Fille de la terre sacrée des rives du Gange, Aishwarya est née à Varanasi en 1951, ville lumière de la culture hindouiste dont sa mère était une fervente pratiquante. Bercée et élevée au rythme des prières et des différents rites qui ponctuaient la vie des habitants de cette ville, elle était le fruit d’un amour non conventionnel entre un homme venu d’ailleurs, et une femme lumineuse, inaccessible, et déjà promise à un autre depuis son jeune âge. Fille de la tradition perçue parfois comme archaïque pour qui vient d’ailleurs, Parvati, sa mère, tomba sous le charme d’un jeune chercheur anglais, travaillant pour un ministère étranger. Il se prénommait Adam Blackwood. Il était charmant, non conformiste, maladroit et intrépide à la fois. Mais avant tout, il était éperdument amoureux de cette femme qui n’était pas la sienne. Pas officiellement du moins. Déjà marié, il avait délaissé la sienne en Angleterre, par ennui d’une part, par désintérêt d’autre part. Parvati était fille d’un propriétaire peu fortuné, et était une danseuse hors pair, d’une grâce infinie, et d’un naturel impétueux qu’il n’avait croisé nulle part ailleurs. Elle n’avait pour elle que l’élégance des gestes et la vivacité d’esprit et savait qu’une union avec cet homme la conduirait à la disgrâce. Pourtant, un an après leur rencontre, Aishwarya vit le jour. Pendant plusieurs années son père ne fit partie de sa vie que quelques semaines par an, lorsqu’il était envoyé en Inde pour son travail. Au bout de cinq ans, ne tenant plus dans un mariage qui battait de l’aile depuis des années, et ne pouvant plus assumer une double vie, Adam divorça de sa première épouse pour épouser officiellement Parvati, et ramena les deux femmes sur le continent européen. Le foyer recomposé s’installa à Inverness, en Ecosse.

Une enfance presque idéale, ponctuée par des événements inattendus, Aishwarya eut la chance de connaître une jeunesse paisible. Elevée dans la tradition de sa mère et la rigueur intellectuelle de son père, elle avait tout juste onze ans lorsqu’elle reçut sa lettre d’admission pour l’école de sorcellerie Poudlard, où elle intégra la maison Serdaigle. Ce don pour la sorcellerie, elle le tenait de son père, qui lui-même sorcier, officiait depuis des années pour le ministère de la magie, où il travaillait au niveau des relations internationales. Fort de ses convictions et inquiet face aux menaces qui commençaient à s’étendre sur le monde des sorciers, il fut le premier à lui inculquer les valeurs à défendre et à lui faire comprendre les tenant et aboutissants des ténèbres qui les menaçait. Sa mère, quant à elle, l’aida à développer des capacités physiques avec une rigueur proche de l’intransigeance. Dès son plus jeune âge, elle lui apprit à écouter ses sens, à manier le sabre, et à pratiquer des arts qui lui permettraient de développer dans le temps son acuité, sa réactivité et sa finesse au combat en tant que sorcière, mais aussi en tant que femme. De fait, ses vacances estivales prenaient alors plus la tournure d’un camp d’entraînement, ou de périples initiatiques qui parfois l’ennuyaient. Adolescente comme les autres, elle avait parfois juste envie de se faire des amis et d’aller s’amuser, plutôt que de passer des heures à pratiquer des disciplines dont les fondements lui paraissaient parfois obscurs.

Elève attentive, intéressée et réceptive face aux différents apprentissages, elle incarnait à la perfection les valeurs défendues par la maison Serdaigle, et n’aurait pas imaginé appartenir à une autre maison que celle-ci. Assez solitaire, trop peu bavarde et à la franchise dérangeante aux yeux des autres filles de son âge, elle se mêlait aux autres sans tisser de liens profonds avec eux. Elle était seulement réputée pour être l’adversaire redoutable à éviter dans les duels, et la fille qui ne savait pas voler droit sur un balais. Aishwarya était en quatrième année lorsqu’elle rencontra James MacKenzie pour la première fois. De quelques années son aîné, c’était un vert et argent. Il était indiscipliné, intolérant, malin et presque moqueur. Pourtant, sans savoir pourquoi, elle se retrouva en lui. Jamais ils ne furent vraiment amis, aucune amitié étant possible entre ces deux-là. Ils se détestaient autant qu’ils s’aimaient, étant à la fois le feu et l’eau, la froideur et la tiédeur, l’intrépidité et la tempérance. La relation qu’ils développèrent ne permettait à nul autre de s’insinuer entre eux, comme s’il n’y avait de place pour personne lorsqu’ils étaient ensemble. Leur couple dérangea au début : tout le monde pensait qu’ils finiraient par se séparer. Et pourtant, ils firent leurs études conjointement, évoluant avec la même perspective d’avenir. Admirative de son charisme, Aishwarya savait pourtant au fond d’elle-même qu’une part de lui ne lui correspondrait jamais. Et si en surface ils semblaient avoir les mêmes valeurs, au fond, James avait cette soif de reconnaissance et de pouvoir qu’elle n’était pas en mesure de comprendre tout à fait. Persuadée de pouvoir tempérer ces facettes de son caractère, elle comprit rapidement que plus les années passaient, plus James tendait à se radicaliser, et à avoir des aspirations diamétralement opposées aux siennes. Mais elle l’aimait. De tout son cœur. De toute son âme. Si bien qu’elle devenait aveugle, et réussissait à lui pardonner des actes, et des paroles qu’elle aurait jugés impardonnables chez quelqu’un d’autre que lui. Lorsqu’elle eut vingt-deux ans, alors même qu’elle était encore en études, et que lui travaillait au ministère en tant qu’auror, ils décidèrent de se marier. Les quelques années qui suivirent furent parmi les plus belles et les plus tumultueuses de son existence. Elle termina brillamment ses études et devint auror à son tour à un très jeune âge. Sa carrière paraissait prometteuse, la seule ombre au tableau était le nom qu’elle portait.

Devenus un couple dans l’intimité et dans la vie professionnelle, Aishwarya devint une auror prometteuse. Elle manquait encore d’expérience du fait de son jeune âge, mais deviendrait avec le temps une auror redoutable, beaucoup en étaient persuadés. James quant à lui, s’était déjà fait un nom. Il dérangeait. Son discours, l’échec quasi volontaire de certaines de ses missions finirent par laisser penser que la traque des mangemorts n’était plus au cœur de ses convictions. En tant qu’auror, c’était tout simplement inadmissible. Une telle figure ne pouvait avoir été corrompue. Et pourtant. Aishwarya comprit que James défendait une cause qui n’était pas la sienne assez rapidement, mais refusa de croire qu’il irait jusqu’à se faire serviteur d’un mal absolu. Tiraillée par les sentiments qu’elle éprouvait pour lui, elle s’apercevait chaque jour que l’homme qu’elle avait épousé n’était plus le même. Il avait changé. Happé par un discours, ou simplement tiraillé pour elle ne savait quelle raison, le fait est qu’il empruntait un chemin sur lequel elle ne pouvait pas le suivre. Et c’est lorsque, comprenant qu’elle ne le suivrait pas, il commença à se retourner contre elle, que les choses changèrent.

Au printemps de l’année 1979, la relation entre James et Aishwarya était devenue compliquée. Lui était parfois absent pendant des jours, voire des semaines, la laissant sans nouvelles et tiraillée par une inquiétude qui finirait par la plonger dans la névrose. Elle l’aimait toujours bien sûr, mais avait compris au fond d’elle qu’ils avaient atteint un point de non-retour. Pourtant une nouvelle arriva au début de l’été. Elle était enceinte. Pas de longtemps, juste assez. La nouvelle l’affola autant qu’elle fit naître en elle un espoir de ramener son mari vers un chemin moins tortueux. En apprenant « l’heureux » événement, James parut renaître. Il lui promit même de cesser certaines fréquentations, pour leur bien être à venir. Aussi loin qu’elle se souvienne, pour elle, ce fut la seule période de sa vie où elle eut véritablement peur. Une peur obscure, terrible, qui vous noue les entrailles. Pendant un  temps elle ne vivait que pour ce petit être qu’elle voulait protéger de la corruption. Les promesses ne furent pas tenues. James devint officieusement un mangemort dévoué et avide, mais était tiraillé par l’amour qu’il éprouvait pour elle. Souvent poussait-il des cris de rage et de désespoir, parce qu’il souhaitait tout avoir, tout posséder, mais qu’évidemment cela n’était pas possible ainsi.

Ce qui se passa pour James MacKenzie, seuls quelques-uns du ministère furent au courant. Des décisions furent prises. Sur les papiers officiels, James Hollister, ancien auror corrompu devenu mangemort, fut jugé, puis incarcéré à Azkaban en fin d’année 1979. Le procès fit un bruit colossal, et la sentence fut sans appel. Quant à sa carrière, elle mourut dès l’instant où James fut condamné. Comme leur enfant. L’annonce de la sentence résonna en elle comme un coup de poignard porté dans les entrailles, et le bébé rendit son dernier souffle avant d’avoir vu les premières lueurs du jour.  Un an plus tard, le ministère fit une annonce officielle : James MacKenzie, mangemort enfermé à Azkaban depuis un an venait de mourir dans des circonstances mystérieuses. Quant à Aishwarya, peu de gens savent ce qu’elle est devenue pendant un an.  Elle a perdu son enfant, a disparu, puis est finalement réapparue au ministère des mois plus tard, amère. Ainsi, en 1980, elle prit le poste de professeur d’entraînement à l'offensive à Poudlard. Mutée, pour le bienêtre de tous soi-disant, et pour faire taire les polémiques qui couraient à son sujet. Veuve, il fut convenu qu'elle reprendrait son nom de jeune fille, pour ne pas que son nom d’épouse continue de ternir sa réputation. Les circonstances de l'arrestation de James, et la façon dont elle avait pu y prendre part en sa faveur furent tenues secrètes. Elle ne devrait en parler à personne, sous peine d'être elle-même envoyée à Azkaban. .
.