BELLUM PATRONUM


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they made you into a weapon and told you to find peace (so hyun)
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Nam So Hyun
admin - the universe is full of intentions
Nam So Hyun
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par Nam So Hyun, Mar 6 Fév - 22:02 (#)
So Hyun
Nam
ft. lee ji eun
sang mêlée
vingt six ans
célibataire
hétérosexuelle
chasseuse d'animaux magiques
tigre de sibérie ; pie coréenne-
neutre
skate vibes, perséphone, morrigan, bonnie
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À propos
Nom: Nam n'est rien, que trois petites lettres. Le nom de sa mère qu'elle porte depuis plus de vingt cinq ans, qu'elle portait avant même sa naissance, puisqu'elle n'est qu'une bâtarde, une qui eu la chance d'être choisie sans avoir été voulue. Prénom: So Hyun, car elle n'a que de la valeur dans ce qu'elle représente. Alors elle porte le nom donné par sa mère avec fierté, comme si elle pouvait oublier que son père n'a jamais souhaité la nommer. Âge et Date de Naissance: Elle a vingt-six ans, So Hyun, et les années passent sur son visage comme une brume un doux matin. Elle fait gamine, So Hyun, gamine désabusée, gamine inégalée. Son premier souffle bouscula l'air d'un premier juin, un jour sans réel importance. Nature du sang: Sa nature de sang mêlée s'efface derrière son statu de bâtarde, et en Chine comme en Corée, c'est l'ancienneté du sang qui prône, et le sien n'est rien sauf pauvre. Situation familiale:Elle est la fille de Shang Fei et de Nam Soon Kyu maîtresse d'un temps de Fei. Elle n'est pas la seule enfant hors mariage de cet homme, et n'a jamais connu les autres. Elle a été choisi très tôt pour être celle qui allait suivre l'héritière, celle qui n'avait de valeur tant que Yazhu est en vie. Elle est la servante à enfermer dans la tombe de son maître. Miroir du Rised:Elle voit Yazhu morte devant elle, et les chaines à ses poignets dissous. Epouvantard: Elle voit Yazhu morte derrière elle, et elle s'efface petit à petit. Composition de la baguette magique: achetée à Séoul, sa baguette se compose de bois d'ébène du ceylan, de neufs crins de gumiho. assez souple, elle a la particularité de n'être pas particulièrement fidèle à so hyun. Emploi: So Hyun est une chasseuse, une entraînée à suivre la traces des animaux les plus nuisibles depuis son plus jeune âge, puis à les tuer s'ils deviennent nuisibles. La famille Shang s'occupe de ces animaux fantastiques, les commercent, les élèvent, les soignent. So Hyun est le bras armée de la famille, celle qui se charge des exécutions quand nécessaires. Animal de compagnie: Les animaux doivent sentir le sang des leurs sur son bras, et ne l'approchent pas.
Caractère
elle a la liberté dans le coeur, pris un piège par une cage thoracique trop resserrée ; elle rêve de plaines désertées par un monde qui ne l'a jamais pris sous son aile, et pourtant elle ne bouge pas, elle reste plantée dans cette demeure qu'elle déteste, ses pieds cloués au sol par une éducation qui la trop entaillée pour ne pas la modifier.
elle est la rage qui gronde, celle qui n'est contenue que par une éducation trop sévère ; sa rage est son moteur, celle qui infuse l'énergie dont ses cellules ont besoin pour continuer de survivre, elle est l'adrénaline qui perdure dans ses veines alors que tout l'a quitté, elle est sa seule amie, sa plus fidèle alliée.
elle détruit pour comprendre et ne prend pas la peine de recoller les morceaux ; son esprit d'analyse n'est heureux qu'une fois tous les morceaux étalés devant ses yeux trop sombres, et elle chantonne alors qu'elle examine les endroits brisés ; avec le temps, elle a appris à contrôler la pulsion de ses mains, et ses doigts ne se referment plus autour des morceaux brisés, mais son esprit lui, continue de détruire, préférant le chaos en maître d'apprentissage.
elle a la curiosité dans son crâne et son coeur ne pouvait le supporter, alors elle s'est formée une boîte au sein de ses souvenirs, où elle empile tout ce qui devrait la déranger pour oublier ; un monstre est un monstre, alors elle l'abat, et tant pis si elle oublie qu'elle même a les bras aussi rouges que ceux qu'elle traque.
elle est l'intensité de la tempête sans jamais la catastrophe naturelle, car sa rage est immense, mais elle l'étouffe dès qu'elle menace de se lever ; so hyun ne se laisse pas aller, elle contrôle sa rage pour ne jamais exploser en plein vol.
elle a les veines en feu et ne brûle jamais, et pourtant son corps est plus pale par endroit, dernières cicatrices retraçant ce qu'elle a enduré, et ses doigts suivent la courbes des cicatrices plus visibles, celles qui dessinent ses côtes depuis sa première traque de lycanthropes.
elle est la variable de l'équation et la solution en même temps, et le monde qui l'entoure ne l'intéresse pas; pour une jeune femme attachée par le destin à sa demi-soeur, elle refuse d'être complétée par une autre personne ; individualiste, elle ne songe qu'à elle - et à yazhu, seule constante dans le système mathématique.
elle est la rivière qui ne se réveille pas, celle qui coule encore et encore et ne répond à rien, même pas au temps qui passe; elle a trop changé la gamine, depuis ces jours de printemps avec sa mère, mais elle a glissé dans le monde d'hiver, et depuis son réveil par le gel sur ses yeux, elle a apprit à marcher sur la glace sans la briser.
elle est la princesse enchainée à son rocher et la princesse venant la libérée ; elle est la bâtarde anoblie et celle qui croupit au fond d'une prison, elle est la reine sanguinaire et celle aimée du peuple, elle est la chasseuse qui tue pour se nourrir, elle est la chasseuse qui traque tout ce qui bouge pour le gout du sang sur sa langue.
elle est le soldat, le guide, le sage, l'épée, le bouclier, elle est tout sauf une femme, tout sauf une fille.
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Patronus
Habaek.
Il s'appelle Habaek, le dieu de la rivière jaune, le dieu de la rivière destructeur.
Il n'est pas ici pour éveiller les esprits. Il est ici pour détruire et protéger, dans un cycle qu'il connait mieux que quiconque. Il est la violence d'un visage trop pure, de deux perles sombres étirés par un sourire trop faux. Il est la chance que le soldat doit avoir pour survivre. Il est la fierté qu'une femme doit avoir pour se battre dont un monde qui n'est pas en sa faveur. Il est la colère d'un corps qui traque encore et encore sans jamais trouver.
Il s'appelle Habaek et non Hebo, et elle souffla si fort, la gamine, lorsque ce fut un son coréen qui résonna dans son crâne.
Tout sauf Hebo, tout sauf Hebo aurait-elle implorée si elle avait un jour su prier.
Elle traquait en pleine forêt lorsqu'il est apparu. Elle ne s'arrêta pas lorsque le tigre surgit. Elle ne tourna la tête qu'une petite seconde, cligna les yeux et continua de courir. Une énergie pulsa dans ses membres, et le tigre bondit à son tour au dessus de l'arbre mort sur leur chemin. Elle chassait seule, fut un temps. Maintenant, ils étaient deux à traquer.
Il s'appelle Habaek, et un dieu nécessite un sacrifice.
Ils ne peuvent se quitter. Ils sont une extensions de leurs bras, de leurs griffes, de leurs âmes. Ils traquent à un, à deux, et la frontière se floute, et ils ne savent pas où l'un commence et l'autre finit. Elle plonge ses griffes dans la terre humide, il lève sa baguette, elle déploie ses ailes au dessus de la proie, il la tue. Leur symbiose est parfaite lorsqu'ils chassent, lorsque l’adrénaline les rend insensibles, immortels. Lorsqu'ils revêtent la peau de la machine à tuer, de celle qui tue au lieu de protéger.
Il s'appelle Habaek, et le dieu est bienveillant.
So Hyun, elle s'oublie. Ce n'est pas son métier, son destin de penser à elle. Elle est une épée, un bouclier s'il le faut, mais sa valeur ne repose dans son corps, alors elle s'oublie. Il est un dieu, et le dieu récompense les sacrifices qu'elle lui offre. Tant qu'elle chasse, tant qu'ils traquent, il pense à elle, il l'affute. Il veille sur elle, parce qu'elle ne fait confiance à personne d'autre pour cela.
Il s'appelle Habaek, et il est le patronus d'une personne qui ne s'appartient pas.
Il l'observe, Yazhu et sa parure dorée. Yazhu et son visage de porcelaine, Yazhu pour qui So Hyun doit donner sa vie, leur vie. Souvent il se demande de qui il est le patronus, car son destion est aussi lié à Yazhu qu'à son bouclier. Pourtant, elle ne lui demande rien Yazhu, elle le regarde avec des yeux trop vieux pour un visage si jeune, et elle sait.
Il s'appelle Habaek, et la rivière coule toujours.
Pseudo et âge: stray thoughts (louise) + vingt quatre ansOù as-tu trouvé le forum ? duhPersonnage: inventé As-tu un autre compte sur BP ?leviathan, halcyone, thorun + trajan Présence: :/ Une remarque ? du love ceymwaPedro
Nam So Hyun
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par Nam So Hyun, Mar 6 Fév - 22:02 (#)
Histoire
don't worry mother, your daughter is a soldier
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1962 - Sud de la province de Gyeongsang

Nam Soon Kyu porta sa tasse de thé à ses lèvres, laissant le soleil lui caresser la peau. Elle songea un instant à sa meilleure amie d’enfance qui lui avait demandé comment elle pouvait consommer son thé aussi chaud pendant les jours les plus ensoleillés de l’été.
Elle avait toujours aimé la chaleur Soon Kyu, toujours trop, toujours au point de se brûler. Elle s’exposait constamment au soleil pour sentir la chaleur sur son corps, et elle se moquait de sa peau qui n’était pas aussi blanche qu’il le faudrait. Les critères de beauté ne comptaient pas quand elle pouvait ressentir cette chaleur. Elle prenait ses bains brûlants, elle ne buvait que de l’eau presque bouillante, et détestait la pluie pour sa température trop fraîche. Lorsqu’elle avait intégré l’école de magie Sumasandeul, après avoir appris qu’elle ne suivrait jamais la voie voulue par ses parents, elle avait été tout de suite passionnée par l’étude du feu. Elle en avait fait son élément de prédilection lors de ses études, devenant un maître dans ce domaine. Cette passion l’avait mené à faire des recherches sur les différents types de feu soufflés par dragons en Asie, et c’était ainsi qu’elle l’avait rencontré.
Lui

Shang Fei.

L’homme qui lui avait donné son plus beau trésor tout en détruisant sa vie.

L'homme dont elle cherchait continuellement les traits dans le visage de sa fille, en vain.


Et Soon Kyu devait se sentir heureuse de savoir que la fillette ne tenait pas son amour du feu, si ce n’était sa volonté de ne boire uniquement que de l’eau chaude, comme sa mère. Si elle n’aimait pas le feu de cette passion dévorante, So Hyun ne grandirait pas comme elle, à rechercher à tout prix la brûlure et surtout, à l’accepter avec la pénitence d’un croyant.
Ses lèvres se tordirent sur la porcelaine, et ses dents se referment dessus pour extérioriser la peur qui lui prenait le ventre. Elle savait très bien que So Hyun ne grandira pas sa mère, puisqu’elles n’avaient en rien la même vie. Sa fille portait son nom de famille, mais elle était une Shang, qu’elle le veuille ou non, et la famille chinoise lui trouvera toujours une utilité, malgré son désir d’éloigner la petite. Après tout leur résidence était une appartenant aux Shang, une que Shang Fei lui avait offerte afin d’élever leur fille, qui malgré son statut de bâtarde ne devait manquer de rien. So Hyun ne porterait jamais le nom de son père, n’aura jamais ses faveurs, mais elle ne manquerait de rien. Elle aura le même rôle que les autres enfants illégitimes de Shang Fei, une énième pièce de rechange au cas où la petite princesse légitime ne pourrait plus assumer les fonctions qui allaient bientôt lui peser sur les épaules.
Nam Soon Kyu n’était pas libre, et sa fille non plus. Elle ne découvrira pas à la magie avec le même émerveillement que sa mère, n’échangera pas des regards angoissés avec ses parents moldus lorsque son statut de sorcière sera révélée. Nam So Hyun était une Shang, et elle sera sorcière. Elle était obligée de l’être en réalité, si elle voulait recevoir un minimum d’attention de la part de son père.
Soon Kyu reposa la tasse, et soulagea sa prise sur la porcelaine. Elle ne pouvait se permettre de présenter une telle expression de douleur à sa fille, alors elle prit la peine d’inspirer profondément et de se calmer avant de se lever et de chercher la fillette qui s’était arrêtée de jouer, à entendre le silence.
Elle trouva l’enfant accroupie, le ruban rouge qui tenait attachés ses cheveux sur sa nuque sur le point de s’envoler. Prenant soin d’appuyer ses pas pour prévenir de son arrivée, la mère se pencha pour observer ce que faisait sa fille.
So Hyun tenait dans sa main un papillon, et à terre gisait une aile. La fillette ne releva la tête d’une fois l’autre aile arrachée, et plongea ses yeux sombres dans ceux de sa mère, répondant doucement à la question qu’elle pouvait lire dans ces derniers.
« Je ne sais pas comment ça marche. »
Soon Kyu supposa qu’elle aurait pu voir cette expérience arriver. La destruction systématique des champs de fleurs par So Hyun, ses essais afin d’attraper les rongeurs trop petits et trop rapides qui vivaient dans le jardin, et même la façon dont elle avait chassé les petits lézards pour leur arracher la queue. La façon dont elle avait jeté au sol une tasse pour étudier les morceaux. So Hyun avait cette manière d’agir, celle de démonter les choses pour découvrir comment elles fonctionnaient. Elle ne posait jamais beaucoup de questions, préférant trouver ses propres conclusions.
« Est-ce pourquoi tu as arraché les ailes? Pour savoir comment ils volent?
So Hyun hocha de la tête, son petit visage concentré sur cette question. Soon Kyu tendit doucement la main, et prit dans la sienne l’aile que sa fille tenait encore et ce qu’il restait du papillon. Dans le même geste, elle écrasa la tête de l’animal. Attrapant So Hyun dans ses bras, elle fut heureuse de voir qu’elle ne protesta pas, si ce n’était sa moue subtile de sa bouche pour marquer son désagrément. Portant sa fille, Soon Kyu marcha en direction des plantes que sa fille avait sûrement inspecté pendant de longues minutes afin d’attraper le papillon. Elle s’assit avec la petite entre ses jambes, et lui montra du doigt des papillons qui volaient en liberté. So Hyun se trémoussa un moment, comme si elle ne désirait rien d’autre que de tendre également la main pour en attraper, mais se retint.
« Regarde So Hyun. »
Et ensembles elles admirèrent le vol des papillons, la façon dont ses ailes battaient le vent avec une force contradictoire avec sa taille. Le ballet était incessant, et les yeux trop curieux, trop sombres de sa fille n’en manquèrent pas une partie. Son regard sauta d’un animal à un autre, avec la fervente intention de ne perdre aucune information.
« Tu peux apprendre sans briser. Il te suffit d’observer. »

1963- Jongno, Séoul

Nam Soon Kyu tira sur le bras de sa fille pour la rapprocher d’elle, alors qu’elles entrèrent dans le Palais de la Grande Magie, un des dignes palais impériaux, mais qui était entouré d’un puissant sortilège pour interdire aux moldus l’entrée. Le bâtiment portait le nom d’un palais mais il semblait si petit de l’extérieur que la mère posa ses yeux sur le visage de sa fille pour voir sa stupéfaction alors qu’elle prenait ses premiers pas à l’intérieur de l’énorme bâtisse marchande sorcière de Séoul. Un rire s’arracha de sa gorge lorsqu’elle vit les traits de So Hyun - le plus souvent ancrés dans une moue neutre - se transformer sous la surprise, et elle fut d’autant plus heureuse qu’une vive couleur rouge fit son apparition sur ses joues lorsque la foule se révéla à ses yeux.
So Hyun vivait seule depuis sa naissance avec sa mère, et elle n’était pas habituée à autant de monde autour d’elle. Elle était la seule gamine d’une grande demeure, enfant chérie d’une mère célibataire et de père inconnu. Et pourtant, plus elle grandissait, plus So Hyun devenait la fille de Shang Fei.
Ce n’était pas dans ses traits, qu’elle tenait de sa mère, son petit visage aux angles parfaits, à la peau pâle qui la rendait belle aux yeux des autres.
Ce n’était pas dans ses yeux si sombres, si beaux, innocents mais jusqu’à quand - et elle allait la perdre cette innocence, car elle oubliait déjà la naïveté, et Soon Kyu n’était pas sûre qu’elle l’avait eu un jour.
C’était dans cette façon qu’elle avait d’observer le monde, avec un regard qui n’était teinté que de gris. Il n’y avait pas de noir ou de blanc, et les émotions ne semblaient jamais tenir le siège de ses observations.
Il y avait ces regards qu’une mère craignait, ceux qu’elle observait du coin de l’oeil lorsque sa fille regardait quelque chose.
« Tu peux apprendre sans briser. Il te suffit d’observer. »

So Hyun l’avait écoutée, et sa fille était une enfant obéissante, réfléchie. Alors elle avait décider d’observer au lieu de briser, mais ces yeux brisaient à la place des mains. Soon Kyu se demandait si dans l’esprit de sa fille, elle détruisait en miette chaque chose sur laquelle se posaient ses yeux, tout simplement parce qu’elle obéissait à sa mère.
« Je ne sais pas comment ça marche. »

Qu’allait-il se passer pour sa fille et ses grands yeux inquisiteurs, et son esprit méthodique lorsqu’elle n’allait plus avoir les règles de sa mère? Qu’allait-il se passer lorsqu’elle sera remarquée par son père, et qu’elle sera emportée loin de sa mère?
« Maman, tu me fais mal. »
La voix soufflante de l’enfant traversa la brume qui abattait tous les murs de l’esprit de la née moldue, et cette dernière relâcha rapidement la main de sa fille en se tournant vers elle. So Hyun la regardait avec ses sourcils froncés, et la mère laissa échapper un long soupire. Elle devenait folle à attendre le jour fatidique où sa fille lui sera arrachée. Elle avait déjà réussi une lettre de l’oncle de Shang Fei, et depuis elle se barricadait chez elle. So Hyun n’avait rien manqué de son comportement et Soon Kyu avait décidé de l’amener un jour à Séoul pour se changer les idées.
« Est-ce pourquoi tu as arraché les ailes? Pour savoir comment ils volent?

Mais à en croire le sourire peiné de sa fille, cela ne marchait pas. Alors Soon Kyu secoua légèrement la tête et s’accroupit au niveau de sa fille, remettant avec affection une mèche derrière ses oreilles.
« Je suis désolée ma chérie. Il y a beaucoup de monde et j’ai eu peur de te perdre. »
Elle prit la main de So Hyun dans la sienne et y déposa ses lèvres. Un clin d’oeil de sa part et sa fille sourit, son tendre visage adoucit par l’acte. Elle hocha de la tête, et se serra contre sa mère avant d’indiquer un stand de nourriture, un doigt tendu et l’excitation d’une enfant affamée sur le visage.
« Est-ce qu’on peut avoir du bungeoppang, s’il te plaît? »
Soon Kyu éclata de rire et reprit la main de sa fille pour qu’ensemble elles se dirigent vers le stand. Elles firent ensuite le tour des boutiques, mordant à pleine dent dans les délicieux pain en forme de poisson et se délectant de la pâte d’haricot rouge encore chaude. Elles s’observèrent dans les miroirs en essayant mille rubans dans leurs cheveux, et Soon Kyu acheta une pince blanche qu’elle installa avec tendresse sur la tête de sa fille, qui comme toujours, rougit devant tant d’attention.
Et elle était belle, So Hyun, avec des yeux d’enfants et pas ceux que sa mère observait juste avant de détourner le regard. Elle était belle, la poupée de kaolin qui n’était pas encore peaufinée. Elle était si jolie, l’enfant, celle qui attirait les regards du Palais, que sa mère en oubliait l’intensité qu’elle peinait à contrôler. Elle était si jolie que Nam Soon Kyu refusait de murmurer le nom qui aurait du accompagner le prénom de sa fille.
« Et c’est ici que mes parents m’ont amené acheter ma baguette, lorsque je suis rentrée à Sumasandeul. Et c’est ici que nous iront chercher la tienne lorsque tu seras un peu plus grande. »
Nam Soon Kyu se focalisa uniquement sur le sourire hésitant de sa fille, et posa délicatement son doigt sur le nez légèrement retroussé de So Hyun. Elle cacha son rire lorsqu’elle vit les yeux de l’enfant tout faire pour ne pas se concentrer sur le doigt en question.
« Bois de jasmin et écaille de Lamia, non? »
Soon Kyu hocha la tête et sourit à sa fille, la laissant les guider vers d’autres boutiques abritées par les hauts plafonds du palais. Elle se glissa dans ses souvenirs, dans le visage de ses parents qui découvraient avec elle pour la première fois un monde qu’ils n’avaient jamais vu avant. Elle était ravie de voir l’émerveillement de sa fille, même si elle avait grandit au courant du monde magique. Lorsqu’elle sentit sa fille tirer sur sa main pour l’orienter dans une nouvelle direction, vers un nouveau stand qu’elle venait d’apercevoir, le souffle se brisa dans sa gorge. Elle hoqueta lorsque ses yeux se posèrent sur un homme un peu plus loin.
Il était là.
Lui.
Shang Fei.
Le père.
L’amant.
Celui qu’elle détestait. Celui qu’elle désirait. Celui qui allait lui ravir la seule chose qu’il lui avait donné.
« Je ne sais pas comment ça marche. »

Il croisa son regard. Il n’avança pas, resta planté au même endroit, et ils ne s’étaient pas vu depuis des années, mais il savait, mais elle savait.
Il était là, et son monde s’arrêtait.
Il n’avait pas besoin de parler, pas besoin d’aller la voir.
Oh qu’il était cruel, Shang Fei.
Il n’était là que pour lui donner le signe qu’il était temps, qu’il allait récupérer ce qui lui appartenait de droit. Qu’il allait s’emparer de leur fille et du coeur qu’il avait replacé avec condescendance dans le torse de Soon Kyu.
Alors il leur laissait la journée, comme un pénitencier qui laissait au prisonnier une dernière bouffée de cigarette, une dernière bouffée d’air toxique sur laquelle s’empoisonner.
Alors Nam Soon Kyu détourna les talons, et sentant le venin refroidir ses membres, se laissa guider par le sourire chaleureux de sa fille, une dernière fois.

1963 - Sud de la province de Gyeongsang

Nam So Hyun cligna des yeux une nouvelle fois, créant un rythme avec le battement de ses paupières que seule elle comprenait. Le silence était totale dans la pièce, et il aurait pu être inconfortable si seulement elle était capable de s’en rendre compte. Mais elle était habituée à être seule, alors elle s’était inventée des jeux que les autres ne pouvaient comprendre. Elle aurait aimée jouer dehors, observer les plantes autour d’elle et les animaux qui peuplaient le jardin, mais sa mère lui avait demandé de venir prendre le thé avec elle et l’invité alors elle était ici, assise inconfortablement, le dos droit comme sa mère lui avait appris.
Elle laissa ses yeux observer l’homme en face d’elle. Il lui était étranger, alors elle essaya d’en apprendre le plus possible sur lui. Ses yeux glissèrent de son visage racé, de son nez aquilin et de ses yeux en amandes au col du magua qu’il portait. Il était aussi silencieux que les deux autres personnes dans la pièce, et pourtant son regard ne quittait pas la plus jeune. Il se tenait comme un prince, le dos droit et les mains installées sur ses cuisses. Pourtant, elle les avait vu les cicatrices sur ses doigts, lorsqu’il était arrivé. Elle avait remarqué la brûlure qui remontait le long de son bras lorsqu’il avait levé ce dernier, laissant la manche de sa veste redescendre et dévoiler un pouce de sa peau. So Hyun n’avait jamais vu cet homme mais elle l’imaginait comme quelqu’un de puissant, quelqu’un d’important. Son visage presque trop symétrique était lisse de toute pensée mais elle se demandait ce qu’il pensait de son observation à lui. S’il l’avait découpé en mille morceaux comme elle l’avait fait dans son esprit. S’il se demandait si son hanbok la protégeait et qu’elle s’en paraît pour ronger la désagréable impression qu’il lui donnait.
Elle changea de jeu, lassée. A chaque cillement, elle bougeait ses yeux de manière à créer un caractère le plus rapidement possible. Elle se focalisa sur le caractère de la terre, et essaye de tracer tous les traits le formant.
Au premier cillement, elle traça deux traits.
Au deuxième cillement, elle traça les quatre traits suivants.
Au dernier cillement, elle traça les ultimes traits.
Et elle sourit, satisfaite.
« Does she speak Mandarin? »
Un clignement des yeux en guise de question, So Hyun se tourna vers sa mère, ne comprenant pas un seul mot de ce que l’homme venait de dire. Il parlait une autre langue, une dont elle ignorait tout.
« She does not.
La réponse de sa mère fut tranchante, et So Hyun remarqua que les sonorités sortant de la gorge de sa mère n’étaient pas aussi poétique que celles de l’homme, comme si elles étaient forcées par un apprentissage tardif. Il n’y avait aucune mélodie et beauté dans la voix de sa mère, celles auxquelles So Hyun était habituée depuis qu’elle avait appris sa langue maternelle, le coréen. L’intensité ordinaire de sa mère, dont le sourire était le plus beau monde pour l’enfant, était absente, et cela désespérait la fillette. Elle l’observait depuis l’arrivée de l’homme, et ce dernier semblait avoir la capacité de passer un papier de verre sur tous les angles trop durs et pointus de Nam Soon Kyu. Elle était devenue une tasse de porcelaine, celle moulée par des mains de maître et qui était capable de résister à tout choc après avoir été brûlé si fortement que le reste était un affront à son ancienne douleur. Sa mère était devenue une autre femme, une qu’elle ne connaissait pas, et ce constat l’affola bien plus que la conversation dans une langue inconnue.
Sa mère était une constante dans sa vie. Une qu’elle n’avait jamais eu besoin de briser pour comprendre, une dont elle n’avait aucune envie de voir les morceaux individuels et une qu’elle n’avait jamais eu l’intention de reconstruire de ses propres mains.
Et cet homme l’avait fait.
Il avait remodelé les formes de sa mère avec des mains d’artisan, polissant ce qui n’aurait jamais du être poli et enlevant ce qui n’avait jamais été de trop.
Aux yeux de So Hyun il était à la fois un artiste et un monstre, un dont la faculté à modifier une personne sans un bruit était admirable mais un dont la capacité à supprimer tout ce qui faisait de sa mère sa mère faisait de lui une cible à abattre. Elle voulait le voir loin et tout près. Elle ne l’aimait pas, ne l’aimerait jamais mais lui vouait déjà une admiration qu’elle sentait grandir comme un réseau de vignes qu’elle voulait désherber le plus rapidement possible.
« It won’t do. »
Encore de la poésie, et encore une fois une réponse tracassante.
So Hyun se demanda ce qu’il avait fait, cet homme, pour transformer la douce rivière qu’était sa mère en vague catastrophique.
« She can learn it here. »
Elle ne voulait pas parler, l’enfant. Car parler était tranchant, était un acte rédhibitoire puisqu’elle voulait continuer à observer la guerre qui prenait place sur cette table. Les éléments se contrariaient les uns avec les autres, et l’enfant regardait, bouleversée, par un conflit beau mais destructeur. Elle était au centre de la conversation, elle le savait, mais pourtant - et cela n’était que la première fois d’une longue série dans sa vie - elle était sur les côtés. Son devoir était d’assister, impuissante aux décisions qui allaient gouverner sa vie.
Elle n’était pas à elle, So Hyun.
Elle ne l’avait jamais été.
Elle ne le sera jamais.
« If you could teach her, she would already be able to. She will have to learn in the right way. »
So Hyun ne quitta pas sa mère des yeux. Car il y avait un symbiose qui se faisait, qui liait à l’infini leurs deux âmes. Sa mère était comme elle. Sa mère était impuissante. Sa mère l’avait été depuis le premier regard échangé avec cet homme. Sa mère était comme elle.
Un pion.
Un pion de go, une énième pierre noire perdue au milieu d’autres pièces complètement similaires. Identiques.
Non. Ce n’était pas vrai.
Elles n’étaient pas similaires.
Car So Hyun comprit, lorsque le regard de l’homme se posa sur elle une nouvelle fois, qu’elle n’était pas une énième pièce.
Elle était une pièce de Jangqi. Elle était le sa, le garde du général.
Elle avait un titre.
Elle avait un rôle.
Elle n’avait que cela.  

1965 - Ponxi, Shanghai

Elle inspira et se représenta sa mère.
Une beauté diaphane, un cou au port altier. Une petite tête, des yeux symétriques. Un sourire suspendu à des lèvres fines. Un regard apaisant, des mains chaudes.
Nam Soon Kyu était sûrement plus belle dans les rêves de sa fille qu’elle ne l’était en réalité. Mais l’amour avait le don de déformer les images, et les souvenirs étaient faussés par une douleur qui tenait bon depuis deux ans.
Namm So Hyun était en Chine depuis deux ans, depuis sept cent trente jours, depuis dix-sept mille cinq-cent-vingt heures, depuis un million cinquante-et-un mille deux cent secondes. Elle comptait chaque unité de temps qui la séparait de la dernière vision de sa mère. Ses larmes s’étaient asséchées il y avait cent deux semaines, et depuis rien ne coulait le long de son visage. Elle était vide de toute peine extérieure, pourtant le gouffre interne ne pouvait se boucher. Les bords du trou étaient rongés par sa colère, par la vie simple mais solitaire qu’elle vivait.
Elle s’imaginait sa mère, mais sa mère la reconnaîtrait-elle?
So Hyun avait changé, elle le savait.
Ses cheveux étaient courts, brûlés par la salamandre qu’elle avait du sortir du feu pour passer de la poudre de piment sur ses écailles infectées par la maladie. Pourtant, elle n’avait pas bronché lorsque le feu lui avait léché les bras et les cheveux.
Ses bras étaient couverts pas d’épais bandages destinés à garder le plus près de sa peau la potion qui redonnait à sa peau son ancienne apparence.
Sa gorge s’était modifié pour accepter des sons qui ne correspondaient pas à sa langue maternelle mais qui maintenant sortaient naturellement. La langue de son père était devenue la sienne, et pourtant, son coeur se fissurait à chaque phrase prononcée.
Son visage s’était assombri peu à peu, comme si le soleil s’était couché sur son teint et que la nuit était devenue éternelle. Ses sourires devenaient de plus en plus rares alors que ses journées devenaient répétitives, et que sa vie se tournait maintenant autour des animaux, les soignant et les sacrifiant par la suite, apprenant que la vie était courte, et que l’attachement était prohibé.
Non, sa mère ne la reconnaîtrait pas.
Et So Hyun n’avait aucune envie de se présenter devant elle dans cet état.
Elle expira et porta à ses lèvres la tasse d’eau chaude. Elle laissa ses lèvres tremper quelques secondes dans le liquide brûlant avec de l’ingérer pour oublier les brûlures sur ses bras.
Elle regarda autour d’elle, et se souvint de la rencontre avec un jeune garçon étrange peu de temps après son arrivée dans la résidence de Shang.
Il était apparu alors qu’elle était au même endroit, une tasse d’eau chaude aux lèvres. Il marchait comme s’il glissait sur l’air, comme s’il n’existait pas. Il était reparti après une courte introduction et ses mots avaient résonné contre les murs longtemps après son départ.
Yonghou.
Sa présence avait été un mirage, et pourtant elle l’avait revu un an plus tard. Les retrouvailles avaient été aussi courtes que leur rencontre, comme un rêve éveillé, et le garçon avait été tout aussi éthéré. Il avait murmuré quelques mots, l’avait réconforté, et il était parti, et elle ne l’avait pas vu depuis.
Existait-il ce garçon, ou était-ce tout simplement une fiction de son esprit?
Etait-elle si seule qu’elle s’était crée un ami imaginaire, qui venait et partait, et qui la laissait si seule qu’elle doutait de l’intérêt d’une telle création. Pourtant tout portait à croire qu’elle l’avait inventé, cet étrange garçon aux yeux si pénétrants. Elle n’avait pas senti sa présence, mais avait observé le vent faire voler ses mèches sombres. Ils avaient conversé sur les écoles de magie, sur son voeu si cher de faire ses études dans le même endroit que sa mère. Il l’avait observé avec un regard si triste, qu’il ne pouvait pas être réel. So Hyun en était sûre, il n’était qu’un reflet d’elle-même, un au nom chinois pour lui dire de s’habituer à son environnement, un garçon qui lui montrait qu’elle n’avait aucune chance de sortir. Qu’elle parcourait les couloirs de l’Académie Chinoise et que Sumasandeul et ses escaliers en pierre ne seraient que trop loin. Elle qui avait tant écouté avec passion les récits de sa mère se verrait obliger de correspondre à une culture qui n’était pas la sienne, mais qui pourtant passait les barrières qu’elle érigeait autour de sa conscience.
Elle ferma les yeux de longues minutes. Ses doigts se crispèrent sur sa tasse, et elle sentit les tendons de ses mains se contracter fortement.
« So Hyun? »
Une voix la tira de sa rage, une voix douce, aux accents dissonants sur son prénom. Pourtant la gamine se tourna, et fit tomber sa tasse devant le visage de l’héritière Shang Yazhu.
Sa soeur.
Sa charge.
La reine de son général.
Tel un réflexe naturel, mais pourtant avec lequel elle n’avait pas grandi, So Hyun baissa les yeux et s’accroupit, un genou par terre, dissimulant par position agenouillée en ramassant les bouts de la tasse. Ses yeux étaient fixés sur les pieds de la demi-soeur qu’elle n’avait qu’entre-aperçu pendant les deux dernières années. So Hyun n’était pas encore prête, disait leur père. Alors elle attendait sagement qu’on lui dise qu’il était temps pour elle de donner sa vie pour une autre.
Lorsque les pieds qu’elle observait se rapprochèrent d’elle, So Hyun eut un mouvement de recul, comme un chaton effrayé, et ses doigts dérapèrent sur la porcelaine, la peau dégagée des bandages coupée d’un coup sec. Elle ne sentit même pas le sang couler le long de ses doigts, figée net par le mouvement rapide de Yazhu. Cette dernière s’accroupit pour être au niveau de la gamine, et prit ses main dans les siennes, appliquant une pression sur la ligne rouge. « Fais attention, » souffla t’elle, d’une voix trop mélodieuse pour cette jeune fille aux mains rougies par le sang de sa demi-soeur. Les mots étaient doux, mais la réaction violente de So Hyun trancha le moment. Elle recula et se reconcentra sur les morceaux qu’elle tenta une nouvelle fois de ramasser.
« Je m’en occupe. »
So Hyun secoua la tête, ses mouvements plus rapides, plus désordonnés. Elle ne pouvait pas laisser l’héritière ramasser les morceaux, ceux qu’elle avait brisé. C’était dangereux. Elle ne pouvait pas laisser l’héritière prendre l’occasion de se blesser. C’était impossible.
« Je dois le faire. »
Sa voix claqua, trop forte pour ce moment, trop dure devant le visage concernée d’une jeune fille qui n’avait demandé qu’à l’aider. Mais la peur des réprimandes était inscrite à l’encre rouge sur les poignets de So Hyun, alors elle détourna la tête et ramena vers son torse les morceaux de la tasse qu’elle avait brisée sous la surprise. L’eau maintenant tiède mouilla son haut, se mêlant à son sang qui continuait de perler le long de sa main. Yazhu était elle aussi figée, la main tendue en un geste désespéré, et elle la regardait comme si elle était un animal sauvage. Si elle avait pu le reconnaître, So Hyun aurait pu lire de la pitié sur le regard de sa demi-soeur, mais elle ne la regardait même pas, son regard fixé sur le sol.
« Je voulais simplement t’aider. »
Il y avait toujours sa main tendue, ces doigts aux articulations parfaites, encore lisses, si ce n’était la corne qui se formait à l’endroit même où l’héritière tenait habituellement sa baguette. So Hyun détourna le regard de cette main, de ces doigts pâles vers les siens, tachés par le sang et le soleil.
« Que puis-je faire pour vous, Mademoiselle Yazhu? »



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par Nam So Hyun, Mar 6 Fév - 22:02 (#)
Histoire
you taste like sunshine; like failure and misery and tragedy at once.
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1969 - Lettre à l’intention de Shang Yazhu, non envoyée


Dis moi, Yazhu, as tu déjà rêvé d'un monde différent? As tu déjà fermé les yeux pour quelques secondes pour les ouvrir et découvrir que tout avait changé? Sais-tu au moins ce que c'est, de changer de vie, de découvrir un autre monde? De se rendre compte que tes murs s’étaient écroulés dans la nuit et que tu ne pouvais rien faire pour les reconstruire?
Je pense que tu l'ignores.
Je pense que le monde qui t'entoure est le tien.
Moi, mon monde ne m'appartient pas. Puisqu'il tourne autour de toi, toujours et à jamais.  Il a coulé entre mes doigts lorsque j’ai rencontré notre père pour la première fois. Mais je crois que je me trompe. Il n’était peut-être jamais dans ma main, mon monde. Ou alors il s’est échappé lorsque ma mère a rencontré Fei, et qu’elle s’est donné à lui. Quand je suis née, j’étais déjà la tienne, c’est juste que je ne le savais pas.
Je devais être pathétique pendant mes premières années, à me croire libre.
Mon monde est toi puisque c'est ainsi que le veut notre père. Je suis ton bras, une autre de tes respirations puisque c’est ainsi que le veut une tradition qui n’a jamais été la mienne. Mais ce n'est pas ce que je veux. Je veux un monde qui tourne autour de moi, un dans lequel je ne suis pas une énième pièce de rechange mais un joueur essentiel à son bon fonctionnement.
Je veux être mienne, ne serait-ce que quelques semaines pendant quelques années.
Alors je pars. J'ai refusé de suivre tes traces déjà trop brillantes et de fouler le sol de l'Academie chinoise de magie. Et pour aller à Sumasandeul, j'ai accepté de donner le reste de mon temps aux Shang. L’éducation que je choisis contre mon corps. J’affute mon esprit avec une mentalité qui n’est pas celle des Shang, et j’aiguise mon corps en leur faveur. J’ai donné le reste de ma liberté pour pouvoir suivre les mêmes enseignements que ma mère.
Parce que je suis coréenne et que c'est ma magie que je veux apprendre, mes coutumes, ma langue et mes traditions. Toutes ces choses qui m'ont été enlevé à mon arrivée ici.
Mais trouves-tu cela juste? Imagines-tu au moins tout ce que j'ai du abandonné depuis mon arrivée ici? Je n'ai rien choisi depuis des années mais au moins il me reste ce dernier souffle de liberté avant de rentrer complètement à ton service. L’occasion de faire un premier et dernier choix.
Et ce choix c'est de t'abandonner.
C'est de te laisser seule.
C'est de partir loin de toi.
Ce choix, c'est de me libérer de toi. Toi et tout ces sourires et ces gestes, toi qui continue de me regarder comme une soeur alors que le monde t'ordonne de me tourner le dos. Tu as tout fais pour que je m’intègre, et je te supplie d’arrêter. Je te supplie d’accepter ces rôles qu’on nous donne, parce qu’ainsi je pourrais effectuer les taches qu’on me demandera.
Je préfère te tourner le dos en premier pour éviter de voir mon espoir mal placé. Un jour, tu perdras ces sourires, et tu deviendras pleinement l’héritière de Shang Fei. Et ce jour, tu comprendras que je ne suis qu’un pion. Et ce jour là, nous arrêterons de faire semblant, de nous croire soeurs. Et je ne suis pas assez forte pour me détacher aussi violemment alors je préfère ne jamais m’attacher.
C’est tout ce que je te demande, Yazhu.
S’il te plaît, libère moi.
Sois juste, ne sois pas cruelle.
S’il te plaît.
Quand je rentrerais en juillet, ne me souris pas. Ne m’accueille pas. Ne me traite pas comme une soeur.
S’il te plaît.
Considère cela comme une ultime faveur.
S’il te plaît.


1969 - Lettre à l’intention de Shang Yazhu, envoyée

Je pars pour Sumasandeul.
Je serais de retour en juillet pour les vacances d'été.
Nam So Hyun.

1973 - Sumasandeul, Montagnes Tabaek
 
Tu revis. Non, tu vis. Tu t’appropries enfin le tu. Tu délaisses le elle, le pronom qui met de la distance, celui qui expose au monde entier que tu n’es pas la tienne, que tu est à Shang Yazhu, que ton destin n’est pas le tien, mais celui d’une ombre, d’une épée. Le tu met consistance dans ton corps de fantôme, dans ce corps de bâtarde qui ne t’appartient pas. Pour quelques années seulement, tu es tienne, alors tu saisis ce tu à pleine main, avec la rage d’un dragon, et tu l’entoures autour de toi. Tu te capes de ce pronom, et tu te protèges de tout avec, tu es un incendie, un tu que tu hurles dans le vent.
Tu es à toi, et à toi seule.
Tu es un nouveau né qui a eu sa première respiration le jour de son arrivée à Sumasandeul, quand tu as gravis les premières marches qui mènent à l’école. Dans l’air frais de la montagne, tes poumons se sont débouchés avec un bruit sourd. Tu as pris vie, tu as pris forme.
Tu as abandonné ton tablier en Chine, tu t’es relevée. Tu as fracassé la poupée de porcelaine qui porte tes traits, et tu en es sortie comme une tempête, un ouragan, mille catastrophes naturelles et surtout un sourire. Tu as appris à aimer, à combler, à respirer, à vivre.
Tu as appris à oublier aussi, que chaque vacance est synonyme d’abandon de ce tu que tu gardes contre ta poitrine, comme un secret, comme une source de magie ancestrale.
Mais dès que revient le temps de retourner dans cette école que ta mère a également foulée, tu reprends ce pronom et tu rugies à la lune, si tendre dans le regard qu’elle pose sur toi. Depuis deux ans tes côtes sont marquées par des traces que la pleine lune appelle mais à laquelle tu ne peux répondre. Tu n’es pas un lycan, mais tu les traques, et tu fais plus partie de la catégorie des animaux sauvages que des humains. Non, pas toi, elle.
Toi, tu n’es qu’une gamine qui hurle de joie, dont les côtes vibres de plaisir, aux grands yeux sombres écarquillés devant la passion qui te prend dès qu’il s’agit de voler. Tu pourrais avoir un futur au sein de l’équipe coréenne de Quidditch, pourtant tu souris tranquillement lorsqu’on te demande pourquoi tu ne te diriges pas vers cela. Tu aimes voler, mais c’est elle qui devra assurer la suite de ta vie. Elle qui se bat, qui aime ça, et qui vole uniquement sur les dos des dragons lorsque qu’elle se lance dans une traque.
Pourtant l’instant, tu préfères faire ce qu’il te plait, et ne pas penser au futur. T’es douée comme gamine, un peu trop sûrement, et si ce n’était ce grand regard hypnotisant et ce petit visage curieux, tu n’aurais peut-être pas cette popularité. Mais tu es belle, tu es charismatique, alors t’attires. Tu réfrènes ta pulsion de briser pour apprendre, car tu entends la voix de ta mère, une voix dénuée d’affection puisque tu as oublié à quoi cette voix ressemble.
C’est ton prénom qui est scandé par ton équipe lorsque tu t’élèves contre l’équipe de l’école japonaise, et c’est ton nom de famille, celui de cette mère que tu ne connais plus, qui est hurlé, et tu leurs réponds, à ces hurlements, tu les remercies. Tu souhaites entendre ces trois lettres, cette syllabe, au profit d’une autre que tu enterres dans ton ventre, que tu gardes pour l’été, lorsqu’ elle doit revenir en Chine.
C’est également ton prénom qui est murmuré lorsque les rumeurs sur un affrontement avec une école étrangère au sein d’un tournoi magique s’élèvent. Tu es jeune, pauvre enfant perdue, mais tu te bats avec une férocité qui rappelle les animaux qu’elle traque. Alors tu attends que les rumeurs deviennent fondées, et tu attends ton tour afin de te battre. C’est ton rôle, et tu l’acceptes si facilement, un léger sourire sur les lèvres.
Sumasandeul t’a donné une identité alors qu’un homme et sa fille te l’avait ravit, et tu aimes tant ton école pour cela. Tu lui dois tout, alors tu te donnes entièrement à l’établissement, plongeant tes mains dans la terre pour faire pousser la nourriture, utilisant tes années d’éducation chez les Shang pour calmer les animaux sauvages.
Tu sais que tu n’es rien en dehors de cette école, alors tu décides d’être tout en son sein. Ton nom est sur toutes les lèvres, et celles qui se posent sur toi te volent ton souffle et tu ne leur demandes jamais de te le rendre. Tu les regardes avec pitié, parce qu’ils te veulent, te désirent et tu ne peux rien leur donner. Tu voudrais pourtant. Tes doigts se glissent dans les leurs, et leurs prénoms - si coréens, si beaux, si doux, qui résonnent dans ton coeur comme un énième battement - se posent sur tes lèvres sans vraiment s’y attacher. La vérité est triste, et ton palpitant se brise. Mais tu n’es pas à toi, et tu ne peux pas t’offrir à eux, si ce n’est uniquement ton corps. Et pourtant ce dernier ne t’appartient toujours pas. Et ils le savent, parce que leurs mains trouvent refuge dans les plis de ta robe de sorcière - refuge, parce que tu protèges toujours et encore, aussi souvent que tu brises - et la font tomber par terre pour dévoiler un corps trop jeune pour être aussi marqué. Ils te regardent et tu ne peux détourner le tien, parce que ton corps ne fait pas beau à voir devant le pureté de ton visage. Tu as la marque de l’esclave et tu as beau l’écorcher de tes ongles quand revient le printemps, tu ne peux rien faire contre ce statut.
Tes amies se brisent sur le silence que tu maintiens sur ta vie à l’extérieur de l’école, et pourtant tu les aimes tant, parce qu’elles ont appris à ne pas poser de question. Elles préfèrent te voir comme tu le veux, avec un sourire, un rire, une lueur heureuse dans le regard. Tu as peur de leurs yeux horrifiés si elles te voyaient les bras en sang. Tu n’es un monstre que dans le regard de l’autre, et tu ne pourrais jamais supporter le leur.
Lorsque Park Jong Hyeon prend ta main, tu le laisses faire et tu supplies ton membre de refermer tes doigts sur les siens, mais toi et elle se battent pour se protéger. Tu l’aimes, du moins, tu voudrais l’aimer, parce que de tous, il est celui qui est plus puissant qu’un simple battement, il est une symphonie, et tu vibres à chaque fois qu’il pose ses yeux sur toi. Mais tu ne lui donnes rien à lui non plus, et tu hurles sur les murs glacés de ta conscience, parce que tu vois tout de lui, et lui ne voit rien de toi. Il aime un fragment de ta personne, et pour cela tu es folle de lui. Il aime le tu, et ne sait rien du elle. Mais derrière ces pronoms, il y a un nom qui s’est attaché à ta conscience, et ta demie-soeur plane sur l’enfer qu’est ton identité. Yazhu n’a jamais voulu être liée à toi, pourtant elle l’est, pourtant elle est soudée à ce que tu es, et chaque action que tu prends est un mouvement de go dans une partie jouée d’avance.
Le tu es temporaire, tu le sais. Elle le sait.
Et Park Jong Hyeon te regarde, et tu ne peux pas te donner temporairement, parce que ton être ne peut s’offrir sans se diviser et tu ne peux pas te permettre de te séparer d’une nouvelle partie.
Sumasandeul t’a tout offert, mais même cette école de magie n’est pas assez forme pour ravir de ton esprit tout ce que tu es, ce que tu as été et ce que tu seras.
Tu as un prénom, mais tu sais que ces lettres embrassées par d’autres ne sont pas celles importantes de l’histoire.
Samasandeul est une parenthèse de ta vie, un monde dans lequel tu as évolué, dans lequel tu as grandis et appris à aimer, mais surtout appris à dire au revoir, à fermer les yeux sur un futur qui ne sera jamais le tien.
Cette école est ta naissance, mais également ta mort, mais elle est si douce cette mort, celle qui revient chaque année lorsque les bourgeons apparaissent. Et dans les couloirs en pierre, ton esprit rejoint celui de ta mère, une dernière connexion avant de devenir pleinement la fille de ton père.

1975 - Sud-est de la province de Gansu, Chine

« L’exil d’Ulysse était volontaire. »
Ses lèvres bougèrent à peine, pourtant la voix de Nam So Hyun était parfaitement placée. Interpelé, Shang Yonghou leva les yeux du texte ancien qu’il parcourait pour les poser sur sa cousine. Celle-ci ne le regardait pas, son regard perdu dans les reflets de la Rivière Jaune. Elle semblait voguer sur l’eau, et elle s’éloignait de lui à chaque respiration. Yonghou l’observa un long moment avant de baisser les yeux sur le livre qu’elle tenait fermement dans ses mains.
Il avait pensé que s’éloigner de la résidence principale des Shang lui ferait du bien, alors il avait organisé cette semaine sur les rives de la plus majestueuse des rivières de Chine.
Pour elle, il s’était agenouillé devant son oncle.
Pour elle, il avait menti, avait prétexté que l’air pur de la demeure près de Lanzhou favoriserait leur concentration sur les textes anciens que leurs précepteurs leurs donnaient.
Pourtant, il n’avait pas l’impression de voir son état améliorer, et une nostalgie avait pris possession de l’adolescente, versant dans ses grands yeux sombres une étincelle qui ne lui plaisait pas.
Ce n’était pas celle qu’il voulait voir dans ces orbes qu’il aimait tant. Et lorsque ses lèvres s’étiraient, il n’y avait toujours rien dans son regard, et il désespérait tandis qu’elle ne changeait pas.
« Ulysse? »
Elle se tourna enfin vers lui, et elle leva le livre.L’Iliade lut-il lorsqu’il plissa les yeux, et il comprit enfin de quoi parlait sa cousine. Il se souvenait avoir vu le titre dans la liste des ouvrages désignés par leurs précepteurs, mais l’ayant déjà lu, il avait préféré se tourner vers les anciens textes de magie chinoise plutôt que sur la mythologie d’une culture qui ne le touchait pas.
« Ce sont les dieux qui l’ont empêché de retourner à Ithaque, » répondit-il rapidement, se souvenant des péripéties du héros qui avait pourtant tout fait pour retrouver sa femme et son fils, et qui y était arrivé après dix ans. So Hyun détourna une nouvelle fois son regard, un de ses sourires nostalgiques sur les lèvres.
« Les dieux n’y étaient pour rien. C’était sa culpabilité qui le rongeait. »
Yonghou secoua la tête, ses mèches brunes rebondissant avec ardeur sur son front. Sa cousine était aussi étrange qu’elle était intelligente, et souvent ses murmures lui semblaient des oracles qu’il ne pouvait pas prendre au sérieux sans peine de se jeter dans l’étendue de la rivière à quelques pas de ses pieds.
« De quelle culpabilité parles-tu? Ulysse a gagné la guerre, c’était son stratagème et son génie qui permirent aux grecs de franchir les portes de Troie. »
Lorsque le regard de So Hyun se plongea dans le sien, Yonghou du serrer les dents. Il était trop noir ce regard, trop sombre. Trop ancien aussi, comme si elle avait elle-même vécu le mythe qu’elle prenait tant à coeur.
« N’as-tu jamais pensé à sa honte après avoir demandé à Patrocle de porter l’armure d’Achille? C’est forcément lui qui lui a demandé. Ulysse était le seul à pouvoir trouver la manière de ramener Achille sur le champ de bataille. Il était le seul capable d’imaginer un stratagème, et c’était son premier acte de victoire contre les troyens. »
Shang Yonghou cligna des yeux, et il fuit le regard de So Hyun. Pourtant, il s’intéressa à ses mots alors il essaya de s’imaginer le tableau qu’elle peignait tout doucement.
Il imagina un homme qui voyait ses soldats tomber, qui savait qu’il n’y avait qu’un demi dieu qui pouvait leur ouvrir le chemin vers la victoire. Mais ce demi dieu était arrogant, borné. Dans sa colère, il n’ouvrait que le chemin menant vers les Champs Elysées, et son hybris n’avait d’égal que son honneur bafoué par le roi de rois.
Il imagina So Hyun, gamine à l’honneur bafoué par un père divin et une mère mortelle.
Il imagina la fierté qu’elle ne pouvait pas avoir, puisqu’elle n’était jamais destinée à des grandes choses.
« Ulysse devait ramener l’attention d’Achille dans la guerre, alors il a paru son coeur de son armure et l’a envoyé à la mort. Il a cloué l’organe sur le sable de Troie pour qu’Achille ne puisse partir avant d’achever sa destinée. »
Il ferma les yeux sous la douleur portée par les mots de sa cousine. Elle était une petite chose, souvent perçue comme fragile, mais la force qu’elle exprimait par ses yeux dénotait ces rumeurs. Pourtant, alors qu’elle exprimait son point de vu sur une histoire mythologique qui n’avait que peu de sens pour lui, il y avait une vulnérabilité dans sa voix, une qu’il n’avait pas eu l’occasion d’entendre auparavant.
« Il avait besoin du dieu Achille, et non du mortel. Alors il a serré le coeur d’Achille jusqu’à le vider de toutes les gouttes humaines. »
Elle referma le livre avec un bruit sourd et se tourna vers lui, la tête penché comme un oiseau, comme si elle s’attendait à une réponse aussi profonde que sa propre réfléxion.
Mais les lèvres de Yonghou s’ouvrirent pour ne laisser passer aucun son.
Etait-ce la nostalgie dans son regard qui avait à ce point d’emprise sur son esprit et qui la plongeait dans de telles considérations?
Pourquoi tant de douleur autour de cette bouche si fine?
« Patrocle n’avait jamais eu aucune chance d’exister pour lui-même. »
Le dernier murmure de So Hyun acheva son cousin. Il ferma les yeux pour ne pas montrer la douleur qui le prenait lorsqu’il se rappelait qu’elle n’était pas seulement la cousine à qui il essayait de montrer la grandeur de son monde.
Etait-ce pourquoi elle s’imprégnait autant de ce mythe et non de leur propres histoires chinoises?
Patrocle vivait en Nam So Hyun, elle qui n’avait pas la chance d’exister en tant qu’individu séparé de Shang Yazhu.
Yonghou voyait en Yazhu l’apothéose de sa famille, la brillance du soleil pour une héritière couronnée dès sa naissance. Il n’avait pas besoin de fermer les yeux pour observer le titre de stratège sur le front de Shang Fei, son oncle. Ce dernier était celui qui avait revêtu So Hyun de l’armure de Yazhu, et il attendait qu’un combat se rapproche trop près de sa fille ainée pour voir l’autre se jeter sous les coups.
Mais Achille avait été destiné à périr au sommet de sa gloire. Il s’était consommé pour rejoindre Patrocle, son honneur enfin réparé et son nom sur toutes les langues des Muses qui avaient répété son histoire, encore et encore.
Yonghou se demandait à quel point So Hyun se représentait sa vie à partir des lignes d’Homère.
Pensait-elle mourir et voir Yazhu se détruire peu de temps après?
Pensait-elle voir son propre cousin enterrer ses deux cousines sans l’ombre d’une larme?
Shang Yonghou se figea dans le temps, ses yeux fixés sur la mâchoire relâchée de sa cousine qui ne l’observait plus.
Non.
Et si elle n’imaginait pas Shang Fei dans le rôle d’Ulysse, mais bien lui, son cousin? Et si Fei était Agamemnon, et lui Yonghou le roi d’Ithaque qui ne suivait pas les règles de celui à qui il avait prêté allégeance, mais qui pourtant continuait de le servir. Après tout, il avait beau aidé So Hyun à s’échapper de Shanghai, il ne l’avait jamais emporté loin de l’influence de son père.
Et si c’était lui qui allait être rongé par la culpabilité d’avoir orné les épaules d’une gamine trop frêle d’un titre trop large?



Dernière édition par Nam So Hyun le Mar 13 Fév - 23:31, édité 2 fois
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1977 - Shenzen, Chine

So Hyun ne cherchait pas à savoir comment Yazhu vivait sa vie. Elle ne posait aucune question, vivait dans son coin de l’énorme bâtisse qui agissait plus comme une cage qu’une demeure.
Elle passait de longs mois sans la voir, se cachant dans son travail pour ne pas croiser le regard d’une soeur qu’elle ne voulait pas. La dernière fois qu’elles s’étaient vus, So Hyun avait détourné les yeux, continuant son chemin. Yazhu n'avait rien dit. Elle avait uniquement baissé la tête, peut-être pour se protéger du regard de rage que portait la plus jeune. L’existence de Yazhu était un affront fait à So Hyun, et elle hurlait de rage dès que ses pas l'éloignaient de Yazhu. Alors elle partait et revenait des semaines après, et finalement, elle pouvait presque croire qu’elle était une jeune femme comme une autre.
Et dans les yeux de son ainée, une question tacite - pourquoi m'évites-tu? - et dans le regard de la plus jeune, une réponse, morbide.
Elle l'évitait parce que So Hyun rêvait de serrer ses mains autour de son cou.
Elle l'évitait parce que So Hyun tremblait de rage envers cette femme - non, elle n'était pas sa soeur, elle était son maître, So Hyun n'existait pas.
Elle l'évitait parce que Yazhu lui avait menti en lui disant qu'elle aurait aimé que tout soit différent. So Hyun lui avait demandé, non l’avait implorer d’agir comme une inconnue, d’être son maître et non pas sa soeur. Pour ce faire, So Hyun s’était même éloignée de Yonghou, délaissant son seul ami dans cette famille qui n’était pas la sienne. Elle avait vu ce dernier se demander pourquoi elle partait ainsi, pourquoi elle le laissait aussi seul. Elle l’avait observé faire des mains et des pieds pour la suivre, pour avoir de ses nouvelles, à se déchirer entre ses deux cousines sans jamais pouvoir les lier.
C’était ce même homme - cet ami qu’elle avait longtemps cru imaginaire - qui gisait maintenant dans un lit d’hôpital, le corps meurtri par des coups qu’il avait reçu en tachant de dompter un dragon. Il respirait encore, et ses jours n’étaient plus comptés, mais il conserverait des séquelles à tout jamais.
Ce n’était pas la faute de Yazhu.
So Hyun était une femme logique, et elle le savait. Yazhu n’était en rien responsable de l’accident de Yonghou.
Rien ne la reliait à l’incident.
Mais dans sa douleur, So Hyun ne pouvait faire la différence. Elle détestait ce sentir aussi impuissante devant la souffrance de son cousin, et elle devait blâmer quelqu’un. Et Yazhu était apparue, rayonnante comme une princesse, celle à qui elle devait couper le cou. Alors So Hyun s’était mise à vibrer de rage, une à l’intensité singulière, qui faisait exploser son palpitant tant le rythme de son sang était effréné. Elle avait toujours conservé sa violence dans son torse, l’emprisonnant car son rôle n’était pas la laisser s’exprimer. Mais Yonghou ne se ressemblait pas dans ce lit d’hôpital, pas quand ses traits parfaits étaient trop pales, pas quand son sourire charmeur lui avait été arraché par des grincements de douleur.
So Hyun n’avait pas autant souffert depuis sa séparation avec sa mère, et elle craignait de perdre la seule personne à laquelle elle était véritablement attachée.
Alors elle ne le quittait pas. Elle se faisait toute petite dans sa chambre, une ombre au bout de la pièce, si bien qu’elle semblait se fondre dans les ténèbres.
Elle n’aurait pas du s’étonner à ce que sa demi-soeur ne la voit pas, et Yazhu entra dans la pièce sans faire de bruit, et elle était une ombre également, une à la luminosité bien plus importante que celle de la plus jeune.
Recroquevillée sur elle-même, So Hyun devint spectateur des sanglots de cette femme qu’elle avait toujours considérée comme insensible. Et l’espace d’un moment, les coeurs des deux femmes se serraient en harmonie, déchirés par une même souffrance. Mais So Hyun ne voulait pas écouter ces sanglots, pas quand ils lui rappelaient les siens, ceux qui séchaient encore sur sa peau lisse. Alors elle ferma les yeux, et se boucha les oreilles, car elle ne voulait pas en savoir plus sur Yazhu. Elle ne voulait pas la voir en tant qu’humaine, en tant que femme. Elle voulait pouvoir la détester à son bon vouloir, sans se préoccuper de l’être sous les longs cheveux de jais. La princesse ne devait jamais obtenir le même rang que le serviteur, elle ne pouvait se délaisser de son statut d’immortelle. So Hyun ne pouvait pas se permettre de la considérer autrement.
Ce n’était pas pour les autres.
Mais pour elle.
Elle devait se protéger si elle voulait survivre, et elle était la seule capable de se sauver.
Elle était le serviteur, mais elle était la princesse de son propre domaine, et elle refusait de courber l’échine devant cette femme qui semblait obstinée à faire tomber chaque mur que la coréenne dressait devant sa psyché.
Elle pouvait tenir bon.
Elle pouvait rester forte, ses mains serrées autour d’un cou imaginaire.
Elle pouvait rester forte, et pourtant sa rage se dissipa, se courbant autour de ses côtes pour les revêtir d’une énième carapace.
1980 - Shanghai, Chine

« So Hyun!
Une voix se jeta dans ses oreilles, mais la jeune femme était bien trop occupée pour se soucier des autres. Elle se pencha pour fermer ses hautes bottes de cuir, ce dernier épousant parfaitement la forme de ses chevilles. Lorsqu'elle releva la tête, ses yeux rencontrèrent ceux de Yazhu, et par instinct, So Hyun inclina la tête. Son regard coula des yeux sombres de Yazhu pour observer sa demi-soeur, du ruqun rouge qui mettait son port altier en avant à la goutte de sueur qui perlait le long de son front. Le souffle lui manquait légèrement, et ses lèvres entrebâillées laissaient apparaître de longues perles blanches. Ses mains tenaient fermement deux pans de sa qun pour la remonter et ne pas entraver ses mouvements.
Elle avait couru pour attraper So Hyun avant son départ.
L'héritière s'était dépêché, et même dans sa précipitation, elle était si belle.
Des années après leur rencontre, So Hyun ne pouvait pas s'empêcher de se figer dès qu'elle voyait Shang Yazhu apparaître.
Et c'était cela, le pouvoir de cette femme.
Elles étaient liées à jamais, mais leur contradiction était une dualité qui se faisait sentir à chaque instant, et chaque regard échangé entre elles était une preuve en plus que So Hyun n'était qu'un bouclier. Elles partageaient un père, mais la demi-soeur coréenne n'avait jamais ressemblé à ce dernier. Elle tenait tous ses traits de cette mère qu'elle oubliait malgré tous ses efforts. Ses traits étaient moins fins que ceux de sa soeur, ses yeux moins ronds, son visage moins symétrique. Son corps était fait pour la chasse, et les cicatrices couvraient ses membres en une sous couche sous ses vêtements.
Il n'y avait pas d'élégance dans ses gestes, pas comme Yazhu qui réussissait à se servir de sa baguette comme un éventail utilisé pour une danse traditionnelle. Chaque mouvement était un pas de danse, une chorégraphie dont elle seule connaissait le secret. Elle captivait sans vraiment chercher à le faire, un instinct naturel inscrit dans ses veines.
Quand So Hyun bougeait, c'était dans l'économie de mouvement, dans l'efficacité. Elle se mouvait avec un corps confiant, un qu'elle avait dompté à force d'arts martiaux, un qui n'était pas élégant comme une danse mais dangereux comme une arme. Si elle était un art, elle était geommu, une danse coréenne qu'elle avait appris alors qu'elle résidait encore chez sa mère; elle était cette danse dangereuse qui mêlait rythme et épées.
« Es-tu obligée de partir maintenant? »
So Hyun glissa sa baguette dans l'étui en cuir de dragon qu'elle avait elle-même réalisé à partir de la peau du premier dragon qu'elle avait abattu.
« Père le désire ainsi. Plus vite je partirais, plus vite je serais de retour, Yazhu. »
Yazhu se mordit la lèvre, et So Hyun détourna les yeux. Elle ne souhaitait pas voir de l'inquiétude sur le visage de sa demi-soeur, cette même inquiétude qu'elle n'arrivait plus à ressentir depuis deux ans.
« Je m’inquiète de te voir chasser toute seule, So Hyun. »
La voix de sa demi-soeur était d'une douceur cruelle, puisque fausse. Si la douceur était une faiblesse, alors Yazhu n'était pas douce. Elle était une créature de feu, une qui courbait ses flammes pour ne pas incendier le monde qui l'entourait.
« Je ne suis jamais toute seule. »
Sa réponse fut accompagnée par le mouvement de Habaek qui se frotta contre elle, et ses doigts se mêlèrent à la fourrure du tigre qui était à ses côtés depuis deux ans déjà. L'angoisse était devenu depuis un sentiment qui n'avait lui d'être, pas quand elle chassait à deux désormais, pas quand chacune de ses pensées étaient renvoyées, réfléchies par un miroir dichroïque. Quand So Hyun croisa les yeux de sa demi-soeur, elle vit que l'inquiétude avait perduré, et elle soupira. Yazhu ne pouvait pas comprendre ce qu'était de vivre avec un patronus, surtout un qui collait à sa peau, collait à son âme, n'était qu'un bras de plus, une respiration supplémentaire en même temps que la sienne.
Pourtant So Hyun n'ignorait pas que de nombreux sorciers entretenaient avec leur patronus une relation bien différente de celle qu'elle avait avec Habaek. Le lien entre les deux était unique, puisque presque trop fort. Pour un morceau d'âme supposé décollé d'elle, Habaek lui était trop lié. Elle se perdait si souvent dans la présence de son patronus qu'elle oubliait qu'il y avait un monde en dehors. Ils étaient synchrones dans leurs gestes, dans leur démarche, entre la férocité du tigre et l'envol pénible de l'oiseau.
Et s'il parlait si peu, c'était tout simplement qu'ils n'en avaient pas besoin. Ils étaient un duo si pur qu'ils utilisaient leurs émotions pour communiquer, car les mots n'étaient pas assez fort pour exprimer l'amplitude de leurs sentiments. Et cependant, lorsque la voix froide et lancinante de l'animal résonnait dans le crâne de So Hyun, elle reconnaissait sa langue maternelle. Et c'était ces accents et ces syllabes qui avaient apposé la première pierre de leur relation; ils vivaient tous les deux dans la haine d'une langue qui leur avait été imposé.
« Il ne pourra pas te protéger en cas de danger. »
Pourtant.
Pourtant.
Cette langue paraissait si belle lorsqu'elle était prononcée par Yazhu, et So Hyun se surprenait à l'écouter d'une oreille docile, trop vite suivie par la haine qu'elle ressentait pour sa demi-soeur, un jour sur deux.
Comment osait-elle lui donner ainsi envie d'écouter la langue d'une famille qui n'était pas la sienne?
Comment osait-elle rendre beau ce langage qui n'était qu'une cage dorée dans laquelle So Hyun était enfermée?
Comment osait-elle entourer les poignets de sa demi-soeur de ses doigts fins, les menottant avec une voix posée et un sourire inquiet?
Comment osait-elle s'inquiéter pour l'autre quand elle était ce qui mettait sa soeur en danger, par sa propre existence?
So Hyun détourna les yeux. Elle tourna les talons, son corps couvert de noir projetant une ombre imposante sur les murs, et elle semblait si petite face à celle-ci. Habaek sur ses talons, elle resserra l'étui sur son avant bras, et avança le long du couloir. Elle laissa derrière elle Yazhu, sans un mot, sans un dernier regard.
« So Hyun. »
Elle ne le voulait sûrement pas Yazhu. Elle ne voulait sûrement pas que sa prononciation du prénom de sa demi-soeur soit un ordre, un supplice et une condamnation à la fois. Pourtant c'était le cas, alors la coréenne s'arrêta d'un geste sec et nerveux de ses jambes. Son dos était droit, et sous le regard instant de sa soeur, elle était plus un soldat qu'un membre de la famille.
« Fais attention. »
Et la finalité de ces mots claquait contre une langue qui ordonnait alors qu'elle pouvait aimer. Mais elles savaient toutes les deux quelle était la place de l'autre, et se mentir était inutile. Alors Yazhu observa So Hyun quitter la demeure des Shang, les bras raides.
Elle l'observa également retourner dans la demeure, les bras ensanglantés.

1983 - Jianfeng Mountain, Hainan, Chine
 
La deuxième vague était arrivée sans prévenir. Le remède que des médicomages chinois avaient concocté plusieurs années auparavant s'était révélé temporaire, mais pour une raison qui ne l'importait que peu, la deuxième vague avait été plus légère pour elle. Elle s'était à peine poser pour souffler, préférant la méditation aux différents remèdes que les médicomages inventaient à base de vieilles recettes ancestrales. Elle avait découvert ce noble art lors de ses années d’études, et depuis la pratique lui était restée, si bien qu’elle préférait souvent cela à toute autre forme de repos.
Lorsqu'elle méditait, elle s'effaçait du monde. Elle ouvrait ses sens, se concentrant sur la magie qui alimentait ses muscles, qui se ressourçaient dans les artères et qui se réjouissait à chaque nouvelle bouffée d'oxygène qui arrivait aux veines.
Lorsqu'elle méditait, elle était paisible, elle oubliait l'existence de tous, si ce n'était elle et Habaek. Elle ressentait son environnement, se mêlant à la magie qui existait autour d'elle, et surtout en elle. C'était pendant ces moments de pure intensité que le lien avec son patronus se développait, lorsqu'elle reliait leurs âmes ensemble en un seul soupire. Ils ne se parlaient peu, leur présence communiquant à leur place. Mais lorsqu’elle méditait, le lien était pleinement ouvert, une rivière sur laquelle ils voguaient, lui dans l’eau, son souffle se mêlant à l’élément liquide tandis que ses respirations fusionnaient avec l’air autour d’elle. En tigre ou en oiseau, ils étaient libres, un univers composés uniquement par leur unique âme.
Et c'était en pleine peste qu'elle s'était rendue compte que le lien était plus profond, modifié. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle se vit elle-même, déformée certes, mais son corps assis, paisible. L'osmose était totale, leurs sens accordés, leurs visions réciproques, et les sons parvenaient de l'oreille du félin à celle de l'humaine sans discordance. Elle était devenue en un souffle son patronus, et l'environnement s'était démultiplié devant une nouvelle perception du monde.
Elle fut troublée lorsqu’elle se rendit compte qu’elle n’était plus humaine, ou alors qu’elle était autre. La communion était toujours présente, et leur lien pulsait sous une nouvelle forme, plus robuste, plus flexible. Habaek l’observait avec ses propres yeux, et So Hyun redécouvrit son visage, ses traits tirés par une fatigue venant de plusieurs jours intensifs qui précédaient chaque traque. Sa main était encore enrobée de bandages posés rapidement sur une brûlure dont elle ne s’était toujours pas occupée. Ses yeux sombres étaient singulièrement vivants, comme si l’ardeur de son patronus l’habitait subrepticement.
Un son parvint à ses oreilles, puis une odeur, ces deux sens bien plus développés pour l'animal à ses côtés que pour l'humaine. Alors elle ouvrit et les yeux et quitta sa forme de méditation, son corps un véritable arme de combat qui retrouvait avec aisance sa position initiale. Sa baguette glissa dans ses doigts, qui reconnurent instinctivement leur vieille amie.
Puis, elle se mit en chasse.
Ses pieds foulèrent le sol sans laisser de marque, son corps ondulait de lui-même pour contourner les arbres et les branches, et elle laissa l'ambiance de la forêt prendre possession de son être.
Elle était chasseuse, elle était traqueuse, elle était un monstre, un de ceux qu'elle chassait.
Elle avait le sang en ébullition, l'adrénaline de la chasse et l'envie de la traque.
Elle était libre entre ces arbres, elle était libre lorsqu'il n'y avait qu'elle et ce qu'elle poursuivait.
Elle était le prédateur, et elle avait choisi sa proie.
Un mouvement sur sa gauche attira son attention, et Habaek se jeta sur la forme du loup qui venait, attiré par l'odeur de la viande humaine.
Il n'y avait rien d'intelligent dans ce regard d'animal, il n'y avait aucune trace du sorcier. So Hyun aurait aimé dire que cela rendait les choses plus facile, mais la réalité était qu'elle n'aurait pas non plus arrêté si le regard de l'animal avait porté la trace de l'humanité. Elle aurait continué à le pourchasser jusqu’à sa mort, puisque tel était ton métier, et puisque tel était son destin, et ce à quoi elle était douée.
Un coup dans les côtes de Habaek interrompit ses pensées alors qu’elle hoqueta sur un air qui lui manqua. Mais la douleur était une amie fidèle qu’elle pouvait oublier rapidement, alors So Hyun leva sa baguette et les racines des arbres s’élevèrent pour s’enrouler autour des membres inférieurs du loup garou. Des sifflements coréens poussèrent l’embouchure de ses lèvres alors qu’une patte du lycan se plia brusquement sous le poids de son corps, et le hurlement de l’animal ne toucha aucunement la jeune femme. Habaek, dans sa douleur gonflant sa détermination, prit sa forme d’oiseau et de son bec attaqua l’oeil de l’animal sauvage, et So Hyun put presque gouter le sang du loup dans sa bouche. Mais la douleur intensifia la rage du lycanthrope qui se dégagea brutalement des ronces pour fuir, et So Hyun reprit sa traque.
Elle était une chasseuse, alors elle n’avait guère de pitié. Elle utilisa la fatigue et la faiblesse de l’animal pour gagner du terrain, son propre corps n’ayant prit aucun coup. Sa baguette se leva une nouvelle fois alors que la distance entre elle et sa proie diminuait, sa seule indication les hurlements de douleur et l’odeur du sang. Puis, sa baguette se leva une ultime fois, et l’animal tomba, le cou brisé. So Hyun s’approcha du cadavre encore chaud et porta son pied dans le flanc du loup, qu’elle poussa pour s’assurer de sa mort. Habaek se posa sur son épaule et elle glissa ses doigts sur les plumes de l’oiseau, contemplant la dernière transformation de l’homme devant elle, les traits animaliers se pliant à la mort et redonnant les droits à l’humain.
Elle recula de trois pas, se détourna du mort et comme ça son habitude s’inclina dans une direction peu précise, celle dans laquelle elle imagina trouver Jeoseung Saja, la faucheuse venu chercher l’âme du sorcier. Elle était son agent le plus efficace, et il était un de ses trop nombreux maîtres.
Son rituel accomplit, elle tourna de nouveau les talons et quitta les lieux, laissant derrière elle un corps d’un sorcier qui avait eu la malchance de se voir transformer en loup.

1984 - Shanghai, Chine
 
« Entre. »
Un keunjeol suivit l’entrée d’une jeune femme qui resta debout devant le bureau de son père, le visage neutre. Elle n’était qu’un soldat attendant ses ordres, et sa patience n’avait pas de limite.
« Tu vas aller à Londres. »
Elle inclina la tête, acceptant la consigne, sans chercher en savoir plus. Mais elle savait lire le visage de Shang Fei, alors Nam So Hyun resta droite, ne tournant pas les talons. Il voulait parler un peu plus de la mission qu’il lui confiait, et c’était son devoir de tout entendre.
« Le gouvernement anglais s’est stabilisé, et a de nouveau ouvert les frontières. »
Le visage de la jeune femme n’exprima rien, et si elle ne s’intéressait pas à la politique d’un pays trop éloigné du sien, elle savait cependant qu’il y avait une guerre, une qu’elle trouvait particulièrement ridicule. Mais ce n’était pas son rôle d’en parler, alors elle resta silencieuse.
« Ma fille a l’intention de s’y rendre »
Ma fille, disait-il alors qu’il en possédait plusieurs, dont une en face de lui. Mais il n’y avait qu’une seule qui comptait, il n’y avait que Yazhu qui portait son nom de famille, et le reste des enfants s’était habitué au fait de ne rien valoir dans ses yeux. Il n’y avait que So Hyun qu’il voyait souvent, cependant, la seule qu’il avait trouvé assez puissante pour devenir l’ombre de sa fille ainée.
La seule avec la tache difficile de garder en vie l’héritière de la famille Shang.
« Ton but est de préparer le terrain pour sa venue. »
Pour que rien n’y arrive.
Sa mort : la tienne
.
Les mots que Shang Fei ne prononça pas résonnèrent dans la pièce, et il étira un côté de ses lèvres en un sourire, une tromperie d’affection pour une fille qui n’était que trop peu la sienne. Elle était une arme, un outil, elle était l’ombre de la couronne dorée de Yazhu, celle qui tuait alors que Yazhu éduquait. Une pièce de rechange, ni plus ni moins.
« Il y a eu une recrudescence de loup garous en Angleterre depuis la montée d’un mage noir. Le Ministère chercher à diminuer ce nombre, et il a fait appel à nos services. »
Un rictus de dégout pour ce pays qui se tailladait pour une idée du sang alors que la réelle noblesse résidait dans la puissance de la famille, qu’importait l’état de son sang. Et même dans son statut de mêlé, So Hyun était une pierre de la construction de la famille Shang. Une qu’on murmurait, car elle était une bâtarde, mais une qu’on ne pouvait enlever.
« Tu te chargeras également du sort d’autres animaux, comme tu le fais déjà. Tu pars dès demain.  »
Elle s’inclina de nouveau, peu perturbée à l’idée de continuer son travail sur un autre continent. Une vision d’une liberté - temporaire, une fois encore, mais bien présente - se déposa sur ses paupières, et elle se mordit la langue pour ne pas étirer ses lèvres en un sourire d’espoir.
Et tandis que le gout de son sang se répandit sur sa langue, elle tourna les talons. Elle n’avait pas besoin de parler pour dire qu’elle acceptait la mission. Elle n’avait pas le choix. Il n’y avait pas eu la moindre question dans les propos de son père. Un ordre, un de plus.

1984 - Note déposée sur le bureau de Shang Yazhu.
 
Je pars aujourd’hui pour l’Angleterre.
Ton père a décidé que j’exterminerais les bêtes sauvages d’Europe, puisque les ressources de Chine s’épuisent. Ils n’ont pas autant de dragons, malheureusement, mais la traque de neukdae est amusante, et ceux de part ici semblent s’être donner le mot de m’éviter. J’ai cru comprendre que tu m’y rejoindras, mais je te demande de prendre ton temps. Laisse moi profiter d’un air libre sans le poids de ta présence, Yazhu. Laisse moi m’amuser avec les occidentaux avant de venir assombrir l’air de ton regard moralisateur. Si tu fais cela, je préparerais tout pour ta venue. Je te construirais une maison pour ne pas blesser ta sensibilité d’héritière, et tu auras tous les serviteurs que tu désires pour servir ton thé. J’ensorcellerais les sorciers anglais pour qu’ils se courbent devant toi.
Je peux même te proposer des noms si cette fois tu te décides de respecter la seule règle attendue de toi.
En attendant, essaye de ne pas mourir. Je tiens à ma vie, et je ne peux malheureusement pas la dissocier de la tienne.
Si tu cherches à me contacter, transmet ton message à Yonghou qui avisera de l’importance de ce dernier. Ne le dérange pas pour rien, ton cousin n’est pas héritier et donc travail réellement.
Nam So Hyun.




Dernière édition par Nam So Hyun le Mer 14 Fév - 23:27, édité 4 fois
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Message Re: they made you into a weapon and told you to find peace (so hyun)
par Invité, Mar 6 Fév - 22:03 (#)
qswdxcfgvbhnjk,
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Message Re: they made you into a weapon and told you to find peace (so hyun)
par Invité, Mar 6 Fév - 22:04 (#)
dead
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Message Re: they made you into a weapon and told you to find peace (so hyun)
par Invité, Mar 6 Fév - 22:26 (#)
Re bienvenue à la maison Hug love
Hâte de découvrir ce perso HOHOHOHOHOHOHOHOHHO tant qu'elle chasse pas FluffyKai Hen !
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Message Re: they made you into a weapon and told you to find peace (so hyun)
par Invité, Mar 6 Fév - 22:41 (#)
YAAAAS QUEEEEN Chou Chou Chou
elle est si belle dead j'ai déjà lu un morceau de ton histoire sur le fo test
et
d a m n
depuis quand t'es une déesse de l'écriture? roll i know depuis toujours BUT SERIOUSLY récemment tu me butes à chaque fois i can't dead
j'ai hâte de tout lire pour de bon Nih
nous faudra des liens avec mes autres persos, pas seulement avec you know who roll
BREF REBIENVENUE JE TE DIS PAS BON COURAGE JE SAIS QUE T'AS TOUT ECRIT TRICHEUSE
Brille stpplease AMAGAD DYDYDYSFIYIDl wazaaa SCREAMING Han! GAGA
Charlie de Breteuil
admin - their tense grace made tender
Charlie de Breteuil
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Message Re: they made you into a weapon and told you to find peace (so hyun)
par Charlie de Breteuil, Mar 6 Fév - 23:31 (#)
Depuis le temps que tu attends de la jouer dead
T'es trop belle Chou
J'ai encore rien lu parce que je me garde la surprise pour la fin Nih
mais t'es belle (comme toujours) Chou
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Message Re: they made you into a weapon and told you to find peace (so hyun)
par Invité, Mer 7 Fév - 2:19 (#)
NAN MAIS C'EST QUOI CETTE BEAUTE STP Twisted Twisted Twisted
re-bienvenuuuuuue petit chou d'amour Chou
elle est trop trop trop trop belle cette petite ci pas possible là TT et ce début de fiche mon dieu TT genre coucou tu viens de me mettre en pls dead
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Message Re: they made you into a weapon and told you to find peace (so hyun)
par Invité, Mer 7 Fév - 6:43 (#)
cette idée de perso est tout simplement sdgdhdz Chou
j’aime trop le fait que tu joues une asiatique, pis le pseudo et l’occupation et l’avatar et dead /out
tropdebôtéenquelqueslignes.
je veux en savoir plus, je lirais ta fiche quand elle sera finie wuuuuut
rebienvenue à la maison sinon hihi
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Message Re: they made you into a weapon and told you to find peace (so hyun)
par Invité, Mer 7 Fév - 8:41 (#)
MAis nan SCREAMING Han!

EDIT
Jo meurs dead t'es trop belle dead
Et sa fiche est juste tellement bien Chou je veux la suite Queen Amy
Elle à l'air tellement badass Queen Sou
Rebienvenue à toi Daengelo Chop chop finis nous cette fiche Twisted


Dernière édition par Aleksandar S. Kavinsky le Dim 11 Fév - 10:49, édité 1 fois
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Message Re: they made you into a weapon and told you to find peace (so hyun)
par Invité, Mer 7 Fév - 9:55 (#)
Lee ji eun est vraiment une beautééééé Chou
Rebienvenue avec ton nouveau perso, hâte dans apprendre plus sur elle Twisted
Et Chasseuse d'animaux magiques trop badass quoique ça risque de coincer avec Amala HOHOHOHOHOHOHOHOHHO HOHOHOHOHOHOHOHOHHO
Reine C. Delacroix
admin - i don't want just a memory
Reine C. Delacroix
Répartition : 31/03/2017
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Message Re: they made you into a weapon and told you to find peace (so hyun)
par Reine C. Delacroix, Mer 7 Fév - 10:58 (#)
On fera des bébés ?
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Message Re: they made you into a weapon and told you to find peace (so hyun)
par Invité, Mer 7 Fév - 16:30 (#)
YaaaChou
rebienvenue à la maisooon they made you into a weapon and told you to find peace (so hyun) 1094600113 j'ai hate d'en lire plus sur cette jolie demoiselle Brille
Contenu sponsorisé
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Message Re: they made you into a weapon and told you to find peace (so hyun)
par Contenu sponsorisé, (#)
 

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