S'il faut raconter sa vie, alors je vais le faire en essayant de le faire au mieux. Je suis à Berlin dans une famille plutôt nombreuse. En effet, elle compte cinq enfants : deux paires de jumeaux et moi, le dernier du troupeau. Ma mère est mannequin depuis l'âge de seize ans, âge auquel elle a rencontré mon père, jeune étudiant en droit de vingt ans. Tous les deux sont des Moldus mais, étant le seul sorcier de la famille, il devait probablement y en avoir dans les ancêtres. Ne me demandez lesquels, tout ce qui est généalogie et moi, ça fait bien cent ! Quand j'ai eu trois ans, mes parents ont décidé de déménager pour nous installer à Londres. Les parents de ma mère venant de décéder, elle récupérait la maison, étant l'aînée de sa famille qui comptait également cinq enfants. Vous aurez bien compris que mes grands-parents ont été très productifs ! Ne dis t-on pas telle mère telle fille ? Bref... Dans notre nouvelle maison qui ressemblait à un château dans mes yeux d'enfants, il y avait tellement de pièces à visiter qu'une journée n'aurait jamais suffit. Aussi, avec mon père nous avions décidé de partir en expédition avec un sac-à-dos et une tente de camping, oui oui, vous avez bien lu. Mais je ne vais pas m’étendre sur cette anecdote, aussi drôle soit-elle, on n’est pas là pour ça, n’est-ce pas ? Donc, nous nous sommes installés à Londres et la vie a repris son cours. Mon enfance n’a pas vraiment été difficile, je mangeais à ma faim, j’avais des tas de jouets, bien que les instruments de musique m’intéressaient davantage que les petites voitures ou les autres joujoux en bois de l’époque. N’empêche, vous imaginez les grandes tablées lors des fêtes familiales ? On dépassait aisément les vingt convives, tant et si bien que mes parents louaient une salle pour les occasions, ainsi que des musiciens pour animer les soirées. C’est d’ailleurs lors du Noël de mes cinq ans que j’ai vraiment changé… D’un petit garçon joyeux et hyperactif, je suis passé à un enfant craintif et silencieux. Depuis ce Noël là, je n’ai plus parlé et je me suis enfermé dans un monde musical que personne ne connaît. Un monde dans lequel je me sentais en sécurité, loin de la brutalité du monde, loin des choses qui pouvaient faire mal à mon petit cœur d’enfant. Mes parents n’ont pas compris pourquoi et mes grand-frères en profitaient pour me faire quelques méchancetés. Au début c’étaient de simples blagues sans gravité mais ensuite, c’est monté crescendo. Mais là aussi, je ne vais pas m’étaler là-dessus, c’est inutile et puis entre nous, qui ça intéresse ? Personne.

Et puis les années ont passé sans que rien ne change, sauf peut-être l’attitude de mes frères qui se sont totalement désintéressés de moi pour se concentrer aux filles. Oui, ils se fichaient pas mal que le petit frère entende certains bruits et autres gémissements dans la chambre à côté, si vous voyez ce que je veux dire… Quant à mes sœurs, et bien c’est à peu près pareil. Par contre mon père, lui, il avait la fâcheuse tendance à me punir à coups de canne lorsque je faisais une bêtise ou quelque chose qui lui déplaisait. J’ai toujours extrêmement peur de lui aujourd’hui mais, aujourd’hui j’ai Kion à mes côtés. Pour en revenir à cette période de ma vie, je me suis de plus en plus renfermé sur moi-même jusqu’à ne plus vouloir sortir de ma chambre ou encore, ne plus vouloir que ma mère m’aide pour prendre un bain. Je ne supportais plus de sentir les mains de quelqu’un sur mon petit corps. Ma mère ne comprenait pas vraiment pourquoi j’étais comme ça et elle a décidé qu’il était temps de me faire voir un psychologue. Ce ne fut pas chose aisée pour le médecin et ça ne lest toujours pas de nos jours mais bon, il a fait comme il a pu, tout comme ceux qui lui ont succédé.

De nouvelles saisons se sont écoulées et j’ai reçu une lettre via hibou. Imaginez la surprise de mes parents, de ma famille lorsque je leur ai lu ce courrier fabuleux. La jalousie de mes aînés s’est vue exacerbée par cette grande nouvelle qui faisait la fierté de mes parents. Seulement cette fois-ci, mes parents veillaient au grain et donc, ne laissaient aucune occasion à mes aînés pour me faire quoique ce soit en les envoyant tous en pension. Ainsi donc, j’étais un sorcier, on me reconnaissait enfin des dons spéciaux et je pouvais me pavaner un peu, mes parents avec. Grâce à la magie qui vivait en moi, j’ai découvert un monde fantastique. Bien sûr, il était interdit de faire étalage de mes dons extraordinaires mais ce n’était pas le plus important pour moi. Non, le plus important pour moi c’était que j’étais un petit garçon spécial et unique en mon genre. Ma première rentrée à Poudlard ? Je crois que je m’en souviendrais toute ma vie tellement j’ai fait preuve de maladresse à l’égard de bien des personnes. Ça allait de la simple opinion sur un vêtement, à des chutes maladroites un peu partout dans les couloirs, entraînant avec moi de parfaits inconnus. Je crois que je ne me suis pas fait beaucoup d’amis à cette époque. D’aussi loin que je m’en souvienne, j’étais toujours seul parce que l’on croyait que je portais malheur avec mes deux pieds gauches comme on dit. Et puis lorsque j’ai eu quatorze ans, Kion est entré dans ma vie. Au début je ne comprenais pas ce que c’était, ni pourquoi il me suivait partout et puis j’ai lu des livres et j’ai compris. Je vais très vite passé sur les années qui ont suivi ma rencontre avec Kion puisque je pense que tout le monde est passé par ce moment particulier et que ce n’est pas très utile de palabrer cinq heures sur le sujet. Et puis, je n’aime pas les dissertations !

Aujourd’hui j’ai dix-sept ans et j’ai découvert que les filles ne m’intéressaient pas. Aux dernières vacances, j’ai tout avoué à mes parents et leur réaction m’a fait énormément de mal. Heureusement que j’avais Kion à mes côtés parce que je crois sincèrement que mon père m’aurait tué sur place. Mais comme on le dit, c’est la vie et il faut l’accepter telle qu’elle vient malheureusement. Je ne pense pas être un mauvais élève, mes notes sont correctes et je ne suis pas dans les derniers de ma promotion, tout va bien du coup… je suppose…