« Maman, dis-moi : c’était comment le jour de ma naissance ? ». Le visage en papier glacé de sa belle maman se fendit d’un sourire, doux et pur. Son regard se posa tendrement sur ce petit être qui lui posait la question. Sa fille. Sa perle. Son impératrice. Les deux paires d’yeux bleus azur se confondirent. L’une revisitait ses souvenirs, l’autre attendait patiemment. Un soupir s’échappa enfin de la bouche d’Anna-Katherina. Elle prit sa fille sur ses genoux et la serra fort contre son cœur.
La relation entre Absynthe et Anna-Katherina était tout à fait fusionnelle. Elle se comprenait. Pourquoi ? Car elles étaient toutes deux dotées. Cela les rapprochait. Il y avait parfois des altercations, des haussements de voix, car leur jeune pousse avait désormais 10 ans. Nous étions le deux Août mille-neuf-cents-soixante-neuf. La voix de la jeune maman siffla, chantonna, remplit la pièce de sons clairs et doux, de bruits mélodieux. Elle lui raconta comment sa naissance se passa.
« C’était en Russie. », commença Anna-Katherina, « j’étais allongée dans un lit d’hopital au drap tout blanc quand une jeune femme m’amena un petit paquet de draps. Tiens, mais qu’est-ce que cela pouvait bien être ? La jeune femme l’avait posé délicatement entre mes bras. Je baissais la tête vers ce linge blanc au reflet rosé et qu’est-ce que j’ai vu à l’intérieur ? Oh ! Une petite tête magnifique avec de grands yeux d’un bleu azur, comme le ciel en plein été et des petits cheveux blonds comme le blé. Avant que j’ai le temps de relever la tête, la jeune dame était partie. Elle m’avait laissé ce beau bébé entre les mains. C’était le mien de bébé, le mien et à personne d’autres. ». La petit fille de 10 ans sautillait sur place à l’écoute de ce récit, les yeux brillants de joie, d’innocence et de surprise. Elle était heureuse que sa mère lui raconte cette histoire. Elle aimait quand la voix de sa douce maman venait chatouiller son oreille. Mais, elle avait toujours la même et redondante question qui lui passait par la tête. Sa mère continuait à parler visiblement, mais plus aucun son ne rentrait dans sa tête : l’enfant était perplexe. « Que se passe-t-il, mon Anastasia ? », dit sa mère, inquiète. La jeune fille releva doucement la tête vers sa maman, plongea ses yeux dans les yeux et lui dit, le plus simplement qu’il soit : « Mais, c’est qui mon papa.. ? ».


Absynthe sortit de sa rêverie. Ses devoirs n’allaient pas se faire tout seul. Ses souvenirs d’enfance restait tout de même les plus beaux qu’elle n’ait jamais eu. Sa mère avait été extraordinaire, malgré la difficulté que c’était de prendre soin d’un enfant par soi-même et sans l’aide de qui que ce soit. Car oui, elle avait eu la réponse à sa dernière question, mais quelques années plus tard.
Le père d’Absynthe n’était qu’un goujat. Un anglais dont la réputation surpassée le personnage. Un certain Harry Darcy. Un sorcier, apparemment aussi charmant que beau parleur, qui usait de ses charmes pour s’amuser. Ce qu’il avait fait avec ma mère. Du moins, ils avaient tout les deux charmer l’autre pour arriver à leur fin. Seulement voilà, Absynthe arriva. Leur si belle entente à tout deux, à Anna-Katherina et à Harry fut brisée au moment même il en entendit parler d’enfant. Mais, bon joueur, celui-ci légua à sa progéniture et à sa main un droit d’habitat en Angleterre plutot qu’en Russie et se fendit de leur léguer une modeste demeure dans la banlieue de Croydon. C’est ainsi, qu’après la naissance d’Absynthe, les deux demoiselles quittèrent, presque à jamais, le sol soviétique pour partir vivre en Angleterre. Ce qu’Absynthe apprit aussi, un peu plus tard, c’est que ses hérétidtés vélanes n’étaient pas qu’uni-parental. En effet, il se trouve que son « super-papa » avait du sang de vélane dans ses veines et que sa mère en était une à demi. Absynthe était donc presque à ¾ vélane. La belle affaire. Elle s’en moquait un peu, sur le moment.
Il est vrai que lorsqu’elle se remémorait ses souvenirs de famille, Absynthe avait du mal à se rendre compte de la chance qu’elle avait. Elle était plutot pessimiste. Mais, cinq minutes après, elle retrouvait la fierté qu’elle avait laissée de coté et se ressentait à l’aise en société.
Dans la salle d’étude, seuls les crissements des plumes sur les parchemins faisaient du bruit. Tout le monde s’appliquait à ses devoirs. Car oui, en médecine magique, on ne pouvait se permettre de rêvasser trop longtemps.