Nom: d'Arcy • Patronyme typiquement français qui n'est guère connu que dans son pays d'origine. Ce n'est pas une famille particulièrement crainte ou reconnue. D'ailleurs, s'ils devaient avoir une renommée, elle serait basée sur la musique plutôt que sur la pratique de la magie.
Prénom: Eridani • Porter le nom d'une constellation, ça le fait, non ?
Âge et Date de Naissance: 43 ans • Né le 21 mai 1938
Nature du sang: Pur
Situation familiale: Célibataire • Coupé de sa famille depuis une dizaine d'années et en très mauvais termes avec ses parents. Eridani ne veut plus en entendre parler, c'est l'un des rares sujets qui le mettent en colère. Il aimerait bien renouer avec sa petite sœur, mais il ne trouve pas la force de le faire.
Patronus: Renard
Miroir du Rised: Le plus grand rêve de ce sorcier aux goûts simples n'a rien de fantastique. Tout ce qu'il souhaite est de pouvoir mener une existence tranquille, avec sa musique, son travail d'enseignant, et pourquoi pas dénicher quelqu'un pour passer le reste de sa vie à ses côtés. Pas de mégalomanie chez lui, donc.
Composition de la baguette magique: Crins de Licorne et bois de sapin. Rien de plus, et rien de moins !
Epouvantard: A la seule pensée qu'on puisse lui arracher Sigyn, Eridani panique presque. Il a besoin d'elle pour garder la tête sur les épaules, et a très peur de ce qu'il pourrait devenir si son patronus n'était plus là pour le guider au travers des obstacles qui jalonnent son existence.
Etudes Suivies: Ayant étudié à Beauxbâtons, son cursus scolaire a été quelque peu différent de celui des élèves qui ont étudié à Poudlard. Eridani a été élève puis étudiant de ses onze ans jusqu'à ses vingt-huit ans, dans le domaine de la zoologie magique. Aujourd'hui, bien qu'étant professeur, il pourrait également exercer le métier de vétérinomage .
Animal de compagnie: Un Augurey répondant au nom d'Antarès. Plus petit qu'un Phénix d'à peine quelques centimètres, mais plus fin voire presque maigre, d'aspect plus lugubre, son plumage est d'un vert sombre luisant, tendant au noir suivant la lumière qui l'éclaire. Bien que les Augureys ne volent habituellement que sous une pluie battante, Eridani a réussi à dresser Antarès pour qu'il puisse servir de coursier par tout les temps. Ceci dit, il ne se laisse toucher par personne d'autre, et a même parfois du mal à accepter qu'on l'approche. Dans ces cas-là, il lâche le courrier près de son destinataire avant de faire volte-face à tire d'ailes. Très attaché à son maître, cet oiseau timide a tendance à rester collé sur l'épaule du sorcier quand il ne dort pas soigneusement caché dans son nid ou qu'il ne chasse pas les Fées pour son quatre heures.
Caractère
Optimiste • Et le mot est faible ! C'est sûrement l'une de ses plus grandes qualités. Même lorsque tout semble aller de travers, que la situation est désespérée, il ne perd pas sa bonne humeur et son sourire. Il a coutume de dire que les choses pourraient toujours être pires, et qu'il faut se réjouir de ce que l'on a. Son tempérament rayonnant a tendance à influencer les personnes autour de lui, enfin, pour peu qu'elles y soient sensibles, évidemment.
Patient et pédagogue • Deux adjectifs qui s'accordent particulièrement bien, et que notre sorcier a appris avec l'expérience. Parce que non, il ne l'est pas naturellement. Son côté hyperactif le rend même très impatient, s'il ne se contrôle pas. Mais heureusement pour ses élèves, Eridani a su apprendre de ses erreurs passées et de ses anciens professeurs. Ca ne le gêne plus d'avoir à répéter cinquante fois la même chose, tant que sa classe comprend ce qu'il essaie de leur inculquer. Après tout, vu la discipline qu'il enseigne, il vaut mieux pour eux qu'ils aient bien tout enregistré ! Ce serait dommage d'avoir un œil ou un bras en moins, n'est-ce pas ?
Distrait • L'un de ses pires défauts. C'est bien simple, en général il ne peut pas se concentrer plus de cinq minutes sur la même chose sans immanquablement commencer à rêvasser, ou partir sur un autre sujet de conversation. Inutile de dire que ça le rend difficile à suivre et à comprendre. Sauter du coq à l'âne, c'est devenu sa marque de fabrique, en quelque sorte ! Il n'y a que Sigyn pour arriver à suivre le fil décousu de ses pensées, mais au fond, c'est normal.
Protecteur et attentionné • Eridani n'est pas un être violent par nature, bien au contraire. Ce serait plutôt le genre chaton tout doux aux grands yeux humides. Attention, n'allez pas croire qu'il soit incapable de se montrer méchant ou agressif, ou bien encore qu'il soit naïf et facile à mener en bateau. Parce que ce n'est absolument pas le cas. Seulement, on ne peut pas nier qu'il préfère la diplomatie aux démonstrations de violence. Ceci dit -et bien qu'il essaie d'éviter les conflits au maximum- si jamais une personne qu'il aime se trouve en danger ou bien a simplement des ennuis, il n'hésiteras même pas l'ombre d'une seconde et volera à son secours. Au risque de s'y brûler les ailes, puisqu'il n'a rien d'un guerrier expérimenté.
Jaloux, possessif et territorial • Pour ces trois points-là, on peut presque considérer que ça tient de la pathologie. Il déteste qu'on touche à ce qui lui appartient, que ce soit un objet, une personne, ou un lieu. Ah parce que oui, ça ne gêne pas le moins du monde monsieur de considérer que quelqu'un est à lui, et seulement à lui. Alors certes, il arrive à juguler ses accès de jalousie et de possessivité, mais croyez-moi, il sait très bien vous faire sentir que vous marchez sur ses plate-bandes et qu'il ne le tolérera pas longtemps avant de vous voler dans les plumes.
Intelligent et cultivé • Bien qu'il ait du mal à se concentrer, Eridani n'en est pas moins une personne avec de grandes capacités intellectuelles. Quand un sujet le passionne, il n'oublie pratiquement jamais ce qu'il en apprend. Curieux et avide de nouvelles connaissances, il passe beaucoup de temps dans les librairies ou les bibliothèques à fureter pour découvrir de nouveaux ouvrages qu'il n'aurait pas encore dévorés. Passionné par les créatures qui peuplent ce monde, il aime aussi sortir dans l'espoir d'en apercevoir.
Maladroit • Que ce soit par manque de chance ou d'adresse -voire les deux- ce sorcier enchaîne les bourdes. Et le panel de ses mésaventures va de l'orteil qui se cogne dans le coin d'un meuble jusqu'à manquer de se faire piétiner à mort par un hyppogriffe. Véridique, c'est déjà arrivé. Par chance, il a seulement eu un bras cassé et quelques entailles. Sa maladresse ne se limite pas à ça, il a également du mal à trouver les bons mots pour s'adresser aux gens parfois. Ceci expliquant peut-être le fait qu'il soit encore célibataire à son âge.
Bordélique • Parce que soyons francs, il n'y a pas d'autre mot pour le décrire. S'il ne faisait pas l'effort de rester un minimum ordonné ce serait tellement le souk chez lui qu'une chatte n'y retrouverait pas ses petits !
Sarcastique et impertinent • Ce n'est pas parce qu'il a des airs de Bisounours qu'il ne sait pas mordre. Eridani manie le sarcasme et l'ironie avec une grande aisance, et bien souvent ses interlocuteurs ne réalisent même pas qu'il est en train de se payer leur tête. Sa nature tolère mal toute forme d'autorité, surtout lorsqu'il estime que la personne soit disant au dessus de lui n'a aucun droit de se croire supérieur. Il n'hésite alors pas à devenir mauvais et agressif, à sa façon.
Gourmand • Un conseil, ne laissez rien traîner à proximité d'Eridani. Et surtout pas si c'est sucré, et encore moins si c'est au chocolat. C'est un véritable accro qui est capable de s'enfiler un paquet de marshmallow à lui tout seul en moins d'une heure. Il adore manger, et sauter un repas est une véritable catastrophe si on devait l'écouter. Essayer de le corrompre avec des douceurs ? Certains élèves ont déjà essayé. Après, est-ce que ça a marché... C'est une autre histoire ! Mais plus qu'avec quiconque, le proverbe « Le chemin vers le cœur d'un homme passe par son estomac » sonne comme une vérité pratiquement absolue.
Sociable et avenant • Que les élèves qui espèrent passer leur scolarité en solitaire au fond de la classe ou les professeurs s'enfermant dans leur bureau n'aient aucun espoir de parvenir à leurs fins. Pas avec Eridani dans les parages. Au risque de passer pour un enquiquineur de premier ordre, il vous abordera avec son grand sourire habituel et tentera d'engager la conversation. Peut-être même vous poussera-t-il à aller vers les autres, à sortir de votre isolement. Que vous l'aimiez ou le détestiez pour ça, peu lui importe ! Il fait ce qui lui paraît bien, ni plus ni moins.
Anxieux • C'est un grand stressé, mais surtout sur un point, très particulier. Eridani a une peur bleue d'être rejeté une seconde fois. La première fois a presque failli le tuer, et il est certain de ne pas pouvoir encaisser le choc à nouveau. Du coup, il s'accroche désespérément aux rares personnes auxquelles il a accepté de réellement se lier. Car depuis ces événements, il fait difficilement confiance aux gens, et évite de trop s'attacher, ne voulant pas ressentir la douleur d'être jeté, encore.
N.B : D'origine française, Eridani n'a jamais perdu son accent. D'ailleurs, durant les premiers temps certains élèves avaient du mal à comprendre ce qu'il disait, durant les cours. Heureusement, aujourd'hui il n'a plus ce problème-là, et son Anglais est devenu impeccable. Enfin, presque, puisque son accent français ne semble pas vouloir s'effacer.
a little something from you.
You're not a sad story.
On entend souvent dire qu'on ne choisit pas sa famille. C'est malheureusement vrai. Pourtant, on ne peut pas dire que je sois né et que j'ai grandi parmi des monstres. C'est vrai, j'aimais mes parents, et eux aussi m'aimaient. Peut-être un peu trop, maintenant que j'y pense... Est-ce que ce serait ça qui les aurait poussés à agir de la sorte ? Honnêtement, je l'ignore et aujourd'hui je me fiche bien de savoir le pourquoi du comment. Je n'ai plus de parents. Du moins, pas à mes yeux. De toute façon je vis beaucoup mieux comme ça. Plaît-il ? Comment j'en suis arrivé à ce point-là, et de quoi je parle ? Bien, laissez-moi vous raconter tout ça...
Je suis donc né le 21 mai de l'année 1938. Si mon père était un Français pure souche, un d'Arcy comme on en faisait plus selon les dires de mon grand-père paternel, ma mère -quant à elle- était originaire de Norvège. De ce que j'en sais, ils s'étaient rencontrés lors d'un concerto donné à Paris, durant lequel ils jouaient tout les deux. L'un en tant que violoncelliste, l'autre comme pianiste. Vous comprenez d'où vient mon amour de la musique, maintenant ? Comment ça je n'en ai pas parlé ? Eh bien ça viendra !
Mes parents appartenaient chacun à une famille de sorciers assez aristocrate. Le mariage fut donc célébré en grandes pompes, dans la petite ville alpine où les d'Arcy résidaient depuis près de deux siècles maintenant. Bien sûr je n'étais pas là pour le constater moi-même, mais dans ma famille on garde soigneusement les traces de notre passé, comme si c'était une fierté. Je sais donc également que mes parents, après leurs noces, se sont installés dans le grand chalet à flanc de montagne dans lequel vivait déjà mes grand-parents. Moi ? J'ai vu le jour à peine un an après. Un garçon, imaginez un peu la fierté de la famille ! Le nom allait pouvoir se perpétuer pour une génération de plus. Parce que c'est tout ce qui compte, n'est-ce pas ?
- Eridani, qu'est-ce que tu fais encore ? Reviens immédiatement travailler tes arpèges, jeune homme !
Péniblement, je m'arrachai à la contemplation de l'orée du bois que je pouvais voir depuis la fenêtre de la salle de musique, pour me tourner vers l'homme qui venait de me rappeler à l'ordre d'une voix ferme. Mon père. Je lui fis un grand sourire, le plus innocent possible, avant de descendre du rebord sur lequel je m'étais installé. Du haut de mes huit ans, j'avais déjà assimilé les rudiments du langage de la musique, mais c'était un domaine complexe qui demandait une étude approfondie et régulière. Avec ma tendance à divaguer, il fallait s'assurer très souvent que je ne partais pas à nouveau à droite et à gauche ! Mon père se baissa pour m'embrasser sur le front, puis me souleva pour m'asseoir à nouveau devant mes partions, que j'avais abandonnées à moitié complétées.
- Il faut que tu arrêtes d'être aussi distrait, fils. Ca va finir par t'attirer des ennuis.
- Mais j'avais vu un cerf ! Il était énorme, avec des bois grands comme ça, je te jure, je l'ai vu !
- Je n'en doute pas, mais si tu veux devenir violoniste comme tu l'as dit à ta mère il y a trois jours, il va falloir que tu travailles dur, et que tu cesses de courir après la première chose qui te passe sous le nez, d'accord ?
- D'accord, papa. Tu vas voir, je vais y arriver !
- J'en suis certain. répondit-il avec un sourire plein de fierté, m'ébouriffant les cheveux d'une main. Après ça, tu pourras aller jouer un peu, puis tu entameras tes leçons sur l'Histoire de la Magie.
Parmi les matières que j'étudiais, l'accent se portait naturellement sur la musique, la magie, et les langues. Ma mère m'apprit non seulement le Norvégien, mais aussi l'Anglais, qu'elle maîtrisait à la perfection. Il fallait que j'excelle dans ces domaines, c'était presque une question de fierté pour ma famille. Seulement, mon don pour la musique n'avait d'égal que celui que j'avais développé pour la dissipation. Ils pensaient qu'en prenant de l'âge j'allais gagner en concentration, mais ce fut tout l'inverse. Le moindre prétexte suffisait à m'écarter du droit chemin. Et parfois au sens littéral du terme ! Combien de fois me suis-je perdu dans la forêt autour de notre demeure parce que j'avais voulu suivre un oiseau ? Trop pour que je puisse les compter.
Lorsque j'arrivai à mes dix ans, ils comprirent que ça ne me passerait sans doute jamais, et que j'allais devoir faire avec pour le restant de mes jours.
Il faisait nuit noire depuis longtemps déjà. Tout le monde dormait du sommeil du juste dans le dortoir, fatigués par cette première journée de cours. Tout le monde, sauf moi. Assis sur mon lit, les bras autour de mes jambes, mon esprit divaguait tandis que mes yeux fixaient un point imaginaire, au milieu des étoiles, derrière la vitre. J'avais onze ans, et je venais d'entrer à l'école de magie de Beauxbâtons, perdue dans un coin des Pyrénées. Un étrange sentiment me tordait les entrailles. Je me sentais à la fois excité, intimidé et... Confiant. Je me sentais à ma place. Je voulais faire mes preuves. Montrer à toute ma famille que je pouvais le faire. Que je pouvais devenir un grand sorcier. Que je les rendrais fiers, et que je pouvais apporter encore plus de crédit à notre nom. J'allais travailler plus dur que n'importe quel élève, et ils allaient voir de quoi j'étais capable !
Fort de cette résolution, je m'extirpai de mes pensées, un grand sourire aux lèvres, et me blottis sous les couvertures. Il allait me falloir de l'énergie à revendre pour parvenir à mes fins.
Ma scolarité se déroulait bien. Enfin, dans les grandes lignes... J'étais doué dans les matières qui m'intéressaient, mais les autres... Eh bien disons que c'était la catastrophe. Il fut rapidement évident que je n'allais pas devenir un grand arithmancien ou un professionnel de l'astrologie. Depuis ma plus tendre enfance j'étais fasciné par les créatures qui peuplaient notre monde, et cette tendance ne fit que se confirmer lorsque j'étudiai la zoologie magique. Ca, c'était ça ma voie ! Je pouvais le sentir, j'allais vouer ma vie à ces bêtes-là. Dès que j'en fus convaincu, j'abandonnai les autres matières, qui sollicitaient trop mon attention, pour me concentrer seulement sur celles dont j'avais besoin. Evidemment je redoublai d'efforts. Juste pour être sûr que mon objectif, mon rêve, n'allait pas me filer entre les doigts.
Bien sûr, comme n'importe quel adolescent, j'avais d'autres occupations que les études. La musique, qui me prenait beaucoup de temps, mais également la lecture, l'écriture... Mais aussi les amours, évidemment. A mes seize ans, je fis la rencontre d'une jeune fille de mon âge qui arrivait à supporter mes frasques et mon obsession pour les animaux étranges. Un véritable miracle, vous me direz ! Enfin, mes amis proches mettaient plutôt ça sur le compte de ma bouille d'ange que sur la chance, et vu ma poisse légendaire, je pense qu'ils devaient avoir raison... Ceci dit, il devait y avoir plus qu'une simple attirance physique de sa part envers moi, puisque nous restâmes ensemble durant près de quatre ans, avant qu'on ne finisse par se séparer d'un commun accord. Ca ne marchait plus depuis plusieurs mois entre nous, il valait mieux laisser les choses disparaître plutôt que de tenter désespérément de s'y accrocher.
Suite à cette rupture, je retournai me plonger dans mes études, déterminé à arriver au bout de mon projet. La bibliothèque était devenue une seconde maison ou presque, vu tout le temps que j'y passais, le nez fourré dans les bouquins. Mais qui aurait pu deviner qu'entre les rayonnages, j'allais trouver autre chose que de vieux grimoires pleins de poussière ? Certainement pas moi.
- Tu es sûr que c'est ça ? Vu les symptômes j'opterais plutôt pour cette maladie-là, personnellement.
- Oui, je suis sûr ! soupirai-je, agacé. Ecoute, Kelan, si c'est pour passer ton temps à me contredire que tu as voulu venir étudier avec moi aujourd'hui, tu ferais aussi bien d'aller revoir tes cours tout seul.
- Ca va, excuse-moi de te donner mon avis, hein ! Ce que tu peux être mal luné aujourd'hui... Je t'ai écrasé quelque chose tout à l'heure ou quoi ? ajouta-t-il, plus discrètement, en prenant garde à ce qu'aucune oreille indiscrète ne traîne dans les parages.
Un sourire s'esquissa sur mon visage alors que je fermais les yeux. Le souvenir de nos quelques baisers, échangés dans un coin désert de l'école plus tôt dans l'après-midi, me revenait encore très clairement. Un léger soupir rêveur m'échappa, et je reportai mon attention sur le jeune homme brun à ma droite.
- Non, tu ne m'as rien écrasé. glissai-je, souriant, avant de me rembrunir. C'est juste que j'ai reçu un hibou de mes parents ce matin, je dois rentrer lors des prochaines vacances. Et comme tu t'en doutes, je n'en ai absolument pas envie...
- Hum... Tu crois qu'ils se doutent de quelque chose ? Pour nous deux, je veux dire.
- Comment ils pourraient être au courant ? Ils sont à des kilomètres de Beauxbâtons !
- Ta soeur aurait pu leur dire, non ?
- Auriga n'a peut-être que huit ans, mais elle sait garder un secret. Sinon je ne lui aurais pas dit. Non, ils doivent vouloir me parler de la musique, je l'ai laissée de côté trop longtemps à leur goût, je suppose... Ceci dit, je me demande si je ne devrais pas en profiter pour leur dire.
- Leur dire... ? Que tu sors avec un homme, et un sorcier né de moldus, en plus ? Tu n'as peur de rien, toi...
- Je sais qu'ils sont conservateurs, mais ils restent ma famille. Ca fait deux ans que je joue les froussards et que je repousse le moment de leur avouer la vérité, il est temps que je prenne mon courage à deux mains. Je ne suis plus un adolescent, j'ai vingt-huit ans, je ne devrais plus avoir peur de contrarier mes parents depuis longtemps.
- Bon, si tu es sûr de toi... Mais tu ne pourras pas me reprocher de ne pas t'avoir prévenu.
- Souris un peu, ça va bien se passer, tu verras !
Bon sang, j'aurais mieux fait de l'écouter et de continuer à vivre dans le mensonge... Mes parents ont très mal accueilli la nouvelle. Je me doutais que ça ne passerait pas facilement, mais à ce point-là... Ils ont tout rejeté en bloc. Le choix de carrière auquel je me destinais leur avait déjà fortement déplu, alors ça, c'était comme la goutte de trop. Mon père me renia totalement, et sous le coup de la colère me lança tout un tas d'injures dont je ne saisis même pas la moitié, trop choqué pour ça. J'aurais espéré de l'aide de la part de ma mère, mais tout ce qui vint d'elle fut un regard empli de colère et de... Dégoût. Tout ce dont je me souviens après ça, c'est de moi prenant la porte, l'essentiel de mes affaires que j'avais encore au le chalet familial dans deux valises, avec les pleurs de ma petite soeur que mes grand-parents empêchait de courir après moi.
Heureusement pour moi, j'avais depuis un an un petit logement que je pouvais me payer grâce à mes économies personnelles, amassées au fil de petits boulots durant les vacances et de stages parfois rémunérés, en attendant de recevoir mon tout premier salaire en tant que professeur, à Beauxbâtons. Au moins, je n'étais pas à la rue... Cependant, le rejet violent de ma propre famille m'avait porté un sérieux coup. Je devins un peu plus renfermé, plus morose. La présence de Kelan me permettait de garder la tête hors de l'eau et me donnait la force de continuer à travailler, mais je restais fragile et à manipuler avec précaution.
A cette époque-là, je ne pensais pas que ça pouvait être pire. Ô combien je me trompais... Ca peut toujours être pire. Non contents de m'avoir chassé comme on répudie une fille cadette trop frivole, mes parents commencèrent à user de leur influence pour pourrir la vie de mon petit ami. Au début ça restait supportable. Mais les semaines, les mois passant, ça devenait de plus en plus invivable. Fatigué et impuissant face à la situation, Kelan finit par rendre les armes et me quitta.
Evidemment, j'avais filé directement chez mes parents pour leur hurler dessus en bonne et due forme, exprimant toute la colère et toute la douleur que je n'avais pas pu libérer lors de notre dernier face à face. Cette scène ne servit strictement à rien, si ce n'est peut-être m'ôter un poids du coeur. Et encore...
C'est à partir de ce moment-là que je me retrouvai vraiment seul. Enfin, seul... Pas vraiment. Je partageais ma vie avec Dame Dépression, vous la connaissez ? Non ? Grand bien vous fasse, continuez comme ça ! Je continuais à donner cours, faisant bonne figure devant mes élèves et mes collègues. Même si personne n'était dupe. J'allais mal, et ça se voyait. Lentement mais sûrement, je me laissais couler. Et je ne voyais pas comment trouver la force de remonter à la surface. Au fond, en avais-je seulement envie... ?
Les deux années que je passai à enseigner dans les salles de classe de Beauxbâtons m'apparaissent aujourd'hui encore comme les pires de ma vie. Mon jugement est faussé par l'état psychologique désastreux dans lequel je me trouvais, je le sais bien, mais je n'arrive pas à me défaire de cette impression. A cette époque-là, tout ce que je voulais, c'était partir le plus vite et le plus loin possible. Seulement, je démarrais à peine dans la vie active, et je n'avais pas les fonds nécessaires pour me permettre de partir au petit bonheur la chance. Inutile de dire que cet état de fait n'améliorait rien, me donnant l'impression d'être piégé et d'étouffer.
Heureusement pour moi, la chance semblait avoir décidé de me sourire. Un poste de professeur de soins aux créatures magiques se libéra au sein de l'école de sorcellerie de Poudlard. J'envoyai un courrier à son directeur, Albus Dumbledore, afin de postuler pour le poste. A trente ans, certes j'étais jeune et manquais peut-être un peu d'expérience, mais j'avais bon espoir que mes références et mes diplômes obtenus avec d'excellentes mentions pèsent en ma faveur dans la balance. Les semaines qui suivirent l'envoi de ma candidature me parurent une éternité. Et franchement, je n'y croyais pas. Alors quelle ne fut pas ma surprise de recevoir une réponse positive ! Enfin, j'allais pouvoir quitter ce maudit pays ! Mon déménagement fut rapidement plié. Je n'emportai que le nécessaire, vendant le reste, et direction la Grande Bretagne.
Naïvement, j'avais cru que changer d'air me ferait du bien, et m'aiderait à reprendre du poil de la bête. Mon intégration au corps enseignant de Poudlard se déroulait pourtant bien -enfin, aussi bien que ça pouvait considérant que j'étais aussi associable qu'un Norvégien à crête- et je n'avais pas à me plaindre de mon train de vie, objectivement parlant. Le paradoxe de ma situation résidait dans le fait que je me sentais horriblement seul, mais que je n'étais pas d'humeur pour essayer que ça change. Oui, j'étais complètement bloqué.
Enfin... Je l'étais jusqu'à ce que lors de l'une de mes nombreuses nuits d'insomnies, la réalité ne vienne me frapper en pleine face. Mais qu'est-ce que je foutais, exactement ? Qu'est-ce que je pensais, que déprimer allait arranger les choses ? Que c'était ça qui allait me rendre cette joie de vivre que j'avais perdue ? Non, c'était tout l'inverse. Cette réalisation me poussa à entreprendre une introspection profonde, qui croyez-moi, fut plutôt rude. Ce n'est jamais agréable de regarder en face ses défauts et ses torts, et encore moins de les accepter. Mais c'est une démarche nécessaire lorsque, comme moi, on a besoin de repartir sur de bonnes bases, de tourner la page, de passer à autre chose. Lentement mais sûrement, je parvins à sortir du gouffre où j'avais sombré. En à peine une année, je pus définitivement dire adieu à la dépression qui me pourrissait la vie. Je me reconnaissais à nouveau.
Puis vint les événements relatifs au Noël de 1978. Les patronus des élèves et jeunes gens se mirent à apparaître. Au début, ce n'était qu'une brume argenté, comme lorsqu'ils parvenaient à lancer le sortilège pour se défendre des Détraqueurs, sauf que là non seulement ils n'avaient pas lancé le moindre sort (et comment auraient-ils pu, c'est difficile à maîtriser !), mais en plus ça ne voulait pas disparaître, peu importe ce qu'ils pouvaient faire. Et au bout du compte, voilà où on en est aujourd'hui ! Poudlard a des airs de véritable ménagerie. Ce qui n'est pas pour me déplaire, en fait... Que voulez-vous, on ne se refait pas ! Les bêtes et moi, c'est une grande histoire d'amour. Et puis ça donne parfois lieu à des situations franchement cocasses.
Ceci dit... J'avoue que j'enviais mes élèves, pour cette présence constante qu'ils avaient auprès d'eux. Le grand distrait et allergique à la solitude que j'étais aurait bien eu besoin du même genre de choses. Alors... Je me mis au travail. Après tout, ça ne pouvait pas être si difficile que ça ! Faire apparaître son patronus physiquement... Aussi farfelue cette idée pouvait paraître à la plupart des sorciers, elle me séduisait. Je me lançai donc là-dedans avec un certain acharnement, déterminé comme je ne l'avais plus été depuis longtemps. Et mon travail paya finalement au bout de six longs mois d'acharnement. Sigyn, comme elle se nomma elle-même, entra dans ma vie. Si ma mémoire ne me joue pas de tours -à mon âge ce serait malheureux- c'était vers l'automne 1979. Enfin, fin de l'automne début d'hiver, plutôt. Mais tout ça c'est du détail. En tout cas une chose est sûre, je ne pourrais plus me passer de mon patronus, à présent.
Un bâillement sonore m'échappa alors que je m'étirais de tout mon long. Devant moi, étalé sur le bureau, un tas de copies que j'avais pratiquement terminé de corriger. Comme d'habitude, j'avais eu droit à de véritables aberrations (un certain élève semblait persuadé que les Kelpies étaient d'adorables petits êtres des lacs) mais également à de très bons devoirs. Les aléas de l'enseignement, que voulez-vous ! Je lançai un regard vers l'extérieur. Cette nuit de printemps était douce et claire, j'avais donc laissé la vitre ouverte pour profiter de la petite brise qui soufflait.
« Eridani, tu recommences à traîner. » Retenant un petit rire, je baissai les yeux pour croiser le regard doré de Sigyn, qui jusqu'à présent somnolait blottie sur mes jambes. A travers les prunelles de la renarde, je pouvais sentir le reproche que sa voix avait à peine dissimulé. Je la grattouillai entre les oreilles, ma façon de lui assurer que j'allais me remettre au travail.
Le son de battements d'ailes attira soudain mon attention, vers la fenêtre. Je n'eus le temps de voir qu'une traînée noire aux reflets verts traverser la pièce. L'instant d'après, mon Augurey s'ébrouait les plumes sur son perchoir. Dans son bec, il tenait son repas favori, une Fée, qu'il eut tôt fait d'engloutir avec un roucoulement de satisfaction. Si dans ses jeunes années Antarès n'appréciait guère de se retrouver à voler par temps clair, à présent ça l'arrangeait bien, cet espèce de glouton. Les Fées ne se méfiaient pas, puisqu'il ne pleuvait pas. Grave erreur !
« Cet emplumé va finir par décimer les pixies du coin, tu le sais ça ?
- Aucun risque, ça se reproduit trop vite. … Tiens, d'ailleurs tu me fais penser que ça pourrait être une bonne idée d'aborder le thème des conséquences de l'introduction d'animaux étrangers dans un écosystème donné. Il va falloir que je travaille ça pour un prochain cours.
- Ravie de pouvoir t'aider, comme toujours. Même si là ce n'était pas vraiment volontaire. Mais avant de penser à ça, termine tes copies. »
Sans prendre la peine de répondre, je retroussai mes manches et replongeai mon nez dans les parchemins de mes élèves, plume à la main. J'avais un travail à achever, et je comptais le faire bien. Comme toujours. Ensuite peut-être que je m'attellerai à ce nouveau cours, ou bien peut-être attraperai-je mon violon pour aller jouer quelque part dans le parc. Après tout, la nuit ne faisait que commencer.
Tell me who you really are.