Mère, Père. Tu sais maintenant, que ses mots te piègent dans une cellule sinistre. Pourquoi donc se torturer avec autant de talent ? Eschyle. Plus le temps t'accompagne, plus il se fait tourment. Te souviens-tu des éclats de vieilles disputes ? De ces orages si agressif qu'ils t'ont si souvent arracher des pleurs ? Tu as perdu le goût salé des larmes depuis. Elle coulent si rarement, et les sillions qu'elles ont laissé sur ton visage sont les derniers vestiges d'un passé heureux. L'enfance s'efface de plus en plus. Fantômes de maux qu'un souffle invisible, sans doute appelé dignité, va dissimuler dans les multiples méandres de ton esprit. Il y a des déceptions qui sont biens trop lourdes pour être porter par un enfant. Pourtant, même aujourd'hui, tu trouve toujours quelque part dans la nuit, là où l'obscurité est si accrue qu'on la sent inhaler notre âme et expirer nos malheurs tel un détraqueur, tes tristes souvenirs perdus. Ils se parent de beaux habits, brillants par leur horreur et leurs vices. Tu sens qu'il s'infiltre comme le froid contre ta peau, brulant maladroitement un corps de mensonge. Sordide et acerbe souvenir. Portrait d'une absence, d'un abandon au goût âcre. Ils sont la preuve d'un monde étrange et bouleversé. Ton monde, le monde de la magie. De la mort, aussi. Bien sûr, tu penses encore être de ceux qui ont raison. Tu l'espère au moins. Ce sacrifice que tu sembles avoir fait serait alors un acte généreux, absolument noble. Tes parents, ton enfance... Rien de tout cela ne semble exister dans ce monde de fumée. Tu perdrais définitivement ton âme de te savoir dans l'erreur, perdu au sein même de ton esprit. Ne pas en parler, ne pas avoir de sentiment. Cacher tes états d'âmes. Le visage de marbre, le corps gracile. Stricte éducation bien loin de ta chimérique vie chaleureuse. Les plus admirables personnes ne peuvent être nées qu'au prix d'un inévitable sacrifice, d'une inévitable douleur. Le prix a payer pour un monde juste. Pourquoi ces personnes médiocres, inhumaines, mériteraient-elles un traitement différent ? Au contraire, leur vie n'est-elle pas encore plus marquée par la souffrance ? Tu ne sais plus quoi penser. Es-tu une bonne personne ? Une mauvaise ? Que mérites-tu ? Ton coeur vacille sous l'effervescence de tes questions. Tes parents... Jamais ils ne doivent l'apprendre. Tu aimerais que toutes ces interrogations dans ton esprit se taisent, qu'enfin, le silence soit roi. Limpide et clair. Cependant, jamais tu n'es véritablement au repos. Toujours, elles hurlent en toi, lutter serait bain. Alors, tu te peds en elles, les laissant se fondre dans ton être plus profondément. Elles viennent compléter ta personne, comblant leurs absences dans ta vie. Au fond, tu sais qu'ils pensent à toi. Tu l'espères. Enfin, tes parents semblent bien loin de ce genre d'intention, très loin.

Mère, Père. Votre absence finit bel et bien par se transformer en cicatrice, plus ou moins large, plus ou moins béante, plus ou moins vivace... Loquace. Toujours. La question n'est plus de savoir si votre absence est supportable ou non. Peu importe finalement, le temps prend un malin plaisir à effacer jusqu'à la moindre trace de votre présence. Seule l'affreuse souffrance, celle de ce faux deuil demeure en ton âme. L'humide passage des larmes lui-même s'est déjà évaporer sous la chaleur d'un véritable foyer. Logan. Plus qu'un parrain, il est ce qui ressemble le plus dans ta vie à de la tendresse. A de l'acceptation, de la fierté. La véritable question désormais est de comprendre si tu dois te protéger de ces inombrables sentiments ou au contraire les exposer à leurs regards aveugles, presque morts. Si tu dois vivre à l'abri ou à découvert. Si tu es prêt à porter sur ta peau la trace de leur histoire. Mère, Père, d'où viennent donc ces terribles influences ? Ces vagues d'effroies mystérieuses qui changent en découragement ton moindre sentiment de joie et ton exaltation en détresse ? Tu as bien trop tendance à assimiler tes élans de douleur à leur absence continue. Tu en es profondément navré, mais savent-ils seulement ô combien leur absence est lourde sur ton coeur ? Comme son poids lacère jour après jour ta chaire ? Et ce malgré Logan qui t'élève comme un fils. Eschyle, un homme ne doit pas pleurer, surtout pas un Rosier. Ta conscience depuis son regard austère t'envoie des rayons de culpabilité, plus puissante d'années en années. Quel est donc le secret pour vaincre ce sentiment d'abandon ? Quand on aime, on s'accroche, on s'incruste, on s'aggrippe, on se cramponne au moindre souvenir, à la moindre effluve de présence et ce même si elle est anodine. Lorsqu'on ne peut plus, on rampe, parce qu'il n'y a pas de limite à cet amour, parce qu'on n'en a pas le choix. Tu n'as pas le choix. tu les aimes toujours autant, et tu chéries le moindre souvenir plus que tout au monde. Tu essayes de te persuader que leur vision du monde est la bonne, que leurs actes demeurent les bons. Cependant, tu vois bien l'atrocité à l'extérieur de ton univers. Tout est peint en une palette d'horreur, de monstruosité. Vos instants de bonheur ne font que des ombres sur cette fresques abominables. Mère, Père. Tu leur écris pour être avec eux, ensemble. Est-ce une manière de vivre par procuraton ? Sans doute. Tu écris pour eux, eux que tu as l'impression de ne pas connaître, mais que tu aimes tout de même. Ils ne savent pas celui que tu deviens. Cette idée t'obsède au point de te tirailler l'âme toute la nuit durante. Sur ton visage rien ne paraît. Les cicatrices douloureuses de la souffrance, du manque et de l'abandon sont maquillés habilement. Ecrire te permet d'éviter la disgrâce totale, t'évite d'afficher au monde tes doutes. Si seulement tu pouvais retrouver l'ignorance. Outrepasser la douleur. Réussir à vivre de nouveau, à être le digne fils. Non seulement par ton masque, mais aussi par ton âme. Tu voudrais pouvoir croire en eux, être heureux. Tu le peux de moins en moins. Tu as tant rêvé de leur présence que tu te perds dans tes souvenirs. Ils ne sont plus qu'une masse informe qui pourtant fait battre ton coeur à l'unisson du glas. Est-il encore temps d'atteindre leur corps et d'y venir poser milles embrassades afin de sentir au moins une fois une chaleur vivante ? Pourras-tu seulement encore une fois entendre leur voix qui t'es si chère sans entendre aussi les cris d'agonies qu'ils ont laissé derrière eux ? Ton esprit troublé s'amuse à te torturer, tu imagines de longues heures durantes les serrer contre ta poitrine... Pourtant, tu ne saisis pas même leurs ombres. Tu as le sentiment que bientôt toi-même, tu devras rejoindre cet abyse obscure, devant à ton tour une ombre, un mangemort. Ta douleur te rappelle cependant bien trop vite à toi-même. Sa réalité transerce chacun de leur espoir. Il n'est plus temps pour toi de les rejoindre, il est bien trop tard. Tu luttes désespérement en vain entre chacun de tes désirs. Père, mère. Tu dors debout, les yeux fermés à l'excès, cherchant dans ton esprit les instants les plus nettes de ta mémoire. Ils sont les seuls qui compte aujourd'hui pour toi. Et ils n'ont jamais été pour toi. Tu pourrais moins entendre leur voix, sentir leur accolades, leur encouragement que celles de n'importe lequel de ces anonymes qui se bousculent à Poudlard. Tu n'es même plus sûr de demeurer sur cette terre encore très longtemps. Ah quoi bon ? Les choix sont si multiples, si complexes. Tu préfères encore devenir une ombre qui se promènerait agréablement devant cette vie solaire et pourtant si minable.Tu es un dé-sublimé. Ta carcasse se lamente misérablement à leurs pieds imaginaires. Tu réclames leurs présence alors que tu t'acharnes encore à débattre si leurs actions sont bonnes ou mauvaises. Comment peux-tu être si ignoble ? Si lâche ? Tu refuses de devenir un esclave, et pourtant tu rêverais devenir ce qu'ils veulent. Ta conscience te chuchotte inlassablement que chaque sorcier de ce monde abrite en lui une perte ou un manque, un quelque chose qui ronge l'âme mais que l'on fini tous par apprivoiser. C'est le prix à payer pour vivre dans le monde que nous méritons, nous sang-pur. Cette seue phrase semble devoir apaiser leur absence. Est-ce cela la réponse incroyable face à la guerre ? Aux morts ? Quintessence de l'obscène. Tu ne supporteras as longtemps ce genre de justifications. Pourtant, tu as bel et bien grandi dns cette idéologie, pourquoi la renier ? Comment oseras-tu déshonnorer ta famille ? Tu t'obstines à vivre selon ces précepts. Tu as appris à vivre avec cette réputation, un masque dissimulant tes mauvaises intentions. Cachant tes doutes. Dans ton esprit résonnent tes mensonges, tes cachotteries, tes incertitudes. Elles prennent des allures presque humanoïdes, elles ont des voix chaudes, suaves. Tendres. C'est beaucoup plus agréable que seul. Peut-être perds-tu pied petit à petit avec la réalité, avec ton monde. Tu t'enfonces lentement dans celui que tu te construits. Défense sublime face à l'absence. Cependant, en ce moment tu ne peux être sûr de rien puisque la lumière est illusion, puisque le bruit est illusion, que la vie est illusion. Tu habilles seulement le présent avec un peu de lointain, cela te permet de croiser les regards sans que l'on ne te voit véritablement. En quoi crois-tu désormais ? En tes parents ? En tes doutes ?  Père, mère. Tu es de ceux qui traine leur blessure comme une trahison. Ils t'ont trahi, véritablement trahi. Ils sont partis, ils ont disparu. Ils ont choisi de te faire croire que tu es seul dans ce monde. Tu n'es que leur ombre, leur miroir. Tu les hais autant que l'amour que tu leur porte est grand. Tu es dé-sublimé par leur abandon. Où sont-ils ? Tu es encore là. Tu as ce besoin incessant de te confronter à eux, alors que tu ne supporte même plus leur présence. De savoir, de comprendre. Que faire ? Suivre leur désir ? Suivre le désir de Logan ? Ou suivre cette route étrange ? Tu demeures au dessus de cette feuille, encore, à leur écrire. Encore et encore. Tu reviendras bientôt encore.