute, chacun de ses muscles est tendu, elle a refusé la couverture et l'eau chaude malgré les frissons qui parcourent encore son épiderme. Malgré tous ces efforts elle a peur. Peur d'entendre la malédiction que le démon a osé prononcer à travers ses propres lèvres. Ce n'est pas la première fois qu'ils écoutent, silencieusement, le grésillement d'un magnétophone âgé. Tout a commencé il y a de cela deux ans, lorsque Zachary est venu se plaindre, plusieurs fois, des nuits agitées de sa petite sœur. Elle se souvient l'incrédulité de son regard. Elle avait essayé de prouver qu'elle ne disait rien dans son sommeil. On se souviendrait non ? Si on se mettait à parler dans la nuit ? Ce sont des choses que l'on remarque. On sait quand on parle. Elle ne pouvait pas comprendre, pas l'accepter. Alors Charlotte a dormi avec eux, une nuit, puis une deuxième. Ce n'est que lorsqu'elle allait laisser tomber que la douce Daphné s'est éveillée, figure lugubre dans la pénombre de la chambre. La Mama s'était figée, attentive, essayant de mémoriser les mots. Elle regretta de n'avoir pas pris de quoi noter. Tout est partie de là, les signes de magie que la petite Daphné commençait à montrer terminèrent de convaincre Mrs St-James. Elle était heureuse, heureuse d'entendre ce qu'elle pensait être une voix d'outre-tombe. Alors elle avait fini par économiser, jour après jour, pour pouvoir acheter le petit magnétophone de seconde main. Et depuis, tous les soirs, toutes les nuits, elle le met soigneusement en route, espérant entendre à nouveau ces voix venues de l'au-delà à travers la bouche de son enfant...Mais rares ont été les occasions, souvent ce ne sont que des bribes dénuées de sens, des mots à peine anglais. Jusqu'à ce soir-là. Assis en ronde autour de la table, ils pressentent que ce n'est pas comme d'habitude. Ils devinent et l'angoisse leur mord la peau.

Une voix s'élève soudain, une petite voix sombre et dure, dénuée de toute chaleur. Elle s'élève et s'enroule autour d'eux. Ils écoutent tous, interdits, autour de la petite table du salon. ❝ Lorsque l'enfant de l'eau quittera l'enfance, la lune rousse illuminera le ciel et le frondeur blanc le marquera du saut mortel, baignant dans le sang commun un éclat d'argent. ❞ Le silence qui précède est long et sombre. Un nouveau frisson parcourt sa peau d'ébène alors qu'une larme roule le long de sa joue lisse. Elle avait espéré, de cet espoir fou, mais elle savait déjà. Elle savait que les mots ne pourraient pas être autre chose qu'une malédiction. C'est le rire, le rire chaud et gourmand de Mrs St-James qui les tire de leur silence sourd. Son rire doux et maternel chasse d'un seul coup l'ombre des démons. Son rire réveil la lumière mordorée de la lampe qui grésille dans l'instabilité électrique du quartier. La chaleur revient dans la moindre parcelle de son jeune corps. Charlotte rit, ce ne peut pas être si grave. Ce ne peut pas. Mama n'a pas peur des démons, alors Daphné doit apprendre à ne pas en avoir peur non plus. Même s'ils parlent par sa bouche des paroles qui ne font pas sens. Alors Daphné mêle son rire à celui de Charlotte, son corps se réveille, ses muscles s'arrondissent, son dos se relâche et elle se jette, la gorge déployée, dans les bras finement musclés de son grand-frère.

Dans le doute, l'homme choisi la facilité. Les questions amènent d'autres questions. Et l'homme a besoin de réponses pour ne pas tomber
Extrait du journal de Daphné Isaac Bulle St-James

Le malaise a grandi, petit à petit. Il couvait dans les ombres, entre les interstices des lattes de parquet. Il a grandi, nuage menaçant à l’horizon, jusqu’à devenir un manteau de réalité. Un malaise, une menace, un frisson qui parcourt les maisons du quartier comme une mauvaise brise. L’horizon trop bleu de la communauté de ce quartier populaire de Louisiane s’est terni. Les rues mal goudronnées se sont peu à peu vidées à la nuit tombée, et les enfants ne vont plus riants sur le chemin de l’école. Même Dame Annabelle est moins tranquille qu’avant. Elle a pris quelques rides et ses cheveux commencent à se perler d’argent. Les regards qu’elle jette de biais à la jeune Daphné sont soucieux. Dans la classe tous lui jettent ces mêmes regards, toujours de biais, toujours empli d’un sentiment qui oscille entre inquiétude et malaise. Tout le monde sait, mais personne ne parle. Pourtant elle est encore jeune la petite de St-James. Elle n’a pas encore onze années. Elle n’ait pas sûre de comprendre. Elle n’est pas sûre de vouloir comprendre. A la maison, ils n’ont pas la télévision. Ils ne regardent pas les informations. Alors elle ne sait pas la petite Daphné. Elle ne sait pas les conflits qui agitent leurs menaces sous leurs nez de minorités. D’ailleurs ce sont des mots qu’elle a entendu parfois, mais dont elle ne maîtrise pas très bien le sens. Minorité, ethnique et surtout celui-là : ségrégation. Dame Annabelle essaye bien de leur expliquer, avec des mots pour qu’ils comprennent. Toujours ces hommes aux peaux de lait qui font les lois. Mais comment un petit quartier pauvre de Louisiane pourrait inquiéter ces hommes-là ? Comment la petite Daphné aux cheveux de jais et à la peau d’ébène peut-elle être une menace pour ces gens qu’elle ne connaît même pas ? Des questions elle en a plein. Le soir, dans sa chambre, elle essaye de trouver des réponses. Parfois Zachary est là, alors elle lui demande. Il essaye de lui répondre, mais il parle vite avec des mots durs qui font trembler son cœur de jeune fille. Il ne s’agit plus de démons ni de maladies ni de possédés. Ce sont des mots inconnus, un mal qui effraye son frère et qui l’effraie en retour. Un mal qui fait même vibrer les iris de Charlotte. Et si Charlotte a peur alors Daphné ne se sent plus à l’abri. Sous ses couvertures elle fait de plus en plus de rêves mouvementés. Elle hurle souvent, aux prises avec des silhouettes filiformes d’un blanc éclatant. Pour la première fois de sa courte vie, elle a peur éveillée. Et un jour tout son monde explosa.
Tout commença par la venue du prêtre. La petite cloche de la maison a sonné et Daphné est allée ouvrir. Elle se souvient le regard triste du Père Donovan. D’un geste lent il a enlevé son chapeau et a posé son regard sombre sur la petite de St-James. ❝Il faut que je parle à Charlotte❞ Il n’avait pas dit ❝Il faut que je parle à Mrs. St-James❞ mais à Charlotte. Le petit cœur de Daphné s’est serré. Lorsqu’on venait ici pour parler à Charlotte ce n’était jamais la même chose, et il avait dans cette voix et ce regard un air las et dramatique qui alarma la petite. Sans un mot elle est allée frapper à la porte de la pièce du fond. Un petit coup frappé avec incertitude. Elle a ouvert la porte, la peur au ventre et elle a lancé un ❝Père Donovan veut voir Charlotte❞ en essayant de rester le plus naturel possible. Mais sa petite voix s’était glacée dans sa gorge. Elle ne savait pas, mais elle se souvenait ces silhouette filiforme d’un blanc éclatant, et elle avait peur. Un terrible pressentiment. Les pas de Mama ont résonné sur le parquet et elle est sortie en pleine lumière. Sa haute silhouette à empli la pièce et Daphné a eu un peu moins peur. Leurs regards se sont croisés, et elle a senti cette douceur maternelle qui lui réchauffe le cœur. Alors elle se calme un peu, elle s’écarte pour la laisser passer. ❝Va nous faire du café ma petite❞ Son ton est joyeux et léger. Si elle n’a pas peur, alors Daphné ne doit pas avoir peur. Ce n’est rien. Toute attentive, ses gestes sont précis et silencieux lorsqu’elle prépare l’eau et le café moulu. Ses oreilles tendues au maximum elle essaie d’entendre les paroles qui s’échappent du salon. Ils parlent normalement. Ils ne crient pas. Tout va bien. Ce n’est rien. Elle se rassure comme elle peut la petite Daphné. Pourtant elle devine, elle sait, elle sent que ce n’est pas rien. Mais ses mains ne tremblent pas lorsqu’elle apporte les tasses et la cafetière. Elle dépose le tout sur la table du salon. Elle voudrait rester, mais elle croise le regard de Mama et elle sait. Alors elle recule, se dirige vers l’entrée, s’empare de ses sandales de cuir et s’échappe dans la chaleur du mois de juin.

Elle a erré, le cœur inquiet, entre les rues des maisons du quartier. Tout est désert, une impression d’attente flotte dans l’air. Elle ne sait pas pourquoi, mais tout le monde se terre derrière ses fenêtres. Les rideaux sont baissés et les chiens rentrés. Il se passe quelque chose. Plus elle avance, plus elle tremble sans en connaître la raison. Elle arrive vers le petit café du quartier, le seul et unique lieu de rencontre des adultes. Poussée par son appréhension elle avance. Pourtant d’habitude elle n’aime pas cet endroit. Les gens parlent fort et sentent cette odeur âpre de l’alcool. Et elle n’aime pas cette odeur la petite. Mais cette fois elle y va, poussée par sa curiosité apeurée. C’est alors qu’elle le voit, ses feuilles se soulèvent doucement dans la brise qui parcourt la rue. Elle s’approche un peu plus et saisit de ses doigts fins le journal jeté dans la poubelle. Distraitement elle s’éloigne à nouveau, elle fait quelques pas avant de s’asseoir sur un bout de trottoir. D’un geste fébrile elle regarde, elle déchiffre les titres qui parlent de sujets qui ne veulent rien dire. Elle feuillette, fait tourner le papier râpeux, jusqu’à tomber sur une petite photo. Son cœur s’est figé et la sensation de froid s’empare de ses os blancs. Elle les a reconnues. Ces silhouettes filiformes d’un blanc éclatant. Ces silhouettes sans figure. Alors elle s’est mise à courir, sans savoir pourquoi, emportée par une terreur blanche. Elle a couru jusqu’à la porte de sa maison. Elle est entrée comme un ouragan dans le petit salon et s’est arrêtée nette, les joues trempées de larmes limpides. Elle s’est figée face à l’expression de Mama. Père Donovan est parti. Dans le silence de la pièce Daphné voit pour la première fois des larmes rouler le long des joues de Charlotte. Lorsque sa fille est entrée, elle a tourné son joli visage vers elle. Elle a observé avec une tendresse mêlée de tristesse ces joues baignées de larmes, ses longs cheveux gracieux qui forment une aura d’ébène autour de sa tête aux traits fins. Elle a plongé son regard dans ses grands yeux mystérieux et leurs larmes se sont répondues. Puisant dans des ressources insoupçonnées elle s’est approchée de sa fille, elle s’est agenouillée et d’une voix profonde et douce elle a murmuré simplement quelques mots ❝Daphné, ma petite fille, tu vas aller passer quelque temps chez ta tante. Je dois partir en voyage, et tu ne peux pas rester ici toute seule. Tu seras forte parce que tu es une petite fille extraordinaire ma Daphné.❞ Leurs iris se mêlent dans un long regard qui en dit plus que tous les mots. Ce sont les douleurs d’une famille qui comprend que l’ombre de la séparation s’approche muni de sa hache la plus aiguisée.

Elle n’a pas hurlé, elle n’a pas déchiré sa peau de ses ongles sales, elle n’a cherché à frapper tous ceux qui l’approchaient. Pourtant elle en avait envie. Une envie dévorante qui a assombrit son regard mystérieux. Son visage s’est assombrit avec, il s’est fermé, elle a gardé le silence, elle a laissé ses cheveux tomber devant ses yeux sombres, elle est retournée vers le masque qu’elle chérissait tant. Elle est redevenue la petite de St-James un peu étrange qui effraie les clients. Celui qui a crié à sa place, c’est Zachary. Il a refusé de partir. Il a refusé qu’elle parte. Il a refusé que Charlotte vide ses économies pour qu’ils fuient. Emportée dans un nouvel ouragan la petite a essayé de comprendre, enfin, vraiment, ce qu’il se passait. Lors des derniers jours d’école les autres se sont pour de bon éloignés. Assise, seule, au fond de la classe elle a fini par baisser légèrement le front pour accentuer l’ombre sur ses yeux, et ses pupilles luisantes lançaient des regards sombres dans leurs directions. Un jour elle surprit la conversation de Dame Annabelle. Elle parlait d’elle en disant ❝Mrs. St-James a refusé. Aucun d’eux n’est baptisé et elle a refusé catégoriquement de participer à la cérémonie du mois prochain. Ils vont nous tomber dessus. Tout le monde la connaît dans le coin. Elle ne se cache pas. Ils le savent. Ils vont venir…Regardez ce qu’ils ont fait le mois dernier là-bas.❞ Sa voix tremblait lorsqu’elle parlait de ces Ils. Elle avait peur Dame Annabelle et Daphné, sans connaître ces Ils dont elle parlait, compris que c’étaient eux le danger. Eux ces silhouettes filiformes d’un blanc éclatant. Elle ne sait pas comme l’expliquer. Mais elle a compris. Le Jesus blanc a pris le pas sur les démons noirs. Le soir même Zachary n’est pas revenu à la maison. Il n’était pas rare qu’il passe ses nuits dehors. Mais ce soir-là c’était différent. Dans la petite chambre qu’ils partageaient, son lit est froid et vide. Il est parti pour ne pas avoir à quitter cette terre, pour ne pas fuir le combat comme il disait. Daphné n’a pas tout compris cette fois-là, mais elle a compris qu’il était parti sans elle, et ça l’a profondément blessé. Elle s’est sentie terriblement seule et abandonnée. Elle ne voulait pas aller chez une tante pour un temps le temps que les choses aillent mieux. Surtout que Charlotte ne lui avait jamais parlé de cette tante. Et que cette tante habite au-delà de l’océan vaste et immense, sur le vieux continent. Elle ne sait pas pourquoi, mais ce mot la met mal à l’aise.

Un soir d’août, elle a du faire sa petite valise. Charlotte avait des larmes dans la voix mais des yeux secs et fatigués. Elle a serré sa fille dans ses bras avec toute la détresse d’une mère. Elle a glissé le vieux livre à la couverture de cuir qui porte les symboles des St-James dans la valise, et elle a déposé un profond baisé sur la joue de Daphné. Elle s’est imprégnée une dernière fois de son odeur et elle l’a mise dans l’autocar qui partait en direction de la ville. A ses côtés Dame Annabelle regarde droit devant elle. Elle est chargée de partir avec elle, Daphné apprendra plus tard que c’est elle qui a payé une partie du voyage. Une nuit, dans la cabine du bateau, elle a ouvert les yeux, le regard glacé elle a murmuré ❝Elle va mourir❞ avant de retomber de tout son long sous la petite couverture. Mais il n’y avait plus de magnétophone pour enregistrer ses nuits agitées et Annabelle se garda d’évoquer ces phrases prophétiques dont elle devinait trop bien le sujet.    

Les souvenirs sont fait de la douceur de la tristesse. C'est ce qu'on appelle la nostalgie. Une tendresse baignée de larmes chaudes qui vous aident à supporter l'amertume du quotidien.
Extrait du journal de Daphné Isaac Bulle St-James

Le voyage a été long. Même pour une jeune fille qui découvre l’océan et le goût des embruns. Et puis Dame Annabelle est gentille, mais elle ne comprend pas comme Charlotte comprenait. Elle ne comprend pas les petits détails étranges qui surviennent quand Daphné a des sentiments qui lui gonflent le cœur un peu trop fort. Elle ne comprend pas comment la petite peu avoir un sommeil aussi agité et ne pas s’en inquiéter. Elle ne comprend pas les questions que lui posent parfois le petit cerveau de Daphné. D’ailleurs c’est souvent Dame Annabelle qui a des questions pour elle. Mais elle ne comprend pas vraiment les réponses. Elle ne comprend pas que sa petite foi commence à être sérieusement ébranlée par les discours d’une petite fille aux regards voilés.
Alors la jeune fille se réfugie dans la lecture du livre de Mama. Les premiers jours elle n’osait pas ouvrir la couverture de cuir, cela lui faisait trop mal au cœur et des larmes venaient perler au coin de ses longs cils. Mais elle a fini par céder à la curiosité. Depuis, elle passe ses journées à lire et relire les lignes droites écrites de la main de Charlotte. ❝Comment susciter l’amour chez l’autre❞, ❝Breuvage pour augmenter la fertilité❞, des chapitres aux sujets les plus frivoles aux plus sombres. Les dernières pages se concentrent sur les pratiques les plus dangereuses de la culture vaudou, jusqu’au dernier chapitre ❝Les secrets du mort-vivant❞ qui détaille les effets du poison du poisson nécessaire à la préparation d’une potion permettant d’endormir un homme au point de le faire passer pour mort auprès des autres, les effets sur le corps humain, les dosages à respecter pour ne pas altérer trop profondément sa santé, et les conseils pour reconnaître une personne empoisonnée. En bas de page, à l’endroit antidote, une note griffonnée indique ❝aucun remède efficace connu❞. Elle a tout lu avec avidité, avec passion. Enfermée dans son monde, plongée dans ses souvenirs, elle recolle les recettes avec les images de son enfance lorsque, accoudée aux côtés de Charlotte, elle regardait faire. Passionnée par les noms des plantes, par leurs effets, elle apprenait déjà en silence, elle observait les gestes, la patience que nécessitent certaines préparations, retenait les conseils de Charlotte. ❝Il ne faut jamais mettre les feuilles de napel dans une préparation contenant déjà des graines de cardamome❞. Elle se souvient aussi les nombreuses poupées et la façon si adroites qu’avait Charlotte de les fabriquer. Elle est comme ça Daphné, elle n’a pas peur de manipuler ces poupées vaudou, elle n’a pas peur des mots étranges que Mama murmure, elle n’a pas peur de la mort et des mauvais augures car elle sait que certains ne sont là que pour rassurer ceux qui en ont besoin. Charlotte disait souvent que ce qui guérit les hommes, ce ne sont pas les herbes ni les incantations, mais leur volonté de croire que manger du sucre les rendra meilleurs.

Un jour, elles étaient presque arrivées à la fin de leur long périple, Daphné osa demander à Dame Annabelle si elle connaissait la tante chez qui on l’emmenait. Les jours avaient passé, les rives du continent Américain s’étaient éloignées pour de bon, son mutisme de fille perdue avait fini par s’effriter, et malgré son aversion pour le mot ❝vieux continent❞ elle a commencé à ressentir de la curiosité. Par petits mots, Dame Annabelle lui avait laissé sous-entendre qu’elle avait beaucoup parlé avec Mrs. St-James et qu’elle en savait plus qu’elle sur sa destination. Alors Daphné a fini par demander ❝Chez qui je vais ?❝ de sa voix ronde et chaude. L’adulte s’était préparée à la question, elle avait même été étonnée qu’on ne la lui pose pas plus tôt. Mais Daphné n’est pas une enfant comme les autres, avec elle rien n’arrive comme l’attend. Elle aime surprendre et prendre les autres au dépourvu. Dame Annabelle lui a raconté, une histoire plus longue que ce à quoi s’attendait la jeune fille. Une histoire qui impliquait une personne dont elle n’avait que peu entendu parler. Son père. Pour la première fois Daphné a écouté sans rien dire, comme quand elle écoutait Charlotte parler. Elle a écouté, immobile, ses paupières grandes ouvertes sur ses prunelles sombres. ❝Tu étais si jeune quand il est parti, que tu ne peux te souvenir de lui. C’était un homme bien ton père, il avait de beaux yeux et nombreuses des femmes de la communauté ont toujours soupçonnées Charlotte d’avoir utilisé un de ces breuvages pour ravir son cœur. Zachary lui ressemble beaucoup en un sens. Aussi engagé que lui. Aussi beau et fier. Je me souviens encore de la douleur profonde qui habitait le regard de Charlotte lorsqu’on le porta en terre. Elle avait refusé toute cérémonie religieuse, mais Père Donovan était venu quand même. Il a respecté la volonté de Mrs St-James et il n’a pas jeté l’eau bénite sur son cercueil. Elle ne croyait pas à ces histoires de religion comme elle disait. Je crois surtout qu’elle avait perdu foi en beaucoup de choses pendant la maladie de ton père. Rien n’y personne, pas même les prières et les incantations n’ont réussi à le sauver. Mais il avait une sœur. Louise qu’elle s’appelle. Elle n’a pas apprécié que Charlotte se permette de mettre son frère en terre sans la bénédiction du Seigneur. Il y a eu une belle dispute, enfin surtout du côté de Louise. Elle hurlait devant la tombe encore fraîche de ton père. Mais Charlotte ne disait rien elle. Elle la regardait sans rien dire. Elle a juste tourné les talons et elle est rentrée chez vous. Une partie de la communauté a pris le parti de Louise dans les premiers jours. Jusqu’à ce qu’elle essaye de vous voler ton frère et toi. Malgré tous les défauts et les étrangetés de Mrs St-James on ne pouvait pas lui reprocher d’être une mauvaise mère, loin de là. Alors on s’est indignés, tous. Et elle a fini par partir pour le vieux continent. Il paraît qu’elle avait rencontré un blanc en ville et qu’elle avait décidé d’aller le rejoindre. Il faut dire qu’elle est était belle la Louise. Elle aussi faisait vibrer les cœurs. On n’a plus eu aucune nouvelle, jusqu’à ce que Charlotte lui envoie une lettre.❞ Dame Annabelle avait marqué une pause à ce moment-là de son histoire. Elle avait porté son regard loin vers l’horizon. ❝Et elle a accepté que je vienne vivre avec elle. Pour un temps.❞ Murmura la petite voix de Daphné, toute troublée par ce récit. Jamais on ne parlait de Papa avec Charlotte. Et la jeune fille comprenait pourquoi maintenant. Sans dire un mot de plus, elle a porté son regard vers l’horizon elle aussi, pressentant en son jeune cœur qu’elle ne reviendrait peut-être jamais sur le continent de sa maman.      


Dernière édition par Daphné I. St-James le Jeu 24 Mar - 20:54, édité 16 fois
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When you came in the air went out and every shadow filled up with doubt ∂ Daphné Empty
Message Re: When you came in the air went out and every shadow filled up with doubt ∂ Daphné
par Invité, Lun 21 Mar - 2:12 (#)
Histoire
Happiness can be found even in the darkest of times
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L'inattendu vient de notre incapacité à penser à une réalité différente de la nôtre. Ceux qui sont capables de concevoir un autre possible que l'état des choses ne sont jamais vraiment surpris.
Extrait du journal de Daphné Isaac Bulle St-James

Assise à la fenêtre de sa nouvelle chambre, elle regarde les gouttes de pluie glisser sur le verre. Devant elle s’étendent des toits à perte de vue. Des toits sales, des toits gris, des routes grises, un flot noir de personnes qui court entre des voitures qui ne s’arrêtent jamais. Elle ne peut plus marcher pied nu dehors. Elle ne porte plus sa robe en coton qui lui tombe un peu sur les épaules. Ses longs cheveux ne sont plus sauvages et libres. Un nœud d’un blanc éclatant les retient en queue de cheval. Un jour on a même essayé de les lui lisser. Elle s’est laissée faire. Elle n’a rien dit. Pour tout dire, cela fait même plusieurs jours qu’elle ne dit rien. Depuis qu’elle a passé la porte de l’appartement de Louise, depuis que Dame Annabelle la laissée aux mains de cette femme inconnue. Depuis qu’elle a rencontré Carl et ses cheveux bonds cendrés. Elle ne parle plus, elle se contente d’observer et de regarder, déçue et dégoûtée, le gris qui règne en maître dans les rue de Londres. Ici, même les couchers de soleil sont ternes. Elle comprend mieux le mot vieux continent. C’est comme si tout avait perdu ses couleurs, le monde qui l’entoure est délavé, sans éclat. Et la pluie vous donne froid, elle vous tombe dans le cou jusqu’à atteindre la moelle des os, elle vous fait claquer des dents. Elle n’est pas douce et chaude comme celle des ouragans. Elle est fine et perfide. Daphné n’aime pas cette pluie-là.
Un malaise ambiant règne dans l’appartement. Situé au cinquième étage d’un bâtiment victorien, il ne respire par la richesse opulente, mais il règne un certain confort. Louise malgré le gris perlé de sa chevelure, est encore une belle femme. Elle n’est pas méchante, elle sait que sa nièce traverse une période difficile. Elle aussi a mis du temps à s’habituer à ce nouveau monde, à ces couleurs fades, à ce climat froid et mouillé. Mais elle essaye, elle veut nouer de bons liens avec la petite Daphné, même si elle sent que la petite tient beaucoup de la Charlotte. Elle devine ses regards mystérieux et son attitude malsaine. Elle déteste la façon qu’elle a de les regarder par-dessous ses longs cils sombres, sans dire un mot, un air lointain sur ses traits fins. Cela la met profondément mal à l’aise, mais elle se dit que ce n’est que passager, que la petite les teste.

Les semaines passent, des semaines qui font des mois. Dame Annabelle passe lui rendre visite de temps en temps. Elle a trouvé un poste dans une maternelle dans un quartier au sud de Londres. Elle s’inquiète pour Daphné. Elle remarque que la petite semble même perdre un peu de poids. Elle remarque au fur et à mesure de ses visites les cernes sous les yeux de la Louise. Elle sent aussi la tension nerveuse qui s’accroît. Alors Dame Annabelle songe aux rêves étranges de Daphné, aux objets qui se brisent lorsque son cœur est empli de colère. Si elle a réussi à s’y faire, elle devine que tout cela pèse sur les nerfs de Louise. Un jour, elle est venue rendre visite à Daphné, mais la petite de St-James s’était enfermée dans sa chambre. Enfermée sans clef. Louise avait le regard fou de l’hystérie et sa coiffure d’ordinaire si parfaite était légèrement défaite. C’est Carl qui a expliqué. Ils en ont eu assez des paroles lugubres qui sortent de son magnétophones, ils ont été voir un prêtre, ils ont essayé de l’emmener de force se faire baptiser. Elle a hurlé. Pour la première fois de sa vie, elle a vraiment hurlé, d’un cri strident et perçant. Un cri lugubre. Elle s’est débattue, elle a planté ses ongles dans la chair de sa tante, elle a couru dans sa chambre, la porte a claqué. La porte ne s’est pas ouverte depuis, et derrière son battant de bois un silence mortel règne. Louise a peur. Entre frénésie du comportement de sa nièce et angoisse du silence.
Elle resta enfermée trois jours dans sa chambre. Trois jours de silence total. Lorsqu’elle sortit enfin, elle riait, son visage s’était éclairé, ce matin elle s’était réveillée heureuse, sans savoir pourquoi. Aujourd’hui, c’était le jour de son anniversaire. Onze ans. Un jour inoubliable qui scella son destin.  

Les premières lueurs du printemps parviennent enfin à redonner quelques couleurs au ciel anglais. Assise à la table de la cuisine, elle continue de rire, les éclats chauds et ronds qui s’échappent d’elle rassure à peine Louise qui lit, d’une main fébrile, une lettre trouvée ce matin dans la boîte aux lettres. Une lettre adressée à Miss Daphné Isaac Bulle St-James. Une lettre qui commence ainsi : ❝Chère Miss St-James, nous avons le plaisir de vous informer que vous bénéficiez d’ores et déjà d’une inscription au collège de Poudlard. Vous trouverez ci-joint la liste des ouvrages et équipements nécessaires au bon déroulement de votre scolarité. La rentrée étant fixée au 1er septembre, nous attendrons votre hibou le 31 juillet au plus tard.❞ Une lettre dont l’entête indique clairement en grosses lettres Collège de Poudlard, école de sorcellerie.

On s'épanouie au contact des autres. La solitude n'amène que de la rancœur, de la peur, et de l'amertume.
Extrait du journal de Daphné Isaac Bulle St-James

Debout parmi les autres, ses immenses yeux grands ouverts, elle s’imprègne de tout ce qu’elle arriver à percevoir. Les bougies qui flottent, le plafond qui semble ouvert sur le ciel, les longues tables, les robes et les chapeaux pointus, les fantômes, les pierres, les odeurs de bois et de pluie. Elle observe tout, elle boit ce monde avec ferveur et envie. Les mois ont été long depuis la réception de la lettre jusqu’à la voie 9 ¾ et le Poudlard Express. Les mois ont été longs, baignés par l’attente de savoir, de trouver enfin des réponses à des questions. Des longs mois pendant lesquels Louise et Daphné ont appris à se côtoyer. Elles ont appris à s’apprivoiser. Louise a renoncé au baptême. Quelque part, cette lettre a rassuré son cœur de chrétienne. Satan n’a pas d’école. Les démons n’envoient pas des lettres. Elle ne comprend pas tout, mais elle se rassure quand même. Sa nièce n’est pas possédée. Sa nièce est juste une véritable St-James, une enfant de l’eau, née dans la tradition sorcière du peuple lointain de ses ancêtres, née dans la rivière, couloir des âmes mortes. Ce n’est qu’une sorcière, une St-James véritable. Est-ce que Charlotte aussi a été à l’école ? Elle ne sait pas. Louise ne sait pas grand-chose de sa belle-sœur. Elle n’a jamais eu la curiosité de lui poser des questions. C’est Dame Annabelle qui l’a accompagnée avec le sorcier qui est venu la voir. Il venait pour lui expliquer, pour mettre des mots sur certaines choses, sur sa condition. Né-moldue il a dit. Il a utilisé cette expression à plusieurs reprises pour lui dire, pour lui expliquer l’ignorance de sa famille. Il lui a dit qu’elle était inscrite depuis sa naissance dans une école aux Etats-Unis, mais qu’ils avaient appris son déménagement et qu’il avait été convenu qu’elle soit inscrite à Poudlard en raison de sa situation familiale. Elle n’a pas osé demander de quelle situation il parlait. Elle avait compris depuis longtemps. Il a essayé de la rassurer, mais elle n’avait pas peur. Elle lui a dit, avec sa voix chaude et chantante qu’elle savait qu’elle était une sorcière. Que sa mère en était une aussi. Qu’elle n’avait pas peur. Qu’elle avait déjà envoûté des poupées avec Charlotte. Il a eu l’air surpris, songeur. Mais il n’a rien dit. Il s’est contenté de l’emmener dans une rue de Londres différentes des autres. Une rue bondée d’hommes et de femmes vêtus de robes de toutes les couleurs. Une rue bondée de magasin qui ressemblait à la petite pièce du fond de la maison, avec des animaux, des objets étranges, des plantes, des chaudrons, des bocaux, un bazar ordonné. Le Chemin de Traverse, il a dit. Louise avait accepté de lui donner l’argent qu’elle gardait de côté pour l’éducation de la petite Daphné. Ce n’était pas une somme énorme, mais assez de quoi acheter le minimum demandé dans la longue liste de fournitures. Mais ce qu’elle a regardé avec le plus d’étonnement, c’était sa baguette magique. D’un bois aussi noir que sa peau, courte et souple, objet chaud duquel émerge une sensation étrange. Elle a su alors, qu’elle n’était pas une sorcière comme Charlotte. Mais elle n’a rien dit.

Pendant les longs mois qui séparent mars à septembre, elle a lu et relu avec avidité les ouvrages aux couvertures intrigantes. Son attention se porta rapidement sur celui des potions, elle aimait comparer les breuvages de Mama avec ceux décrits dans son nouveau livre. Elle reconnue certaines plantes bien que dans son nouveau livre, elles n’avaient pas les mêmes noms. Elle apprit avec douceur, par bribe, ce nouveau monde qui s’ouvrait à elle. La voilà maintenant, debout au milieu des autres premières années. C’est comme ça qu’on les a appelés. Les premières années. Elle attend, sage, silencieuse, que son nom résonne dans la grande salle. Elle n’a pas encore parlé avec les autres élèves. Elle les évite un peu, à moins que ce ne soit eux qui l’évitent. Elle ne sait pas et elle ne s’en inquiète pas. ❝Mrs St-James.❞ Elle avance, le menton droit, ses longs cheveux sauvages tombe légèrement sur ses yeux sombre. Elle avance et son visage ce compose malgré elle. Ses longs cils s’abaissent et un air rêveur se peint sur ses traits fins. Elle s’assoit et elle plonge dans le noir du tissu. ❝Hum…une histoire intéressante, non dénudée de connaissances intéressantes…Je vois. Oh…Mais je vois que vous avez un don singulier. Voilà qui pourrait changer des choses. Voyons…oui…POUFSOUFFLE❞ La voix s’est imprégnée de son cerveau, elle n’a pas sursauté pourtant. Elle est restée trop droite sur le tabouret, un vague sourire étire ses lèvres. Elle ne sait pas que ce que Poufsouffle représente vraiment. On lui a dit qu’il y avait des maisons, comme des communautés différentes. Elle sourit et se dirige vers la table qui l’accueil avec des applaudissements nourris. Elle a déjà l’air étrange la petite Daphné, à sourire, rêveuse, le regard sombre.

Dans sa nouvelle communauté elle a appris à se faire une petite place. Certains de ses camarades la regardent avec des rires goguenards, mais elle ne dit rien. Elle se contente de leur sourire avec ce regard sombre et luisant. Ici aussi elle a appris que les hommes ont peur de son jeu de comédienne, alors elle joue. Elle s’amuse, elle raconte, par bribe, son enfance, la maison, Charlotte, les ossements, le crâne d'alligator, les poupées. Ce sont surtout ces dernières qui impressionnent. Alors elle s’amuse, parfois, à en fabriquer. Elle a vu tant de fois Mama le faire qu’elle connaît les gestes par cœur. Elle s’amuse à les laisser traîner, à moitié cachée, dans son dortoir. Car elle sait le pouvoir des murmures qui se répandent comme une poudre dans les couloirs. Une fois, l’occasion parfaite s’est présentée à elle. Un élève qui avait pris pour habitude de se moquer ouvertement d’elle tous les jours de la semaine, s’est retrouvé malade. Obligé de passer quelques jours à l’infirmerie, on soupçonna rapidement la petite St-James et ses regards qui dérangent. On se mit à douter de ses histoires de vaudou. On se mit à craindre que ce n’était pas que des artifices de moldus, mais qu’elle avait bien le pouvoir d’envoûter des petites poupées. Il se racontait qu’on avait trouvé une de celles-ci qui dépassait un peu de sa valise. Elle portant un cheveu brun ondulé, un des cheveux de l’élève. Et elle avait une aiguille plantée dans l’estomac. Elle riait sous cape la Daphné. Heureuse de pouvoir trouver un moyen de semer le doute dans le cœur des autres, de leur faire ravaler leurs insultes et leurs remarques. Et puis il y avait aussi ses visions qu’elle continuait d’avoir. Si elle s’était rapidement rendu compte que son magnétophone ne marchait dans le château, elle savait que ses nuits pouvaient encore être semées de paroles dures et froides. Elle sait que ses camarades de dortoir murmurent parfois qu’elle s’éveille et raconte des choses étranges, des mots sans queue ni tête. Elle sait que cela les met mal à l’aise. Elle a fini par comprendre qu’elle n’était pas non plus une sorcière comme les autres. Elle a compris que le futur murmure à son oreille et que même dans ce monde, ces personnes-là, ne sont pas très bien vues. Elle a lu des livres, elle a mis des nouveaux noms sur sa situation : troisième œil, devin, prophétie. La petite fille est devenue une jeune femme. Elle a grandi, ses yeux sont devenus plus profonds, son visage s’est allongé et son corps s’est développé. Elle s’est découverte sportive et a réussi à intégrer l’équipe de Quidditch de sa maison. Attrapeuse qu’elle était, souple et rapide, ombre sur son balai. Elle s’est frottée aux autres, elle a découvert la trahison, la haine, la violence gratuite, la discrimination. Elle est devenue un peu espiègle et fourbe sur les bords. Anguille elle a trouvé ses propres parades pour échapper aux blessures des mots. Elle rit souvent pour ne pas avoir peur. Comme Charlotte riait en entendant la voix de sa fille annoncer la mort. Elle rit et cela la rend un peu plus étrange pour certains. Ils la pensent un peu folle, mais on l’aime bien quand même la Daphné. A force de la côtoyer on apprend à apprécier sa bonne humeur et sa vivacité. On apprend à rire même de ses mauvaises blagues lorsqu’elles touchent les autres. On aime son parlé directe et populaire. On aime ses manières de garçonne. On aime la voir marcher pied-nus dans les couloirs de l’école. On l’aime aussi, de sentiments forts et profonds. Elle découvre l’amour et elle s’éprend avec passion d’un homme. Elle n’est pas la meilleure des élèves, mais elle brille en cours de potions. Elle étonne même son professeur lorsqu’en première année, elle parvient à donner des propriétés de plantes qui ne sont pas présentes dans le premier ouvrage qu’ils étudient. Elle aime les potions, cela lui rappelle Charlotte. Et tout ce qui lui rappelle Charlotte lui fait du bien.      

On ne peut nier que l'appel du passé nous est toujours agréable. On cherche à retrouver les traces et les miettes de nos souvenirs pour mieux comprendre notre présent.
Extrait du journal de Daphné Isaac Bulle St-James

Elle n’a pas été malheureuse à Poudlard. Elle s’y est même sentie bien. Grâce aux cours de divination et à la patience de son professeur, elle a même appris à apprivoiser son don. Elle n’est plus mal à l’aise quand elle sent la vague glacée du futur envahir son esprit. Elle a même pris l’habitude de noter les rares images qu’elle perçoit dans un petit carnet de cuir. Quand quelque chose vient la titiller plusieurs jours de suite, elle faire cuir des feuilles de thé, parfois elle consulte les cartes des étoiles, elle a même une petite boule de cristal. Grigris qu’elle utilise de temps en temps pour essayer de déchiffrer ce que les courants magiques essayent de lui murmurer. Parfois elle parvient à mettre bout à bout ses pressentiments et les formes qu’elle perçoit. Elle s’amuse à essayer de deviner les catastrophes, les drames. Elle s’amuse parfois à prédire des choses à ces camarades. Mais sur le ton de l’humour. Car elle rit, elle ne veut pas que les autres la prenne trop au sérieux sur ce sujet-là. Car c’est la seule chose de sa vie qu’elle ne maîtrise pas. C’est la seule chose qui lui donne des angoisses sombres. Ca et les silhouettes filiformes blanches sans visage. Un jour en cours, ils ont appris à affronter un épouvantard. Elle s’est retrouvée figée face à cette image de son passé. Silhouettes d’un blanc éclatant, hautes et menaçantes. Personne à par elle n’a compris de quoi il s’agissait. Personne à part elle n’a entendu parler des trois K. Car la plupart n’ont que faire de l’histoire moldue. Encore mois de l’histoire moldue des Etats-Unis d’Amérique. A ses dix-huit ans, elle a choisi de suivre la formation d’auror. Un peu par défaut, un peu beaucoup par amour. Car elle est follement amoureuse de son jeune Oscar. Il est jeune, plein d’idéaux. Quelque part, il lui rappelle un peu Zachary…Ils se sont rencontrés en cours de Défense Contre les Forces du Mal. Lui portait l’écusson des rouges et or, elle portait sa jeunesse au bout des yeux. Ils se sont rapidement attirés, de ces coups d’amour qui vous prennent sans même que vous vous en rendiez compte. Leur histoire promettait d’être belle même si elle ne s’est concrétisée que lors de leur septième et dernière année. Ils étaient jeunes et beaux. Ils riaient souvent, ils parlaient de manière animée, lui riait souvent de ses allures de petite fille sauvage et décalée. Il aimait ses connaissances de cette culture vaudou qui le faisait tant rêver. La magie moldue. Ca a quelque chose de paradoxal qu’il aimait par-dessus tout. Il aime sa spontanéité et sa folie douce. Elle aimait ses convictions et sa volonté de fer.

Elle n’était pas malheureuse après Poudlard non plus. Elle avait fini par travailler dur la petite Daphné. La passion et l’envie avait porté leurs fruits et elle a obtenu les ASPICS nécessaire pour prétendre à la formation d’auror. Bien sûr elle excellait surtout en potions. Sur le petit papier qu’elle reçut pendant les vacances suivantes, il y avait même un petit mot de félicitations. Elle était heureuse. Elle souriait. Ils n’avaient pas beaucoup d’argent tous les deux, mais ses parents avaient une petite dépendance dans une maison en bord de mer dans les Highlands. L’Ecosse. Elle s’y sentait mieux qu’ailleurs même si la nuit y prend le pas sur le jour. Mais elle aime les couleurs mordorées, les odeurs boisées et les verts émeraude. Ici tout semblait un peu moins terne qu’à Londres. Ils vivent heureux, la vie semble douce et sereine. Mais plus les mois passent, plus une ombre grandit dans les joues de la jeune femme. Oscar ne tarde pas à le remarquer. Souvent il l’a surprend, le regard perdu dans la contemplation des étoiles. Elle regarde l’horizon de ses yeux sombres. Il devine la mélancolie qui assombrit son cœur, qui, petit à petit, la ronge de l’intérieur. Il comprend. L’oiseau de nuit regarde passer la piste migratoire au-dessus de sa tête. Il veut s’envoler, il veut rejoindre l’appel de son instinct guidé par le chant de ses ancêtres. Mais l’oiseau de nuit est attaché, une corde fine retient ses membres frêles. Il comprend qu’il est cette corde. Ils parlent peu de son enfance, il sait qu’elle a une mère du nom de Charlotte. Elle sait qu’elle avait un frère, mais il ne connaît pas son nom. Elle ne parle jamais de lui. Blessure ouverte et béante. Alors un soir il vient enrouler ses bras autour de ses épaules finement musclées. Il dépose sa tête dans la chaleur de son cou. Ses longues boucles sombres viennent caresser sa peau. Il se sent bien. Elle sent si bon, cette odeur boisée et épicée. Il murmure, doucement, comme une caresser rassurante ❝Nous irons là-bas. Nous allons économiser un peu. Mes parents comprendront.❞ Elle ne bouge pas, elle ne dit rien la Daphné. Mais elle se sent reconnaissante. Elle n’osait pas en parler. Car au fond d’elle, elle a peur d’y retourner. Elle a peur, mais elle sent une pression dans son être, quelque chose la pousse et l’attire vers cette terre lointaine. Il faut qu’elle y aille. Elle en a besoin. On l’appelle. Et l’autre matin, elle a refait ce rêve, une rivière rouge, des cris d’enfants, et le froid glacé de la mort. Elle doit partir.    

Comme on aimerait parfois, remonter le fil de la vie, revenir en arrière, se cramponner aux personnes qui nous sont cher, leur dire notre amour, imprégner leurs corps dans nos bras et leurs odeurs dans nos narines.
Extrait du journal de Daphné Isaac Bulle St-James

Le soleil est éblouissant. La chaleur de l’été du sud-américain caresse sa peau d’ébène. Jamais elle ne s’est sentie aussi bien. Elle se sent chez elle. D’un geste rêveur elle passe sa main sur son ventre rebondi. Un léger mouvement, presque imperceptible, l’emplie de bonheur. ❝Il bouge❞ Un simple murmure qui s’échappe a peine de ses lèvres. Elle est belle Daphné. Elle rayonne même. La maternité lui adoucit son visage et ses yeux ont pris des teintes gourmandes. Jamais Oscar ne l’avait autant dévorée des yeux. Elle resplendit dans sa robe de coton blanc. Il ne sait pas pourquoi mais elle a tenue à porter cette robe-là en particulier. Il n’a rien dit, même s’il trouve qu’elle serait mieux habillée moins légèrement. Suivant ses conseils il s’est habillé d’une chemise de flanelle et d’un pantalon beige. Mais lui qui n’a connu que les températures anglaises a du mal à supporter la chaleur ambiante. Mais il ne dit rien. Après près de trois ans de formation, ils sont à deux doigts de passer leurs examens d’entrée pour devenir auror. Ils sont si proches du but, qu’ils ont décidé de prendre enfin leurs vacances bien méritées. Et ils n’avaient qu’une destination en tête. La Louisiane. Et elle est là, devant eux, la Louisiane. Elle étend ses rivières vertes, sa faune étranges et exotiques, sa chaleur du sud, ses quartiers populaires aux routes goudronnées. Et il doit reconnaître que c’est un endroit agréable. Il imagine si bien sa jolie Daphné courant pieds-nus dans ces rues, entre les maisons de bois construites sur pilotis. Alors il sourit, il est heureux. Son regard se pose sur la courbe arrondie de son ventre et il se sent fier. Ils vont être parents. Rien de mieux ne pouvait lui arriver. Ici, il oublie même les premiers conflits qui agitent leur monde. Ici, loin de l’Angleterre, la menace du mage noir paraît bien petite. Presque irréelle.
Elle a vingt-et-un la jolie Daphné. Elle est majeure maintenant. Ici aussi, dans le monde moldu. Et dans la communauté les gens la regardent arriver avec des regards attendris. Car ils reconnaissent facilement ces longs cils noirs, son air de douce folie, son maintien qui rappelle celui de la St-James qui habitait la maison au bout de la route à gauche de la poste. Ils l’entourent, ils l’observent, ils la félicitent. Il lui demande comment c’est, là-bas, sur le vieux continent. Alors elle raconte, comme elle peut, sans trop en dire. Oui, elle a fait des études la petite de la St-James. Elle présente Oscar, lui aussi a fait des études. C’est un homme du dehors comme ils disent, mais il a l’air gentil. Ils le regardent quand même, s’occupe-t-il bien d’elle ? Alors quelques-uns lui demandent, à demi-mot, si il sait. Oui, il sait. Alors ils le regardent plus étrangement encore. Il sait leur culture, mais il n’a pas peur de leur petite Daphné. Ils hochent la tête et propose des verres de boisson. Ceux-là même qui regardaient la Daphné de biais à la fin des cours, les voilà qui l’accueillent les bras ouverts. Comme si de rien n’était. Et rien n’est car les années ont passé et de la peur il ne reste que le souvenir du drame qui a uni, plus que jamais, les membres de la communauté. Elle est heureuse la Daphné, elle avait un peu peur de revenir ici, elle avait peur de leurs regards et de leur rejet. Mais elle s’est trompée, car elle ne sait pas tout. Pas encore. Et vers la fin de la journée, les regards se font moins rieurs, la tristesse se mêle aux regards de tendresse. Son visage de jolie poupée se ferme petit à petit. Un léger silence s’installe et c’est elle qui le rompt, de sa voix chaude et ronde qui rappelle celle de Charlotte. Ils écoutent tous, ils se sentent moins anxieux bordés par cette voix douce. Ils rassemblent leurs courages et ils racontent. Oscar fait un mouvement pour partir, mais des doigts fins agrippent son poignet. Elle a besoin de lui, elle a besoin qu’il reste. Alors il se rassoit, anxieux. Il n’est pas certain d’avoir envie de savoir. Ici il se sent étranger, il se sent trop luisant dans l’ombre, il se sent trop laiteux et cela le met mal à l’aise.

Les voix s’élèvent dans le soleil couchant, des voix graves et sombres. Un murmure, comme une ancienne litanie, elle emplie l’air chaud de cette nuit d’été. L’ombre étend ses doigts vers le petit groupe attablé aux tables du café qui rebutait tant la petite de la St-James. Ils racontent, l’enfer, après le départ de la petite Daphné. Elle est partie juste à temps, et ils en sont tous soulagés. Ils racontent le silence qui précéda leur arrivée. Un silence morbide, glaçant, tous avait la chair de poule malgré la chaleur de la nuit. Un horrible drame. Ils racontent depuis le début, la montée de violence qui succéda aux lois de ségrégation, la tentative d’un groupe d’hommes de faire renaître de ses cendres les trois K. Personne ne sait vraiment pourquoi ils choisirent la Louisiane en particulier, mais ils commencèrent par-là, cherchant les agitateurs comme ils les appelaient. Ceux qui continuaient à propager leur culture païenne au sein des terres saintes de l’Amérique. Tous les non-baptisés étaient maltraités, dans un quartier voisin, ils avaient brûlé des maisons sous prétexte que leurs occupants pratiquaient des danses venues d’Afrique. Une histoire sombre aux replis mal connus de tous. Qu’est-ce qui était vrai ? Qu’est-ce qui était exagéré ? Personne ne saurait le dire aujourd’hui encore. Mais les récits des drames des décennies précédentes précédaient leur renommée. La peur était leur arme principale. Et Charlotte était la seule de la région. Sa réputation atteignait même la Nouvelle Orléans. On venait de la ville jusqu’ici pour trouver conseils auprès de la St-James. Elle avait une jolie réputation à l’époque, mais c’est cette même réputation qui lui coûta la vie. Car ce n’est un secret pour personne, pas même pour Daphné, qui n’a pas baissé les yeux une seule fois de tous les récits. Elle le sait, elle l’a vu suffisamment de fois en rêve. Elle le sent au plus profond de son cœur de petite fille. Et elle sait que Charlotte s’attendait à trouver la mort. Elle ne lui aurait jamais donné son livre noir si ça n’avait pas été le cas. Ils continuent de raconter, les uns après les autres, l’arrivée des silhouettes blanches. Ils sont arrivés, une petite centaine, à marcher dans la grande rue, torches allumées. Ils projetaient des ombres mortelles sur les carreaux des maisons. Ils ont honte, tous. Ils voudraient avoir été plus courageux que ça. Mais ils n’ont rien fait. Père Donovan a essayé de les retenir, mais ils ont frappé, martelé son corps âgé, jusqu’à ce qu’il ne soit plus une résistance dans leur marche mauvaise. Ils ont pris le petit chemin qui tourne à gauche, et ils ont tout brûlé sur leur passage, avec la Charlotte dedans. Elle n’a pas crié, elle n’a pas hurlé. Quand elle est sortie, figure sombre dans un feu de démon, tout le monde est certain qu’ils ont eu un peu peur. Mais le groupe leur a donné le courage, a cent contre une, ils ne pouvaient rien leur arriver. Alors ils l’ont emmené, loin, plus loin. Personne n’a osé les suivre. Ils se sont occupés à éteindre le feu dans la maison du bout de chemin, le cœur lourd et yeux trempés.

Ceux qu'on aime ne nous quittent jamais vraiment. Ils continuent de vivre, quelque part dans notre corps, à l'ombre de nos espoirs.
Extrait du journal de Daphné Isaac Bulle St-James

Debout sur le perron de la maison qui les héberge, les mains posées sur son ventre rond, elle contemple le ciel épuré de la nuit. Les derniers mots des membres de la communauté résonnent. Ils veulent croire que c’est un sort qu’elle leur a jeté, mais suite à cet incident, de nombreux hommes furent condamnés, du moins arrêtés et la renaissance du clan des trois K fut à nouveau étouffée. Ils ne semèrent la panique qu’une courte période, ils avaient perdu le brio de leurs premiers jours et dans un monde soulevé par des questions d’égalité, leurs méthodes ne pouvaient faire l’unanimité. Sur le perron de la maison du vieux Père Donovan, en fauteuil roulant depuis son agression, elle laisse son cœur se désaltéré de sa profonde tristesse. Elle avait besoin de connaître les détails. Elle en avait besoin avant de pouvoir donner la vie à son tour. Observée par ses pensées elle ne remarque pas tout de suite la silhouette qui se glisse devant elle. Il est là, debout, il l’observe. Il remarque la douceur de son visage, la beauté de ses traits, la rondeur de son ventre, et il se sent rassuré. Il sourit presque, dans la pénombre de la nuit. Il sourit, les larmes aux yeux. Cela fait onze années. Onze années qu’il n’a pas vu sa petite sœur. Un temps si long, elle n’était encore qu’une enfant, et la voilà devenue femme, la voilà devenue mère. Il sent son cœur fondre, il regrette tellement de chose Zachary. Il regrette de n’avoir pas eu la présence d’esprit d’être venu lui dire au revoir, d’être parti comme un voleur dans la nuit. Il regrette d’avoir préféré éviter un long déchirement en choisissant l’exil plutôt que la fuite. Il regrette de n’être pas resté assez longtemps pour essayer de sauver Charlotte. Il regrette tant de chose derrière ses iris sombres et son beau visage. ❝Daphné❞ Il appelle, doucement, avec cette même voix, cette même intonation qu’il employait lorsque, enfants, ils partageaient la même chambre et les mêmes insomnies. Malgré la chaleur elle tressaille, ses iris sautent sur son visage comme si elle voyait une soudaine apparition. Non, elle ne peut pas y croire la petite de St-James, elle ne peut pas y croire. Pourtant des larmes coulent déjà le long de ses joues, elle ne sait pas comment, mais ses pieds-nus la porte jusqu’à lui. Avec délicatesse, elle tâtonne, fébrile, la peau dure et lisse de l’homme qu’il est devenu. Elle glisse ses doigts le long de joue rugueuse et barbue, elle pleure et elle rit en même temps, baignant de sa douceur le corps de son frère. Il finit par la blottir dans ses bras, dans le creux de son corps. Il sent son odeur de femme douce et apaisante, il sent la chaleur de ce corps autrefois frêle et minuscule. C’est beau des retrouvailles. C’est beau quand il n’y a que le bonheur de se retrouver, lorsque la joie efface les craintes et les rancœurs. ❝Zachary❞ C’est un murmure profond et doux qui s’échappe de ses lèvres sombres au goût salé. Zachary.

Quelque part à l’est, l’horizon se teinte de couleurs plus claires. Ils n’ont pas dormi, blottis l’un contre l’autre sur le banc de bois qui trône sur le perron. Ils ont parlé, avec ce langage de la fratrie, ils se sont racontés leurs vies. Il lui raconté son départ, sa décision de jeune homme fougueux qui refusait de fuir face à l’oppression des blancs. Il avait compris bien mieux que la petite Daphné les maux de l’époque. Il avait levé le point ganté de noir et barré de X les murs des villes. Avec d’autres jeunes, il a pris les armes, les mains chargées de mots, il a ouvert des brèches dans le calme de leur peuple, dans les mutismes des communautés. Il fait le tour des quartiers, il a monté les musiques des hommes, il hurlé sur les toits les mots d’Hemingway, il a raconté la liberté et les rêves d’égalité. Il a parlé au nom de frères qu’ils sont tous. Il a fait de la prison, plusieurs fois, enfermé pour ses idées, pour le bruit de ses pavés jetés dans la mare, pour incitation à la haine, pour la crainte des policiers aux peaux claires. Il n’a pas peur, il est beau encore, et la rage au ventre. Elle lui a parlé de la lettre, de l’autre monde, de Poudlard, de l’autre guerre, de la discrimination, de la valeur du sang qui remplace celle de la peau. Elle lui a parlé du monde magique qui s’étend à l’orée de celui-ci, invisible et tangible. Ils ont parlé jusqu’à ce que l’aube vienne blanchir les toits des maisons. Il a posé sa main sur son ventre, il s’est senti las et triste, usé par une vie de lutte. Elle s’est sentie seule et déracinée, là-bas, à l’autre bout du monde, loin de la chaleur des siens.


Ceux qui perdent conscience de la merveille de l'autre, est condamné à le haïr jusqu'à la destruction.
Extrait du journal de Daphné Isaac Bulle St-James

La douleur vrille ses entrailles. Elle voudrait hurler, mais elle est incapable de de desserrer la dent. Elle est agenouillée, silhouette ronde dans un océan de chaos. Elle est agenouillée, les joues baignées de larmes à chaux. Incapable de prononcer un mot, elle ne peut que caresser cette joue rugueuse. Ses iris torpillent les siennes. Oh la petite Daphné. Ces beaux yeux n’étaient pas faits pour éprouver de telles douleurs. Leurs iris s’accrochent, les siennes se voilent déjà, il tend le bras, s’emmêle les doigts dans ses boucles sombres, caresse sa joue lisse. ❝Daphné, tu es belle comme une nuit sans nuage.❞ Un faible murmure qui s’échappe de ses lèvres sèches. Il aimerait lui dire encore tant de choses, il aimerait lui manifester ses regrets, il voudrait s’excuser, lui demander de le pardonner de n’avoir pas su écouter ses avertissements, de ne pas avoir voulu croire la vérité, de n’avoir pas eu confiance en son don si singulier. Une larme perle au coin de ses paupières grandes ouvertes sur l’horreur du monde. Un dernier regard, l’éclat des iris de la Daphné lui brise le cœur, il regrette. Un dernier regard dans un dernier soupire. Alors elle s’est effondrée sur le corps de son frère. La vie est injuste, lui qui était revenu d’entre les limbes du passé, hier encore, et qui git aujourd’hui dans sa rivière de sang. La vie est dure. La vie n’est plus que souffrance pour la femme aux longs cheveux noirs. Dans la douleur qui enserre son corps, elle se laisse bercer, elle accepte ses chants mélodieux, elle accepte son voile blanc de brume incertaine. Doucement elle se laisse glisser dans l’inconscience. Le monde lui est devenu trop sombre, jamais elle n’a tant haïs ce don qui lui avait hurlé ce jour-là dans les tréfonds de ses sommeils d’enfant. ❝Lorsque l'enfant de l'eau quittera l'enfance, la lune rousse illuminera le ciel et le frondeur blanc le marquera du saut mortel, baignant dans le sang commun un  » d'argent.❞ Elle sent son âme s’alléger alors que les mots résonnent comme le glas de la fatalité dans son esprit meurtri. Il ne lui a pas fallu longtemps pour trouver un sens à cette litanie qui hante ses cauchemars depuis sa petite enfance lorsque, à la pointe du crépuscule, une lune rousse s’est levée, sublime, dans un ciel couvert. Elle a pressenti, de ce frisson glacé qui s’empare de ses os, que le temps était venu. L’enfant de l’eau qui a quitté l’enfance, ce n’est qu’elle-même, entrée dans l’âge adulte, née dans l’eau de la rivière selon la tradition de sa famille. Elle a essayé, elle a transplanné jusqu’à La Nouvelle Orléans, en dépit de son état de grossesse avancée. Elle a couru dans les rues sombres et agitées à la recherche de ce frère venu manifester contre les violences policières perpétrées contre hommes des couleurs. Elle a couru dans sa robe de coton bleu claire. Il fallait la voir, cette jolie silhouette arrondie, courir au milieu des autres, cherchant frénétiquement la silhouette de son frère. Elle avait l’air folle avec son air de terreur blanche et ses yeux écarquillés, ses mains serrées sur son ventre de mère. Ses dans ses bras qu’elle a chuté, lorsque les coups de feu ont retenti. Claquement secs dans la lourdeur de la nuit, baignée de la lumière mordorée de la lune rousse. Elle a senti la douleur fulgurante lui transpercer le corps, la petite balle brillante a ricoché contre une côté, creusant un trou béant dans son corps de femme. Surprise et stupide elle s’est arrêtée, immobile, dans les bras de Zachary. Elle a lu dans ses yeux l’horreur de la situation. Elle a lu son geste avant même qu’il ne le fasse, elle a essayé, le petite de St-James, elle a essayé de retenir ses bras musclés. Mais il a foncé, il a hurlé, il a rugit le regard fou, le poing en l’air il a hurlé des mots amers, et s’est élancé, corps fumant dans l’ouragan d’écume blanche. Des hurlements d’avertissements ont résonné, fontaine de provocation. Mais il a continué, le regard fou, il a brandit son poing, les claquements secs ont résonné à nouveau. Et le silence est revenu, oppressant. Elle s’est relevé la Daphné, malgré le sang qui rougit sa robe de coton bleue claire, malgré la vie qui s’étiole en elle. Elle s’est levée chancelante, pour plonger son regard dans celui de son frère, une dernière fois. ❝et le frondeur blanc le marquera du saut mortel, baignant dans le sang commun un éclat d'argent.❞

Lorsqu'on accepte la réalité de la vie à travers l'existence de la mort, on parvient à retrouver un sens à son présent.
Extrait du journal de Daphné Isaac Bulle St-James

Vêtue d’une longue cape sombre, elle regarde la nuit tomber depuis sa chambre universitaire. Derrière elle, sa valise est prête. Demain elle reprendra la direction de l’Angleterre, elle retournera dans ce monde étrange qui s’agite à l’orée de celui-ci. Cela fait un an. Un an qu’une lune rousse lugubre a brillé sur sa tête. D’un geste fébrile elle passe sa main sur son ventre plat. Elle a perdu du poids la jolie Daphné, sa robe tombe presque trop bas sur ses épaules sombres. Il y a des douleurs et des cicatrices que l’on garde à vie, que nous donne envie de plonger dans l’oubli de la vie. Mais elle a résisté la Daphné. Elle se souvient la couleur du blanc éclatant des lumières de l’hôpital, elle se souvient les cris et les murmures ❝tirer sur une femme enceinte, on n’a jamais vu ça !❞ Elle se souvient le bourdonnement de la réalité qui refuse de se faire entendre dans un cerveau traumatisé. Elle se souvient avec une douleur languissante la salle de réveil, la chambre à de repos, l’incapacité à regarder son corps, l’immense sensation de vide. Elle n’avait pas besoin de voir la Daphné pour savoir que ses instincts de mère ne trouveront plus de creux dans lequel se lover et s’épanouir. Elle se souvient aussi le regard effaré d’Oscar, son sentiment d’impuissance, sa douleur aussi, palpable. Il l’aimait pourtant profondément sa Daphné, avec ses airs un peu décalés, sa bouche en cœur et ses rires chauds. Mais il y a des drames qui effritent tout. Et le temps délite l’amour quand le chagrin prend le dessus. Ils ont essayé pourtant, de garder ensemble les morceaux brisés du vase de leur amour. C’est elle qui a lâché prise. La mort dans l’âme elle a regardé l’amour de sa vie, de sa voix douce et chaude elle a ouvert les vannes de leur amour asséché par des pleurs trop profonds. Dans l’irrémédiable de la vérité, il n’y avait plus de place pour leur amour. Ils avaient connu tant de bonheur, touché du doigt les ailes de l’envol éternel. Ils se sont écrasés sur l’hôtel de la guerre et de la mort. Même leur combat pour faire accuser le policier responsable de tous ces drames, ils se sont épuisés. Dans leur lutte côté à côté, ils ont asséché le peu de sentiments de tendresse qu’ils gardaient l’un pour l’autre. Et dans les échecs des autorités moldues, dans le refus des autorités magiques, ils se sont disloqués, brisés par une justice incomplète incapable de trouver des réponses à leurs attentes.

Elle a eu besoin de comprendre la jeune femme. De comprendre l’histoire de ce pays qu’elle a laissé derrière elle dans le temps de sa jeunesse. Alors elle s’est inscrite à l’université moldue. Elle a suivi les cours de société, elle a appris les noms de ses pairs, les noms des penseurs de son frère, les noms de ceux qui ont ouvert la voie. Elle a appris aussi les détails du clan des trois K. Elle a appris, avide de réponses à ses questions dévorantes. Et dans ses cours, dans les récits et les films des émeutes, elle a compris. Elle a vu les émeutes de Détroit, les meurtres de Mark Essex, elle a lu les nombreuses histoires de condamnation d’un homme de couleur innocent, elle a lu les assassinats des enfants non armés par des policiers aux peaux trop clairs. Elle a abreuvé son cerveau d’images sanglantes, des images d’injustices et d’une tristesse profonde. Elle a compris et elle s’est sentie las de tous ces crimes. La petite de la St-James elle a senti sa fraîcheur fléchir, ses passions s’éteindre et sa réalité s’estomper. Alors elle a décidé de repartir, de laisser derrière elle les combats de ceux qui, aveugles, sont incapables de comprendre la vérité de l’humanité.

Elle a vingt-trois ans aujourd’hui, son visage est mince et ses traits sont moins doux qu’autrefois, mais il rayonne à nouveau. Désormais elle vit avec la Dame Annabelle donc les cheveux ont virés au blanc brillant de la vieillesse. Ensemble elles ont pensé leurs blessures et Daphné a retrouvé les chemins de l’envie. Elle s’est remise à rire pour chasser les mauvais augures. Elle rit pour préserver le peu de cœur qui lui reste. Le monde est dur et transpire la mort. Elle l’a toujours su, lorsque, accoudée aux étagères de Mama Charlotte, elle regardait les créatures prisonnières des bocaux, lorsque son imagination voguait sur les courbes du crâne de l’alligator. Elle se souvient que la peur première de ceux qui venaient consulter Mrs St-James tournaient autour des peurs de possessions, de morts revenus à la vie, de fantômes et de malédictions. Car le monde est moche et laid. La mort est présente dans chacune de nos vies, drames et traumatismes. Tout ce que nous pouvons faire c’est l’accepter, lui rire au nez, et continuer à suivre la voie que nous avons choisi. Car nos convictions nous définissent et sont celles qui peuvent faire avancer les choses. A pleurer nos morts, à craindre pour nos proches, nous oublions l’essentiel, le décompte du sablier de notre vie, les beautés que la nature nous offre au quotidien, et la fraternité qui nous unis tous. Alors elle rit la Daphné, en l’honneur de Charlotte. Elle a relevé la tête, petit à petit, elle a repris un travail. Si sa carrière d’arrière n’est plus qu’un lointain souvenir, elle a gardé en mémoire sa formation. Elle a d’abord pris un travail dans une boutique d’apothicaire pour pouvoir aider Dame Annabelle à payer son loyer. Dans une petite pièce au fond elle s’est installée un petit bureau et quand Dame Annabelle en passe la porte, elle a l’impression d’être revenue en Louisiane, dans leur petit quartier. Des bocaux aux étiquettes écrites à l’encre noire trônent sur des étagères, des substances visqueuses, des yeux d’animaux diverses, des formes qu’elle ne connait pas, des ossements, un chaudron et un feu qui ne s’éteint jamais. Alors elle sourit la Dame Annabelle. Cela fait longtemps qu’elle ne va plus à l’Eglise l’ancienne maîtresse d’école. Elle a perdu foi en beaucoup de choses depuis ces longues années, et dans la convalescence de la petite Daphné elle soigne aussi son âme blessée.

Elle a vingt-quatre ans depuis quelques mois maintenant, elle travaille toujours chez l’apothicaire, cela lui permet de pouvoir bénéficier des ingrédients à moindre coup. Elle travaille avec ardeur la Daphné, et son patron l’apprécie beaucoup. Elle est joyeuse et sa bonne humeur égaille ses journées mornes. Et elle est douée la jeune femme, elle connait les herbes mieux que personne. Elle sait conseiller les clients comme personne. Elle n’est pas stupide la petite, et c’est lui qui vient lui présenter un sorcier un soir. Il travaille à Saint-Mangouste qu’il lui a dit, et il a entendu parler des recherches qu’elle mène dans son coin. Il aimerait bien l’aider la Daphné, car il pense avoir découvert une potion qui pourrait soigner les épidémies provoquées par le souffle du Nundu qui ravage des villages en Afrique d’Est. Mais ses recherches n’ont pas été validées par son supérieur. Pourtant il y croit le sorcier, il sent qu’il tient la bonne piste. Alors est venu lui demander – suite aux conseils de son ami l’apothicaire – si elle voulait bien faire ses recherches pour lui. Elle n’a pas hésité longtemps la Daphné, elle a accepté, surtout qu’il proposait une jolie somme en échange le sorcier. Et puis cela lui a permis d’aller voyager un peu, de parcourir les terres vastes d’Afrique et de sentir le soleil de ces ancêtres perler sur sa peau d’ébène. Elle a pris un bon mois de congés, elle a parcouru les routes sablonneuses de l’Afrique de l’Est, passant de villages en villages sur les traces des Nundus. Elle a rencontré des sorciers aux pratiques proches des siennes, elle est entrée dans les huttes des chamanes, elle a découvert les secrets d’une magie plus profonde, ils ont partagé leurs savoir-faire, elle a appris à reconnaître les limites de la magie noire dans les ensorcellements de ses poupées. Elle a compris la peur qui agitait les cœurs de ses camarades d’école de sorcellerie face à ses jeux d’enfant. Elle a voulu en savoir plus, elle s’est replongée dans des livres, elle a utilisé sa formation d’auror pour faire des passerelles entre toutes ces connaissances et elle a senti que son cerveau s’ouvrait peu à peu. A son retour en Angleterre, elle était plus enrichie que jamais. Elle a continué à travailler chez l’apothicaire, elle s’est jetée à corps perdue dans ses recherches contre le souffle empoisonné du Nundu, elle a fait sécher les dards de Billywigs qu’elle a mélangé avec des feuilles d’alihotsy. Et la vie a recommencé à affluer avec vigueur dans ses muscles de femme. Ses os se sont drapés de chair et de couleurs chatoyantes. Elle sait cultiver son image singulière, elle aime se promener avec des coiffures qui lui font croiser des regards de biais. Elle aime sa folie douce que lui donnent les ombres dansantes de ses pupilles luisantes. Mais dans la guerre qui ébranle le monde magique, elle reste neutre. Elle ne veut plus mêler son sort à celui de deux qui parlent de discrimination. Mourir pour des idées, c’est beau, c’est noble, elle le reconnaît. Mais elle a déjà donné. Elle a offert ce qu’elle avait de plus précieux, au nom des idées. Elle a donné son sang, sa chair et son enfant. Qu’ils se débrouillent avec.

Sa silhouette se découpe derrière la fenêtre du château. Après des années, des épreuves, un précipice, la voilà de retour à Poudlard. Ses pieds-nus foulent à nouveau le sol dallé de l’école de sorcellerie d’Angleterre. Un sourire doux flotte sur son visage d’ébène. Elle va avoir vingt-huit ans dans quelques semaines et un nouveau monde s’offre à elle. C’est le médicomage qui lui a parlé de ce poste, il avait entendu parler à Sainte-Mangouste que Poudlard cherchait son nouveau professeur contre les forces du mal. C’est lui qui l’a poussé à postuler. Personne ne connait mieux qu’elle certains aspects de la magie, elle est capable de reconnaître des signes de possessions mieux que personne, elle a suivi une formation d’auror de trois années, elle est en mesure de prétendre au poste. A force, il a réussi à la convaincre. Il l’aime bien la jolie Daphné. Il ne connaît pas toute son histoire, ils n’en parlent jamais et il ne veut pas savoir. Mais il devine une profonde blessure dans l’ombre de ses longs cils. Alors il veut l’aider la jolie Daphné. Il veut lui rendre tout ce qu’elle a fait pour lui. Car sans elle ses recherches sur le souffle empoisonné des Nundus n’auraient jamais abouties. Il n’aurait jamais pu breveter la potion, il n’aurait jamais eu cette promotion, et ils n’auraient pas été capables de proposer un remède efficace pour éviter la mort des populations africaine. Certes, les Nundus font encore des victimes, tout le monde ne peut pas avoir accès à la potion avant qu’il ne soit trop tard. Mais une potion existe malgré tout. Une avancée de la sorte reste importante. Alors il veut l’aider, il veut la pousser à trouver un poste à la hauteur de ses talents. Il sait qu’elle rêverait de continuer dans les potions, mais aucun poste n’est disponible pour le moment. Et ce poste reste une porte d’entrée pour elle. Alors il l’a poussé, en lui assurant qu’elle resterait toujours sa consultante privilégiée en matière de recherche de potions. C’est comme ça qu’elle est revenue à Poudlard la Daphné. Elle est un peu maternelle la Daphné, malgré tout, envers toutes ces jeunes têtes. Elle ne peut s’empêcher de penser la Daphné, qu’ils n’ont pas une enfance facile non plus. Alors elle essaye, la Daphné, de leur faire comprendre, de leur montrer, que la vie et la mort se mêlent dans une symbiose parfaite, et que si la disparition des vivants les affecte, ils ne les quittent jamais vraiment, et que leurs auras continuent de les suivre au quotidien.


Dernière édition par Daphné I. St-James le Jeu 24 Mar - 11:54, édité 32 fois
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par Invité, Lun 21 Mar - 2:18 (#)
Re bienvenue et bonne chance pour ta fiche hihi love
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Message Re: When you came in the air went out and every shadow filled up with doubt ∂ Daphné
par Invité, Lun 21 Mar - 2:20 (#)
Han! Han! Han!
La sale petite fourbasse wuuuuut
Beaucoup trop sexy bave adieu.

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Message Re: When you came in the air went out and every shadow filled up with doubt ∂ Daphné
par Invité, Lun 21 Mar - 2:23 (#)
OMG tu m'avais pas dis que c'était avec Rihanna bave
O. Jill Peverell
membre - i don't want just a memory
O. Jill Peverell
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par O. Jill Peverell, Lun 21 Mar - 2:59 (#)
When you came in the air went out and every shadow filled up with doubt ∂ Daphné 2895445845  ! Tu nous vend du rêve Han!
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par Invité, Lun 21 Mar - 9:43 (#)
Bon retour à la maison bave
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par Invité, Lun 21 Mar - 10:12 (#)
Re bienvenuuue Han!
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par Invité, Lun 21 Mar - 11:07 (#)
Re bienvenuuuue Brille
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Message Re: When you came in the air went out and every shadow filled up with doubt ∂ Daphné
par Invité, Lun 21 Mar - 12:56 (#)
Gennnre wuuuuut ça va encore être un perso qui va dépoter wuuuuut !!!
Rebienvenue hihi
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Message Re: When you came in the air went out and every shadow filled up with doubt ∂ Daphné
par Invité, Lun 21 Mar - 14:51 (#)
Rihanna comme avatar, c'est original.

Re-bienvenue (même si t'es beaucoup plus ancien(ne) que moi Hum ) et bon courage pour ta fiche :)
Isaure Lenoir
admin - war is the sea i swim in
Isaure Lenoir
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Message Re: When you came in the air went out and every shadow filled up with doubt ∂ Daphné
par Isaure Lenoir, Lun 21 Mar - 15:10 (#)
Rebienvenue Chou
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Message Re: When you came in the air went out and every shadow filled up with doubt ∂ Daphné
par Invité, Lun 21 Mar - 15:14 (#)
Merci à vous tous love
Vous des amours ! NONPASAUBAAAIN j'ai hâte de vous faire découvrir mon personnage hihi
Léonard, merci love
Knight hihi sale toi même wuuuuut
/me réanime Lulu Robert47cm
Charline love fallait bien garder un peu de surprise !
Jill ! J'espère bien ! Han! j'aime faire rêver les gens Han!
Léli love merci tout plein
Deshawn  Twisted  merci !
Lawrence Brille merci aussi
Horus hihi j'espère qu'il sera aussi chouette que les tiens ! wuuuuut
Cyrus love merci mon p'tit ! etjesuispasvieille Hen !
Halcy Daengelo merci !
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Message Re: When you came in the air went out and every shadow filled up with doubt ∂ Daphné
par Invité, Lun 21 Mar - 17:34 (#)
re bienvenue Chou

par contre, je suis désolée mais 28 ans ça risque de faire jeune pour une professeur de potions avancés Potté
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Message Re: When you came in the air went out and every shadow filled up with doubt ∂ Daphné
par Invité, Lun 21 Mar - 18:00 (#)
Merci Chou

Je me suis permise de mettre 28 ans vu que ça avait été accepté pour d'autres personnages, et j'avoue que c'est l'âge que je voulais lui donner à la base et qui lui correspondrait bien pour la lancer.
En sachant que les sorciers finissent leurs études à 17-18 ans, ça lui aura laissé près de dix ans pour se perfectionner et développer ses compétences en matières de potions. Oui, si elle a suivi le cursus complet des douze années d'études, ça lui laisse encore 6 ans pour avoir eu le temps de se perfectionner. Vingt-huit ans c'est un âge, à mon sens, raisonnable pour enseigner. A moins que ce soit la matière qui pose problème ? Hum mais encore une fois pour moi en dix ans (ou 6 ans) elle aura eu le temps d'acquérir un niveau suffisant pour prétendre au poste. Bien sûr c'est motivé par ses capacités exemplaires de base en la matière et dans l'optique qu'elle a dévoué sa vie adulte après Poudlard à la recherche en matière de potions. Hum
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