in dreams, we enter a world that’s entirely our own. Méticuleusement, elle passe la brosse douce sur la chevelure de son amie. La crinière scintille sous les rayons du soleil qui traversent les vitres de la chambre, tantôt d’un blond délavé, tantôt d’un doré de blé. Leur voix limpide résonne dans la pièce, tout comme le rire mélodieux d’un enfant de sept ans. Des paillettes sont étalés un peu partout sur la coiffeuse, des élastiques aux multiples couleurs sont prêts à être utilisés. « Fais doucement Cath ! Je vais finir par ne plus avoir de cheveux à cause de toi, » s’exclame Renesmée en sentant quelques mèches lui tirer sur le crâne. « Arrête de bouger alors ! » Au bout de quelques minutes, la tresse tombe le long du dos de son amie. La coiffure ne fait que lui mettre son joli visage de poupée en valeur. Elle est belle, sublime. Cath, elle, a toujours préféré mettre des rubans de couleur dans sa chevelure brune. Des couleurs chaudes comme froides, vives comme ternes. La petite fille a longuement été attirée par les teintes qui colorie notre monde. Elle sourit à son amie. Et elle se souvient du sourire que Renesmée lui rendait. Elle se souvient de sa petite voix aigüe. Elle se souvient de leur rencontre dans les couloirs d’un orphelinat de Manchester. Elle se souvient de tout, mais peu au sujet de son abandon. Les orphelins ont longtemps été considérés comme des mauvais êtres, des corps sans âme. Des enfants rejetés, perdus. Cath ne s’est jamais sentie rangée dans ces préjugés. D’après la directrice de l’établissement, une gentille et vielle dame, elle a été apportée ici alors qu’elle n’était qu’un bébé. Ses parents avaient délaissés leur vie quelques jours plus tôt, déchirés du monde des mortels à cause d’un ou de plusieurs mangemorts. Tout est vague, tout est flou. Elle ne sait pas si c’est la vérité ou une supposition. Pourtant, elle a finit par abandonner l’idée de connaître ses véritables parents un jour. Sous ce flux d’illusion, le sourire de la petite brune disparaît. Renesmée se tourne alors vers elle, un sourire quelque peu forcé et inquiet. « Ne t’en fais pas, toi aussi tu trouveras une famille un jour. Je te le promets, » conclue-t-elle en prenant la main de Cath. « Tu dis ça parce que tu en as trouvé une, n’est-ce pas ? » Il y a une part de vérité. L’idée d’être séparée de celle qu’elle connait depuis ses premiers pas lui créer une boule d’angoisse au fond de la gorge. Renesmée se lève de sa chaise. « Peut-être, mais aussi parce que j’en suis certaine Cath. » Elles s’enlacent toutes les deux, ignorant le grand départ de la jolie blonde qui s’annonce être au lendemain même. C’est un grand monsieur et une femme beaucoup plus petite qui aide Renesmée à récupérer ses affaires. Les étagères de la petite chambre se vident, un lit se libère, des dessins disparaissent. Avant de partir, Cath s’empare du corps de sa grande amie et l’enlace, la serre pour la dernière fois. Ce n’est pas la solitude qu’elle craint le plus. Ce n’est pas le manque. Elle craint à devoir supporter les garçons de l’orphelinat, ceux qui s’amusent à rire de son prénom ou de l’appeler Brook. « On se reverra un jour, je te le promets ! » s’écrire la petite fille. Cath hoche la tête en guise de réponse, pas très convaincue par ses paroles. Les premiers jours sans Renesmée ont été durs et insupportables. Peu de temps après, une autre filette a pris sa place. Une fillette avec qui la brune ne partage rien. Elles n’ont pas les mêmes goûts, la même façon de s’amuser. L’une préférait courir dans les couloirs en donnant l’iréalité d’être une licorne tandis que l’autre se moquait des plus faibles. Vient alors l’hiver. Le menteau de neige, les buées sur les vitres de l’orphelinat, les goutelettes givrées par le froid. Cette fois-ci, Cath n’a aucune envie d’aller s’amuser dans la neige. Elle passe alors ses journées autour d’un livre sur les étoiles et les constellations, buvant un chocolat chaud. De temps à autre, une autre femme du personnel de l’établissement lui tient compagnie. C’est un hivert terne et la petite fille n’a plus envie d’ajouter des couleurs. Elle ne veut plus dessiner ou colorier la neige avec de la peinture. Cath n’est pas malheureuse pour autant. Elle n’a tout simplement pas l’envie, pas le courage. C’est comme ça durant tout l’hiver, jusqu’à la venue du printemps. Une bonne nouvelle s’annonce aussi, puisqu’aujourd’hui Gardner apprend qu’une petite famille souhaite l’adopter. Elle ne saura jamais expliquer cette joie immense, ce soulagement de se dire qu’une maison nous ouvre ses portes. Une véritable maison, avec une véritable famille. Cette dernière se composait d’un père auror occupant un poste au Ministre de la magie, bien que cette information se soit dévoilée plus tard, une mère écrivaine et une autre petite fille âgée de deux ans de plus que Cath. Elle ne peut refuser. Elle sait que ce sont eux et que cette chance ne se présente qu’une seule et unique fois. Tout comme Renesmée, elle fait ses affaires avant de rejoindre la voiture familiale. De là, elle démarre et Cath adresse un dernier signe de main à l’orphelinat dont elle s’était finalement attachée, partant pour Oxford.


let us step into the night and pursue that flighty temptress, adventure. Elle court, lâchant un rictus à chacune de ses foulées. Elle grimpe aux arbres, les cheveux ondulant au moindre souffle. Elle glisse du toboggan en passant par le tourniquet et les balançoires, un sourire aux lèvres. Les joues pourpres, elle le fuit. Cath fuit ce petit garçon qui n’est personne d’autre que le fils des voisins habitant de l’autre côté de la rue. Ils gloussent à n’en plus pouvoir. Ils jouent à s’en fatiguer. « Cours plus vite, sinon c’est toujours toi le chat ! » encourage-t-elle à son nouvel ami. Mais elle ne s’arrête pas à ses paroles. Cath continue de courir, lançant de temps à autre un regard par-dessus son épaule. Thoren a été sa première connaissance à Oxford. Bien qu’il soit plus jeune qu’elle, un lien s’est tissé entre les deux enfants, un lien solide. L’un ne peut plus passer ses journées sans l’autre et vice versa. Ils sont devenus proches. Il n’est pas rare que Cath invite son ami à dormir chez elle de temps à autre, ou a passé des après-midi ensemble pour passer du temps à rêver d’un monde magique, inventer des aventures. Mais le peu de temps qui lui est offert ne lui suffit pas. Ça ne lui convient pas. C’est une petite fille qui en veut plus, toujours plus et pourtant elle ne l’a jamais montré. Déçue de ne pas pouvoir inviter Thoren aussi souvent qu’elle souhaite, elle profite pleinement de ces instants opportuns. Ce sont ses parents adoptifs qui veulent limiter les visites et les jeux à l’intérieur de leur petite maison. Ce ne sont pas des personnages étranges, mais magiques. Depuis peu, Cath a appris que son père n’est pas un employé de bureau passant ses journées à tapoter sur un clavier au sein d’une entreprise réputée en Angleterre. Sa mère n’est pas une simple écrivaine et sa demi-sœur n’est pas une élève allant dans un internat durant l’année scolaire. Ce ne sont pas des moldus comme elle, un terme qu’elle a dû apprendre ainsi que pleins d’autres. Père est un auror du ministère de la magie, mère une écrivaine pour toutes sortes de livres au monde des sorciers et demi-sœur une élève d’une école portant le nom de Poudlard. Les débuts n’ont pas été simples à réaliser et à digérer. Mais plus elle voyait de la magie, plus elle est intéressée. Elle veut, elle aussi, apprendre à manier une baguette. Elle veut apprendre des formules, des sorts et lire des parchemins attrayants. Elle veut aussi en parler à Thoren, mais sa famille lui a gentiment demandé de garder ce secret pour elle. Les moldus, comme ils les appellent, ne doivent pas être au courant de la magie. Partagée entre le monde innocent et le monde d’un rêve devenu réaliste, Cath n’a pas su garder plus longtemps après deux années silencieuses. À son entrée à Poudlard, elle s’est sentie mal à l’aise de mentir à son meilleur ami. Les pieds balançant dans le vide, elle se laisse tomber en arrière en se faisant rattraper par le coussin de son lit. Pendant de longues minutes elle reste pensive, réfléchissant à un subtil moyen pour pouvoir le contacter. Le manque commence peu à peu à la ronger, ce qui n’améliore pas la situation. Il lui vient alors la simple idée de lui envoyer des hiboux. En se dirigeant vers la volière, Cath passe des journées et des nuits à écrire des lettres et à les envoyer grâce aux volatiles. Mais aucune réponse ne lui parvient. Elle n’en n’a jamais reçu, mais rien ne lui empêchait de continuer à écrire. Elle lui raconte sa vie à Poudlard en lui expliquant que c’est une école de magie. Elle lui parle de ses camarades de classe, de ses cours et du travail qu’il y a fournir chaque jour. Elle lui parle de tout et de rien, ne pouvant plus s’arrêter d’en dévoiler toujours plus. Ce qu’elle ignore, c’est les conséquences qui peuvent se produire. Le ministère de la magie est en charge de protéger le monde des sorciers en cachant leur existence aux moldus, mais les hiboux qui planent dans le ciel presque toute les semaines n’annoncent rien de bon, surtout en plein jour. Puis elle connait les parents de Thoren. Ils ont toujours été des personnes que l’on peut décrire de bizarres, d’étranges. Ils détestent la magie et tout ce qui s’en suit. Cath eu alors l’interdiction de le voir durant de nombreux jour. Durant de nombreuses semaines, on lui avait empêché de voir son meilleur ami et sa façon de se venger était de lui envoyer des lettres constamment, sans perdre courage. C’est une jeune fille têtue et qui ne lâche rien aussi facilement. Durant les grandes vacances d’été, elle ne peut s’empêcher de rendre visite à son ami discrètement en passant par l’arrière du jardin. Elle ne peut s’empêcher de montrer des objets magiques en les sortants un par un de sa besace. Elle finit par extraire des bonbons et toutes sortes de sucreries. « Ça ce sont les dragées surprises de Bertie Crochue. Mais fais attention, certains ont des goûts horribles, » dit-elle en grimaçant. Le bonbon qui fondait sous sa langue avait l’étrange saveur des épinards. Elle le recrache alors dans l’herbe. « Et ça ce sont les chocogrenouilles. Mais n’ouvre pas le paquet, elle risque de s’échapper avant de fondre au soleil ! » Cath décide de ranger ses affaires avant qu’on les surprenne. « J’ai acheté tout ça dans le Poudlard Express, c’est le train qui… Tu devrais venir une fois dans cette école, » conclue-t-elle en remarquant qu’un passant se promène non loin d’eux. Oui, elle a envie que Thoren entre à Poudlard. Elle en rêve, à vrai dire. La petite fille décide de se lever avant de remettre la bannière de sa besace sur son épaule, dépose un baiser sur la joue de son ami et s’en va. Son second rêve devient alors réel lorsque la prochaine rentrée elle a su que son meilleur ami avait lui aussi reçu la fameuse lettre de l’école. Elle est heureuse de pouvoir partir à ses côtés, de prendre le train avec lui tout en se goinfrant de sucreries et surtout de lui donner une petite visite improvisée à Poudlard. Elle ne peut demander mieux. Sa vie prend une tournure qu’elle ignorait jusqu’à présent et, par enchantement, elle ne regrette aucun de ses choix.


times is making fools of us again. Cath sait qu’elle n’aurait pas dû. Elle sait qu’elle n’aurait pas dû aller à cette fête, comme lui ont gentiment demandé ses parents. Serrant les draps fins du lit qu’on lui a prêté à l’hôpital, elle laisse échapper quelques larmes cristallines sur ses joues. La douleur est intense, torturante pour une jeune fille de dix-sept ans. Elle ne voulait pas que ça se passe de cette façon. Elle voulait s’amuser à cette fête comme n’importe quel adolescent le ferait durant les grandes vacances. Et pourtant elle entend encore les voix qui tentent de la maintenir éveillée ou son prénom qui retentit avec horreur. L’image de cette voiture rouge au moteur grondant ne cesse de repasser en boucle dans sa tête. La seule chose qu’elle se sent obligée de regretter est le fait de ne pas avoir vu le visage du conducteur. Les phares l’éblouissaient trop pour qu’elle ait eu la chance de retenir quoi que ce soit. « Maman, je suis désolée… je ne voulais pas que ça se passe comme ça, j’aurais dû vous écouter, » souffle-t-elle entre deux pauses. Sa mère ne lui en veut pas pour autant et le fait remarquer en prenant la main de sa fille entre les siennes. « Ce n’est rien, Cath. On ne t’en veut pas. Tout va bien se passer, tu verras. » Les larmes lui montent, mais elle se retient du mieux qu’elle peut pour faire bonne impression face à la blessée. Elle avait raison. Ses parents ne lui ont jamais voulu. Pour eux, c’était impensable d’en vouloir à leur enfant, qu’il soit adopté ou non. Il n’y avait aucune différence et aucun choix n’était à faire. Au plus grand soulagement de la famille Gardner, Cath s’en sort avec quelques côtes fêlées et un bras fracturer en bonne voie de guérison. Bien que son mentale ne suit pas le même rythme que son corps. Touchée profondément par ce traumatisme, Cath est devenue une personne anxieuse malgré les aides des médecins du monde des moldus. Les ordonnances médicales ne font aucun effet sur sa personne, comme si elle est complètement insensible à ce qui devrait la soulager. Les premières nuits ont été rudes et difficiles. Le cauchemar réapparaissait sans cesse, la conduisant à des crises d’angoisse comme de panique. Les quatre murs de sa chambre l’étouffent et même si elle a envie de retourner à Poudlard, son père reste sur des refus intempestifs. Pour lui, sa fille n’est pas complètement rétablie que cet accident. Il ne veut pas prendre le risque de la laisser partir. Son absence à l’école de magie ne devait durer que quelques semaines, puis ça s’est étalé sur quelques mois. De longs mois d’attente, observant sa mère à écrire les pages d’un livre sur les potions et assistant aux légers cours de sorts donnés par son père. Elle n’a personne à qui parler. Thoren, lui, a été envoyé à Poudlard dès la rentrée. Son ex petit ami avait décidé de rompre quelques jours après sa sortie à l’hôpital. Ce dernier avait également changé de comportement, comme s’il se sentait coupable de quelque chose. Il ne regardait plus Cath comme avant. Durant ces longs mois, elle est seule jusqu’à son retour à l’école qui vient une année après la tragédie. Elle en profite d’ailleurs pour changer de cursus scolaire, passant de la zoologie magique à la communication magique. De temps à autre, elle continue de rendre visite à des psychomages pour tenter d’oublier ce fâcheux souvenir qui ne cesse de revenir toutes les nuits, pratiquement. Il n’est pas rare non plus qu’elle aille rendre visite à la personne tenant l’infirmerie de l’école pour d’autres raisons. Puis la venue de Renesmée n’a fait qu’embellir un peu plus sa vie.
« Ça te va bien ! » fait remarquer son patronus, la tête penchée sur le côté, en distinguant les différentes nuances de couleur. La jeune adulte lui répond d’un sourire. « Merci, j’avais envie de changer un peu... » Depuis petite, Cath est réputée pour sa passion pour les différentes couleurs qui entourent le monde et elle le fait savoir en colorisant ses cheveux. Tantôt vert, tantôt violet ou encore bleu, elle passe par toutes les nuances possibles et inimaginables. Il n’est rare que certains élèves de l’école se retournent sur son passage. Cath ne passe pas inaperçue, ni même aux yeux des professeurs. Les avis lui importe peu, elle se sent bien comme elle est et ceci peut encore durer de nombreuses années.