« Je veux être comme elle. »  C’était sans doute la phrase qu’elle répétait le plus souvent, Caecilia. C’était sans doute l’affirmation qu’elle avait appris à déclarer haut et fort, Caecilia. Du haut de ses cinq ans, elle avait vu sa grande soeur, Cythère, partir pour la première fois à Poudlard et elle s’était jurée de suivre ses traces. Au fond, elle n’aurait pas eu le choix ; sa famille veillait à ce qu’ils reçoivent tous une éducation frôlant la perfection et l’école de sorcellerie britannique était donc de mise. Mais les aspirations de Caecilia ne s’arrêtaient pas là, non. Elle voulait aller dans la même maison que sa soeur. Elle voulait être aussi intelligente qu’elle, aussi belle qu’elle, aussi parfaite qu’elle. Parce que oui, Caecilia admirait sa grande soeur au point d’en oublier sa jumelle. Euphemia était née avec elle mais elle avait pris l’habitude de se détacher de ce double qui ne lui ressemblait même pas. Elle voulait être comme Cythère, après tout. Pas comme Euphemia.


« Je veux avoir la meilleure note. »  C’était ce qu’elle donnait comme explication à ses amis, à ses partisans, plutôt. Elle ne cachait même pas ses ambitions, elle ne voyait aucun intérêt à disparaître derrière des faux-semblants. Elle assumait. Elle assumait qui elle était. Elle assumait sa folie des grandeurs et ses excès, elle assumait les objectifs qui vivaient dans son crâne chaque jour, chaque heure. Et, le plus souvent, elle obtenait ce qu’elle désirait. Elle avait la meilleure note. Elle était la meilleure de sa classe. Elle vivait pour la réussite ; elle avait détaillé ses aspirations pour le futur et savait déjà ce qu’elle allait faire à quel âge. Caecilia était fière, oui. Fière d’être une Von Sachsenheim, fière d’être d’une grande famille, fière de ses cheveux blonds et de ses yeux bleus. Elle marchait dans les couloirs le dos droit, la tête haute ; elle était une version miniature de sa grande soeur, Cythère, et continuait de voir en sa soeur jumelle une rivale qu’elle ne pourrait jamais battre. Parce qu’après tout, si leur grande soeur avait les faveur de leur père et Euphemia de leur mère, elle était perdue au milieu de la fratrie.


« Je veux que tu me laisses tranquille. »  Cela avait été les premiers mots qu’elle avait adressé à son patronus, après qu’Euphemia ait poussé des cris lorsque le sien était apparu. Elle avait regardé l'alligator à ses pieds, l'alligator comme celui de sa soeur. Cela lui avait fait étrange de se rendre compte que leur patronus étaient les mêmes ; bien longtemps, elle l’avait rejeté parce qu’il n’était qu’une autre façon de lui rappeler qu’elles étaient liées, qu’elles étaient nées ensemble, qu’elles étaient indissociable. Et, finalement, plus tard, lorsque Poseidon disparut lors de la peste pour laisser place à Atlas, un lion d’Asie, elle en vint presque à le regretter. Elle se rendit compte qu’avoir un patronus identique à celui de sa soeur lui avait permis de conserver un point d’attache avec elle ; cela avait eu un côté rassurant, une chose qu’elle n’oserait jamais dire à voix haute.


« Je veux qu’ils paient pour ce qu’ils ont fait. »  Eurydice était décédée, après tout. C’était de leur faute et Caecilia voulait qu’ils paient pour leurs actes. Elle n’avait jamais remis en cause la faute de sa cousine ; elle tenait si fermement aux convictions de sa famille qu’elle voyait en les personnes qui s’étaient défendues de l’attaque de mangemorts comme des assassins, des lâches, des traîtres, des souillés. Elle portait dans ses veines la honte des Von Sachsenheim mais elle croyait quand même dur comme fer à la supériorité des sang-purs ; sa famille subissaient les faux-pas d’un ancêtre mais conservait les mêmes valeurs, les mêmes convictions, les mêmes idées. Alors, oui, ils allaient payer. Caecilia n’était pas triste, non, elle était en colère, en colère parce que la colère était plus simple que les larmes. Si elle ne pouvait pas faire grand chose pour venger sa cousine pour le moment, elle n’en demeurait pas moins dangereuse. Parce qu’elle n’oublierait pas.


« Je veux un fiancé. »  Mais elle n’en avait pas eu et n’en avait toujours pas, elle qui n’avait pas l’habitude qu’on lui refuse quelque chose, elle qui n’avait pas l’habitude de ne pas voir ses désirs se satisfaire. C’était presque ironique de voir qu’Euphemia n’était pas entièrement enchantée à l’idée qu’on lui impose un fiancé, même si elle acceptait la décision familiale ; Caecilia, elle, aurait accepté avec plaisir, rêvant de ce jour où elle pourrait revêtir une robe blanche. Parce que la vérité était là. Elle avait peur pour son avenir, peur de finir seule, peur que sa branche de l’arbre généalogique des Von Sachsenheim s’arrête sur elle. Derrière ses allures et sa fierté, elle n’en remettait pas moins en cause sa capacité à aimer et à être aimée ; elle avait conscience que les personnes qui la suivaient ne la connaissaient pas réellement et étaient superficielles ; elle savait que les autres avaient plutôt tendance à la détester. Et, en parfaite honnêteté, elle les détestait aussi, parce que c’était plus simple de ressentir de la rancoeur envers le monde plutôt qu’oser ouvrir la boîte de Pandore qui résidait dans son coeur.


« Je te veux, toi. »  Cythère avait Thaddeus, après tout. Euphemia avait son fiancé. Lothar était trop petit pour comprendre tout cela et, à vrai dire, Caecilia n’en avait que faire de la vie sentimentale de son petit frère. Mais, une nouvelle fois, Caecilia voulut mais n’eut pas. Mais, pour la première fois, Caecilia avait ouvert son coeur mais fut la personne qui vit ses sentiments écrasés. Elle n’avait pas l’habitude, non, d’être moquée. Elle n’avait pas l’habitude de se voir refuser ce qu’elle désirait. Elle n’avait pas l’habitude d’être dans cette position de faiblesse alors que, d’ordinaire, elle était celle à se faire entendre, à crier haut et fort. Alors, tout simplement, elle se referma encore plus et se jura de lui faire vivre un enfer. Alors, forcément, elle rangea ses sentiments aux tréfonds de son être et entreprit de lui montrer qu’elle était Caecilia Von Sacshenheim.


Au fond, Caecilia voulait beaucoup de choses et Caecilia était habituée à tout avoir. Puis, après, la vie n’en fait qu’à sa tête.