1978, terrier. « Auryn ! » Une voix lointaine parvient aux oreilles de l'adolescente, la jeune rousse lâche son livre, sort de ses pensées et se relève en époussetant sa robe. Elle se tourne vers le Terrier, et voit une silhouette familière courir vers elle et reconnaît aisément sa plus jeune soeur, Nora. Elle aussi est bien habillée, elles sont plus chics que dans la vie de tous les jours mais aujourd'hui est une occasion particulière ; c'est Noël et toute la famille va bientôt les rejoindre pour fêter dignement le réveillon. « Qu'est-ce qu'il se passe, No ? »  La gamine rousse rigole un peu en regardant son aînée, reprenant son souffle doucement. « Maman te cherche partout, ils sont arrivés et on va ouvrir les cadeaux. » Auryn se met à rire et son rire fait écho dans tout le jardin, peut-être même jusque dans la maison. Elle regarde sa petite soeur et se met à courir vers la maison, son livre bien coincé entre ses bras. Elle a tellement hâte de voir tout le monde réuni : ses cousins et cousines, ses demi-frères et sa propre famille. Quand, enfin, elle ouvre la porte du Terrier, des flocons de neige dans les cheveux, elle sourit devant la masse rousse présente dans la maison. Elle se fait la réflexion qu'on dirait une mer de feu et entreprend de faire la bise à chacun, sa mère lui glisse un paquet dans les mains. Aucune surprise pour Auryn, si ce n'est la couleur du pull que sa mère a elle-même tricoté : il s'agit d'une tradition dans la famille Weasley, un pull de couleur différente pour chaque enfant est offert à Noël. Il s'agit de quelque chose de très simple, sans fioritures, juste un pull en laine, quelque chose qui tient chaud et met du baume au coeur dans les moments de tristesse ou de doute. Ce pull a toujours été un moyen de lier la famille, de se souvenir au combien chaque enfant de la famille était unique et entouré d'une famille avec un coeur énorme. Depuis toujours, l'adolescente adorait les pulls tricotés par sa mère, et par sa grand-mère avant elle. Mais Mamy Weasley avait délaissé le tricot lorsque sa belle-fille avait prit le relais, tricotant même des pulls pour les fils de son mari. Elle enfila le pull et se laissa envahir par la chaleur de celui-ci avant de s'observer dans une fenêtre et de froncer les sourcils. « Il est un peu gra- ... » Sa phrase mouru dans sa gorge et fut remplacé un éclat de rire, suivi du reste de sa famille en regardant Fenrir, qui avait lui aussi enfilé son pull. Si celui d'Auryn lui arrivait presque mi-cuisse et que les manches étaient un peu longues, elle se rendit vite compte qu'elle portait celui de son demi-frère : en effet, celui de Fenrir était bien trop court et dévoilait son nombril, il était même trop étroit et les manches longues étaient devenues des trois-quart. « Quelle idiote ! Je me suis trompée dans les paquets ! » Auryn se tourna vers sa mère avec un sourire bienveillant avant de se tourner vers son demi-frère. « Dis, on échange ? » Un grand sourire se dessina sur les lèvres du jeune homme, bien plus imposant qu'elle, elle s'attendait bien à ce qu'il lui sorte une petite pique comme il en avait l'habitude depuis la petite enfance de la rousse. « Non. En plus, je suis sûr qu'il me va mieux à moi qu'à toi. » Auryn lui tira la langue sous les rires de sa famille, avant de regarder son frère avec un sourire malicieux. « Tu feras moins le malin quand je t'aurais pris en photo et afficher sur tous les murs, des couloirs aux dortoirs, de Poudlard. » Il mima un air effaré, provoquant une nouvelle fois l'hilarité générale et celle d'Auryn par la même occasion. « La prochaine fois, je brode les premières lettres de vos prénoms pour éviter ces incidents ridiculement drôles ! » Auryn sourit à sa mère et les discussions reprirent, dans la joie et la bonne humeur, comme chaque année. Elle aimait sa famille et ces moments où elle pouvait tout oublier. Pour rien au monde, elle ne les aurait échangés.

1979, bélize. Deux mois dans un camp de vacances à Bélize avec tous ses amis et la plupart des membres de sa famille, Auryn n'avait pu rêvé mieux, même si elle savait qu'il s'agissait d'une mesure de sécurité face à la menace que représente le Seigneur des Ténèbres, aucun incident et elle se dit que ce seront simplement des souvenirs heureux. Des cris et des bruits sourds la réveillent, comme si des explosions retentissaient partout dans la camp et elle sut que quelque chose n'allait pas. Elle se leva, seulement vêtue de son pyjama, ses cheveux négligemment attachés pour la nuit et attrapa sa baguette, posée à seulement quelques mètres d'elle. Elle sait que quelque chose ne va pas, elle a un mauvais pressentiment. « Mon dieu, Nora... Tout le monde ! »  L'angoisse prend place dans ses veines, sa famille est ici et ils sont peut-être en danger, si pas morts ! Elle court, se met à les chercher et ne pense plus qu'à ça et à se protéger ; elle ne peut pas perdre sa famille. Elle sait ce qui est entrain de se passer, ce que tout le monde redoutait depuis des mois : les mangemorts sont passés à l'attaque sur les élèves de l'école de magie britannique. Ce n'est pas la peur de mourir qui traverse son esprit à ce moment, sa seule peur est de devoir annoncer à sa mère que l'un de ses enfants est mort, Auryn ne supporterait pas la mort de ses frères et soeurs et même de ses amis. Elle prie pour qu'ils restent en vie et que des secours interviennent vite. Elle court, elle court à en avoir les poumons en feu mais elle ne peut pas s'arrêter, elle voit les sorts fuser de tous les côtés et elle voit les corps de certains élèves sans vie. Elle s'arrête en voyant une chevelure rousse, une main devant sa bouche, elle prie pour que ça ne soit pas un membre de sa famille. Elle reste bloquée, sa baguette le long de son corps. *Auryn, bouge !* C'est la voix d'Erys qui retentit dans son esprit, elle avait presque oublié son patronus, alors qu'elle la suit depuis le tout début de l'attaque, et depuis presque deux ans. Mais la jeune femme est incapable de faire un seul mouvement. « Auryn ! » Elle se sent projetée en avant, c'est une voix familière qui vient de crier son nom. Elle le regarde, son meilleur ami lui prend la main et se remet à courir en l'emmenant, venant tout juste d'éviter à la jeune fille de mourir. Elle reprend conscience avec la réalité et sent ses yeux la piquer, s'il n'était pas intervenu, elle serait certainement morte. « Idiote, pourquoi t'es-tu arrêtée ?! » Il ne la regarde pas mais elle sait qu'il était inquiet pour elle, la vision de la chevelure flamboyante lui revient en tête. « J-Je ... J'ai cru que Nora... Ou un membre de ma famille... » Il tourne deux secondes la tête vers elle. « Tu dois rester en vie, sinon ça fera un mort de plus ! » Elle hoche la tête et ils continuent de courir mais se retrouvent bloqué par un mangemort, juste devant eux. Ils sont bloqués, ils ne peuvent que faire demi-tour mais c'est prendre un gros risque que de tourner le dos à son ennemi. Il s'approche, elle a peur, est pétrifiée devant lui et voit la mort s'approcher d'elle. « Ryn, tire toi ! Vis ! » C'est un ordre que vient de lui donner son meilleur ami, son ton ne laisse pas de place à la négociation. « Mais toi... » « T'inquiète ! Vite, Auryn ! » Elle remarque alors que sa baguette est tendue vers le mangemort et qu'il a lancé un sort de protection, même s'il risque de ne pas tenir face aux attaques du mangemort. Elle serre une dernière fois sa main, comme un adieu silencieux et se remet à courir dans l'autre sens, suivie par son patronus, elle prie pour qu'il vive et elle prie pour sa propre vie alors que des secours commencent à rapatrier les élèves toujours en vie. Lorsqu'on vient la chercher, elle leur dit que son meilleur ami était au prise avec un mangemort et alors qu'elle est enfin en sécurité, elle s'écroule en pleurs sans savoir si lui ou sa famille s'en est sortie. Elle est détruite, la jolie poupée.


1982, terrier. Elle se réveille en sueur, comme la majorité des nuits depuis bientôt trois années. Elle fait toujours le même cauchemar, la belle enfant ; elle revoit sans cesse ce moment où elle a abandonné Tobias au mangemort, tout ça parce qu'il lui a dit de fuir. Elle culpabilise de ne pas avoir pu l'aider, d'avoir été sauvée et pas lui. Elle aurait pu vendre son âme au diable si ça avait pu lui rendre son meilleur ami. Il lui a permit de vivre et de retrouver sa famille, elle avait vu tout le monde rentrer, parfois blessé mais sauf. Leurs vies n'étaient plus en danger et sa vie aurait pu continuer mais une partie de son esprit s'était brisée quand elle avait elle-même été sauvée. Cette bataille, elle était encore trop jeune pour la vivre, elle n'avait pas supporté de voir tous ces morts, des jeunes de son âge voire même plus jeunes qui avaient pris part à une bataille bien trop noire pour eux. Ils n'étaient pas prêt pour la guerre. La belle rousse sort de son lit, enfile un peignoir et sort du manoir, s'assied sur le palier de la porte et se met à pleurer, encore une fois. Elle revoit encore et encore le corps de son meilleur ami revenir, sans vie. Elle avait tant espéré que ce ne soit qu'une blague, un cauchemar et qu'elle se réveillerait et qu'il sera là, comme il l'avait toujours été : souriant et malicieux. Mais cette fois-ci, il n'était jamais revenu ; elle ne s'était jamais réveillée. Trois ans après, sa mort restait un douloureux souvenir et chaque jour, elle se jurait de vivre pour lui, parce qu'il lui avait permis de s'éveiller encore quelques jours, quelques années. Elle essuie doucement ses larmes, elle ne voudrait pas que sa famille la voit comme ça, ils ont tous souffert de l'ascension des mangemorts et de leurs attaques, comme elle. Alors elle ne voulait pas leur ajouter de la souffrance ou de l'inquiétude, le monde se portait déjà assez mal comme ça. Elle avait bien vu que leur monde se rapprochait de la guerre et ça lui faisait peur mais elle comptait bien se battre, le mal ne triompherait jamais. Elle était une Weasley et elle se battrait toujours pour ce qui lui semblait juste. Elle lève son regard vers les étoiles et sourit tristement. « Tu me manques, Tobias, depuis ce jour-là, il n'y a pas un jour où je ne pense pas à toi. Tu aurais été un grand sorcier... Non, tu l'étais déjà. » Elle revoit son visage, son sourire et elle sourit aussi, un réel sourire. « On dit que les morts ne le sont vraiment que lorsqu'on les oublie... Alors je m'applique tous les jours à ne jamais t'oublier, comme ça tu vivras éternellement d'une certaine façon. » Le vent se lève et elle décide de rentrer et de remonter dans sa chambre, elle passe devant celle de Nora et ouvre doucement la porte, elle la regarde dormir paisiblement et sourit avant de rejoindre sa chambre et son lit. « Je ne pourrais jamais assez te remercier. » Elle regarde le cadre à côté de son lit, où elle voit Tobias et elle, entrain de se chamailler avant de s'enlacer. Elle se rappelle de ce jour-là, c'était à Bélize, peu de temps avant l'attaque. Son dernier souvenir vraiment heureux avec lui, la dernière photo alors elle a désiré la garder. Elle pense encore un peu à lui avant de retomber dans les bras de Morphée, ça fait bien longtemps qu'elle a décidé de savourer chaque jour de sa vie, en son honneur.