NAISSANCE – C'est étrange comment un événement telle qu'une naissance puisse susciter des émotions si différentes, et pas forcément pour les bonnes raisons. En général, la venue au monde d'un nouvel être, est synonyme de bonheur car on s'apprête à donner la vie, et à accueillir un enfant issu d'un amour entre deux êtres. Dans le cas présent, et dans le clan Avery, on attendait cet enfant pour une seule et bonne raison : la perspective d'un avenir brillant de mille feux pour la dynastie Avery. L'espoir que cet enfant, serait peut être le descendant qui ferait de ce nom, un nom célèbre et redouté à sa juste valeur. Et c'est dans cette ambiance légèrement lugubre, que Swann Erza Avery vit le jour, au sein de la demeure familiale. Il pleuvait en ce 23 avril de l'année 1961. Malgré la pluie, il faisait plutôt doux en cette période de l'année. Des rayons parvenaient à percer la masse nuageuse qui semblait s'être assemblée seulement au dessus de la demeure des Avery. De ses quelques rayons de soleil qui franchissaient les nuages, certains parvenaient à éclairer cette grande demeure, et une certaine chaleur se dégageait de ses rayons. Une belle journée pour voir le jour, mais peut être pas la meilleure des maisons.Car cette ambition rongeait la famille Avery depuis plusieurs générations à présent, l'entraînant sur des chemins peu recommandables. Mais de cela, nous en parlerons à un autre moment, car des cris retentirent au loin, dans une des pièces de la maison, un cri qui fit écho dans l'ensemble de la demeure et ne pouvait laisser personne indifférent. Ces cris furent les premiers sons émis par Swann. On dit d'un enfant qui pleure à la naissance, que c'est un enfant en bonne santé. Swann, comme une grande majorité des nourrissons, était à croquer, avec ses grands yeux d'une teinte azur dans lesquels on pouvait plonger et se noyer sans la moindre difficulté. Des yeux déjà débordant de fougue et de curiosité par rapport au monde qui l'entourait. C'est étrange à quel point les choses peuvent paraître belles quand on ne les comprends pas, n'est-ce pas ?

ENFANCE – De ses premières années, Swann n'en garde aucun souvenir. Mais c'était sans doute mieux ainsi. Sa famille s'occupait d'elle comme s'il s'agissait du joyau de la famille. Commencer à empoisonner l'esprit d'un être dès son plus jeune âge était la solution la plus efficace pour arriver à ses fins. Changer la façon de penser d'un adulte afin de lui faire acquérir vos valeurs était extrêmement plus compliqué que de façonner la façon de penser d'un enfant. La vie de Swann se délimita donc à l'enceinte de la demeure familiale. Et dès son plus jeune âge elle plongea dans l'univers de la magie. Rien, dans cette maison, n'était dissocié de la magie, ce qui pouvait sans doute laisser rêveur. La richesse de l'intérieur de cette maison fut très efficace pour que l'idée de sortir n'effleure pas l'esprit de Swann, du moins au début. Mais la naissance de son frère vint bouleverser ce qui semblait être un paradis pour n'importe quel enfant. Bien qu'elle soit trop jeune pour comprendre la totalité des événements, la venue de son frère fut à l'origine d'une « joie » (pour ne pas dire folie) encore plus importante que lors de sa naissance. Enfin un mâle, un héritier qui pourrait permettre au nom Avery de persister, et un sorcier qui pourrait démontrer la puissance et la grandeur de la famille. Bien qu'il ne soit pas l’aîné, Shawn Ezra Avery devint à l'instant même de sa venue en ce monde, l'être le plus important de cette famille.

Bien que sa propre importance aux yeux de la famille soit sensiblement diminuée depuis la naissance de Shawn, Swann, bien trop jeune pour en comprendre le sens, aimait beaucoup son petit frère. Seule, elle ne l'était plus désormais. Bien qu'elle avait conscience qu'elle ne devait pas ressentir une telle chose, c'était sans importance. Oui, en effet, alors qu'à cet âge, la plupart des enfants jouent et rigolent suite à leurs bêtises, ici, c'était différent. On n'avait pas le temps pour rire ou pour faire des choses aussi navrantes. On lui répétait sans cesse d'être plus forte, et de s'affranchir des sentiments, qui étaient des obstacles dans la quête du pouvoir. Chaque année, la difficulté ne cessait de croître. Swann passait son temps dans la bibliothèque de la demeure familiale, non pas qu'elle le veuille, elle n'avait guère le choix. Elle ne pouvait faire qu'une seule chose dans cet espace lugubre : lire. Bien que le but premier fut que Swann développe ses connaissances sur la magie, ce fut aussi un moyen pour elle de s'échapper, d'une certaine façon. Certes, tous les livres ne lui permettaient pas de s'évader, mais certains bouquins, évoquant les différentes créatures existantes, ou encore ceux évoquant l'histoire de la magie étaient passionnants. La magie elle-même était tout simplement fascinante aux yeux de Swann. A l'image de la vie, elle possède ses propres règles, et elle est à l'origine de choses spectaculaires. C'est pourquoi Swann ne parvenait guère à comprendre sa famille, et cette obsession, cette avidité pour le pouvoir. Pour elle, être une sorcière était déjà une chance. Et en pensant à tous ces moldus, qui ne connaissaient rien de son monde, elle ressentait même une pointe de peine pour eux. Mais s'il y avait bien une chose qu'elle n'avait pas le droit de faire, c'était bien de parler des moldus. Sa famille, à l'image de quasiment toutes les familles de Sang-Pur, éprouvait une haine incommensurable à leur égard. C'était sans doute encore pire pour les Sang-de-Bourbe. La pureté du sang fut une notion qu'elle eut du mal à comprendre dès les premiers instants. Bien qu'au début cela la laissa plus que perplexe, avec le temps et le bourrage de crâne effectué sans relâche, elle finit par acquérir cette notion là, et appréciait son statut de Sang-Pur. Peut être même commença-t-elle à apprécier son nom, et en être fière. Imaginez-vous, chaque jour, le même discours, et pas le moindre moyen d'y échapper. Au final, même si on ne le souhaite pas, on commence à le penser, voir à acquérir le même discours. Sachant qu'à la moindre rébellion, il y avait une sanction. Si en ce moment même vous pensez à une petite engueulade ou une petite fessée, vous êtes bien loin du compte. Une fois, Swann ne désirant pas être séparée de son frère, s'est comportée comme le ferait n'importe quel enfant, en montrant son mécontentement de manière assez bruyante. Sa sanction fut d'être enfermée dans le grenier, sans lumière et sans manger, tout un week-end. Autant dire, qu'après ça, on évite de recommencer.

Malgré son jeune âge, Swann était souvent près de ces parents quand ils avaient des invités, ou qu'un événement les concernant avait lieu. On connaissait les Avery pour leur attirance grandissante envers la magie noire, et Swann n'y échappa pas. Très tôt, elle fut initiée à ces fondements, et elle eut vent de certaines conversations qui vous ferez froid dans le dos. Cependant, son monde se limitait à ça, et elle ne parvenait guère à le voir autrement. C'est pourquoi, malgré le fait qu'elle ne puisse comprendre l'ensemble des enjeux, elle faisait de son mieux pour que sa famille soit fière d'elle. Même si, dans le fond, elle n'avait jamais eu un autre choix à part celui-ci.

POUDLARD –  On pourrait décrire son entrée dans l'école, comme ses premiers pas dans le monde réel. A l'image d'une enfant, elle pouvait enfin toucher du bout des doigts tout ce qu'elle avait lu dans ses bouquins au cours des années précédentes. C'était magique et étrange en même temps. C'était la première fois qu'elle quittait la demeure familiale, et qu'elle se séparait de son frère. C'était sans doute ce qui l'inquiétait le plus. Le savoir seul, dans une famille de vipères. Au fond, elle espérait qu'il saurait affronter ça, et qu'il ferait le choix d'être qui il est, et non pas comme l'on voudrait qu'il soit. Pourtant, Swann était incapable de dire qui elle était. Une Avery, et après ? Y avait-il quelque chose d'autre derrière ce nom ?

Poudlard eût un rôle déterminant dans la vie de Swann. Sans doute peu de personne peuvent imaginer ce que l'on peut ressentir, quand pour la première fois, on sort des sentiers connus, pour plonger dans l'inconnu. L'inconnu n'étant sûrement pas un terme assez exhaustif pour décrire cela. Swann était enfin...ailleurs. Entourée de nombreux sorciers, de même âge ou plus vieux, et dans un château regorgeant de magie. Bien que Swann ne savait guère comment aborder cette nouvelle situation, elle appréciait être là. C'était étrange, mais c'était la première fois ou elle se sentait réellement vivante. Et elle n'avait qu'une hâte : faire ses preuves.

Le choixpeau décela très rapidement son intelligence, et surtout, son ingéniosité. Swann possédait déjà un esprit très vif, réactif et intuitif. Elle suivait souvent mon instinct malgré ce qu'on pouvait lui dicter, et en général, ça lui réussissait plutôt bien. Et dieu sait qu'elle était douée pour manigancer et concocter des plans afin de déroger les règles. Des règles, elle en avait eu toute sa vie, et il était hors de question que ça continue. Ce sentiment de liberté que lui apportait Poudlard n'avait pas de prix. Dotée de sa baguette et de ses connaissances sur la magie, elle avait l'impression de sentir la magie coulait dans ses veines. Douée, elle l'était, et ses professeurs furent les premiers surpris. Sa détermination était sans faille, et elle désirait être la meilleure. Après tout, elle n'avait que ça. Ses connaissances, ses talents en magie, et son statut. C'était ce qui la définissait, car tout le reste n'était que noirceur et solitude.

Personne ne savait qu'il existait deux facettes chez Swann. La première, était la facette façonnée par sa famille pendant toutes ces années, et qui faisait sûrement d'elle une personne peu recommandable. Quant à l'autre facette, c'était celle d'une petite fille perdue, et qui semblait errer comme un fantôme dans sa propre vie. Son propre frère ne devait connaître l'existence de cette seconde facette, qui était lourdement protégée derrière son comportement désinvolte et provocateur. Le pire étant sans doute de savoir que son propre frère ne la voyait pas comme elle pouvait le voir. Elle ne pouvait s'empêcher de l'aimer tout simplement, même si elle connaissait plus que bien la première règle des Avery : Ne rien ressentir pour mieux pouvoir atteindre ses objectifs. Et son frère mieux que quiconque y parvenait très bien. En sa présence, son regard s'attendrissait, et en cela, il constituait son point faible. Parfois, elle avait l'impression qu'il avait honte d'elle, comme si son comportement était tout simplement pathétique. Mais dieu sait qu'elle était prête à défouler toute sa colère sur le premier sorcier qui oserait ne serait-ce que lui faire une égratignure.Et malgré ce rejet apparent de la part de son frère, il restait son frère. Mais cela ne fit que l'emprisonner un peu plus dans ce sentiment de solitude. Au final, c'était comme si elle n'avait jamais quitté la prison que constituait leur demeure.

THE GUARDIAN OF MY HEART –  Les choses commencèrent à changer à partir de ce fameux Noël 1978. Bien que lorsqu'elle était enfant, elle aimait s'imaginer des choses plus extraordinaires les unes que les autres, jamais elle n'aurait pu imaginer ce qui était sur le point d'arriver, alors que le monde de la magie traversait des périodes bien sombres. Bien que le pire ne tarderait pas à frapper le monde des sorciers, cette nuit-là, ne pouvait être effacée, même si pour beaucoup, la magie qui vit le jour en cette journée de fête n'était que le fruit d'un échec. Le but de cette magie était de sauver le monde de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, et au final, cette magie donna vie aux patronus de chaque sorcier, sauf pour les adultes. Et c'est grâce à cette magie, que Samaël fit son apparition près de Swann. Il incarnait le reflet de son âme, une part d'elle-même dont à présent elle ne pouvait se séparer. Et elle n'osait pas imaginer si un jour, cette magie cessait d'exister, et qu'il viendrait à disparaître comme s'il n'avait jamais existé. C'était sans doute sa plus grande peur à l'heure actuelle. Et l'apparition de l'épidémie n'arrangea pas vraiment les choses. Bien qu'immunisée sans le savoir, elle devait se battre contre cette peur de le perdre au quotidien. Elle voulait comprendre la magie à l'origine des Patronus, et surtout, faire en sorte qu'elle ne s'éteigne jamais.

Ce rôle de «gardienne» si on peut dire ça ainsi, elle l'endossait depuis bien longtemps. Cela débuta avec son frère, avant de se poursuivre avec Samaël. Un besoin qui impacta aussi son choix de parcours, car contrairement aux demandes soutenues de sa famille, elle décida de continuer ses études dans l'offensive magique.Elle, dont l'éducation était orientée de façon à former ce qui serait un arme dans la quête de pouvoir des Avery, décida de s'orienter dans un parcours qui ne faisait que concrétiser ce pourquoi elle avait enduré tout ça. Une arme, c'est ce qu'elle deviendrait. Qui servirait-elle ? C'est une toute autre question.