Who do you think you are ?

Y a-t-il une véritable différence entre ce qu’on fait et ce qu’on est ? Sans doute que non. Les actes définissent qui nous sommes, et lorsque que, comme Jezabel, on fait exactement le contraire de ce qu’on pense, qu’est-ce que ça change au final ?

Jez, c’est la rebelle qui s’ignore, la studieuse qui fait semblant de ne pas l’être, la passionnée qui se fout de tout, l’artiste qui dénigre ses œuvres, l’agitée qui semble perpétuellement s’ennuyer,… Jez, c’est une contradiction, comme si son corps prenait un malin plaisir à traduire le contraire de ses pensées. « Fais c’que j’dis, pas c’que j’fais » comme on dit. Même son look baba-cool néo-hippie ne lui colle pas au cerveau. Elle a l’air sympa comme ça avec ses couleurs, ses rastas, ses grosses lunettes qui lui donnent un air d’intello, mais au fond, elle ne verra souvent que son propre intérêt dans l’histoire, et elle ne fera pas de cadeaux à ceux qui lui barreront la route. Pas foncièrement méchante, elle n’est pas gentille non plus. Elle n’est pas naïve. Elle juge parfois trop vite. Et elle n’aime pas se remettre en question.

Par contre, si on peut bien lui accorder quelque chose, c’est sa patience et son obstination. C’est une teigneuse, certes, mais pas pressée. Elle pique rarement des colères monstres – bien que depuis l’apparition de son patronus, on peut en voir de plus en plus souvent – et préfère la diplomatie à la dispute. Mais étant également une adepte de la manipulation diplomatique, attention à ses sourires douçâtres et ses paroles calmantes. Ca ne marche pas toujours mais ceux qui tombent dans le piège s’en mordent souvent les doigts.

D’ailleurs, en parlant de doigts, certains remarqueront que les siens sont souvent couverts de peinture. Jez est une artiste dans l’âme. Quand elle n’est pas devant un chaudron à concevoir potions, encres et autre alchimie utile à la peinture, elle est devant une toile, avec ses pinceaux. C’est son addiction, sa passion, et sa frustration. Lorsqu’elle peint, elle est transportée. Lorsqu’elle finit une toile, elle est dégoûtée, comme si le résultat final n’était jamais à la hauteur de ses attentes, ou différent de ce qu’elle a pensé au départ. Il y a toujours quelque chose qui cloche, une chose qu’elle est souvent la seule à remarquer, bien que peu de monde ait pu, à ce jour, contempler ses œuvres. Et sa mère ne compte pas dans l’opinion publique. C’est sa mère : forcément qu’elle n’est pas objective !

Parlons-en, de sa mère. Anna-Sophia Isabel Hershel-Corwin (nom à rallonge par excellence) a longtemps élevé sa fille seule et un peu à l’écart du monde. Sorcière établie, soi-disant de sang-pur bien qu’il y ait dû y avoir du sang moldu quelque part, et que le nom de la famille s’est oublié à travers les âges et générations, Anna-Sophia a le caractère de la vieille bourge londonienne. Ca ne l’a pourtant pas empêché de mettre au monde un enfant de sang-mêlé, hors mariage, lors de sa jeunesse passée à fréquenter les bars et les festivals musicaux. Très cliché, n’est-ce pas ? Elle a passé le reste de sa vie à rattraper cette erreur de jeunesse avec son caractère traditionnaliste et ronchon en permanence.

Jez n’a pourtant pas manqué d’affection et même si ces derniers temps, tout n’est pas rose et violet entre elle et sa mère, elle ne la porte pas moins dans son cœur. Mais ce nouveau mari qu’elle a trouvé, Stephan Joseph Corwin, … Jez ne l’aime pas. Elle n’aime pas qu’un inconnu entre chez elle et se mette à lui dicter sa loi sous prétexte qu’il soit un adulte, qu’il couche avec sa mère et qu’il a un anneau à son doigt. Jez respecte les adultes, en général, mais elle a toujours eu beaucoup de mal avec l’autorité mal placée.

Mis à part l’art, les problèmes familiaux et son caractère parfois un peu étrange, Jez a une autre caractéristique principal : l’amour pour la science magique. Elle se prédestine à la recherche (pour le ministère ou pour un « labo privé », qui sait…) et est très attirée par les propriétés magiques des plantes et autres êtres vivants. Elle aimerait les étudier, réussir à les reproduire et tente même quelques expériences avec ses peintures. Si on arrive à faire vivre un tableau et à le faire devenir un reflet de la personne qu’il représente, même de leur insuffler certains sorts basiques ou caractère spécifique, elle est persuadée qu’on peut faire plus. Et que tout ceci n’est d’ailleurs pas restreint aux toiles blanches…  

Un trait de caractère de plus qui ne laisse d’ailleurs pas beaucoup d’opinion positive pour tout ce qui n’est pas magique. Les objets inanimés et les moldus et cracmols ne peuvent obtenir d’elle, dans ses meilleurs jours, qu’une ignorance non-feinte. Les nés-moldus, par contre, la fascine par leur étrangeté et le mystère de leur conception… Elle n’a qu’une envie, ces temps-ci, en choper un pour faire quelques expériences ! Lesquelles ? Elle sait pas encore.

General Knowledge

Jez est fille unique. Elle déteste ses prénoms. Elle fume (et pas que des cigarettes). Elle aime le vin rouge. Elle a un tatouage animé sur le poignet droit (un coquillage Nautilus qui roule de temps en temps sur lui-même et sort rarement la tête de sa coquille) qu'elle s'est fait elle-même. Elle prévoit de s'en faire un autre, plus complexe. Elle parle beaucoup avec ses mains. Elle a une affinité avec les gros mots et insultes en tout genre. Elle parle fort et vite. Elle aime le rouge, l’orange et le turquoise. Ses dreads se sont recoiffées toutes seules lorsque sa mère a essayé de lui faire changer de look par la force d’un sort sournois. Elle a une tendance à l’insomnie ces derniers temps. Elle aime bien voler mais pas trop, donc ne fait pas de quidditch. Les profs ne reconnaissent pas son intelligence, étant donné qu’elle ne bosse pas tellement en cours malgré le temps qu’elle passe dans les bouquins et autres. Elle réussit quand même à rendre ses devoirs à temps et à avoir d’assez bonnes notes pour, au minimum, entrer au département des mystères du ministère. Et oui, quand ça ne l'intéresse pas, Jez peut être très fainéante. Elle a aussi un piercing dans le nez, ce qui choque pas mal de monde, surtout son beau père et ça, elle adore.

« Hi ! I'm Irene » « AAAAH »

Jezabel les envie, tout ces jeunes qui comme elle on trouvé, un jour de noël, un animal au pied de leur lit. Elle envie ces élèves qui se baladent avec des bestioles mignonnes (ou non) et qui s’entendent bien avec elles. Elle imagine bien que toute relation aussi étroite avec un autre être, surtout imposée comme elle l’a été, ne doit pas toujours être facile, même lorsque les esprits s’accordent. Certains doivent même être comme elle : en conflit quasi constant avec son patronus.

Tout ça a commencé dès le premier jour. Dès qu’elle est apparue sous sa forme la plus courante. Lorsque Jez s’est réveillée avec une désagréable impression le long de la jambe. C’était doux, c’était assez gros, c’était étrange. Mais son cerveau embrumé n’a pas mis très longtemps à comprendre ce que c’était, même avant de soulever ses couvertures pour trouver le coupable de son malaise soudain. Une grosse araignée noire et jaune, aussi grande que sa main, une mygale comme on en voit que dans les films d’horreur ou lorsqu’on part faire un voyage à l’autre bout du monde, était en train de lui grimper dessus.

« Salut ! Moi c’est Irene. »

Les jambes de Jez ont commencé à s’agiter si fort que la mygale n’y resta pas très longtemps, atterrissant dans le lit défait et très vite délaissé par sa propriétaire qui commençait à courir vers la porte en hurlant.

« Non ! Ne t’en va … »

« Pas » aurait dû être le dernier mot de la phrase transmise par la pensée, mais Jez avait déjà arpenté une bonne partie du couloir, avant de s’écrouler sous la douleur de son crâne. Même l’araignée, restée sur le lit, fut prise de soubresauts de douleurs avant d’en descendre pour se rapprocher de son être lié.

« Petite conne ! T te targues de réfléchir avant d’agir et d’être un super singe savant, t’es paralysée par la peur devant toi-même. Ridicule. »

Se redressant en sentant les pics de douleur diminuer, Jez vit l’araignée revenir vers elle et ne put s’empêcher de reculer à nouveau. Elle était seule, dans la maison, apparemment. Sa mère et son beau-père étaient sortis pour une soirée organisée par une des ailes du ministère, et ne devaient pas encore être rentrés. Ca, c’était normal.

Qu’une araignée lui parle, ça, c’était moins normal.

Cette nuit-là fut longue et éreintante pour la jeune fille et son patronus. Après avoir testé un nombre incalculable de fois de s’éloigner, de la chasser, de lui faire comprendre par la pensée qu’elle ne voulait pas d’elle à moins de 20km d’elle, elles ont fini par trouver une pièce dans laquelle elles pouvaient se tenir chacune dans un coin sans souffrir le martyr. C’est comme ça que sa mère la trouva, le lendemain matin, en train de fusiller une énorme mygale qui commençait à se faire une toile dans son salon.

« GET OUT !!! »

Les premiers temps furent difficiles. La cohabitation avec son patronus était insupportable pour Jez qui se trouva être sur les nerfs en permance. Observée, harcelée, … Irene ne cessait de lui rappeler sa présence alors que Jez aurait préféré l’oublier. Puis, au fur et à mesure des expériences, elle remarqua que le lien qui les unissait était comme un élastique. Plus elle tirait, plus elle pouvait tirer. Alors, quoi qu’en disait l’araignée, elle tira de plus en plus, malgré la douleur qui lui vrillait le cerveau à chaque fois. S’en suivait des disputes mentales assez mémorables qui ne faisaient rien pour diminuer les maux de crâne, mais Jez s’en fichait. Elle ne voulait pas d’Irene, et si ça voulait dire qu’elle perdrait à jamais la possibilité de produire un patronus, bah c’était pas si cher payé.

Ce genre de pensées blessait l’araignée plus que le besoin d’éloignement de la jeune fille. Elle ne voulait pas disparaître, mais n’arrivait pas à faire comprendre à l’esprit buté que c’était pure folie. Elle avait besoin d’être près de Jez, et elle savait que l’humaine avait besoin d’elle également mais sa peur l’aveuglait.

Ce fut lors des vacances d’été que la douleur disparut. Comme une bulle qui éclate, comme des oreilles qui se débouchent sous l’effet de la pression, elle disparut dans un pop qui laissa Irene et Jez un peu pantoises. Chacune crut d’abord que l’autre était soudainement revenue, comme si elle avait transplané, mais non. Elles étaient toujours aussi loin l’une de l’autre – plus loin qu’elles ne l’avaient jamais été – mais plus de douleur !

« Tu es toujours là ? »
« Oui. »

Alors, il y eut deux sentiments : l’impression de liberté, puis quelque chose de difficile à déterminer. Quelque chose s’était cassé, mine de rien. Le lien était peut-être toujours là, il n’était plus intact. Un gouffre de colère et de ressentiment allait maintenant les séparer, trop profond pour être rebouché, trop large pour être franchi. C’était ce que Jez avait voulu, plus ou moins… alors pourquoi avait-elle envie de retourner vers Irene, maintenant ?

« Sad Monkey »

Lorsqu’elle rentra chez elle, toujours sous l’effet de ces étranges sensations, Irene était toujours là, dans le salon, son refuge. Mais elle n’était pas sur sa toile. La toile d’ailleurs, n’était plus. A la place, un petit singe était en train de s’énerver sur les coussins des canapés.

« Qu’est-ce que… »

Cette fois ce fut Jez qui n’eut pas le temps de finir sa phrase avant de recevoir un tout petit chimpanzé dans les bras. Accrochée à son humaine comme si elle s’accrochait à la vie, Irene enfouit sa tête contre elle et serra toujours plus fort.

« Je te déteste ! »

C’était la première fois qu’elles étaient si proches. C’était la première fois, depuis le tout premier jour, qu’elles se touchaient aussi longtemps. C’est là que Jez comprit. Seulement là qu’elle comprit… A son tour, elle serra contre elle son patronus. Elle avait cassé quelque chose de précieux, à cause d’une peur qu’elle n’avait pas eu le courage de combattre. Était-ce réparable ? La peur était toujours là. Et dans son esprit, la voix ne cessait de se répéter.

« Tu n’es qu’une idiote. Une conne. Une garce. Je te hais. Je te déteste, déteste, déteste… »