- « T'aimes pas l'eau? Moi, j'ai toujours aimé l'eau. C'est doux, c'est calme, c'est reposant. Et, en même temps, ça a quelque chose de mystérieux, de sombre d'inquiétant. Regardes le lac, par exemple. Il semble calme et sans remous mais qui sait ce qui se cache sous cette surface neutre ? Comment ça, je philosophe? Ah. Tu as peut être raison. Je deviens vieux. »

Vexé d'avoir été coupé dans son élan bucolique, Ladon lança une pique à sa compagnonne poilue.

- « Tu risques pas d'aimer l'eau toi, vu comment tu pues ! »

Il ne fallait pas le chercher, non. Depuis le jour de sa naissance, Ladon fut définit comme ayant une forte personnalité. On dit même que les coups qu'il faisait subir à sa mère lorsqu'il habitait encore son ventre était si violent qu'elle en avait des coliques. Charmant, non? Mais tant de rumeurs courent à son sujet, on ne sait plus lesquelles croire. Son premier mot aurait été « bourbe ». En référence à Sang-de-bourbe, son expression favorite.
Enfin bon. C'est un Malefoy. Élevé dans la richesse et la célébrité, jouissant de bals et popularité dès son plus jeune âge, il ne pouvait que mal tourner. En tant que premier né, il fut chouchouté et choyé par ses parents.  D'autant plus qu'il était un prématuré à l'avenir fou assuré.
Son premier sort fut lancé à l'age de huit ans, involontairement, sur une fille qui avait osé repousser ses avances. On ne refuse rien à un Malefoy, et ça, elle l'apprit vite. Une magnifique calvitie pour la brunette qui avait brisé son cœur, une ! Enfin, son cœur, son idylle d'enfant gâté dirons nous. Il se souvient toujours de ce jour, et en reparle sans hésiter à qui veut l'entendre. Son but : faire comprendre ce que l'on encoure lorsqu'on défie un Malefoy. Après quoi de nombreux tours de magie s'en suivirent. Tous avaient une même cible : les amourettes de Némésis.
Ah, Némésis, sa chère petite sœur. Quelle vision insupportable que de la voir s'enticher de tels incapables. On ne mélange pas du jus de citrouille et du Verita Serum. C'était comme ça qu'il voyait les choses, à l'époque déjà. Les Sang-purs valaient mieux. Les Malefoy valaient mieux. Et il fallait que tout le monde le saches.

Sa lettre d'admission à l'école Magique de Poudlard fut reçu avec un naturel inouï. Entre la gazette du sorcier et les lettres personnelles de ses parents. C'était cousu de fil blanc. Ladon allait être inscrit à Poudlard, aura une petite amie pure en troisième année et finira par l'épouser. Son animal de compagnie sera un Serpent, puisqu'il ira à Serpentard, et ses notes seront supérieures à la moyenne. Après quoi il continuera ses études et finira sa vie Directeur d'un Ministère, avec deux enfants à charge aussi doués que leurs ancêtres.
Voilà comment la famille Malefoy voyait les choses. Un avenir radieux, plat, sans soucis.

Ladon fut bel et bien envoyé à Serpentard, mais ce point était le seul du scénario qui fut respecté. Ses notes, malgré ses promesses d'effort, jonglaient avec la moyenne de sa classe. Ses relations, elles, étaient rares et futiles. Personne n'avait le niveau pour mériter l'attention du blond. Encore moins pour lui prendre la main. Il préféra donc s'amuser, jouer les bourreaux des cœurs. Voir les filles se languir de lui le faisait jubiler. Ladon adorait être adoré. Il l'adore toujours, d'ailleurs. Les années ont passées mais Ladon est resté le même. Hautain, arrogant, moqueur et manipulateur. Une passion dévorante pour les langues est née en lui, ce qui le rend un peu plus humain. Enfin, on l'espère.
Ladon ne s'était jamais intéressé aux patronus, même quand ils n'étaient que des sorts. Pour lui, c'était un peu inutile. Il fallait être maudit pour tomber sur des détraqueurs à Poudlard. Aucuns risques. Imaginez donc sa surprise lorsqu'une moufette se matérialisa sous ses yeux, alors qu'il s'entêtait à apprendre la langage des signes. Ce fut simple. Rejet, suivit d'un vol plané de la fenetre d'études. Pauvre créature innocente. Quelle idée avait-elle eu la de se matérialiser en moufette? Ce genre de rongeurs, pour un Malefoy? Non. Il devait y avoir une erreur. Un Malefoy devait avoir un reptile, ou un gros monstre bien balèze. Pas un rongeur puant et à la mine déconfite. Sa douleur à la poitrine lorsque le patronus s'éloigna de lui lui fit comprendre son erreur. Ladon Malefoy était définitivement lié à cette chose mal odorante. Quelle poisse. Une chose est sure, ce n'est pas demain la veille que Ladon s'affichera avec cette bestiole dans les bras. Pas folle, la guêpe. Pour qui on le prendrait? Pour une mauviette. Et ça, c'était hors de question.