Nom:Saint-Saëns, une famille reconnue en France pour sa distinction et son raffinement. Prénom:Léonard est son premier prénom. Un mélange de langues germaniques et latines signifiant littéralement fort comme un lion. Il fut choisi par sa mère. Sans doute espérait-elle, en affublant son fils d'un prénom évoquant la noblesse, la force et le courage, que ce dernier hériterait ainsi de ces qualités. C'est peine perdue. Avec son apparence malingre, sa voix fluette et son teint d'une pâleur presque maladive, on a du mal à voir en lui le lion féroce que son prénom suggère. Son père, quant à lui, se chargea de trouver le deuxième. Orias. Un prénom fort peu commun dont la signification demeure très floue. Il s'agit en réalité du prénom d'un démon, réputé dans les légendes pour être invoqué par les astrologues et les devins, à qui il enseigne l'astronomie. Un choix pour le moins insolite, qui s'explique sans doute par l'attirance du père pour la littérature et les étoiles. Les deux autres, Aldéric et Maël sont tout simplement les prénoms de son grand-père et arrière grand-père. Âge et Date de Naissance: Né le quinze mars 1957 à Paris, Léonard est âgé de vingt-trois ans. Comme tous les gens nés à cette période de l'année, c'est donc un natif du signe des Poissons, qui s'avère lui correspondre plutôt bien. Tout comme eux, il est d'un naturel sensible, introverti et possède une imagination débordante. Son côté nerveux – pour ne pas dire littéralement angoissé – et son entêtement prodigieux qu'il doit à son ascendant, le Taureau, font partie des facettes de sa personnalité qu'il tend à vouloir cacher. Il est également très peu réceptif au monde extérieur, bien que très observateur, il a souvent du mal à s'identifier à ce qui l'entoure. Nature du sang: Sang-pur. Situation familiale: Le père de Léonard est mort des suites d'un cancer quand ce dernier était âgé de cinq ans. Quelques années plus tard, sa mère s'est remariée. Le jeune homme vit depuis avec son beau-père et la fille de ce dernier, qu'il déteste tous les deux. Patronus: Il prend habituellement la forme d'un jeune renard roux du nom de Darjeeling, et plus rarement celle d'un grand corbeau au plumage aussi noir et désordonné que les cheveux de son sorcier. Miroir du Rised: Il se voit lui-même, plus vieux de quelques années, devenu un chercheur de renom, après avoir reçu le prix Nobel pour ses recherches. Son visage rayonne de fierté, et juste à côté de lui se tient son père, une main son son épaule, un sourire attendri aux lèvres. Amortentia: Aux senteurs délicates du thé au jasmin, de la bergamote et de la vanille bourbon se mêle l'odeur âcre du tabac, des vieux livres et le parfum des arbres après la pluie pour constituer un curieux mélange qui n'est pas sans évoquer une rêverie empreinte de nostalgie. Epouvantard: La Mort, tout simplement. Son épouvantard se matérialise parfois sous la forme des cadavres des gens qu'il aime, parfois sous la forme d'un être décharné aux longs cheveux noirs, à la peau verdâtre qui part en lambeaux et qui pousse de longs hurlements stridents. Dans tous les cas, cela lui procure une intense terreur, accompagnée d'un profond sentiment de vide et d'abattement. Composition de la baguette magique: Léonard a fait l'acquisition de sa baguette quelques jours après avoir fêté ses onze ans, chez un marchand de Kōchi, sur l'île de Shikoku au Japon, alors qu'il accompagnait sa mère lors d'un voyage d'affaires. Ce n'était pas prévu, il aurait normalement dû attendre de rentrer chez lui, mais il était si pressé d'avoir enfin sa baguette que sa mère n'osa pas le lui refuser. Elle mesure très exactement 31,8 centimètres. Son bois est celui d'un saule doré, un bois peu commun, très léger et d'un blanc nacré, connu pour choisir des sorciers qui manquent de confiance en eux mais néanmoins doués d'un fort potentiel. S'accordant au caractère discret et subtil de son propriétaire, elle est particulièrement habile avec les sortilèges informulés. Son manche, délicatement ciselé, est orné de points et de lignes courbes qui s'assemblent pour former un curieux motif, et son centre porte la marque d'un triangle renversé, symbole de l'eau. Son cœur, quant à lui, renferme une écaille de kappa : un démon malicieux qui hante les rivières du Japon et dont le crane creux est rempli d'eau, l'élément duquel il tire une force surprenante malgré sa petite taille. C'est en vérité un très bel objet qui, depuis qu'il appartient à Léonard, n'a cessé d'attiser la jalousie et la convoitise de nombres de personnes, sans doute à cause de son apparence raffinée et de la notoriété de son bois. Mais cette baguette, à l'image de son propriétaire, est extrêmement farouche et ne se laisse pas manier si facilement, et surtout pas par n'importe qui. Ces deux-là forment un couple étrange, né du hasard mais non moins puissant, une union faite pour durer et pour accomplir de grandes choses. Du moins, c'est ce qu'a prétendu le marchand.Etudes Suivies: On peut le dire, Léonard a plus ou moins toujours été un excellent élève. Ayant appris très tôt à lire et n'ayant jamais cessé depuis, il a acquis une culture générale assez impressionnante. Sa curiosité naturelle le pousse également à s'intéresser à beaucoup de choses sans se limiter au programme scolaire basique, ce que se contentent de faire une bonne partie des élèves. C'est donc pour cela qu'il a toujours suivi deux ou trois cours supplémentaires, selon les années, sans se soucier un seul instant de savoir qu'ils étaient totalement facultatifs. Autant dire que depuis qu'il a commencé ses études, il n'a jamais eu le temps de s'ennuyer ; car en plus de tout cela, il joue également du piano depuis maintenant quatorze ans. Il a toujours pris ses études avec le plus grand sérieux et il se montre extrêmement appliqué, bien que certaines matières qu'il a dû étudier au cours de sa scolarité étaient loin de le passionner. Il se contentait donc de faire le strict minimum, ce qui réussissait tout de même à lui assurer une moyenne très correcte. En résumé, si l'on s'en tient essentiellement au niveau scolaire, Léonard a tout pour rendre ses professeurs ravis... Du moins, ils le seraient sans doute si son attitude en classe était aussi irréprochable que ses notes. Il est intelligent, mais qu'est-ce qu'il est horripilant ! Avant son arrivée en Angleterre, Léonard suivait le cursus de médecine magique de Beauxbâtons, c'est donc tout naturellement qu'il a continué dans cette voie à Poudlard. Plus précisément, il est maintenant en sous-cursus de médicomagie, avec en option occlumancie et métamorphose. Tout cela dans l'espoir de devenir un jour chercheur. Un grand chercheur. Pas médicomage, non, car il sait très bien qu'il n'a aucune patience et qu'il serait catastrophique de le laisser s'occuper de personnes vivantes, lui qui n'a jamais rien compris aux relations humaines et encore moins aux émotions qu'ils éprouvent. Soigner des gens ne l'intéresse pas tant que ça. Son but n'est pas de sauver des vies lorsque celles-ci sont déjà menacées, mais bien d'éradiquer le mal à la racine. Malgré les remontrances de ses professeurs qui trouvent cette idée complètement stupide et aberrante, malgré les moqueries, malgré tout ce que l'on a pu lui dire, Léonard demeure encore et toujours persuadé qu'un jour, il trouvera comment vaincre la Mort. Animal de compagnie: En plus de ses colocataires, Léonard partage son dortoir avec un chaton prénommé Howard. C'est un magnifique Norvégien au pelage noir et aux yeux verts qu'il a reçu en guide de cadeau à son dernier anniversaire. Il possède également deux autres chats plus âgés, Edgar et Charlie, qu'il retrouve lorsqu'il rentre chez lui.
Caractère
Vous voyez cet élève qui se tient bien droit sur sa chaise, la plume à la main, rajustant nerveusement le col de sa chemise en attendant que le professeur commence à dicter son cours. Cet élève de taille moyenne à la silhouette chétive qui semble tellement à l'étroit dans son costume en tweed et dont les lunettes gigantesques ne cessent de lui glisser sur le nez dès qu'il bouge un peu la tête. Vous savez, celui qui s’assoit toujours au premier rang à tous les cours, qui semble toujours transporter la moitié de la bibliothèque dans son sac et qui rend souvent quinze pages de parchemin lorsqu'on ne lui en demande que quatre. Celui qui, même s'il reste la plupart du temps silencieux, a cette manie pour le moins désagréable de vous regarder de haut en bas avec une certaine condescendance, de vous jauger comme si vous n'étiez qu'un vulgaire elfe de maison tout juste bon à récurer le sol des cuisines – et encore, le tout accompagné de son éternel petit sourire en coin. Cet étirement subtil de ses lèvres rosées qui vous fait bien comprendre que quoi que vous puissiez dire, à ses yeux vous ne valez pas grand chose. Cet élève qui vous fixe effrontément, avec ses yeux bleus et brillants et ses mèches d'un noir de jais qui retombent en bataille sur son front ; celui qui de sa voix douce et posée prend un malin plaisir à vous contredire haut et fort avec ce ton parfaitement arrogant qui lui est propre, la plupart du temps pour aucune raison apparente, si ce n'est le plaisir d'admirer votre mine déconfite et de vous voir sortir de vos gongs. Cet élève, c'est Léonard. Ou du moins, c'est ce qu'il aimerait vous faire croire. C'est également ce que pensent la majorité des gens qui le côtoient en classe et qui ne se fient qu'à ce qu'ils voient, en somme ceux qui ne le connaissent pas vraiment. La vérité, c'est que tout cela n'est qu'une vaste mascarade dans laquelle il se réfugie depuis de nombreuses années maintenant, une apparence qu'il essaye tant bien que mal de se donner. Sous ses airs de dandy arrogant à l’Ego aussi élevé que la tour Eiffel se cache un garçon qui n'a absolument aucune confiance en lui. Un garçon qui, même s'il est brillant, est un véritable perfectionniste qui n'est jamais satisfait de son travail. Ce n'est jamais assez bien, assez beau, et ça le ronge. Que ne donnerait-il pas pour atteindre cette fichue perfection après laquelle il court depuis tout ce temps, la seule chose qui pourrait prouver au monde et à lui-même qu'il est différent, qu'il n'est pas qu'un simple pion parmi des milliards d'autres. L'insupportable sourire malicieux qu'il arbore au coin des lèvres n'est qu'un masque pour dissimuler son vrai visage ; et les remarques suintant le sarcasme et le mépris le plus profond qu'il laisse régulièrement échapper, la bouche en cœur, sont le fard duquel il maquille habilement l'anxiété qui le ronge en permanence. Anxiété à laquelle il s'évertue de pallier par une consommation plus qu'excessive de thé et de cigarettes. Au fil des années, il en est devenu complètement dépendant et serait aujourd'hui bien incapable de se passer de l'un ou de l'autre, ne serait-ce que pour une journée, ce qui l'oblige à passer beaucoup de temps dans la cour intérieure de l'école, seul endroit du domaine où il est autorisé de fumer. L'une de ses plus grandes peurs est d'ailleurs de se retrouver à court, peur qui devient totalement injustifiée lorsque l'on sait qu'il a pris l'habitude de cacher des paquets de cigarettes et de thé un peu partout dans son dortoir, dans les salles de classe qu'il occupe la journée, mais aussi dans les nombreuses poches de ses vêtements et même dans celles de ses amis. S'il vous arrive donc un jour d'être à la bibliothèque et de dénicher une boîte de Darjeeling entre deux volumes du dictionnaire de runes, ou bien de retrouver un paquet de cigarettes dissimulé dans un coin des jardins, ne vous inquiétez pas, c'est normal.
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À tous ceux qui ne le connaissent que de réputation, Léonard apparaît très certainement comme une personne pour le moins détestable. Pour eux, il est ce type étrange qui ne parle pas beaucoup, qui passe son temps le nez plongé dans les livres, ne lève les yeux de ses devoirs que pour dévisager les autres d'un air hautain derrière ses grandes lunettes – qu'il porte uniquement pour éviter de s'en prendre une, d'ailleurs, car on ne frappe pas les gens qui ont des lunettes, c'est bien connu – et n'ouvre la bouche que pour lancer des piques et autres remarques plus ou moins sarcastiques. Pour ceux qui se donnent la peine de s'intéresser un peu à lui, d'essayer de voir au-delà de ce qu'il veut bien montrer – et ils sont relativement rares, il faut bien l'avouer – il est d'une nature bien plus complexe qu'il n'y paraît. Il se donne des grands airs, mais au fond, c'est un timide. Il lui est très difficile de laisser tomber le masque, même lorsqu'il est avec des gens qu'il apprécie, car il est aussi très méfiant. Il n'a aucune confiance en lui-même et encore moins en qui que ce soit d'autre. La seule personne qu'il juge de bon conseil – malgré le fait qu'il le considère la plupart du temps comme un parfait idiot – et à qui il se fie presque aveuglément est son patronus, sans réaliser que cedit patronus est en réalité une partie de lui-même et que s'il s'écoutait un peu plus il n'aurait certainement pas besoin de cette carapace de mensonges dans laquelle il vit replié depuis tout ce temps. On lui reproche parfois d'être égoïste, et il se défend généralement en disant que ce n'est pas de sa faute, que c'est dans sa nature d'être individualiste. Ce n'est pas qu'il ne pense pas aux autres, c'est tout simplement qu'il n'éprouve que rarement de l'empathie pour autrui. Les émois de son entourage le laissent bien souvent de marbre, il ne s'identifie pas à eux et les sentiments humains sont pour lui un abîme de perplexité. L'un d'eux, en particulier, demeure pour lui un mystère absolu : L'Amour. C'est quelque chose qu'il n'a jamais éprouvé envers qui que ce soit. Oh, bien sûr il aime sa mère, ses amis... Mais c'est différent. Ce sentiment lui fait peur. Tous le cherchent, l’appellent, et pourtant il semble si compliqué, si destructeur... C'est à n'y rien comprendre. N'ayant jamais éprouvé cela pour qui que ce soit, Léonard n'a donc jamais eu la moindre relation amoureuse. La seule passion qui anime son cœur est celle qu'il éprouve à l'égard des livres qu'il dévore et de la fumée âcre des cigarettes qui viennent brûler ses poumons. Si les gens savaient de quoi il retourne, il passerait très certainement pour un prude... Et c'est exactement ce qu'il est. C'est un sujet quelque peu tabou chez lui, et il suffit de l'aborder pour le voir rougir jusqu'aux oreilles et faire tout son possible pour changer de sujet ou s'éclipser de la conversation. Jamais l'idée ne lui traverserait l'esprit de faire quoi que ce soit de plus avec une autre personne que de lui serrer la main – et encore, même la plus petite des accolades amicales a le don de le mettre mal à l'aise. Il ne supporte pas qu'on le touche et il ne comprend définitivement pas pourquoi cela semble si important pour les autres. Et pourtant... Pourtant il se surprend parfois à en regarder certains d'une manière qui lui semble étrangère à lui-même et qu'il ne comprend pas. Oh, ces regards qu'il lance à la sauvette, discrètement, caché derrière son livre, ces regards le terrifient et le font rougir de honte. Et il est furieux de constater que ses sentiments, ces choses qu'il juge tellement dénuées d'utilité, réussissent à lui échapper. Heureusement, ce genre d'incident n'arrive pas souvent. Si ce n'était que ça le problème... Mais non, pire encore, Léonard a bien vite réalisé que les seules personnes qui réussissaient à lui arracher ces étranges pulsions, aussi rares soient elles, étaient toutes... Des hommes. Il se serait volontiers giflé s'il l'avait pu. Il fait tout son possible pour éviter d'y songer, pour retenir tant bien que mal ces pensées sorties de nulle part qui n'ont pas lieu d'être ; et le simple fait de se dire que peut-être, peut-être, il n'est pas comme les autres garçons de son âge qui ne parlent que de filles, cela a le don de le mettre dans tous ses états. Au fond, il le sait, mais il préférerait encore avaler une tonne de briques plutôt que de se l'avouer. Si jamais cela venait à se savoir, ce serait un désastre, sa mère ne le lui pardonnerait jamais et il ne se pardonnerait probablement jamais à lui-même d'avoir ainsi terni le nom et la réputation de sa famille. C'est pourquoi on le voit très souvent en compagnie de filles, ainsi espère-t-il convaincre tout le monde de sa prétendue hétérosexualité, et peut-être aussi qu'au fond de lui-même il espère un tout petit peu que cela pourrait le faire changer. Mais plus il les côtoie, plus il se rend compte que ce n'est définitivement pas fait pour lui, et que le jour où ses parents décideront de le fiancer – ce qui arrivera fatalement dans un futur plus ou moins lointain, ce sera très certainement un désastre. Mais tout ça, il préfère y penser le moins possible et il tente tant bien que mal de se donner bonne conscience en se disant qu'il n'a pas de temps à perdre avec de telles futilités et que de toute façon, en dehors de lui-même, de son patronus et de son énorme pile de livres, il n'y a pas de place pour qui que ce soit d'autre dans son lit.
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Cependant, malgré cette tendance pour le moins prononcée qu'a le jeune homme à angoisser pour tout et n'importe quoi et à s'imaginer les pires scénarios possibles dès qu'il se passe quelque chose dans sa vie, Léonard est tout de même loin d'être un triste sire. Il lui arrive parfois – en général lorsqu'il est en compagnie de gens dont il est très proche – d'abandonner son masque pour quelques heures et de redevenir le petit garçon espiègle et plein de vie qu'il était autrefois. C'est une véritable transformation qui s'opère alors chez le jeune homme, pour un peu on aurait presque l'impression d'avoir une personne différente sous les yeux. L'aura d'austérité qui émane d'ordinaire de lui, ainsi que son air méprisant qui exaspère tant les gens, disparaissent pour laisser place au sourire enfantin et aux yeux pétillants d'un garçon qui n'a jamais vraiment grandi. À première vue il n'y paraît pas, mais il est d'une grande loyauté envers ceux qu'il considère comme ses amis, et ils sont à peu près les seuls dont il se soucie véritablement. Il serait littéralement perdu sans eux, même si c'est quelque chose qu'il ne leur dira probablement jamais car il est très pudique sur ce sujet, les sentiments n'ont jamais été sa tasse de thé. Les autres, il n'en a cure. Il n'hésitera pas à les trier sur le volet, ne s'adressant qu'à ceux susceptibles de lui apporter quelque chose et n'éprouvera que très peu de remords à les manipuler pour obtenir ce qui l'intéresse, malgré les remontrances de son patronus. On peut donc le qualifier de calculateur, même s'il se considère lui-même plutôt comme un opportuniste. Avec les gens qu'il n'aime pas, c'est encore pire. Depuis quelques années, il a pris l'habitude de tenir une liste sur laquelle il note les noms de tous les gens qu'il considère comme nuisibles, de manière à ne pas les oublier. Il est très rancunier et en général il ne lui en faut pas beaucoup. S'il vous est déjà arrivé de lui faire une remarque – même minime, de le bousculer par accident dans un couloir ou même simplement d'avoir une meilleure note que lui à un contrôle, il y a fort à parier que votre nom est déjà sur la liste. Cela vaut également si sa meilleure amie ne vous aime pas. Pour lui, Prism passe avant tout le monde et pour toute personne qui s'en prend à elle, le retour de bâton risque d'être aussi déplaisant qu'inattendu. Il a beau se montrer hautain et faire comme si les autres ne l'intéressaient pas, derrière son apparence dédaigneuse, il observe, il note, il retient tout. Et vous pouvez être certain que s'il a l'occasion de remarquer l'une de vos faiblesses, il la notera soigneusement sur sa liste et s'en resservira contre vous si vous lui cherchez des noises. En plus de son apparente arrogance, l'un des traits majeurs de la personnalité de Léonard – et sans doute également le plus visible, est qu'il est d'une maniaquerie excessive. Qu'il s'agisse de son apparence ou de ses affaires, il ne supporte pas le désordre. C'est la raison pour laquelle il est toujours tiré à quatre épingles, même lorsqu'il ne sort pas, et qu'il passe son temps à ranger, ordonner, classer, trier ses affaires. Tout doit être parfaitement symétrique, rien ne doit dépasser. Tous les objets qui composent son quotidien sont agencés d'une manière très précise et ont tous une place bien définie, et le moindre bouleversement de cet ordre établi a le don de l'angoisser autant que cela l'exaspère. Il ne supporte pas que l'on touche à ses affaires et encore moins de vivre dans un environnement désordonné, ce qui a un certain don pour agacer ses colocataires au pensionnat.
Léonard se souvient encore du jour où il a réussi à produire pour la première fois un patronus corporel. C'était en cours de Défense Contre les Attaques Magiques, il était alors âgé de seize ans. C'est un sort qu'il a eu beaucoup de mal à maîtriser, sans doute parce que malgré le fait qu'il enfouissait tout cela au plus profond de lui, le souvenir amer de la mort de son père et sa rancœur grandissante envers sa famille encore en vie étaient toujours bien présents ; et lorsque ces sombres pensées envahissaient de nouveau son esprit, il lui était bien difficile de trouver un souvenir joyeux assez puissant pour que le sortilège fonctionne. Tout cela avait d'ailleurs un don prodigieux pour le mettre hors de lui, je vous laisse imaginer sa frustration de voir des animaux divers et variés jaillir de la baguette de ses camarades, tandis que la sienne ne produisait qu'une vague brume argentée. Mais à force de persévérance, en se concentrant de toute la force de son esprit sur Prism et sur tout ce qu'il avait pu vivre avec elle, la brume légère devint peu à peu plus consistante, et Léonard eut bientôt le plaisir de voir gambader autour de lui un animal argenté à la queue touffue et aux oreilles pointues. C'est ainsi qu'il découvrit que son patronus était un renard. Il ne s'était pas attendu, à cette époque, à ce que ce sortilège qu'il n'avait utilisé qu'une seule fois, prenne une telle place dans sa vie. Après tout, il n'en avait jamais eu besoin. Il ne risquait rien à Beauxbâtons, il n'avait même jamais vu un vrai détraqueur de sa vie. Il était à milles lieues d'imaginer à quel point sa vie serait chamboulée, ce soir de décembre 1978. La peur fut le premier sentiment qui souleva son cœur, lorsque cette brume argentée si étrange et à la fois familière se matérialisa dans sa chambre, suivie immédiatement par une curiosité dévorante. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre qu'il s'agissait là de son patronus, mais il brûlait littéralement de comprendre pourquoi il était là, et surtout comment tout cela était possible. Les débuts furent difficiles entre eux, en grande partie parce que leurs caractères respectifs étaient presque totalement opposés et qu'ils passaient le plus clair de leur temps à se disputer sur un nombre de choses incalculable ; mais aussi parce que ce n'était pas évident pour quelqu'un qui avait toujours été d'un naturel solitaire d'avoir quelqu'un dans sa tête qui pouvait lire la moindre infime pensée qu'il émettait, et qui éprouvait le besoin de sans cesse faire des commentaires dessus. Mais malgré l'agacement certain que lui procurait son patronus par moments, Léonard était tout de même content de le savoir à ses côtés lorsque la solitude se faisait vraiment trop pesante ou lorsqu'il avait peur. C'était une présence rassurante qui ne le quittait jamais et qu'il appréciait plus qu'il ne voulait bien le laisser penser. Et puis, il doit bien reconnaître qu'il n'est pas peu fier des formes que prend son patronus. Sa fourrure rousse et noire et ses yeux d'un jaune orangé luisants font leur petit effet. Même si ce n'est pas un animal très rare ni très impressionnant, on ne peut pas le nier, il est tout de même très beau. Et il devient franchement majestueux lorsqu'il troque son poil couleur de feu pour le noir plumage d'un grand corbeau. Malgré cela, on ne peut pas dire que son apparence colle à sa personnalité. Il est loin, très loin, d'incarner la ruse, l'intelligence et la perspicacité dont les formes qu'il adopte sont le symbole.
Pseudo et âge: Mister Hyde / Aël Où as-tu trouvé le forum ? Dans le collant d'Orpheus Personnage: Inventé. As-tu un autre compte sur BP ? Un Serdy timide, un Pouffy rêveur et un professeur déjanté. Présence: Un peu trop souvent. Une remarque ? Tendresse et chocolat
Dernière édition par Léonard O. Saint-Saëns le Dim 6 Sep - 20:58, édité 15 fois
28 DÉCEMBRE 1978, RÉSIDENCE DES SAINT-SAËNS, PARIS
Trois heures quarante-deux du matin. Il faudrait que j'aille dormir. J'écrasai mon mégot dans le cendrier posé à côté de moi et ne détachai les yeux de mon roman que pour les poser brièvement sur Prism, qui somnolait à côté de moi, et un léger sourire vint étirer mes lèvres. Elle avait l'air tellement paisible, quand elle dormait... Absorbé par ma lecture, je ne remarquai pas la brume légère aux teintes argentées qui était apparue sans un bruit, quelque part au dessus de ma tête. Ce n'est que lorsqu'elle gagna finalement en consistance, une quinzaine de minutes plus tard, et qu'elle flotta lentement jusqu'à mon livre, que je sortis enfin de ma torpeur. « Coucou ! On joue ? » Je sentis mon cœur rater un battement avant de se remettre à galoper de plus belle dans ma poitrine, et c'est après avoir laissé échapper un glapissement de terreur que je me jetai littéralement hors de mon lit et m'effondrai lamentablement sur une pile de livres. Le premier choc passé, j'eus immédiatement le réflexe de plonger vers ma baguette, posée sur la table de nuit, et de la pointer vers mon agresseur. Je demeurai silencieux, hébété et totalement incapable de formuler une réponse intelligible. D'où venait cette voix ? Qu'est-ce qui se passait ? Je regardai autour de moi, scrutant la pièce avec méfiance, mais je dus vite me rendre à l'évidence qu'il n'y avait personne, à l'exception de Prism... Et de ce satané renard brumeux qui se trouvait toujours à mes pieds. Ce dernier me regardait d'ailleurs en agitant bêtement la queue, la tête légèrement penchée sur le côté et la langue pendante. Il laissa soudain échapper un petit jappement d'impatience et vint poser ses pattes contre mes jambes. « Allez, on joue ! » Je reculai immédiatement et m'effondrai à nouveau sur mon lit. « Tu... Tu parles ? » Il me fixa de ses yeux orangés en penchant à nouveau la tête sur le côté, l'air aussi perplexe que moi. « Et alors ? Toi aussi. » Répondit-t-il, comme si c'était tout naturel. « Prism ! » Je me retournai vers mon amie et lui jetai un regard affolé, tout en pointant un doigt vers l'animal qui me dévisageait. Mais elle ne réagit pas, bien trop occupée elle-même avec le gigantesque ours brumeux qui se dressait devant elle. « Par la barbe de merlin, mais qu'est-ce que fiche ce cabot dans ma chambre ?! » « Eh oh, j'te signale que j'entends tout ce que tu penses, alors sois poli ! » Je sursautai, totalement pris au dépourvu. « Qu'est-ce que... T-Tu parles dans ma tête ? » Le renard jappa à nouveau, et je jurerais que je peux l'entendre rire. « Oui, c'est chouette hein ? D'ailleurs, c'est pas très rangé là-dedans, je sais pas comment tu fais pour t'y retrouver. » Je secouai la tête, totalement incrédule. « Je... Attends. Tu.. Tu serais pas... Mon patronus ? J'ai pas lancé le sort, pourtant. » Même si cela me paraissait complètement aberrant et dénué de sens, j'avais beau me creuser la tête, je ne voyais pas d'autre explication logique à l'apparition de cet animal. De plus, je me souvenais très distinctement du brouillard argenté qui s'était échappé de ma baguette lorsque j'avais pratiqué ce sort pour la première fois, il y a quelques années de cela, et le renard assis devant moi avait exactement la même consistance brumeuse. « Je sais pas, moi, si tu veux. Je suis là, c'est tout. » Je lançai un regard interrogateur en direction de Prism, qui avait l'air de se trouver aux prises avec le même questionnement que moi, et tournai à nouveau la tête vers le canidé. « Bon, maintenant que tu as fini de réfléchir, on joue ! » Et à ces mots, il se dressa d'un bond sur ses pattes et se mit à courir autour de moi comme un dératé, renversant des livres et des tasses au passage. « Eh ! Arrête ça tout de suite, viens ici ! Assis ! » À peine une dizaines de minutes qu'il était apparu, et il était déjà exaspérant. « … Oh, t'as cru que j'étais un caniche ou quoi ? » Railla-t-il en trottinant allègrement jusqu'à mon lit et en s'y étalant de tout son long sans la moindre gêne. « On me tient pas en laisse, moi, j'suis une bête sauvage ! » Et comme pour confirmer ses dires, il se jeta alors sur mon oreiller et mordit dedans à pleine dents, faisant s'échapper du tissu une volée de plumes blanches. Je ne pus résister à l'envie d'esquisser un sourire amusé, bien malgré moi, mais le masquai bien vite derrière un soupir agacé. « Ça suffit maintenant, tais-toi... Euh.. Comment tu t'appelles ? » Le renard releva la tête de mon oreiller, la gueule encore pleine de plumes, et me dévisagea d'un air perplexe. « … J'en sais rien. J'peux m'appeler Kévin ? C'est chouette Kévin ! » « Quoi ? Ça va pas la tête, c'est super laid ! Non, tu vas t'appeler... Mh... » Je fis un tour sur moi-même, scrutant la pièce du regard à la recherche d'une idée, et mes yeux finirent par se poser sur un paquet de thé tombé au pied du lit lors de la course folle du renard, quelques minutes plus tôt. « Darjeeling ! Ça te va comme un gant, en plus tu es de la même couleur. » « Mais nooon, t'es pas drôle... » Je laissai échapper un léger soupir, satisfait de ma trouvaille, et vins m'asseoir sur mon lit – toujours à une distance respectable du patronus, cependant. Ce dernier finit par lâcher complètement l'oreiller et, s'aplatissant sur les couvertures, vint poser sa tête sur mon genou. « Je dois être en plein délire. » Je ne comprenais strictement rien à ce qui se passait, mais pour l'heure, il était beaucoup trop tard pour réfléchir et je n'avais qu'une envie : Dormir.
La famille Saint-Saëns puise ses racines lointaines dans la petite bourgeoisie française. Originaires de Haute-Normandie, les premiers porteurs du nom sont venus s'installer à Paris près de deux siècles auparavant, comme beaucoup de provinciaux, à la recherche d'un emploi stable et d'un meilleur niveau de vie car leurs rentes n'étaient pas inépuisables. Malgré leur appartenance à la communauté magique, ils n'y étaient pas très impliqués et n'avaient pas vraiment d'impact. Le début de leur richesse fut marqué lorsque Isidore Saint-Saëns, qui s'était engagé dans l'armée, se démarqua par un haut fait d'arme et fut récompensé par le Souverain sorcier de l'époque et ses conseillers d'un titre de noblesse et d'une somme d'argent assez conséquente, ce qui lui permit non seulement de monter en grade, mais aussi d'aller s'installer avec femme et enfants dans l'un des quartiers sorciers les plus réputés de la capitale et de démarrer une toute nouvelle carrière, bien plus fructueuse en comparaison au maigre salaire qu'il recevait en tant que simple soldat. Ce fut ainsi véritablement le début de son insertion dans la population magique parisienne. Les générations se succédaient, et plus les années passaient, plus la famille Saint-Saëns prospérait et son niveau de vie n'avait désormais plus rien avoir avec celui des premiers du nom. L'arrière petit-fils d'Isidore, Philippe Saint-Saëns, eut trois garçons : Cléophase, Évarisse et Charles-Auguste. Les deux premiers moururent en bas-âge, ce fut donc sur le cadet que ses parents reposèrent tous leurs espoirs. Mais Charles-Auguste était loin, très loin du fils prodige qu'ils attendaient. D'une santé fragile, il passa la plus grosse partie de son enfance cloîtré dans la demeure familiale. Au lycée, il s'avéra très doué et appliqué, mais ses humeurs et sa forte tendance à la dépression ne lui permirent pas de continuer jusqu'à l'Université. D'un naturel rêveur, il était fasciné par tout ce qui touchait à l'espace, et il avait également toujours eu une certaine aisance avec la langue française. Il fit ses débuts en tant que rédacteur de la rubrique d'astronomie dans plusieurs journaux magiques, et prêta également sa plume au cercle d'amis écrivains qu'il s'était petit à petit constitué, acceptant de jouer les écrivains fantômes et de corriger, parfois même réécrire les nouvelles qu'ils lui envoyaient. Il ne gagnait pas bien sa vie, mais c'était là le cadet de ses soucis, ce qui ne plaisait bien évidemment pas le moins du monde à ses parents qui, mine de rien, tenaient à leur argent. Mis à l'écart par sa famille et n'ayant aucun attrait particulier pour les relations humaines quelles qu'elles soient, Charles-Auguste se considérait lui-même comme un célibataire endurci voué à une existence de solitude qu'il n'imaginait pas le moins du monde troublée à un quelconque moment par les complications du mariage et de la vie de couple, et cela lui convenait parfaitement. Jusqu'au jour où son quotidien se trouva complètement chamboulé par sa rencontre avec une fort jolie jeune femme au détour d'un club de lecture parisien dont il était l'un des habitués.
Aurore d'Erlette est la fille unique du Comte du même nom, un homme sur le déclin dont la fortune n'était pas aussi élevée que son titre de noblesse aurait pu le laisser penser. Sa famille vivait depuis près d'un demi-siècle des revenus de la très distinguée maison de thé qu'ils avaient fondée, implantée sur l'avenue de l'Oiseau d'Or, en plein cœur du quartier sorcier de Paris, où se pressaient en masse les sorciers venus visiter la capitale aussi bien que les habitants du quartier. Grâce à un ingénieux agencement magique, elle donnait également sur l'avenue principale de Saint-Crescent, le village sorcier où les habitants du monde magique ne se lassaient pas de venir goûter des thés raffinés aux parfums beaucoup plus exotiques et inattendus que ceux que l'on pouvait trouver de l'autre côté, tel que l'Earl Grey parfumé à la racine de mandragore, le thé noir énergisant au sang de salamandre, ou encore l'infusion de valériane, fort réputée pour ses propriétés aphrodisiaques. Aurore était une jeune femme vive et souriante, dotée d'une certaine naïveté touchante et d'un brûlant désir de découvrir le monde. Malgré son jeune âge, elle était bien consciente du fait que sa famille ne roulait pas vraiment sur l'or, c'est pourquoi elle se fit un devoir de reprendre le commerce fondé par ses ancêtres. Elle s’avérait avoir un très bon sens des affaires et sa bonne humeur communicative, ainsi que son caractère aventureux en faisaient la personne idéale pour aller commercer sur les plantations de thé à l'étranger. C'est sans doute cet attrait pour l'inconnu qui lui fit tourner la tête lorsqu'elle croisa un jour, par le plus pur des hasards, un mystérieux écrivain aux cheveux d'un noir de jais et aux yeux céruléens, lors de l'une de ses escales à Paris. Elle était aussi joyeuse qu'il était taciturne, aussi curieuse qu'il était renfermé, et pourtant... Si Charles-Auguste n'avait pas hérité de l'immense fortune de ses parents à leur mort – à défaut de pouvoir la léguer à leurs deux autres fils – il n'aurait certainement jamais eu le culot de demander la main d'Aurore, et encore moins la possibilité d'obtenir une réponse positive. Cependant, bien que ce fut en grande partie un mariage d'affaires – le père d'Aurore était fort bien renseigné sur la somme astronomique que contenait le coffre des Saint-Saëns et il y voyait là un excellent moyen de pourvoir à son confort matériel et ainsi assurer ses vieux jours – ce fut aussi un mariage d'amour. Cela arrive parfois, lorsque le Destin et la chance décident de s'allier. Comment deux personnes de caractères si diamétralement opposés ont pu tomber amoureuses l'une de l'autre, ça, personne ne le sait. Mais l'amour a transformé bien des sages en fous, et ils étaient loin de former le premier couple mal assorti de l'Histoire. Et c'est ainsi que de leur union naquit Léonard, un matin de mars 1957.
Histoire
Happiness can be found even in the darkest of times
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Gravity's way too strong for the birds inside my lungs
Aussi étonnant que cela puisse paraître, Léonard n'a pas toujours été le garçon distant et calculateur dont il revêt aujourd'hui le masque. Lors des premières années de sa vie, il était sans doute le bambin le plus jovial qu'il était donné de voir. Un sourire espiègle venait toujours étirer le coin de ses lèvres et ses grands yeux bleus pétillaient de malice au gré des bêtises qu'il enchaînait avec une rapidité et une imagination plutôt bien développées pour son âge. Malgré le fait que ses parents travaillaient tous les deux et le laissaient souvent seul dans leur grande résidence située sur l'avenue de l'Oiseau d'Or, à la charge des pauvres domestiques qui ne savaient plus où donner de la tête, Léonard n'a jamais vraiment éprouvé ce sentiment de solitude et d'abandon qui atteint parfois les jeunes enfants lorsqu'ils ne peuvent voir leurs parents aussi souvent qu'ils le voudraient. Il a toujours été assez proche de sa mère, qui a tendance encore aujourd'hui à le dorloter plus que de raison. C'est elle qui lui a fait découvrir le thé, qui lui a appris tout ce qu'il fallait savoir dessus et qui l'emmenait parfois avec elle lors de ses voyages d'affaires. C'est donc ainsi que le petit Léonard put découvrir le monde à travers ses yeux d'enfant et que naquit son goût prononcé pour cette boisson raffinée dont les effluves délicates l'accompagnent depuis toujours. Avec son père, en revanche, c'était une autre paire de manches. Sans pour autant être acariâtre, il émanait de lui une certaine froideur, une austérité qui inspirait à son fils un mélange de peur et d'admiration. C'était un homme très discret, qui ne faisait que rarement part de ses sentiments et de ses pensées, ne s'intéressait pas vraiment à ce qui l'entourait et préférait rester dans sa bulle plutôt que de véritablement s'occuper de sa famille. Cette bulle, Léonard ne rêvait que d'y rentrer, ne serait-ce qu'une minute. Il comprit bien vite que ses bêtises à répétitions ne lui attireraient que des regards hostiles et des soupirs accablés, et c'est ainsi que le jeune Saint-Saëns devint peu à peu très sage et silencieux et que son petit visage perdit cet air espiègle qu'il arborait sans cesse, ce qui ne manqua pas de surprendre son entourage. Au lieu d'aller jouer dehors avec les enfants du quartier ou bien d'aller tourmenter les domestiques comme il en avait l'habitude, il passait de longues heures dans l'immense bibliothèque familiale. Il semble qu'il ait alors commencé à développer une affection toute particulière pour les romans fantastiques et les guides d'astronomie, dévorant livre sur livre, à tel point qu'il en oubliait parfois de manger ou de dormir. Et lorsqu'il ne lisait pas, il allait s'installer à la fenêtre de sa chambre, qui se trouvait sous les toits, et passait des heures à contempler le ciel étoilé en rêvant aux galaxies lointaines et aux planètes inconnues qui s'étalaient en une multitude de poins lumineux sous son regard émerveillé. Parfois, lorsqu'il osait, il s'armait d'un livre quelconque et de tout son courage, et il allait trouver son père. Il frappait doucement à la porte du bureau, s'approchait de lui et d'une voix timide demandait : « Tu lis avec moi, s'il te plaît ? » Les premières fois, ce dernier avait paru très surpris, mais son visage s'était bien vite fendu d'un sourire attendri, et c'était presque sans hésitation qu'il avait répondu oui. C'était peu à peu devenu une sorte de rituel entre eux. Tous les soirs, après le dîner, Léonard venait le trouver avec un nouveau livre ; et tous les soirs, son père leur préparait du thé. Toujours le même. Un thé parfumé au gingembre et à la rose, agrémenté d'une douce pointe de miel et légèrement poivré. Et puis ils s'installaient tous les deux, et Léonard ouvrait grand ses yeux et ses oreilles, ne voulant rater une seule miette de ces moments privilégiés. Il aurait pu écouter son père pendant des heures... Il lui parlait de littérature, de poésie, il lui lisait Baudelaire, Poe, Lovecraft, Dunsany, il lui parlait des étoiles ; et il y avait quelque chose dans sa voix où vibrait la passion et dans ses yeux bleus rêveurs qui émouvait parfois le petit garçon jusqu'aux larmes. Ce thé, Léonard n'en boit plus que très rarement, aujourd'hui. Mais lorsqu'il le fait, ce n'est jamais sans éprouver une profonde nostalgie au souvenir de ces rares et précieux instants nimbés des vapeurs du thé au gingembre et de l'odeur des vieux livres, ces instants hors du temps qu'il a passé avec cet homme qui, à l'image de ce thé qu'il affectionnait tant, était à la fois doux et piquant.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] ONE MORE TEA, ONE MORE CIGARETTE, ONE MORE MORNING TRYING TO FORGET
De paisibles jours se profilaient pour la famille Saint-Saëns qui ne manquait alors de rien, mais ce calme apparent n'était malheureusement pas pour durer. La raison pour laquelle le père de Léonard ne sortait pas beaucoup de chez lui et passait le plus clair de son temps enfoncé dans son fauteuil n'était pas parce qu'il haïssait le monde extérieur comme le prétendait, ni parce qu'il était paresseux, comme beaucoup auraient pu le penser ; mais tout simplement parce qu'il avait mal. Tout cela avait commencé il y a bien longtemps. Tout petit déjà, il avait souvent des douleurs inexpliquées à l'estomac. Et plus les années passaient, plus les douleurs apparaissaient fréquemment et s'intensifiaient un peu plus à chaque fois, à tel point que parfois, il ne pouvait même plus se tenir debout. Il n'avait jamais véritablement eu la présence d'esprit d'aller consulter un médicomage, d'une par parce que comme beaucoup de monde il avait en horreur l'hôpital ; mais surtout parce qu'il n'était pas le moins du monde soucieux de sa santé. Complètement perdu dans son monde nimbé de vapeurs d'absinthe et de laudanum qu'il buvait en grande quantité, absorbé par les histoires qu'il écrivait, il n'avait que très peu et très rarement conscience de la réalité du monde qui l'entourait et des responsabilités que celui-ci lui imposait. Il vint un moment où sa santé se dégrada grandement, et il n'eut d'autre choix que d'être hospitalisé, malgré sa réticence, tout cela sous les yeux inquiets de Léonard qui, du haut de ses cinq ans, ne réalisait pas encore ce qui se passait. Il y a des maux que même la magie ne peut guérir, malgré l'avance qu'ont les sorciers sur les moldus dans le domaine de la médecine. Et la maladie de Charles-Auguste en faisait partie. Le lendemain de son admission à l'hôpital magique de Nice et une fois les analyses faites, le verdict fut sans appel. Cancer de l'intestin. Il était beaucoup trop avancé pour qu'une quelconque amélioration de son état soit possible, et une guérison totale était encore moins concevable. Léonard passait de longues journées au chevet de son père, à le regarder dormir, sans un bruit. Il se sentait minuscule dans cette chambre aux murs blancs et nus qui empestait le détergent, minuscule et impuissant. Ses yeux bleus scrutaient la silhouette endormie de son paternel avec une attention accrue, guettant la respiration difficile qui soulevait faiblement sa poitrine et ses paupières fatiguées qui s'ouvraient de temps à autre lorsqu'il se réveillait. Il guettait, la peur au ventre et la gorge nouée par l'angoisse, tous les signes qui lui montraient que son père était encore là, avec lui, et il redoutait qu'un jour, ces deux prunelles couleur océan qui croisaient les siennes ne se ferment pour toujours. Mais malgré toute sa volonté, la maladie finit par l'emporter, et Charles-Auguste Saint-Saëns s'éteignit au matin du vingt août 1962, tandis que l'aurore pointait et enveloppait la pièce d'une douce lumière dorée. Léonard n'avait pas pleuré. Son esprit d'enfant ne pouvait concevoir que c'était fini, qu'il ne reverrait jamais ses yeux se plonger dans les siens, qu'il n'entendrait plus jamais sa voix feutrée appeler son nom. C'était impossible. Son père ne pouvait pas l'abandonner comme ça, il ne voulait pas y croire. Il se souvient encore de la phrase qu'avait prononcé l'un des médicomages d'un air grave, en posant sur son épaule une main qui se voulait compatissante. « C'est toi l'homme de la maison, maintenant. » La réalisation l'avait frappé de plein fouet et son corps s'était mis à trembler violemment, jusqu'à ce que ses jambes le lâchent, incapable de supporter son poids plus longtemps, et qu'il ne s'effondre sur le carrelage blanc de la pièce. On l'avait alors installé dans une chambre vide et on lui avait donné des calmants, comme si cela pouvait suffire à apaiser le tumulte de sentiments qui assiégeaient son esprit et la douleur sourde qui s'était emparé de tout son corps. « Plus jamais ça. » Ce fut sa dernière pensée, avant qu'il ne rejoigne enfin les bras de Morphée, pelotonné sous les draps rugueux et glacés du lit.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] YOU'RE MY BEST FRIEND, I'LL LOVE YOU TIL' ONE OF US DIES
Après la mort de son père, Léonard s'est lentement refermé sur lui-même. Il passait le plus clair de son temps cloîtré dans sa chambre, ne souriait plus, ne parlait plus, et il vint un moment où il refusa même de manger. Le petit garçon plein de vie et en pleine santé qu'il avait été autrefois tenait davantage du pantin désarticulé, désormais. Plus les jours passaient, plus son visage émacié semblait perdre ses couleurs, tout cela sous les yeux de sa mère qui, après avoir perdu son mari, assistait à la lente déchéance de son fils, impuissante et désemparée. Cette situation ne pouvait clairement pas continuer de la sorte. Elle finit par l'envoyer consulter un psychomage, puis deux, puis trois, auxquels il refusait obstinément d'adresser la parole, se contentant de répondre à leurs questions par des regards farouches. Il ne se plaignait jamais, ne pleurait jamais, mais la douleur pouvait aisément se lire au fond de ses prunelles bleues brillantes de colère, contre ce monde qui lui avait arraché son père, son modèle ; contre ce monde qu'il ne comprenait pas et qui lui semblait tout à coup devenu terrifiant. Lorsqu'il eut six ans, sa vie bascula de nouveau. La rentrée de 1963, il s'en souvient comme si c'était hier. Comme à son habitude, il était seul. Depuis le début de sa scolarité, un an plus tôt, il ne s'était pas véritablement fait d'amis, tous ceux qui avaient essayé de l'approcher n'avaient essuyé qu'un silence pesant et un regard méfiant de sa part. Le jeune Léonard préférait déjà, à la compagnie des êtres humains, celle des livres et des secrets qu'ils renfermaient. De toute façon, ses camarades n'avaient pas été nombreux à s'intéresser à lui, ils se contentaient pour la plupart de le dévisager avec curiosité et de chuchoter dans son dos. Il ne s'attendait pas du tout ce jour-là à ce que la place à côté de lui, d'ordinaire toujours vide, trouve enfin preneur. Quelle ne fut pas sa surprise, lorsqu'il vit s'approcher de lui cette petite fille aux yeux bruns étincelant d'un feu qu'il n'avait jamais retrouvé chez qui que ce soit d'autre. Quelque chose chez elle l'intriguait, il n'aurait su dire quoi. Peut-être était-ce le sourire malicieux qu'elle arborait sans cesse, ou bien cette manière qu'elle avait de le regarder, sans méfiance, sans rancœur, pas comme les autres enfants. Elle semblait différente. Rien que son prénom ne ressemblait à rien de ce qu'il avait pu voir jusqu'à présent, et pourtant Merlin sait qu'il en avait vu des choses, malgré son jeune âge. Prism. L'énigmatique Prism au sourire mutin. Aussi extravertie qu'il était timide, aussi rayonnante qu'il était silencieux. Il n'avaient rien en commun, strictement rien qui aurait pu les pousser à se rapprocher, encore moins à s'entendre. Et pourtant... Seize ans plus tard, les liens qui les unissent n'ont jamais été aussi forts. Elle fut la première à tenter de comprendre Léonard, à plonger dans ses yeux couleur océan à la recherche de celui qu'il était vraiment, à voir au-delà des apparences. Leur amitié fut scellée ce jour-là, autour d'une tasse de thé. Un thé vert raffiné au goût sucré, parfumé d'épices douces, de fleurs blanches et de pétales de mauve, le thé des Impressionnistes. Sans doute celui qu'il préfère parmi tous ceux que sa mère a pu lui faire goûter au cours de sa vie. Son parfum est unique et envoûtant, mélangeant jasmin, lavande et vanille dans une explosion de saveurs, aussi pétillant que le regard de son acolyte de toujours. À chaque fois qu'il lui arrive d'en boire aujourd'hui, ses effluves chargées de souvenirs ne manquent jamais de peindre sur ses lèvres un sourire tendre et jovial, et c'est toujours avec le plus grand plaisir qu'il se délecte de ce thé vif et coloré qui lui rappelle celle qui fut sa première véritable amie.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] HOLD BACK THE MELANCHOLY, HOLD BACK THE FEAR, DARLING, IT'S A CRIME
Au cours des années qui suivirent la mort de son père, Léonard et sa mère se sont petit à petit isolés du monde extérieur, s'exilant dans leur immense hôtel particulier parisien, loin de l'agitation mondaine qu'ils avaient toujours connue jusque là. Cela ne faisait pas une grande différence pour Léonard, il avait plus ou moins toujours été solitaire, et ces grandes réceptions où il était parfois forcé d'accompagner ses parents l'ennuyaient plus qu'autre chose. Il avait l'habitude d'errer pendant des heures dans les longs couloirs silencieux et dans les pièces vides et sombres de la résidence familiale, un livre ou deux à la main, laissant libre cours à ses pensées. Le plus dur, en vérité, était d'entendre résonner les sanglots étouffés de sa mère, qui passait alors le plus clair de son temps cloîtrée dans sa chambre, laissant aux domestiques le soin de s'occuper de son fils. S'il n'avait pas rencontré Prism à cette époque, Merlin seul sait ce qu'il serait advenu de lui. Même s'il ne l'a jamais vraiment exprimé, l'éloignement de sa mère le rendait infiniment triste, et il trouvait chez son amie et sa famille bien plus nombreuse que la sienne un certain réconfort. Et puis un beau jour, lorsqu'elle revint de l'un de ses voyages – qui se faisaient d'ailleurs bien rares depuis quelques temps – sans qu'il sut vraiment pourquoi, sa mère qui n'avait pas montré le moindre signe d'allégresse depuis près de trois ans, esquissa enfin un sourire. Sourire qui ne quitta d'ailleurs plus ses lèvres pendant plusieurs mois. Elle avait souvent l'air rêveur, et Léonard voyait arriver deux à trois hiboux par jour, chargés de lettres dont le destinataire lui demeurait inconnu car elle ne le laissait pas approcher de son courrier. Petit à petit, elle recommença à sortir, de plus en plus souvent, rentrant de plus en plus tard, parfois même pas du tout, mais toujours ce même sourire béat collé aux lèvres. Elle ne lui disait jamais où elle allait et le garçon sentit bien vite qu'il y avait anguille sous roche, car ce n'était pas le genre de sa mère d'avoir des secrets. Et puis il y avait toujours cet étrange parfum boisé qui collait à ses vêtements à chaque fois qu'elle revenait... Mais il ne chercha pas plus loin, elle semblait aller mieux, reprendre vie, et c'était tout ce qui comptait. C'est un soir de décembre que le mystère fut enfin résolu. Je ne saurais décrire l'angoisse sourde qui s'empara de Léonard, alors âgé de neuf ans, lorsqu'au soir du vingt-quatre décembre, un parfait inconnu se présenta à la porte de leur hôtel particulier. Il aurait aimé que tout cela soit juste un dîner d'affaires des plus banals comme sa mère avait l'habitude d'en donner avant, il voulait croire que cet homme n'était rien d'autre qu'une connaissance sans importance particulière, mais les effluves d'agrumes et de bois étrangement familières qui accompagnaient chacun de ses pas ne tardèrent pas à lui prouver qu'il avait tort. Le jeune garçon serra les dents, observant d'un œil farouche et sévère cet intrus pénétrer dans sa maison. Il était la première personne, en dehors de sa mère et lui, à mettre les pieds chez lui depuis la mort de son père. L'homme fit mine de s'intéresser à lui, essayant tant bien que mal de lui faire la conversation, mais Léonard n'avait que faire de ses manières. Il n'aimait pas ce regard condescendant qu'il posait sur lui, ni son sourire affable qui sonnait terriblement faux, et encore moins la manière dont il regardait sa mère. Sa mère l'obervait depuis le début, une lueur inquiète au fond du regard. Elle avait quelque chose à lui dire, il le sentait, mais elle ne semblait jamais trouver le bon moment. Ce fut au cours du repas que l'orage éclata finalement. « Léonard, mon chéri... Il faut que je.. Que nous te disions quelque chose. » Il sentit alors son cœur se mettre à cogner contre sa cage thoracique, et lorsqu'elle vint agripper la main de l'homme assis à ses côtés, il devina sans même qu'elle ait besoin de prononcer les mots ce qu'elle s’apprêtait à lui dire. Mû par une pulsion soudaine, il se boucha les oreilles et courut se réfugier dans sa chambre – à défaut de pouvoir aller ailleurs, essayant de mettre le plus de distance possible entre lui et ce cauchemar naissant. On lui avait déjà ravi son père, et voilà que maintenant on allait aussi lui prendre sa mère. Il aurait voulu hurler, lui dire tout ce qu'il avait sur le cœur, mais les mots restaient coincés dans sa gorge et il refusait catégoriquement que sa mère le voie dans cet état, aussi terrifié et démuni. Il n'y avait pas d'échappatoire. Et le comble de l'horreur se présenta à lui lorsqu'il découvrit que celui qui était venu chambouler sa vie avait un enfant. Léonard était devenu fou de rage ce jour-là. C'est d'ailleurs à cette occasion que ses pouvoirs se sont manifestés pour la première fois, sous la forme d'une pluie torrentielle aussi violente qu’inattendue qui inonda littéralement tout le salon, ainsi que celui qui était désormais son beau-père. Il se souvient du jour de leur mariage comme de l'un des plus sombres de sa vie. Il l'avait passé assis dans un coin, une tasse de thé sur les genoux, à ruminer des idées noires. Il s'en voulait de ne pas éprouver la joie qu'il aurait dû ressentir à l'idée que sa mère soit enfin heureuse après toutes ces années de solitude et de deuil, il se détestait d'être aussi jaloux, de lui en vouloir car elle avait remplacé son père, d'avoir si peur qu'elle ne l'aime plus comme avant. L'idée qu'il ne soit désormais plus le seul dans le cœur de sa mère lui était insupportable, et il avait beau se trouver horriblement égoïste d'éprouver une telle chose, c'était plus fort que lui, la colère le rongeait littéralement. Il passait alors le plus clair de son temps chez Prism, n'ayant pas la moindre envie de croiser ces intrus qui s'étaient emparés de ce qu'il considérait de moins en moins comme sa maison, à présent. Elle était son point de repère au milieu de la tempête, cette flamme qui réchauffait son cœur glacé de rancœur, elle était la lumière qui venait éclairer ses ténèbres, celle vers qui il savait qu'il pourrait toujours se tourner. Plus les années passent, plus le fossé entre le jeune homme et sa belle-famille semble se creuser, et plus sa haine viscérale à l'égard de cet autre enfant – qu'il est bien loin de considérer comme faisant partie de sa famille, mais plutôt comme un adversaire à éliminer – augmente.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] I am tormented with an everlasting itch for things remote
Mon chéri, Je me permets de te rappeler que nous prenons le portoloin pour Londres lundi matin à huit heures précises, ne sois pas en retard. J'ai déjà fait ranger ta chambre à la maison et envoyer toutes tes affaires à l'avance, donc tu n'auras à te préoccuper de rien. Et ne t'en fais pas, tout va bien se passer.
Je t'embrasse, Maman
Le jeune homme, alors âgé de vingt-trois ans, avait tourné et retourné ce parchemin entre ses doigts nerveux, l'avait relu des dizaines de fois jusqu'à s'en brûler les yeux, avant de le rouler en boule rageusement et de le balancer dans le feu de cheminée qui réchauffait doucement la salle de réception des De Chateaubriand. Cela faisait plusieurs semaines déjà que ce départ était prévu, mais pourtant Léonard n'avait toujours pas réussi à réaliser que sa vie était en train de prendre un nouveau tournant. Ce bout de papier sonnait la fin de l'existence paisible qu'il avait toujours connue, partagée entre son école et son hôtel particulier en plein cœur de Paris. Plus qu'une journée et il quitterait le territoire français pour une durée indéterminée. Lorsque sa mère et son satané beau-père le lui avaient annoncé, il avait tout d'abord cru à une blague. Lui faire quitter Beauxbâtons ainsi, en plein milieu d'année scolaire, qui plus est pour se rendre dans un pays en guerre, c'était tout bonnement impensable. Et pourtant, c'était bel et bien la réalité, il s'en rendait compte peu à peu. Il savait parfaitement que son beau-père était l'instigateur de cette décision, et il ne l'en détestait que davantage pour cela. Même si au fond ce n'était pas vraiment de sa faute, mais plutôt celle de son métier : Chercheur spécialisé dans l'étude des patronus. Il avait été muté à Londres à cause de l'étrange épidémie qui s'était récemment emparée d'un nombre effarant de jeunes sorciers et de leur compagnons animaux. Et puis, en parallèle de cela, sa mère avait décidé d'étendre son commerce du thé jusqu'au Royaume-Uni ; et ainsi agrémenter l'avenue principale du très charmant petit village sorcier de Pré-Au-Lard, d'une succursale de leur prestigieux salon de thé parisien. Cela ne faisait aucun doute qu'il aurait du succès auprès des sorciers anglais. De tous les changements qui survenaient dans sa vie à cet instant, ce dernier était celui que Léonard trouvait le moins négatif. S'il devait aller vivre à Poudlard pendant quelques temps, il serait bien content de trouver le salon de thé de sa mère non loin pour lui rappeler son pays natal. Mais tout semblait le pousser inexorablement vers ce pays par-delà la Manche, dont il avait souvent rêvé sans jamais véritablement envisager de s'y rendre un jour. Maintenant qu'il était amené à s'y rendre, il voyait s'ouvrir devant lui une infinité de possibilités, d'opportunités auxquelles il l'avait jamais réfléchi, et cela l'effrayait au moins autant que cela le fascinait. Et puis... C'était sans compter que son idole de toujours, Leviathan Faust, enseignait dans la très célèbre école de magie anglaise. C'était sans doute cette perspective, de pouvoir le côtoyer tous les jours et profiter de son savoir, qui l'avait convaincu de ne pas abandonner sa famille et de ne pas la laisser partir sans lui, comme il avait tout d'abord voulu le faire. Il avait dû faire des compromis. Prism allait lui manquer terriblement, et il regretterait aussi sans doute de ne plus pouvoir aller faire de longues marches dans la forêt des landes qui entourait Beauxbâtons, de ne plus pouvoir se promener dans les jardins paisibles du domaine, ni aller fumer sa cigarette à la pause de midi dans la cour intérieure. Oui, beaucoup de petites habitudes qu'il avait prises au fil des années allaient tout à coup disparaître de sa vie, et il lui faudrait certainement un temps d'adaptation. Mais même s'il avait peur et qu'il était aussi un peu triste, l'inconnu l'attirait inexorablement, et il sentait en lui cette soif insatiable de savoir l'envahir. Une nouvelle aventure s'offrait à lui, et il était bien décidé à ne pas la laisser lui filer entre les doigts.
Ma très chère Prism,
Je t'écris ces mots depuis le balcon de notre nouvelle maison, à Londres, juste à côté de Hyde Park. Le jardin est très plaisant, il est planté de longues rangées de rosiers qui ne sont pas sans me rappeler ceux des jardins de Beauxbâtons. Ceux que tu t'amusais toujours à changer de couleur, tu te souviens ? Ce sera sans doute magnifique, au printemps, quand ils auront fleuri. J'aimerais que tu sois avec moi pour le voir. Cela ne fait que deux jours que je suis parti, et tu me manques déjà terriblement, si tu savais... J'ai encore l'impression d'entendre ton rire, parfois, et d'apercevoir ta silhouette du coin de l’œil, me suivre comme une ombre. Je te promets de revenir aussi souvent que possible. À chaque vacances, et peut-être même les week-ends, si j'en ai la possibilité. En attendant, prends soin de toi.
Je t'aime, Léonard
Dernière édition par Léonard O. Saint-Saëns le Dim 6 Sep - 21:12, édité 11 fois
….. …. Trop de feels LEOOOONARRRDDDD TA LETTRE Bref, Nanard c'est le plus beau et même si Prism a piqué le visage d'Eugénie ( ) c'est pas grave, parce qu'elle aime Léonard plus que tout
Et que Levi va lui faire des bébés àLéopasàPrismhen