[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]1963, you're dripping like a saturated sunrise. everything was blue. Elle ne peut oublier. Elle ne peut oublier les couchers de soleil troublants, les arabesques rosées et moelleuses, la chaleur qui caresse délicatement sa peau. Elle ne peut oublier son pays, ses terres natales. Elle ne peut oublier l’Égypte, symbole de la famille Shafiq. Une partie de la famille s’est dispersée dans le monde, notamment au Royaume-Uni depuis deux générations. Puis d’autres ont préféré rester proches de leur source, ce qui a été le cas des parents de Sofia. Née un quatorze mai accompagnée de son frère jumeau, la petite fille qu’elle était ne connaîtra pas les territoires inconnus qui englobent la planète terrestre. D’ailleurs, elle n’a jamais cherché à en savoir plus. Elle était heureuse chez elle. Une enfant courant dans tous les sens, un doux sourire aux lèvres, une imagination débordante. Il lui en fallait peu, très peu pour l’amuser. Ce n’était pas une gamine difficile et gâtée. Elle se contentait de ce que ses parents lui donnaient. De temps à autre, il n’était pas rare de recevoir des lettres ou de la visite des autres membres de la famille. Oncles, tantes, cousins, cousines. Tous y étaient invités, car le nombre comptait peu aux yeux de sa mère. Au fond, elle avait sûrement envie de présenter les jumeaux de la famille aux autres. Ces deux derniers, plus ils grandissaient, plus il était facile de les différencier. Petit à petit, chacun prenait des traits de visage différents, alors qu’ils étaient bel et bien nés le même jour, ensemble. Inutile de préciser que le père ne croyait pas à cette différence. Un homme qui ne cessait de râler et de prouver sa mauvaise humeur tous les matins. C’était une personne très déboussolée, à la limite de la paranoïa. La vie n’était pas toujours aussi simple avec lui dans les pieds. Sofia n’a jamais été proche de lui, du moins pas complètement. L’affinité qu’elle avait était envers sa mère, elle et elle seule.
À l’âge de cinq ans, Sofia eu droit à son premier animal de compagnie. Ce n’est pas un instant très important dans la vie de la jeune fille, mais elle s’en souvient encore comme si c’était hier. C’était un armant, une race de chien de petite taille provenant tout droit de l’Égypte. Étant une amoureuse inconditionnelle des espèces animales, la jolie brune l’a tout de suite adopté comme le dernier membre de la famille. C’était son nouvel ami, le seul et l’unique. Un ami qui n’a pas été apprécié par le père de famille, une nouvelle fois. Il imposait ses propres règles sans que personne ne puisse les contester. L’animal devait rester dans le jardin, qu’il vente ou qu’il pleuve. C’était comme ça et pas autrement. Sofia se souvient d’un jour en particulier. La pluie ruisselait sur les tuiles de la maison, un vent brusquait les arbres et la petite fille était assise au bord d’une fenêtre, observant son ami se trouver un abri, chose qu’il n’avait pas. Elle s’était alors retournée vers son père. « Il pleut trop fort, on peut le... » « Non, » avait répondu le père, coupant sèchement la parole de son enfant. « C'est pas ton ami et tu le sais. » Sofia n’avait plus répondu suite à ceci, se retournant une seconde fois son visage aux joues rondes en direction du jardin. Elle ne lui en voulait pas. Elle n’en voulait pas à son père. Elle ne lui en a jamais voulu non plus. La petite fille était née dans une famille de sang-pur, des personnes nobles et droites sur certains points. Son père prenait la nature de ce sang un peu trop à cœur. C’était ce que sa mère lui reprochait souvent. Les jumeaux n’ont pas vraiment eu une enfance comme un sang-mêlé ou un né-moldu aurait eu. Chez eux, c’était différent, très différent.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]1969, we were never welcome here, we were never welcome here at all. À l’âge de six ans, Sofia déménage pour la première fois. La petite famille s’en va sur les terres écossaises suite à la perte d’emploi du père. Selon lui et ses dires, c’était l’unique solution pour permettre à ses jumeaux de vivre mieux et d’avoir un meilleur avenir en termes de magie. Les raisons n’ont jamais été vraiment justifiées, ce qui n’a pas plu à la mère. C’est comme si le père souhaitait cacher quelque chose, mais quoi ? Les mêmes discussions revenaient sans cesse s’interposer entre les repas de famille, ce qui n’avait pas tardé à entraîner des conflits entre les deux adultes. Une mère agacée par son mari, ce dernier ne cessant jamais de se plaindre et n’oublions pas les enfants. Un garçon vivant le mal du pays et une fille attristée par l’arrachement de son ami à quatre pattes. Le chien est resté en Égypte, dans une nouvelle famille alors que c’était un ancien errant. Et, encore une fois, Sofia n’en voulait à personne. La vie n’était pas tout rose et elle le savait. Elle l’a toujours su.
Deux après, la jeune fille venait de fêter ses huit ans. Une jeune fille pleine de vie, surprenante et toujours aussi imaginative. Seulement, quelques mois après sa mère tombe gravement malade. Sofia ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas pourquoi c’était elle et personne d’autre. Pourquoi maintenant ? Durant des jours et des jours, ils étaient tous les trois au chevet de la femme mourante. Enfin, voir le père et les deux enfants réunis était presque… rare. Il semblait être beaucoup trop occupé, mais à la fois attristé. « Pourquoi tu es presque jamais là ? Maman a besoin de nous. » Sofia répétait sans cesse cette phrase. Pourquoi, papa ? Pourquoi ? Toujours pourquoi, sans avoir eu la moindre réponse. « Je suis occupé, » disait-il en guise de réponse. Seulement, il paraissait toujours occupé. Il n’y avait plus d’activité au sein de la famille. Il n’y avait plus rien, absolument plus rien. À cause de cette vague malchanceuse, son frère a construit en lui un côté protecteur afin d’être un peu plus présent pour sa sœur, alors que de son côté elle ne semblait pas être autant affectée. C’était à partir de ce moment-là que leur véritable relation a évolué. Ils sont devenus proche, très proche. Il était simple de les comparer aux inséparables. Cette affinité fut le dernier bonheur de la mère de famille. Après de longs mois d’accrochage, elle a fini par s’en aller dans un monde meilleur. Pourtant, Sofia ne s’est jamais réellement remise du décès. Elle se sentait seule, stressée et ce fut comme un choc qui venait de la percuter de plein fouet. Malgré ça, elle continuait d’aller à l’école mais ne participait plus autant aux cours. Petit à petit, elle décrochait du monde réel. Il y avait des périodes où elle n’était pas très sympathique avec ses camarades, d’autres où elle était un véritable enfant à câlins. On ne savait jamais sur quel pied jouer, même si elle restait la petite fille calme et attentive. Le seul mot qui venait à l’esprit du reste de la famille était bizarre. C’était bizarre, disaient-ils. Puis Sofia rencontra son second ami à l’école. Un jeune garçon au visage niait. Elle ne se souvient plus de son prénom. Ses pertes de mémoire se manifestent au début de son adolescente, ce qui fait qu’elle est totalement incapable de se souvenir de tout.
Finalement, au bout de deux années, le père réalise qu’il ne peut et n’arrive pas à s’occuper de ses enfants comme sa femme le faisait. Il se sentait triste et désemparé. Il avait envie de rien, laissant de côté son rôle de famille. Et ce fut la raison du troisième déménagement, direction la France.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]1973, they send me away to find them a fortune, a chest filled with diamonds and gold. Bien que cela puisse paraître étrange et même inimaginable, il y avait bien une grand-mère Shafiq dans les régions françaises très proches de celles britanniques. Les jumeaux y sont déposés alors que le père repart pour Londres, se trouvant rapidement une place au ministère de la magie. Suite à ceci, ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase du côté de son frère. « Tu crois qu'il va revenir ? » Une question qui torche la gorge de son jumeau. Son visage se dégrade alors qu’il est à peine âgé de dix ans. « Je sais pas et je veux pas savoir, » répondit-il. Sofia ne persistait pas. Elle ne persistait jamais. Elle ne voulait pas le déranger bien plus qu’il ne l’était déjà. « Allons, allons. Venez goûter les derniers biscuits qui viennent de sortir du four, » interrompit la grand-mère. C’était sa façon à elle d’occuper les esprits de ses petits-enfants, mère de leur géniteur. Une femme étant agréable en compagnie et bien aimable. Sofia et son frère n’était peut-être pas chez eux, mais c’était comme si c’était le cas. La vieille dame était très libre d’esprit et ouvrait les bras à tout le monde, quel que soit le personnage qui se pointait sur le seuil de sa porte. Elle était surnommée la mamie gâteaux.
Lorsque ses onze ans ont sonné, Sofia et son jumeau sont envoyés dans la célèbre école de magie de Beauxbâtons. Elle n’a jamais vraiment appris à parler le français. Elle le comprenait à peine. En réalité, Sofia a toujours été une élève renfermée, timide et seule dans un coin de la pièce. Elle n’avait pas beaucoup d’amis, ce qui ne lui permettait pas d’engager des conversations avec les autres. Quoi qu’il en soit, ceci ne lui a jamais dérangé. À vrai dire, c’était un fonctionnement de vie qu’elle appréciait malgré ses défauts. Quant à son frère, il passait de nombreuses d’heures devant les livres pour apprendre cette langue. Entre les deux jumeau, c’était lui le plus investie. Ceci a duré quatre ans, quatre belles années dans un pays riche en ressources.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]1978, i'm headed straight for the castle. Son voyage sans fin s’arrête au Royaume-Uni, rejoignant une grande partie de la famille aux origines égyptiennes. Au fond, ce n’était pas plus mal pour Sofia. Elle allait enfin pouvoir être plus proches de ses oncles, ses tantes, ses cousins et ses cousines. C’était un point positif pour elle, elle qui rêvait d’être un peu plus rapprochée des Shafiq. La jeune allait également pouvoir parler l’anglais, la seule langue avec qui elle se sent à l’aise. Pourtant, elle garde une bonne expérience de ses courtes années à Beauxbâtons. Ce n’était pas comme si elle en revenait traumatisée. Néanmoins, elle ne parvient pas à entrer directement à Poudlard, l’école de magie se trouvant sur les terres britanniques. Elle craignait la nouvelle école alors qu’en parallèle, sa particularité moldue ne faisait que s’accroitre. Petit à petit, sa mémoire flanchait, perdant quelques souvenirs d’enfance dont elle aurait aimé garder. Sa concentration n’était plus aussi efficace qu’avant. Sofia se laissait déconcentrée par le moindre bruit, le moindre geste. Son appétit baissait lentement. C’était de cette manière que la jeune sorcière hérita des creux au niveau des joues et d’un corps aussi fin et fragile qu’une poupée en porcelaine. Depuis, elle avait adopté l’habitude de s’habiller de vêtements larges pour que personne ne puisse juger sa masse corporelle, ni même la voir. Ses sautes d’humeur se manifestaient un peu plus, la fatigue devenait un lourd fardeau à porter, ce qui lui a coûté les légers cernes sous les yeux et ne savait plus sur quel côté se pencher. Il lui a fallu du temps, beaucoup de temps pour apprendre à se reconnaître. Durant longtemps, Sofia était une adepte aux médicaments, de minuscules choses qui n’ont jamais réellement marché. Aller à Poudlard à cette période-là ne lui allait rien arrangé. La jeune fille était assez chargée en stresse et en angoisse. Son frère, par contre, s’était très vite intégré à l’école de magie. Il n’était pas là durant toute l’année, mis à part les vacances de noël et les grandes vacances d’été. À nouveau, c’était un fonctionnement de vie différent de l’ancien. Les jumeaux avaient pour habitude d’être inséparable. Malheureusement, ils n’avaient pas le choix de se voir que deux fois par année. Par chance, Sofia n’a pas été retardée durant ses études. Sa grand-mère de sang-pur était une véritable sorcière qui prenait un malin plaisir à enseigner les bases de la magie à sa petite-fille. Chaque jour, elle s’entraînait peu à peu, prenant le temps qu’il lui fallait. L’heure n’était pas comptée, rien ne comptait à ce moment-là. Grand-mère était un ancien professeur de Poudlard, enseignant l’histoire de la magie il y a bien longtemps. Elle avait ensuite quitté l’école de l’Angleterre pour rejoindre celle de France et y vivre. Ceci a duré quelques années, soit jusqu’à sa majorité. Malgré sa peur bleue de la foule, des nouveautés et des nouveaux environnements, elle finit par se décider d’y entrer. Entrer à Poudlard.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]1981, welcome to hogwarts. « Bonjour... » balbutie-t-elle en croisant les autres élèves et professeurs dans les couloirs. « Sois un peu plus courageuse, Sofia ! » s'exclame son patronus, perché sur une de ses épaules. Le courage n’est pas son point fort. Il ne l’a jamais été, d’ailleurs. La jeune sorcière est encore intimidée par les grands élèves, par ceux qui sont passés par les cursus primaires. Ils ont l’air chez eux, dans leur propre monde. Quelque chose que Sofia ne ressent pas encore et ce détail se fait bien sentir à l’égard des autres. « J'essaie, tu sais. » Saqqarah n’est pas méchant. En réalité, elle ne veut que le bien de sa sorcière bien aimée. Elle souhaite la voir intégrée comme une élève lambda, même malgré sa bipolarité qui est facilement remarqué à certains moments. Pourtant, Sofia essaie de se contenir, de se contrôler. Ce n’est pas facile de se coucher heureuse et se lever d’un seul bond, aigrie pour le reste de la journée, sans pour autant être la plus méchante de l’école. À ses yeux, elle s’estime assez courageuse pour pouvoir se reprendre mentalement, même si cela peut s’étaler sur plusieurs heures.
Aujourd'hui, Sofia n’est plus vraiment la même petite fille qu’autrefois. En réalité, elle ne se souvient pas complètement comment elle était. Sa mémoire se dégrade un peu plus chaque jour, même si elle essaie de faire en sorte que ce ne soit plus le cas. Elle ne se souvient pas avoir été un peu plus trapu physiquement dans le passé. Elle ne se souvient plus de ces années passées en Égypt et en Écosse. Tout est flou. La seule chose dont elle se souvient parfaitement, c’est de la relation qu’elle entretient avec son frère jumeau. De temps à autre, il n’est pas rare de les voir ensemble dans les environs ou à l’intérieur de l’école. Leur relation est fusionnelle, à tendance ambiguë quelque fois. Mais ils restent un frère et une sœur aux airs identiques.
Malgré ce handicap, elle tente de travailler le mieux qu’elle peut durant les cours, même si ce n’est pas toujours facile. Il est fréquent de savoir que Sofia se sent inférieure aux autres. Il est fréquent qu’elle se sente différente. Il est fréquent qu’il lui arrive de mauvaises bricoles à cause de ses pensées lunatiques. Ses camarades de classe restent distants, la trouvant étrange. Ce n’est pas la jeune fille tant aimé, mais au fond elle s’en sort plutôt bien. Sofia ne leur en veut pas, on ne peut apprécier tout le monde après tout. Ce qui revient le plus souvent, c’est la fameuse question. Une question qui n’est pas si stupide que ça. Que fait une adolescente rencontrant des problèmes de bipolarité étudiant la médecine magique ? Sofia n’est pas pour autant stupide. Elle ne l’a jamais été. Enfant, c’était une gamine bien intelligente et elle conserve cette intelligence avec peine, mais elle y arrive. Elle n’est pas folle, même si elle commence peu à peu à y croire à cause des dires des autres. Il est simplement question de vouloir aider les autres d’une autre manière. Un jour, elle prouvera que tout est possible. Un jour, elle ira travailler de bon matin, aimant un métier dont elle vise le sommet. Et ce, grâce à Poudlard. Grâce à cette école de magie dont elle est quand même très ravie et heureuse d’y être entré. Poudlard est son nouvel ami, en soi. C’est son ami et elle le sait, père.