J'entre dans ma chambre et pose mes livres, mon cerveau est en compote et j'ai besoin de m'évader... J'ai besoin de m'envoler loin de la réalité, juste quelques instants. Je mets ma musique préférée et m'allonge doucement sur mon lit. Je m'étale, délicatement pour que mes muscles soient détendus et étalés au maximum. Puis je ferme les yeux et me mets à penser avec en fond la musique douce qui me berce dans un ailleurs...


Je joue avec la peluche qu'il m'a offerte il y a une quinzaine de jours. Elle est magnifique, une licorne blanche symbole de pureté, en plus on dirait qu'elle me parle vraiment. A moins que cela ne se passe dans ma tête ? Après tout a huit ans c'est normal pour une enfant, imaginer c'est ce qui nous conduit loin de la réalité et si près du rêve... "Elle te ressemble ma chérie, aussi pure et magnifique que toi. Tu es mon ange..." Je me souviens de son sourire aimant, et de mes yeux émerveillés face au cadeau qu'il venait de me faire. Il y a quinze jour de cela... J'ai l'impression que pour mon petit cœur d'enfant, ça fait une éternité. Je pose la peluche sur la table et met ma tête sur mes genoux. La peluche ne me comble pas non, il me manque une partie de moi et j'ai l'impression qu'elle est si loin... "Je reviens vite ne t'inquiète pas ma chérie" eh hop, il est parti aussi vite qu'il est arrivé. "Maman, papa arrive bientôt ?" Je ne cesse de demander ça à ma mère qui je suis sûre souffre autant que moi de l'absence de son mari. Je lui demande souvent ça a l'heure du midi, surtout depuis qu'elle a arrêté son travail de medicomage pour s'occuper de moi. Elle a eu une carrière brillante, et en était fière. Mais je suis sa fille unique, elle pense toujours que je compte plus que son travail et elle rajoute souvent "Ton père devrait en faire de même, il ne se rend pas compte de ce qu'il fait !" L'entendre dire ça me déchire le cœur, après tout c'est mon tendre papa, il travaille pour nous aider non ? Mais je ne peux pas m'empêcher de me dire malgré mon jeune âge qu'il devrait être là, à nos côtés et mettre son fabuleux métier d'auror de côté. Après tout, il nous aime non ? Il devrait être auprès de sa famille, près des siens et être entouré d'amour et non de danger... "Je ne sais pas ma puce. Je n'en sais rien... Écoute tu verras bien il ne devrait plus tarder." Ma mère répond un peu froidement, mais je ne dis rien et je me tais. Je reprends ma peluche et replonge dans mes rêves, ce n'est pas si terrible tout compte fait.

Ca y est le grand jour est arrivé pour moi, je peux enfin montrer a tout le monde qui je suis réellement: une incroyable et talentueuse sorcière ! J'ai reçu ma lettre de Poudlard, pour moi c'est le début de quelque chose de nouveau et de trépident. Ce n'est peut être rien pour certain mais je vois là une incroyable opportunité de montrer a mon père qu'il peut être fier de moi ! Après tout, peut être qu'il sera plus souvent là ? Sa fille entre à Poudlard et tente de lui montrer tout son amour, ses absences ne seront plus justifiées... Je soupire légèrement car je ne sais pas si cette idée va réellement marcher. Quand on est un auror, on le reste a jamais...




Mon père est souvent absent mais ça ne m'empêche pas de l'admirer de jour en jour. Je pourrais le comparer à un Dieu vivant. C'est peut être exagéré mais c'est comme je le ressens, malgré la colère que je ressens dû à ses absences répétées... "Morrigan je n'ai pas le choix... Je ne peux pas me permettre de mettre ma carrière de côté. Tu as treize ans tu es encore jeune pour comprendre..." Je grogne d'énervement et de tristesse intérieurement, si ma mère m'entendait ça serait un prétexte de plus pour qu'elle s'en prenne à papa... Le pauvre il souffre déjà assez comme ça. "Papa revient... Si tu m'entends revient..." Je serre la licorne blanche qu'il m'a offerte il y a maintenant cinq ans, contre mon cœur pour tenter de calmer ma tristesse. Depuis ma naissance il n'arrête pas, il ne m'écoute pas. Et pourtant... Il est là dès qu'il le peut il est là, avec moi, à mes côtés. Oui, il ne me quitte pas et il me prend dans ses bras pour me consoler. Mais il repart, il repart toujours. Même s'il profite un maximum de moi, ce n'est pas assez... Peut être que je suis égoïste, chiante je ne sais pas. Mais tout ce dont j'ai besoin c'est de mon papa là maintenant. "Ma chérie je suis là, je ne partirais pas." Les paroles de ma mère me consolent un peu, mais ce n'est pas pareil que les paroles que mon père me chuchotent à l'oreille. Ca ne m'apaise pas de la même manière non... Maman, si tu savais a quel point toi et papa vous n'êtes en aucun cas comparable l'un et l'autre. Vous êtes tellement différent et m'apportaient de l'amour de différente manière. Mais papa... Papa me connaît mieux que personne, je m'identifie à lui. On se ressemble, je le sais, un jour je lui ressemblerais.




Qui aurait cru... Qui aurait cru que leur couple aurait pu prendre une tout autre tournure ? Même moi leur fille je n'y croyais pas en ces temps là. Il fallait vraiment être là pour y croire ! "Morrigan... Morrigan, ma chérie..." Ma mère me tend les bras pour que j'aille la serrer contre moi. Sa voix tremble, ses lèvres se crispent et ses larmes dévalent ses joues comme cascade. Par merlin, je ne l'ai jamais vu dans un tel état... "Viens mon ange, approche..." Ses larmes redoublent, c'est à cet instant que je ne peux m'empêcher de courir vers elle et de la prendre dans mes bras. Mais je ne comprend toujours pas, qu'est ce qu'il se passe ? Je murmure son prénom au creux de son oreille, on peut sentir mon inquiétude monter a des kilomètres à la ronde. "Il faut qu'on aille voir papa, d'accord ma chérie ? Il faut qu'on aille voir papa à Sainte-Mangouste car il a eu un accident et..." Elle renifle et tente de retenir ses sanglots. "Et il va s'en sortir d'accord ? Mais il faut que sa fille et sa femme aille le voir, hein ?" Ma mère me regarde et je ne peux pas m'empêcher de la fixer intensément. Je ne peux lui montrer aucune réaction, je suis tétanisée. Il faut que j'aille le voir, il faut que je lui parle maman... Dépêchons nous vite ! Je crie intérieurement, accordant un simple hochement de tête à ma mère. Elle me prend dans ses bras et nous transplanons pour aller voir mon tendre père. "Mon dieu..." Un petit cri s'échappe de ma bouche et je tente de le contrôler en posant mes deux mains contre ma bouche. Il est là, allongé immobile sur son lit blanc et froid. "Papa !" Dans un élan naturel, je m'élance vers lui et m'assoit près de lui. Il ouvre les yeux et un tendre sourire se dessine sur son visage, il est heureux de me voir je le sens au fond de moi. "Ma petite puce... Je suis là il ne m'arrivera plus rien..." Je le serre violemment dans mes bras, j'ai envie de me sentir rassurée et protégée. Non il ne t'arrivera plus rien car tu ne vas plus nous quitter, tu ne vas plus partir là bas je te l'interdit ! C'est comme un supplice intérieur, je dois lui dire c'est le moment. "Je ne veux plus que tu ailles travailler là bas ! Trouve un autre métier mais je t'en prie... Ne nous quitte plus, tu n'en as pas le droit... Je ne veux pas perdre mon père, non je refuse !" J'ai crié en lâchant mes dernières paroles, elles avaient besoin de sortir de ma poitrine et du fond de ma gorge. Cette sensation de libération est tellement agréable, je vois mon père qui soutient mon regard longuement et tentant de sécher mes larmes. "Je serais la ma chérie, je t'en fais la promesse." Il a chuchoté ses paroles mais un aussi grand sourire ne s'était jamais dessiné aussi vite sur mon visage.



Et pourtant malgré cet accident, mes parents ne se sont pas du tout rapproché... Oh non par Merlin, quelle ironie ! Ça me donne encore envie de rire cette situation alors que je suis âgée de seize ans. Mon père a eu un accident, on a toutes les deux cru le perdre et on a été là pour lui tout le long de son rétablissement, mais a croire que tout cela n'a pas du tout suffit. Oh non loin de là... "Je ne peux pas, je ne peux plus... J'en suis reconnaissant mais ce n'est plus possible." Mon père a lâché ses paroles en étant calme mais en regardant ma mère droit dans les yeux. Je lâche un petit soupir de surprise en ayant entendu ça. Wow, comment ne pas être énervée après ça. "On doit divorcer, Ça ne peut plus continuer..." Je déglutis en serrant ma mâchoire et m'avance délicatement sur le pas de la porte, brûlante de colère. Mes parents me regardent, je vois le regard effondré de ma mère et le regard piégé de mon père. "Alors c'est comme ça ? Tu nous a abandonner pendant des années et tu recommences une fois de plus ?" Il secoue la tête et tend son bras pour que je lui prenne la main, mais je recule. Non, je ne lui offrirais pas cette satisfaction. "Tu ne peux pas t'empêcher de nous abandonner, quoi que tu fasses c'est quelque chose que tu ne changeras pas." Il a pris ses paroles en pleine figure, je ne mâche jamais mes mots et c'est encore pire quand je suis sous l'emprise de l'émotion. "Mon ange non... Ne penses pas ça..." Il chuchote presque mais je me recule. Je veux qu'il s'écarte, et qu'il parte ou qu'il veuille et comme bon lui semble. Mais qu'il ne m'adresse surtout pas la parole.

Et à ajouter à cela, le grand fléau s'est abattu sur moi... J'ai vu mon état se dégrader de jour en jour et de pire en pire. J'y ai pensé à la mort, pour la première fois j'y ai pensé de manière si intense que j'en étais devenue folle. A mon âge, la fin de vie est  un sujet auquel on ne pense pas... Après tout, rien ne peut nous arriver. Je ris nerveusement, non mais déjà que j'ai difficilement accepté l'apparition de mon patronus il faut maintenant qu'il s'en prenne à ma santé ? Quelle ironie, mais quelle ironie ! J'ai encore du mal à y croire et je... Je secoue la tête et reprends mes esprits. Le sort avait décidé de s'acharner sur ma famille et moi, mais le point positif est que je n'ai jamais vu mes parents aussi proches de moi...



"J'ai envie d'y aller maman, j'en ai besoin tu comprends ?" Je la serre dans mes bras pendant longtemps, mais a chaque fois que j'essaye de trouver une échappatoire pour enfin m'en aller ma mère me retient de toutes ses forces. Ses larmes me font presque culpabiliser de la laisser comme ça, sur le pas de la porte d'entrée. "Il le faut... Il me manque et j'en ai besoin tu le sais bien au fond de toi". Elle laisse échapper un sanglot et me lâche enfin pour que je puisse lui déposer un baiser sur le front. Elle va beaucoup me manquait certes, mais je dois rejoindre mon père il me manque encore plus. Nos communications ne se sont faites que par hiboux depuis le divorce et malgré le divorce, je ne lui en veux plus. "Je suis devenu professeur à Poudlard, ainsi nous serons plus proches et si tu me rejoins on ne se quittera plus...." Cette phrase dans la dernière qu'il m'a envoyé m'a fait comme un électrochoc dans mon corps. Un sourire a illuminé mon visage et continue de le faire encore et encore... "C'est le bon moment. Rejoins le, vas y ! C'est maintenant ou jamais !" Ma conscience m'a bien poussée vers mon but principal, vers une liberté assurée et recherchée depuis bien longtemps. Mes valises sont prêtes, mon billet de train et là, il ne me reste plus qu'à être à ses côtés...




"Ca y est ? Tu es en plein chemin pour la réalisation de ton rêve ?" Je souris joyeusement en mangeant ma tranche de pain goulument, en face de mon père qui secoue la tête amusé de mon comportement. La situation peut en témoigner voyons papa... Je grogne en riant car pour moi la réponse me paraît évidente. "Bien sûr que oui ! L'offense magique me permettra d'être une auror aussi brillante que toi.." Je marque une pause et le regarde en coin. "Ou même bien meilleure !" Je lui fat un clin d’œil et nous rions tous les deux. Je ne suis pas orgueilleuse loin de là, mais penser à mon père me pousse à aller au delà de mes capacités. Alors autant y croire et j'y arriverais... D'ailleurs je me souviens que je dois lui parler de quelque chose, quelque chose qui me tient à cœur. Je dois lui parler de ma particularité magique, et dieu sait à quel point j’éprouve encore des difficultés lors de mes cours d'entraînement. "Papa ? Tu te rappelles quand je t'ai dis que je voulais être exceptionnelle à tes yeux ?" Je me pince légèrement la lèvre inférieure et il me regarde en m'adressant un hochement de tête. "On a déjà eu cette discussion et tu  l'es déjà à mes yeux voyons..." Il m'adresse un sourire radieux mais je ne peux m’empêcher d'avoir un peu le ventre noué. "Je suis des cours de Legilimencie pour devenir moi même Legilimens..." Je le regarde en sentant une drôle de chaleur envahir mon corps. Il sait déjà que mon projet d'auror me tient à cœur, mais être legilimens me rendrait encore plus fière de moi même. "Pourquoi donc veux tu devenir Legilimens ?" Il hausse légèrement les sourcils. Aille, l'ais-je vexée ? "Une particularité en plus qui me serait très utile pour combattre mes ennemis... Imagine je pourrais par exemple retourner leurs propres infirmations contre eux !" Je parle d'un ton enjoué et convaincant, il ne doit pas avoir peur non loin de là. "Et qui est ton mentor ?" Bah écoute papa... On se fiche de ça un petit peu, dis moi plutôt ce que tu penses de mon idée ! Je soupire en souriant. "Peu importe, je voudrais ton avis.." Mon père me regarde longuement et me caresse doucement les cheveux. "Sois encore plus exceptionnelle alors et deviens la plus brillante des aurors !" Je ris et je sens que j'ai accomplit un but, je sens que j'ai gagné à jamais la fierté de mon cher père.



J'entends le silence qui règne dans la pièce. C'est tellement calme que seule ma respiration et les battements de mon coeur se distinguent de se silence. Je relève légèrement la tête et remarque que la musique c'est arrêtée. Ma rêverie est finie, mon avenir se joue. Je me dois d'avancer.