[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] JUIN 1949. CHÂTEAU DE DUART, ECOSSE. ⊹ « Maman, la femme brune se retourne lentement & doucement, posant ses yeux clairs dans les tiens. Les cheveux relevés, les boucles brunes font d'étranges arabesques sur sa peau pâle, traçant les courbes d'une beauté sans égale. J'ai froid. ». Un murmure & tu baisses les yeux lentement, doucement. Tes chevilles s'exposent nues sous les bourrasques d'un vent assassin, divin. Le  tissu rêche s'accroche, s'écorche sur ta peau, mêlant tradition & raison. « Tu ne veux pas faire comme papa ? », souffle-t-elle en ébouriffant tes cheveux qui bouclent. « Tu ne veux pas être aussi fort que tous les Maclean ? », l'accent germanique s'égare, s'empare de son palais dans une palpable & inavouable douceur. Tes boucles brunes tombent devant tes yeux alors qu'ils se baissent & que tu tritures le motif tartan. « Mais on va se moquer de moi. », un murmure d'enfant, un murmure gênant, dérangeant. Ils ont dit que les jupes c'était pour les filles. Ils ont dit qu'il n'y avait pas de gloire à se couvrir ainsi des couleurs de ta famille, de tes amis. « Personne ne va se moquer, fils.  Tu es beau comme un cœur. », un sourire fissure, éventre le masque de froideur, de douceur. L'eau de ses  yeux rencontre les tiens. « Comme ton père. Mais pas comme Kirian. ». Jamais comme Kirian.

Kirian ne fait pas de pli sur son kilt. Kirian ne mange pas sans s'en mettre plein partout. Et surtout, il peut boire de la bière. Toi, tu n'y as pas le droit. Tu es trop petit. Tu es trop fragile, futile. « Tu n'as pas à être jaloux, mon ange. », elle se penche en lenteur, dans le bruit de tissu de sa robe. « Tu es même plus beau que lui. Elle regarde d'un côté & de l'autre. Mais ne le dis pas, c'est notre secret. ». Et elle pose un doigt sur sa bouche, faisant rebondir ses joues pâles, les yeux brillant de malice, de délice. Et la bouche s'ouvre dans un o parfait. Et tu rougis, tu frémis. Maman, c'est un peu l’héroïne de ta vie. « Viens mon ange, allons voir la magie. », souffle-t-elle, la main tendue vers toi & de tes petits doigts, tu t'accroches, tu l'attrapes.Un rire pétille, s'agite, crépite.

Et dans la fin de l'après-midi, sur l'herbe fraîche, le monde flanche, dérange. L'air s'emplit de magie à la  lueur du silence. « Jures-tu allégeance Kirian Lachlan Maclean comme ton père le jura à son père, comme tes ancêtres le jurèrent au vrai roi ? Aye  . Jures-tu de protéger ce clan & son Lord ? Aye. Même au péril de ta propre vie ? Aye. Le jures-tu sur ta baguette & ton courage ? Aye. ». Un serpent de feu vient s'enlacer sur sa peau, laissant une cicatrice sur sa main. « Alors tu es des nôtres, mac. ». Le sourire se fit plus franc, plus insolent. Un rire sonna, trébucha aux oreilles de l’aîné des fils Maclean.  Il était sonné, blessé & la magie pulsait encore, faisant s'écarquiller tes prunelles, le jalouser un peu plus. « Et une pour le petit. Avale mon grand & fear eile airson Eachuinn. » . un autre pour votre terrible & cruel ancêtre. La chope se remplit & Kirian avale, trop rouge, et tous sont hilares, hagards.

De tes grands yeux clairs, tu vois la fête éclater, exploser. Les lumières bougent, les baguettes se confrontent dans des duels improvisés, parfois écourtés par des empoignades sans foi, ni loi. Et tu te souviens l'avoir détester, vénérer en voulant toi aussi, fêter ta cérémonie de majorité, en voyant ses lumières vives courir dans ton regard. Kirian t'a lancé un regard dédaigneux, hargneux ; « D'façon tu es pas draoidh  . ». Une moue boudeuse, frondeuse & ta mère a appuyé sur sa main encore chaude de la magie de votre clan, le sommant de se taire & d'aller en enfer. Et tu as baissé les yeux ; Et si tu étais né sans magie ?  

« Qu'y a-t-il ? », souffle-t-elle. La pensée frippe ton visage d'enfant d'une inquiétude assassine, faussement divine. Il t'a raconté des histoires monstrueuses sur les sans-pouvoir. Il paraît que Papa les rend à la mère, c'est arrivé à l'autre petit frère. Et si Papa ne t'aimait plus ? Et si Maman te détestait, te haïssait ? « Je t'aimerai toute ma vie. », caresse-t-elle de sa voix d'eau douce, drainant les soucis au loin. Elle t'aimera même en enfer, même au travers de toutes les guerres.

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DECEMBRE 1979. AZKABAN, ANGLETERRE. ⊹ Les mains restent plaqués, collés aux oreilles, le frisson de peur mesquine dégouline, t'embobine. Le visage de ton fils s'échappe, dérape sur tes prunelles. Tu n'arrives pas à te souvenir. Les souvenirs se saccagent, volages, sauvages. Ils trébuchent, sombrant un à un, se cassant sur le bord de ton cœur, de chaque erreur. Et Letita, le jour du mariage, vacille, s'égosille dans une flaque d'horreur, de peurs. « Putain. », les larmes s'échouent au bord de tes yeux, roulant sur le bord de ta joue. « Putain. Putain. Putain. ». en construction.