Naissance – 10 ans :

Pourrait-on seulement supposer qu’avoir une vie normale puisse être possible ?
Celle d’Hazael ne l’a jamais été, et ce depuis qu’elle se battait dans l’utérus de sa maman avec sa jumelle, Zara. Seule, Hazael ne l’a jamais vraiment été. Comment expliquer alors ce sentiment constant de solitude qui noie petit à petit son âme ? Peut-être parce que quelque chose chez la demoiselle la rend différente, cette maladie diagnostiquée à l’âge de trois ans, ce qui marqua le début de cette course effrénée vers la guérison.
Mais existe-t-il vraiment une fin heureuse pour elle ?
Hazael a grandi dans un petit village typique de la campagne Anglaise, mais dans une famille bien loin de rentrer dans les normes attendues par la société. Elle n’a pas de père, Hazael, elle a en réalité deux mères, deux femmes qui s'aimaient d'un amour qui leur était interdit. Mais Jescha et Deborah n'avaient jamais vraiment été du genre à battre en retraite à la moindre difficulté, elles étaient fortes, elles étaient marginales et elles se fichaient de tout. La société ne voulait pas d'elles ? Bien, vivre en recluses ne leur posait aucun souci, et en hippies qu’elles étaient, elles ne comprenaient pas pourquoi elles devraient tout simplement se laisser écraser par cette pression sociale qui pourtant n’avait au final que bien peu d’importance.
Elles s’aimaient. Et c’était là tout ce qui comptait.
Mais Jescha et Deborah ne rêvaient pas de grandeur, de succès, de richesse ou de réussite. Elles se satisfaisaient de peu, si bien que leur quotidien se résumait à vivre dans une caravane en plein milieu d’une prairie, pour elles, elles avaient déjà tout ce dont elles avaient besoin, que demander de plus si ce n’est une preuve encore plus concrète de l’engagement qu’elles avaient l’une envers l’autre ? Zara et Hazael, elles étaient cette preuve. Peut-être qu’elles n’avaient pas eu d’enfants de la même façon que tous les autres couples, il n’empêche qu’elles étaient réellement deux mères.
Cette situation n’avait d’ailleurs jamais réellement perturbé Hazael qui de toute façon avait un esprit beaucoup trop ouvert pour se permettre de juger. Elle s’en fichait vraiment, mais au fond elle était terrifiée à l’idée que tout cela puisse un jour s’ébruiter. Car personne ne devait savoir.
Mais quand elle pensait que sa situation familiale était le plus grand secret qu’elle devait garder et ne jamais révéler, à l’évidence, Hazael faisait entièrement fausse route. Du moins, ça, elle ne l’apprit que l’année de ses dix ans, année durant laquelle elle et sa jumelle ont constaté d’étranges phénomènes autour d’elles. Elle n’avait jamais cru à la magie. Pour elle, c’était le genre d’histoire qu’on racontait aux petites filles pour les faire rêver, pour les persuader que le monde était un mystère, un merveilleux mystère. Le genre d’histoire, par exemple, qu’on lui racontait sur son lit d’hôpital. Mais elle n’y croyait pas Hazael, elle avait toujours refusé d’y croire.
Et elle s’était trompée.
Car elle était une sorcière.

11 ans – aujourd’hui.

Jamais elle n’aurait cru que sa vie à Poudlard finirait par la réjouir. Hazael était restée sceptique jusqu’au bout, et même quand l’évidence était là, elle continuait à refuser de croire que la magie existait vraiment. Peut-être était-ce parce qu’elle avait peur, parce qu’elle considérait son monde déjà suffisamment compliqué et elle n’était pas prête à subir de nouvelles pressions. Elle n’avait jamais cherché à comprendre pourquoi, ne pensant pas que cela puisse de toute façon arranger les choses. Mais il fallait clairement qu’elle cesse de se voiler la face, car quand elle n’était plus occupée à remettre entièrement ce nouveau monde qu’elle venait de découvrir en question, elle ne pouvait nier que quelque part, elle s’y plaisait bien.
Elle qui avait toujours dû se limiter, faire attention à tout et surtout surveiller constamment ce qui se passait dans ses veines, ne pouvait que se retrouver émerveillée devant cette soudaine infinité de possibilités qui s’offrait à elle. D’un simple mouvement de baguette, elle pouvait faire des miracles. Et quelque part, elle doutait pouvoir un jour réussir à s’en passer. Car elle allait se surpasser, elle voulait être la meilleure.
La présence de sa jumelle bien évidemment avait tendance à la rassurer car quelque part elle ne se sentait pas totalement perdue, même aussi loin de chez elles, Hazael n’était pas seule. Elle n’avait jamais été habituée à être seule d’ailleurs, et doutait qu’elle puisse un jour s’y habituer. Il était d’ailleurs évident que si par malchance sa jumelle avait été moldue, jamais elle ne serait allée à Poudlard, pas sans elle, jamais sans elle.
Au fil des années, Hazael était en quelque sorte devenu obsédée, obsédée par l’idée que peut-être, elle pourrait se guérir elle-même, que peut-être la magie réussirait là où la simple médecine avait échoué. Cette idée avait parfois tendance à la rendre quasiment folle, si bien que ses élans d’espoir allaient du maximum au quasi nul.
Quand l’espoir était là, elle était heureuse, et quand il disparaissait, son humeur était au plus bas.
Mais elle avait de toute façon fini par s’habituer au fait qu’elle devait peut-être fournir plus d’efforts que les autres, qu’une journée pour elle pouvait parfois être plus éprouvante que pour les autres élèves. Elle avait l’habitude de faire attention. Et peut-être que c’était bien tout cela qui avait fini par forger son propre caractère. Elle envoûtait par ses paroles, elle charmait par son regard, et comme ça, elle finirait par obtenir tout ce qu’elle voulait.