J'arrivais en trombe dans la gare de Londres, trainant maladroitement mon gros chariot rempli à ras bord. Il était tôt et le vent faisait rage dans le grand bâtiment de pierre. De grandes bourrasques traversaient les quais, emmêlant mes cheveux et soulevant ma robe en velours. J'avais la bouche sèche, la gorge encore douloureuse d'une angine mal soignée et les jambes flageolantes d'un réveil trop brutal. J'essayais d'aligner mes pas correctement, poussant difficilement mes bagages entre les passants pressés. Mon père trottinait derrière moi, la cravate de travers et les cheveux en bataille.

« Tu avais vraiment besoin d'emmener tout ça Aadel ? Avec toutes ces affaires tu ne passeras jamais dans la porte ! »

Mon père essayait de faire de l'humour pour me détendre, mais il était en réalité très stressé... Je le voyais à ses yeux fuyants et sa machoire contractée. Le train en direction de Poudlard partait à neuf heure précise, une minute de retard et c'était fichu. Mon père a toujours été quelqu'un de très ponctuel, mais l'affolement et l'immense parking de la gare nous avaient retardé. Ma pauvre chouette harfang hululait dans sa cage tandis que les moldus nous regardaient bizarrement chercher la voie 9/4. Mon père avait étudié à Poudlard il y a des années, mais les lieux - selon lui - avaient beaucoup changé et il était trop vieux pour se souvenir de quoi que ce soit. Il était malade de ne pas pouvoir m'accompagner jusqu'à l'école, comme il le faisait à chaque rentrée scolaire depuis mon enfance. Le Poudlard Express n'acceptait aucun adulte à son bord, excepté le petit personnel, j'allais me retrouver totalement seule. Je stressais. Nous avons passé la porte magique à huit heures cinquante six précise. A peine deux minutes plus tard, elle s'est refermée. Je profitais des quelques minutes restantes avec mon père pour l'embrasser sur la joue, alors qu'il remettait mes longs cheveux blonds en place.

« Prends bien soin de toi et ne fais pas de bêtises, suis bien les ordres de Monsieur Dumbledore et... »

« Papa... »

« Pardon...hurm...Amuses toi bien. Enfin travailles aussi mais... bref, à dans deux mois. »

Mon père était déchiré de devoir me laisser partir, et j'avais une certaine appréhension à le laisser seul chez nous. Il n'était pas bon cuisinier et son travail de lui permettait pas vraiment de pouvoir entretenir une maison, alors j'avais un peu peur de l'état dans laquelle j'allais la retrouver. Il userait probablement de la magie ou ferait appel à un elfe. Ma mère n'ayant jamais voulu prendre un travail à plein temps, nous n'avions jamais fait appel à d'autres services que ceux de ses mains jusqu'à aujourd'hui. J'espérais secrètement que cela allait changer, maintenant que je n'étais plus là pour effectuer les tâches ménagères. Je détestais faire la vaisselle.

Nous nous affairions à monter toutes mes bagages dans le train, même si je gardais précieusement sur moi l'imposante cage dorée qui détenait Absolem, ma chouette harfang. Je tremblais, alors que mon père prenait ma main libre pour y fourrer un pochon de cuir.

« Tiens, tu t’achèteras ce que tu voudras. Ne dépenses pas tout dans le train, même si je doute qu'il y ai assez de sucreries dans le chariot pour vider cette bourse. S'il y a un voyage scolaire ou quoi, enfin ça pourra toujours te servir. »

Je montais dans le wagon le sourire au lèvres, relativement rassurée par le fait que je n'allais pas être seule dans la cabine, et que je pourrais m'acheter quelques douceurs à l'arrivée de la sorcière. Je me calais près de mes bagages, dans un wagon déjà occupé, et m'asseyais sur la banquette avec ma grosse cage dorée. Il était difficile de ne pas dévisager les jeunes inconnus en face de moi, mais je m'évertuais à les observer discrètement. Je prenais un bouquin entre mes mains, plongeant mon nez entre les pages vieillies et tentant de penser à ce que ferait ma mère en ce jour si particulier. Cela m'attristait, et je préférais penser à autre chose. Justement, la sorcière arrivait avec son chariot rempli de bonbons et chocolats. Je me levais en trombe comme les autres jeunes de la cabine, serrant ma petite bourse noire entre mes mains. Elle ne me semblait pas très rempli et je m'étonnais de la remarque de mon père, mais je lui faisait confiance. J'attendais mon tour puis m'approchais, bégayant légèrement


« Bon...bonjour... euh j'aimerais.... un assortiment varié s'il vous plait. » 

Je souriais doucement pendant que la vieille dame me réunissait les sucreries, me demandant la monnaie. Je fouillais dans ma bourse, y trouvant une bonne poignée de grosse pièces dorées. Je les regardais toutes, identiques. Fronçant les sourcils, je lui en tendais deux

« Hum... ça vous suffit ? Je ne m'y connais pas trop en fait et... ce sont toutes les mêmes on dirait... »

« Deux gallions ?! Mais voyons ma petite c'est beaucoup trop, il me faut simplement onze mornilles et sept noises ! Tu peux m'acheter tout mon chariot avec la moitié de ta bourse ! »

« Je suis désolée c'est tout ce que j'ai... »

La vieille grimaça et vida une partie de sa caisse pour me faire de la monnaie, remplissant d'autant plus ma petite bourse avec d'autres pièces plus petites. L'arrivée à Poudlard s'annonçait bien...