Il était une fois, un garçon, un garçon prénommé River. Ton existence est un peu particulière puisque tu nais dans une famille de sorcier, rejoignant comme des milliers d’autres individus avant toi le monde très secret de la magie. Ta naissance vient celer l’amour de tes parents, eux-mêmes sorciers, et cet heureux événement vient irradier leur monde de bonheur. Tes premières années sont heureuses, et tu passes ta petite enfance dans un foyer emplit d’amour, choyé et chéri. Rapidement, la famille s’agrandit et tu es suivi par deux autres garçons, tes frères, respectivement plus jeunes de un et deux ans. Ils se prénomment Cyan et Tarragon et sont comme toi, deux bambins absolument adorables et comblés.

Né dans une famille uniquement composée de sorciers et de sorcières, ta venue est une bénédiction pour son sang qui se voit enfin renouvelé. La famille de ton père est une très ancienne et auguste famille de sang purs, où l’on est sorcier de pères en fils. C’est sa diversité culturelle et géographique qui l’a toujours démarquée des autres, et la pureté de son sang n’a fait qu’accroître son prestige. Mais aujourd’hui sa grandeur semble être en danger à cause de son dénombrement de plus en plus inquiétant de générations en générations. Elle reste  malgré tout une famille respectée et respectable.
Le jour de ta naissance a aussi été celui de la mort de ton grand-père paternel. C’est en son souvenir et en son honneur que l’on t’a attribué son nom. C’était un sorcier dur avec les siens mais profondément bon et juste, dont la mémoire hante encore beaucoup la famille aujourd’hui.  

Pour ce qui est de la famille de ta mère, elle est aux antipodes de celle de ton père, modeste et sans prétention. Son sang n’en est toutefois pas moins cristallin malgré la présence de quelques crackmols. C’est une petite famille et ton arrivée a aussi été vécue comme un heureux événement. Toutefois ta mère, fille unique, n’a jamais été très proche de ses propres parents et tu as donc entretenu  dès lors des rapports plutôt lointains avec cette partie de ta lignée.

La vie semblait t’ouvrir ses bras, prometteuse, heureuse, et pleine de réussite. Mais la vie est une petite farceuse, elle aime bien faire des blagues. La vie aime l’ironie.

Tu n’as que quatre ans lorsque ta vie bascule. Les événements restent troubles et flous pour tes yeux d’enfants. Tu ne saisis pas l’ampleur des événements mais tu sens qu’il se passe quelque chose, quelque chose de grave qui viendra marquer le restant de ta vie.

Ton père quitte le domicile familial pour ne plus jamais y revenir. Abominable déchirure, l’enfant comblé et joyeux que tu étais est perdu à tout jamais. Trop jeune, tu ne gardes aucun souvenirs de lui, à part un. Au fil des années tu ne développes que dégoût et mépris pour cet homme que tu as si peu connu, et s’en devient quasi maladif. Cette rage et cette colère, tu les retournent contre ta mère que tu juges inintéressante et incapable de quoi que ce soit qui puisse recevoir ta reconnaissance. L’enfant terrible que tu deviens effraye ta mère. Toi le bambin si paisible et sensible semble peu à  peu perdre toute humanité. Désarmée, elle décide de te confier. A huit ans tu es placé dans un centre pour garçons dans lequel tu restes jusqu’à ton entrée à Poudlard.

Abandonné, encore, toujours. L’histoire semble se répéter pour toi. Ce nouvel abandon, tu le vis très mal, une fois de plus. Tu te murs à présent dans le silence, rongé par le sentiment d’être incompris de tous et envahit par des besoins de vengeance.  Tu veux te venger, de cette vie qui ne te fait plus de cadeaux. Tu en veux à ta mère. Elle n’a pourtant qu’essayé de remplir son rôle, démunie et seule pour élever ses trois garçons. Mais tu étais devenu ingérable, agressif, brutal et impétueux. L’autorité tu ne l’entendais pas et tout ce que tu t’autorisais à ressentir c’était de la colère, furieux après tout et tout le monde. Des trois frères, c’est toi qui a payé le prix le plus élevé. Tu n’étais peut-être pas si petit que ça finalement, et de ton regard d’enfant tu as bel et bien compris l’acte de ton père, lâche et faible. Quoi de plus atroce que de comprendre cela pour un enfant. Peut-être aussi parce que c’était toi le plus sensible, le plus réceptif, le plus fragile des trois garçons. Quoi qu’il en soit tu n’as jamais su pourquoi il était parti, et encore moins ce qu'était devenu cet homme autrefois appelé « Papa ». La seule chose que tu as gardé de tout ça c’est ton pauvre cœur, brisé et troué à tout jamais.

Las de rire de toi, la vie t’accorde un peu de répit. Et une période plus heureuse de ta vie commence avec ton entrée à Pouldard. Tu découvres enfin le monde magique jusque-là vaguement fréquenté. Ton entrée à l’école t’est entièrement bénéfique, tu t’épanouis dans cet univers tel un poisson dans l’eau. Tu grandis et les blessures se referment laissant place à des cicatrices, malgré tout toujours sensibles et douloureuses. Ta fureur et ta rancœur tu ne les exprimes plus aussi directement qu’auparavant, elles se transforment en un cynisme à toute épreuve et un manque d’empathie assez incroyable. La maison Serpentard t’accueille à bras ouverts et tu t’y plais plutôt bien malgré leur obsession malsaine pour la pureté du sang. Les années passent, les esprits s’apaisent et la vie suit son cours. Brillant élève tu es diplômé, à l'âge de 22 ans, avec les honneurs et tu entres au Ministère de la Magie comme tu en avais toujours rêvé. Très rapidement tu intègres la brigade des tireurs d’élite, devenant l’un des plus jeunes sorciers de l’histoire de la magie à occuper ce poste.  Tu es doué, s’en est presque agaçant. Ton nom commence à circuler, on sait qui tu es, on se presse pour te saluer. Te voilà enfin à la place que tu avais toujours enviée, tu la tiens enfin ta revanche sur la vie.

Son rire raisonne. Haha, parce que tu croyais que tu allais t’en tirer si facilement. La vie n’a pas dit son dernier mot. Elle te rattrape, tu trébuches et te voilà qui flanche, un genou à terre, le visage dans la boue et ta dignité émiettée.

C’était un soir d’intervention. Le grand soir. C’était toi qui dirigeais. Ta première fois. Un loup garou meurtrier qui faisait des ravages aux alentours de Londres. Le choix avait été fait de le capturer un soir de transformation, moins à l’affût, trop occupé à répondre à l'appel de la lune, il aurait dû être plus facile à avoir. Sauf que voilà comme toujours rien ne se passe jamais comme prévu. Une erreur d’appréciation de ta part et te voilà pris au piège sous les canines de la bête fauve. La morsure est douloureuse, une douleur physique mais surtout mentale, car au moment précis où les crocs s’enfoncent dans ta chair tu comprends. Tu comprends que s’en est fini pour toi, tout est perdu. Que tu es perdu. Une fois de plus l’ironie de la vie te frappe de plein fouet. Tout ce que tu combattais, tu le deviens. Te voilà à ton tour le symbole de ce que contre quoi tu te battais.

La chute est longue et l’atterrissage pénible. Toi loup-garou, tu ne peux plus être tireur d’élite, hors de question. Mais le Ministère de la magie te propose un poste au siège, histoire de te laisser une chance de t’en sortir. Seulement voilà ton ego n’est pas de cet avis, démesuré il t’ordonne de démissionner, ce sera tout ou rien, et comme tu ne peux pas tout avoir, tu n’auras rien. Fierté sous le bras, tu claques la porte du Ministère.

Et maintenant que fais-tu ? Tu ères sans but et sans refuges. Et cette débauche, cette fuite sans fin dure une année, une année entière de solitude et de haine de toi. L’homme fier et fort que tu étais laisse tomber le masque, et ta fragilité éclate au grand jour, plus évidente que jamais. Les jours sont longs et les nuits interminables. Tu vis dans la crainte de chaque pleine lune, dans l’effroi de te transformer en cette immonde et cruelle créature. Tu n’arrives pas toujours à te procurer de la potion tue-loup à temps et l’absence de l’élixir ne se fait que trop ressentir. Tu ne vis plus, tu survis.
   
Jusqu’à ce que le directeur de Poudlard vienne te chercher, en personne. Il te tend la main avec tolérance et bonté, à l’image de l’école qu’il dirige. Cette même école qui t’as apporté pour un temps du réconfort et du répit. Il lui en faudra de la patience au vieux sorcier pour te convaincre, mais tu finis par succomber. L’instinct de survie est trop fort pour te laisser sombrer, et cette main tendue tu finis par la saisir.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres. C’est dans cet état d’esprit que tu fais ton retour à Poudlard, alors que la maladie des patronus fait des ravages, tu prends tes fonctions. Cette tragédie fait bien tes affaires. Personne ne fera attention à toi dans de telles circonstances et ça t’arrange bien. Arriver en cours d’année provoque nécessairement des interrogations et attise la curiosité malsaine des gens, mais lorsque la maladie frappe à votre porte elle accapare toute l’attention.

Les débuts seront durs c’est certains. Mais comme à chaque fois tu ne te laisseras pas faire. Tu es un battant, un combattant.

Il était une fois… Une histoire, cette histoire, ton histoire. Elle se commence comme une fable, mais malheureusement sa fin n’est pas celle des contes de fées. Ceci est le récit de ta vie, ceci est ton histoire, une histoire funeste et tragique comme on trouve tant dans la vraie vie.