1965 – Assise dans un coin, dans cette salle de classe aux multiples couleurs, entourée de nombreux enfants de son âge, la petite Slaine est occupée à peindre, la penture plein les mains, elle sourit au monde, contente des couleurs qu'elle a couché sur le papier. A quelques mètre, deux jeune femmes gardent un œil sur elle, discutant à voix basse. L'une les yeux pleins de larme, un léger sourire plus triste que n'importe quel discours aux lèvres. « Tout est arrivé si vite. » La jeune femme s'assoie, effondrée, sa voix se fait de plus en plus tremblante, mais l'on peut remarquer une certaine maîtrise dans son attitude. « Et cette enfant … Elle n'a rien demandé à personne. » Non, cette enfant souriante, encore innocente, est encore bien loin de comprendre ce qui se passe dans son dos, ce qui se dit. « Elle … » La jeune femme a du mal à sortir les mots de sa gorge bien trop serrée, laissant son interlocutrice dans l'incompréhension la plus totale. « Sa mère était sur le chemin  » Un sanglot lui échappe à nouveau. « Une voiture l'a percutée … et ... » L'horeur se lit sur le visage de son interlocutrice alors qu'elle comprend enfin ce qui se passe, ce que la jeune femme essaye de lui expliquer avec la plus grande peine. « Sa mère, ma sœur ... est morte sur le coup. » C'est ainsi, qu'à peine entré dans la vie, Slaine perd déjà ce qu'elle a de plus précieux : Une mère.

1970 - « SLAIIINE DEBOUT ! » Les yeux encore mis clos, la petite fille, désormais âgée de 8 ans, retire sa couette, avant de pousser un long soupire. Il est 8h du matin, un mercredi, jour sans école, mais elle se lève. Avec une grande peine elle traverse le couloir étroit qui la sépare du salon, pour y retrouver son cousin et sa tante. Voilà maintenant 5 ans qu'elle vit avec eux, ils sont la seule famille qu'elle connait et bien que les jours ne soient pas toujours faciles, ils ont apprit à se serrer les coudes pour avancer. « J'ai rendez-vous à 10h pour un nouvel entretien d'embauche, je compte sur vous pour faire vos devoirs et rester à la maison. Vous n'ouvrez à personne, vous ne sortez pas de l'appartement et je serai rentrée pour manger. Ok ? » Assis devant le déjeuné préparer avec soin par la jeune mère, les deux enfants hochent la tête par habitude. Elles les embrasses tous les deux sur le front avant de claquer la porte derrière elle. Les deux enfants son habitués à veiller l'un sur l'autre. Slaine le sait, deux enfants c'est beaucoup à gérer pour sa tante qui accumule les emplois pour subvenir à leurs besoins. Elle n'a que 8 ans et pourtant elle comprend déjà la valeur de l'argent, elle sait s'occuper toute seule. Depuis leur plus jeune âge, Slaine et son cousin ont dût apprendre à mettre la main à la pâte, pour venir en aide à la femme qui les élèves. Ils n'ont pas grand chose, mais ne manquent de rien, ils ne vivent pas dans un palace, mais ils ont chacun leur chambre, ils n'ont pas d'anniversaire ou de noël de conte de fée, mais ils ont conscience qu'elle leur donne ce qu'elle peut, les faisant toujours passer en premier. Ils sont souvent seul à la maison, oui, ils veillent l'un sur l'autre, malgré leur jeune âge, mais ils ont toujours vécu ainsi, ils ont conscience que pour vivre comme ils le font elle doit souvent s'absenter, accumuler les petits boulots, à défaut d'avoir un emploi stable.

1972 – Il est partit. Son cousin a quitté la maison, pour rejoindre l'école de Poudlard. Slaine traine sur le chemin de l'école, peu désireuse de rentrée à la maison, de retrouver cet appartement poussiéreux, ce silence de plomb, cette ambiance pesante, presque étouffante. Elle lâche un profond soupire, alors que le sombre quartier dans lequel elle vit se dessine dans son champs de vision. Chaque jour Slaine est reconnaissante, pour avoir sa tante, pour avoir eu la chance d'être élevée avec son cousin, pour avoir encore une famille, un toit sur sa tête. Mais aujourd'hui c'est avec la même boule au ventre, qui la suit chaque soir, qu'elle prend le chemin de la maison. Ça fait maintenant un an que son quotidien est le même. Elle se lève le matin, prépare son déjeuné, enfile son sac, prend le chemin de l'école, la journée se passe plutôt bien, si bien même qu'elle en oublie ce qui l'attend à l'appartement. Puis, sonne la fin de la journée, ce son de cloche qu'elle est arrivée à détester durant cette année. Enfin elle retrouve cet appartement silencieux, sa tante, bien souvent allongée dans sa chambre, les volets fermés, enfouie sous une montagne de coussins, hurlant au moindre bruit. Ça fait maintenant un an que sa tante ne quitte sa chambre que pour se nourrir, une dépression qu'ils disent. Slaine pousse doucement la porte d'entrée, avant de la refermer derrière elle, elle dépose ses affaires, avant de ressortir aussitôt. Du haut de ces 10 ans, la jeune fille ne peut pas faire grand chose, si ce n'est oublier le temps de quelques instants ce qui se passe chez elle, oublier qu'il n'y a plus personne, avant d'ouvrir la montagne de courrier accumulé sur la table du salon, de répondre au plus important pour ne pas risquer les changements supplémentaire dans sa vie, alors qu'il ne lui reste plus qu'une année avant de rejoindre Poudlard et d'aller chercher de quoi se nourrir chez les voisins.

Été 1976 – Profitant des festivités, Slaine observe les alentours, à l'affût de a moindre inattention des personnes qui l'entourent. D'un tour de main, avec la plus grande discrétion, elle vient tirer de la poche d'un inconnu un porte-feuille, elle l'ouvre en vitesse, pour en retirer quelques billets, avant de le refermer et de le remettre à sa place. Le reste ne l'intéresse pas et même si elle se sent toujours un peu coupable de voler, elle ne peut s'en empêcher. Les étés sont de plus en plus difficiles. Ça fait maintenant 3 ans qu'elle aussi a rejoint Poudlard, mais chaque été c'est la même histoire, elle rentre, sa tante est bien souvent absente et ne fait rentrer que peu d'argent, quand elle ne dépense pas tout avant que Slaine et son cousin ne puissent en voir la couleur. Alors, elle profite des touristes, de l'été pour piquer deux ou trois trucs à droite et à gauche.

Été 1979 – Slaine a commencé à le comprendre … Les sang-mêlé sont bien souvent mal vu dans cette société sorcière, trop élitiste à son goût. Elle le savait déjà avant d'entrer à l'école, on le lui avait dit, mais isolée dans le monde moldue, élevée par une tante qui n'apporte que peu d'intérêt à la magie, elle n'avait pas encore conscience de l'ampleur que les choses pouvaient prendre. Ce n'est qu'au fil des années qu'elle l'a bien comprit. Seulement ce soir là, un profond sentiment de révolte est née en elle, dont elle n'arrive toujours pas à se séparer encore aujourd'hui. Cette attaque à Bélize a fait de nombreux morts, injustement, cruellement. Elle a vu l'horreur se dérouler juste devant ses yeux, la laissant impuissante. Elle se souvient encore bien des blessures qui lui ont été infligées. Rien de bien grave face à certains de ces camarades, mais assez pour lui offrir un séjour à l'infirmerie.