Thomas fixa la porte longuement. Il finit par lever le poing et le frapper de manière incertaine sur le bois franc de ce qui le séparait de ses deux prochaines heures, suivit d’un long soupir. Une seconde, puis une autre et il entendit la voix de la dame qu’il devait rencontrer.

- Assieds-toi je te prie, disait-elle.

Et il fit ce qu’elle lui dit. Les coudes sur les cuisses, les mains légèrement pendues dans le vide, il ne savait pas trop comment s’en tenir à tout cela. La femme quant à elle croisa ses jambes et prit quelques notes avant de redéposer son carnet sur son bureau.

- Inutile d’expliquer ta présence ici j’imagine? Ton père et ta mère tenait à ce que je te rencontre absolument et dis-toi qu’ils ne font pas ça pour ton mal, mais pour ton bien.
Il ne répondit pas de manière verbale, il ne fit qu’un simple oui de la tête et se gratta le derrière de la nuque.

- Ça te fâche que tes parents aient déposés ce geste? Aurais-tu préférer venir par toi-même, y aller à ton rythme?

Il souleva sa tête légèrement surpris par la question.

- Non pas du tout…Je veux dire, j’adore mon père et ma mère aussi. Je dois avouer que mon père n’a pas été un agneau face à mes bêtises d’il y a quelques années mais…C’est son rôle en tant qu’autorité parentale. Puis de manière générale j’adore ma famille enfin…parfois ils me tapent sur les nerfs, mais si ce n’était pas le cas on ne serait surement pas une « famille ».

- Vous avez été toujours très proche donc?

- Toujours. Je veux dire, je n’ai pas vraiment à me plaindre de cela, vraiment c’est le moindre de mes soucis. Je suis plutôt très chanceux d’avoir  été si bien entouré, de savoir que j’ai toujours été aimé et que je le serai toujours et toujours soutenu dans ce que je fais.

- Donc, concrètement, aucun problème familial?

- Non aucun.

Elle reprit son carnet et nota quelques petites choses avant de le redéposer. Elle s’en excusa et continua à poser quelques questions.

- Et sinon, cela fait ta neuvième année à Poudlard, c’est bien ça? Comment as-tu vécu ses dernières années?

- Oui exactement et je les ai vécu plutôt tranquilles. Je crois que comme n’importe quel étudiant j’ai eu des hauts et des bas ici, mais ça fait partie de notre propre évolution, de notre propre parcours, puis voilà. Je me souviens qu’à mon entrée je ne savais pas trop quoi penser de ces lieux. J’étais à la fois anxieux à l’idée de passer mes années sans amis, seul et en même temps, excité à l’idée d’explorer cet énorme château et de participer à des cours incroyables. Le Quidditch me paraissait fort intéressant, je rêvais plus tard de devenir un grand joueur.

Quelques questions comme celles-ci s’enchaînèrent jusqu’attend que la psychologue mette fin à la séance. Elle le remercia, lui serra la main et les deux repartirent à leur quotidien. Thomas sortie de la salle en fermant doucement la porte et remercia de ne pas avoir à discuter de l’événement du train.
Il ne voulait pas rejoindre ses amis, il souhaitait plutôt prendre du temps seul, en compagnie de sa propre personne pour penser. Une année s’était écoulée depuis cet événement à la fois terrifiant et obscur. Il se souvenait de tout. Cette brise froide qui venait gratter sa peau et qui donnait cette impression rugueuse, l’odeur indescriptible qui parcourait son nez et les pensées qui bombardaient son cerveau de questions. Qui? Quoi? Comment? Pourquoi? Comment? Ça, il s’en souvient parfaitement, aussi frais faisait-il cette soirée-là, aussi frais s’en rappelle-t-il. La suite, elle lui était inconnue. Il se souvient s’être assoupi par un manque de force, comme si tout ce qui lui restait de conscience s’évapora en moins d’une minute. Il se réveilla alors avec son chat roux sur le ventre. Toujours avec sa petite mine bizarre, l’air malheureux, mais heureux. Il vint se coller dans son cou et ronronna. Thomas le flatta doucement et attendit qu’on vienne à son chevet pour qu’on lui explique en détail ce qu’il s’était produit. Pourtant, il n’entendait plus rien, il ne faisait qu’essayer de comprendre ce qui s’était passé lors de cet accident, tentant en vain de comprendre pourquoi la peur l’avait autant envahit ce soir-là. Mais en vain...Son patronus toujours aussi fidèle à lui le réconforta longuement par son silence quotidien et sa présence.