décembre 1964, 8 ans
« Coco, bouges de là ! » Corabelle lève les yeux vers son frère. Une mine boudeuse sur le visage. Elle était en haut des escaliers et regardait les camarades de classes de son frère qui venait passer les vacances de Noël ici. Elle se décala légèrement, laissant le garçon monter sa valise. Elle qui était si heureuse de retrouver son grand frère, avait l'impression d'avoir subit une douche froide. En septembre, il était parti faire sa première rentrée à Poudlard, quittant la famille Barrons pour la première fois également. Elle n’avait pas penser le retrouver avec tout un tas d’autres enfants qu’elle ne connaissait pas. Trois autres pour être exact. « Il t’arrive quoi, Cora ? » La petite fille poussa un soupir excédé. Dire que sa sœur jumelle était déjà en bas, en train de faire connaissance avec les invités et que elle, elle n’osait même pas descendre les escaliers. Même la dernière née de la famille, Cléodine riait, avec eux. « Rien… Je pensais juste qu’on passerait les fêtes que tout les 6... » Il posa la valise et s’installa à côté d’elle. « Tu sais, ils allaient passer les fêtes seuls, tout les trois. Pour ça que maman les a invités, en plus, ce sera leur premier noël avec de la magie, alors ils ont besoin d’aide. » Cora continue tout de même à faire la moue. Elz’ lui donne un coup de coude dans le bras. « Et puis, tu me disais pas que tu avais hâte d’entrer à Poudlard à ton tour ? C’est dans trois ans, tu peux commencer à te faire des amis. »

septembre 1967, 11 ans
Cora attrapa la chocogrenouille que lui tendait Néphélie. Elles étaient surexcitées. Leur rentrée à Poudlard ! Elles avaient même réussis à forcer Elzéar à leur offrir un paquet de chocogrenouille. « Les morveuses, on arrive, attrapez vos affaires. » « T'avais dit que tu nous appelerais plus comme ça quand on rentrera à Poudlard. » Rouspéta Néphélie avant que l'excitation ne les regagnent. Les jumelles se levèrent d’un bond, avant de coller leur visage contre la vitre pour voir le château s’approcher. Quelques minutes plus tard, le train ralenti et les élèves sortent un à un. C’est la cohue et tout le monde se précipite. Les plus âgés foncent sans hésiter, sachant où aller. Les premières années, sont tout de suite plus repérables. Ils sont émerveillés et cherchent leur chemin. Une grosse voix se met à les appeler. Elz se tourne vers ses sœurs. « On se sépare là, les filles. Mais on se revoit dans la grande salle. Et surtout, ne stressez pas au moment de l’annonce de votre maison. Le choixpeau ne se trompe jamais. » Ajouta-t-il avec un clin d’œil. Facile à dire… Corabelle n’avait qu’une crainte, se retrouver sans l’un ou sans l’autre auprès d’elle.

mars 1970, 14 ans
Deux. Cinq. Dix. Cora était patiente, mais là ce maudit Keriann y allait fort. Le cours avait commencé depuis 20 minutes et elle collectionnait les boulettes de parchemins depuis. C’était ça d’être l’une des premières de la classe, on attisait la jalousie. Enfin, il y avait ça et le fait que le père du garçon ne supportait pas son père à elle. Cette rivalité était retombé sur leur génération, et quitta à choisir une Barrons, autant choisir celle qui ne se défend pas. Elle enviait Néphélie, sa sœur jumelle qui elle, au moins, ne se laissait pas marcher dessus. En même temps, Cora ne sait pas comment faire pour en vouloir aux autres. Pourtant, alors que la treizième boulette s’accroche à ses longs cheveux noirs, elle craque et se tourne vers Keriann et son complice, tous deux hilares. « Vous avez rien d’autre à faire ? » Balthazar lui adresse un petit sourire. « Non, c’est plus marrant de s’en prendre à toi que de suivre le cours. » Corabelle le regarde un instant, abasourdi, la tête sur le côté. Elle hausse finalement les épaules et se concentre de nouveau sur son cours. Puis arrive la quatorzième boulette. Cora se fait un instant la réflexion qu’ils finiront par se lasser –elle pouvait être bien plus patiente qu’eux- et qu’en plus, ils manquaient cruellement d’imagination. Ils ont une baguette magique mais ne trouve rien de mieux que des boulettes ? Si au moins elles étaient enchantées. Une quinzième vint se nicher dans ses cheveux. Elle détestait ne pas pouvoir se concentrer sur son cours. « Faut que je fasse quoi pour avoir la paix ?! » « Joue à un jeu avec moi. »

mai 1972, 16 ans
Cora a un sourire en découvrant un petit parchemin au fond de son sac. Un autre message de Keriann. Il s’est passé deux ans depuis l’affaire des boulettes, deux ans qu’ils ont mis en place ce jeu idiot. Keriann  lui demande de faire une chose et si elle ne le fait, il recommence à la taquiner. Si au début, il demandait en général des trucs comme de faire son devoir pour le cours de potion ou de lui faire une copie de son cours, maintenant, il demande des choses bien plus simples. Parfois, il ne fait que laisser un mot que pour parler et là, elle n’a qu’une chose à faire, lui répondre. Qui aurait cru qu’elle pourrait avoir de telles conversations avec lui, alors qu’il avait été assez puéril pour faire de cette querelle entre leurs pères une guerre entre famille. Aujourd’hui, il s’agit juste d’une discussion. « Pourquoi tu souris comme ça ? » Cora relève la tête vers sa sœur jumelle. Elle en avait presque oublié sa présence. « Pour rien. » C’était l’une des règles de ce jeu idiot. Ne pas parlez de ça à quelqu’un d’autre. Et ça lui allait parfaitement à elle. Comme s’ils avaient leur secret à eux, une chose qui ne regardait personne d’autres. « Cora, on a le même visage. Je sais quand tu es heureuse ! » Elle pousse un soupir. Finalement, elle attrapa une des mèches de cheveux de sa sœur et se mit à jouer avec, s’apprêtant à lui faire une confidence. « D’accord, écoutes, je ne peux pas tout te dire, mais… Je crois que je suis en train de tomber amoureuse, Ephé. » Sa jumelle se met à son tour à sourire. « Mais, je crois que c’est impossible comme histoire. » Néphélie hausse les épaules. « Tu sauras pas sans essayer ! » Corabelle jeta un coup d’œil à la porte de la bibliothèque. Elles attendaient Shena et Cléodine pour une après-midi révision entre Barrons. Elzéar aussi avait été invité à se joindre à elles, mais pas sûr qu’il vienne. Ses rendez-vous étaient leur meilleur moyen de continuer à se voir régulièrement malgré qu’elles soient dans des maisons différentes. « Dis rien, aux filles, d’accord ? Cléo en ferait une maladie et se mettrait à me suivre partout, pour savoir qui c’est. » « D’accord, mais tu me tiens au courant, hein ?! »

août 1972, 16 ans
« Allez Cora, accompagnes-moi, s’il te plait. » L’adolescente souffla bruyamment. Toute la famille était sur le chemin de traverse pour acheter les fournitures scolaires. Cléodine demandait depuis plusieurs minutes à aller voir la boutique de balai. Pas qu’ils avaient les moyens d’acheter ceux qui brillaient dans la vitrine, mais c’était juste pour le plaisir des yeux. « D’accord, allons-y. » Elles firent signe au reste de la famille avant de sortir du magasin de manuel où ils étaient. Ils n’avaient pas tant de livres à acheter, c’était le point positif à avoir une famille nombreuses, les manuels passaient d’enfant en enfant. Économique et familial. Elles arrivèrent devant la boutique, Cléo s’enthousiasma rapidement. Cora ne put que sourire en voyant le sourire qu’affichait sa petite sœur. La porte de la boutique s’ouvrit subitement, faisant tinter la clochette qui annonçait les visiteurs. Corabelle en resta surprise. Il s’agissait de Keriann et de son père. Elle ne put retenir le sourire qui apparut sur ses lèvres. Tout l’été sans avoir de ses nouvelles, c’était dur quand même. « Cora… » Laissa-t-il échapper, avant de soudainement se figer et de jeter un regard à son père. « Tiens les filles Barrons. » Elle n’aimait pas du tout cet homme. Elle comprenait un peu plus ce qui avait pu se passer entre lui et Barrons papa. En réalité, elle ne savait même pas ce qui c’était passé entre eux. « Où est donc votre père les filles ? » Cora attrapa la main de Cléo, tentant de l’empêcher de dire une bêtise. Corabelle sentait que chercher cet homme serait la pire des bêtises. Il se tourna finalement vers son fils. « Tu n’es pas ami avec elle au moins ? » Keriann secoua la tête, avant de jeter un regard à Corabelle. « Bien sûr que non. Elles ne sont personnes. » C’était apparemment suffisant pour son père, puisqu’ils s’éloignèrent alors. « Cora… » la petite voix de Cléodine tira Corabelle de sa mélancolie. « Ça va ? » Elle lui fit un sourire, un sourire qui devait paraitre bien faux. « Bien sûr. Ça te dit des patacitrouilles ? Allons en chercher pour tout le monde. » Elle venait d’avoir le cœur brisé pour la première fois de sa vie. D’où le brusque besoin de gourmandises…

Septembre 1972, 16 ans
« Cora, tu vas pas rester dans le compartiment toute seule. C’est le début de l’année. Viens avec nous voir les copines. On a passé l’été sans elles » Corabelle sourit à sa jumelle. Elles sont dans le Poudlard express. Néphélie, voudrait faire le tour des compartiments pour saluer tout le monde. Tout comme Cléodine et Shena. Elzéar les a laissé à peine monter dans le train. « Je vous rejoins, d’accord ? Je veux juste être toute seule un instant. » Les trois filles la regardent un instant. Elles ont compris que quelque chose lui était arrivé, sans vraiment savoir quoi. Ou peut-être que si, mais puisque que Cora refuse d’en parle, elles essaient de respecter son choix. « Dis-nous le nom du salaud qui t’a brisé le cœur. » Lui dit alors Shena. Les Barrons sont soudés et voir l’une des leurs dans cette état leur parait insupportable. Cora se met à rire doucement. « Il n’y a pas de cœur brisé. Je me suis fait des idées, c’est tout. » Les filles font une drôle de tête, pas vraiment convaincue. Néanmoins, elles sortent et fait coulisser la porte derrière elle. Corabelle se tourne alors vers la fenêtre, regardant le paysage défiler. Elle craignait déjà de retomber sur Keriann. Elle n’avait pas envie de le voir. Pas après l’avoir croisé avec son père. Comment pourrait-elle continuer à croire qu’ils partageaient un lien particulier ? Elle n’était qu’une distraction, une fille qui lui permettait de passer le temps. La porte du compartiment s’ouvrit alors de nouveau. « Ephé, je t’ai dit que j’arri… » Elle se stoppe en voyant que ce n’est pas sa jumelle qui se tient là, mais une tout autre personne. « Keriann ? Mais pourquoi… » Il referme la porte et se retourne vers elle. « Je voulais venir te voir avant d’arriver à Poudlard. » Dit-il, un sourire aux bords des lèvres. Elle ferme un instant les yeux, en soupirant. Il comptait vraiment faire comme si de rien n’était ? Faire comme s’il n’avait pas nier leur amitié, ou quoique c’était. « On s’est déjà vu cet été, je te rappelle. » Lui répond-t-elle en tentant de prendre une voix froide. Mais elle n’était pas vraiment douée pour ça. « Tu devrais pas prendre en compte ça. Mon père, il est … enfin bref, je ne peux pas vraiment tout lui dire. » Elle se lève alors d’un bond. Elle se sentait trahie et détestait ça. Sans doute aussi parce que c’était lui. « Ça rime à quoi tous les deux ? Je suis quoi ? Une correspondante secrète ? T’as entendu que je sois seule pour venir me voir. Je n’ai aucune envie d’être ton honteux secret. » Il reste alors un instant silencieux, la détaillant du regard. « J’ai pas honte de toi. » « Vraiment ? Alors dis-moi, un jour tu parleras de moi à quelqu’un ? » Il poussa un long soupir, et détourna le regard. « C’est bien ce que je pensais… » Puis brusquement, il fait les quelques pas qui les sépare et l’attire vers lui, avant de se pencher vers elle pour l’embrasser. Elle se laisse faire, sous le choc. Et sans doute aussi parce que c’était ce qu’elle voulait depuis bien longtemps. Ils se séparent, quelques instants plus tard. Il pose alors son front contre celui de Cora. « Je veux pas renoncer à toi. » Elle fait un pas en arrière, pour s’éloigner de lui. « Si tu comptes faire de moi un secret, il va falloir pourtant. » Ils se regardent l’un l’autre. Corabelle attend une réponse, bien qu’elle lui fasse bien peur. Finalement, il retourne et s’apprête à ouvrir la porte. « Je t’aime, tu sais. » Puis il sort. Il aurait préféré qu’il s’abstienne de dire cette dernière phrase. Parce que là, tout ce qu’elle se dit, c’est qu’il ne l’aime pas assez.

Novembre 1974, 18 ans
Mordant l’intérieur de sa joue pratiquement à sang, Cora ne parvient pas à contenir la bouffée d’angoisse qui monte en elle. Elle n’a jamais aimé voir Néphélie et Shena se confronter à Balthazar, Romuald et les ses autres sangs-purs trop imbus d’eux même pour se la fermer devant des filles aux sang-mêlées. Cléodine aussi semblait prête à se jeter dans la mêlée. Mais pas elle. Elle, jamais. Elle aimerait se dire que c’est de la noblesse d’âme, qu’elle ne veut pas se rabaisser à leurs niveaux, mais se serait mentir. Son regard se perd au loin, comme si son esprit fuyait déjà. Elle tombe alors sur Keriann, au loin, qui suit la scène. Ses yeux s’accrochent au siens, juste un instant, quelques secondes, avant qu’elle ne détourne le regard. Depuis qu’ils s’étaient parlé dans le train il y a deux ans maintenant, elle l’avait soigneusement ignoré. Et évité. Mais chaque fois qu’elle le voyait, c’était plus fort qu’elle, elle avait l’impression de sentir son cœur se brisé. Encore et encore. La main de Shena se posa sur son épaule, la ramenant à la réalité. « Allons-nous en les filles. Ces mecs ne valent pas la peine qu’on gaspille notre salive pour eux. » Comme un bloc commun, elles se retournent alors, ignorant les insultes qui continuent de fuser. Rapide, Cora jette tout de même un dernier regard en direction de Keriann. Mais il n’est déjà plus là

Janvier 1979, 22 ans
Corabelle souffle bruyamment. Un nuage de buée se forme devant ses lèvres. C’est qu’il fait toujours froid l’hiver à la maison. Et encore plus dans le jardin. Mais c’était le seul coin tranquille qui était venue à l’esprit de la jeune femme. La maison était en pleine effervescence, demain, ils retournaient à Poudlard. C’était la fin des vacances. Elle s’était alors tout simplement emmitouflée dans sa cape de laine et était sortie. Le petit chinchilla était là aussi. Bien sûr. Comme s’il pouvait être ailleurs. Il s’était cachée dans sa poche, au chaud, le temps qu’elle s’installe sur le petit banc. Puis il avait fini par montrer le bout de son nez. Il avait posé ses pattes sur les cuisses de Cora, avant de venir se coller contre le ventre de la brunette. Comme n’importe quel animal. Ou presque, elle avait bien adoptée Snow-White, sa chatte pour ça. Elle l’avait trouvée dans la rue, près de chez ses parents, par un hiver aussi glacial que celui-ci. Trois ans qu’elle l’avait, et pas une seule fois la chatte aux yeux vairons ne s’était comporté de la sorte. Pourtant, la petite bête contre elle, n’avait pas encore de nom. Cora n’y arrivait tout simplement pas. Il lui rappelait tellement tout ce qu’elle n’aimait pas chez elle. « Alors morveuse, qu’est-ce que tu fais là ? » Elzéar revenait, son balai sous le bras. Il avait été faire une partie de quidditch avec les voisins. Elle ne lui répond même pas, se contentait de regarder le chinchilla. Il aurait été un chat, il serait en train de ronronner. Elz suit son regard avant de s’installer à côté d’elle. « C’est tout toi, tu sais. » Elle tourne brusquement la tête vers lui. « Une mauviette c’est ça ?! » Cela avait été plus fort qu’elle, les mots lui avaient échappés. Elle se mordit la lèvre, se détestant de montrer ainsi le problème qu’elle avait avec son patronus. « Mais qu’est-ce que tu vas chercher là ? Ne vas pas t’imaginer que parce que tu n’es pas comme Néphélie ou Shena, cela signifie que tu es une lâche. Tu serais la première à donner ta vie pour chacun d’autre nous ! Je crois même que tu es la meilleure d’entre nous, Coco. Tu ne penses jamais du mal des autres et tu vois toujours leurs bons côtés. Et ton patronus, c’est ce qu’il est. Il est plein d’amour et d’affection pour tout le monde. » Elle se sent presque rougir à entendre son frère lui dire tous ses compliments. Elle regarde de nouveau le chinchilla, mais cette fois-ci avec un sourire. Elle va même jusqu’à le caresser. Et lui il colle encore plus sa tête contre sa main. « Il a un nom ? » Demande alors Elz’. C’est finalement sans hésitation que Cora répond. « Dreamy. »

Juillet 1979, 23 ans
« Cora ! Dépêches toi de descendre ! » Elle fronça les sourcils en entendant sa mère l’appeler. Elle semblait prise de panique. Cora descendit les escaliers en trombe. Elle trouva sa mère dans la cuisine, poursuivie par un hibou, qui avait encore une lettre accroché à la patte. « Débarres-en moi ! » « Tu n’arrives plus à prendre le courrier à un hibou maintenant ? » Même si elle était moldue, Abigail Barrons avait au moins appris quelques trucs, notamment avec les hiboux. « Il ne m’a pas laissée faire. J’ai juste pu voir que c’était ton nom sur l’enveloppe. » Cora s’approcha donc de l’oiseau et lui tendit la main. Comme s’il n’attendait qu’elle, il s’arrêta brusquement et se posta devant elle. Elle lui prit la lettre et il repartit aussitôt par la fenêtre ouverte. La jeune femme regarda donc l’enveloppe. C’était bien son nom qui était écrit là. Mais surtout, elle reconnut immédiatement cette écriture. Un nœud se forma immédiatement aux creux de son ventre. « Tu sais de qui ça viens ? » Demanda sa mère, visiblement plus détendue maintenant que le volatile c’était enfuie. « Un camarade de classe. » Lui répondit-elle, la voix déjà pleine d’émotion. Keriann lui avait écrit !

Août 1979, 23 ans
Cora reposa finalement sa plume, avant de se tourner vers Dreamy, qui la regardait, allongé sur le lit. « Je ne devrais pas lui répondre, hein ? » Le chinchilla se redressa, tenant presque debout sur ses pattes arrière. « Pourquoi tu ferais pas tout simplement ce dont tu as envie ? » Elle se leva de sa chaise pour s’allonger sur le lit à côté de lui. Il grimpa directement sur son ventre. « Mais je vais pas encore être la fille trop gentille qui accepte de le voir revenir dans sa vie trop facilement ? » Elle lâche un profond soupir. Elle tourne finalement la tête, ne regardant même plus Dreamy. « Néphélie, elle ferait quoi tu penses ? » Mais son patronus ne lui répondit pas. Au contraire, elle ne sentit même plus son poids sur son ventre. Elle releva la tête subitement. Dreamy n’était plus là, une fumée argenté se trouvait à sa place. La panique la prit subitement, avant de se rendre compte qu’une forme se dessinait. Elle aurait même dit un renard. Elle tendit la main vers lui, mais subitement, il s’évapora, et son Dreamy, telle qu’elle l’avait toujours connu réapparut. « Qu’est ce qui viens de se passer ? » Le chinchilla paraissait lui-même déboussolé. « Je sais pas… » Finalement, il commença à reprendre contenance, bien plus vite qu’elle. « Tu devrais éviter de chercher à savoir ce que penserais ta sœur. Fais ce dont tu as envie et c’est tout ! » Ajouta-t-il d’une voix douce, passant outre ce qui venait de se passer.

Mai 1980, 24 ans
Elle devait être en train de le lire pour la dixième et c’était juste aujourd’hui. Mais c’était toujours comme ça, après avoir découvert un des mots Kierann dans ses affaires, elle passait son temps à le relire, jusqu’à ce qu’elle en trouve un autre. Depuis la rentrée, ils avaient repris comme avant. Elle trouvait des mots dans ses affaires. Ce qui s’avérait bien plus difficile que par le passé. Ils avaient bien plus de cours en commun avant. Il fallait faire preuve d’inventivité. Et les périodes entre deux lettres pouvaient être bien plus espacés aussi. Mais quand ils étaient en vacances, ils continuaient par hibou. Celui n’agressait plus sa mère maintenant. Ou alors Abi avait appris à tout simplement l’ignorer et à attendre que Corabelle descende s’en charger. Un raclement de chaise à côté d’elle la tira de sa rêverie. Elle fit un sourire à Shena qui s’installait à ses côtés, à la table qu’elle avait investie dans la bibliothèque. « Me dit pas que c’est encore un mot de l’autre Sutherland ? » Cora leva les yeux aux ciels. Sa cousine avait découvert sa correspondance secrète à cause d’Adam Sutherland, le frère de Kierann. Si cette situation avait mis Cora mal-à-l’aise à l’origine, finalement, maintenant, elle était plutôt soulagée qu’elle soit au courant. Celui lui faisait une oreille à qui se confier. « Il a un prénom, je te signale. » La rouquine haussa des épaules. « Un Sutherland reste un Sutherland. » Entre Shena et Adam, c’était… électrique. De toute façon, c’était la façon de faire de sa cousine, et Cora s’y faisait très bien. « Enfin bref, peu importe. Tu es là pour que je te fasse réviser, non ?! » Elle rangea son parchemin dans la poche intérieur de sa veste, près de son cœur. Elles continuaient toujours à réviser à quatre, toutes les Barrons réunis, mais Shena avait fini par lui demander de réviser avec elle, en plus. Elle avait voulu être la première. Ou avoir de meilleure note qu’Adam, Corabelle ne savait pas vraiment laquelle des deux raisons étaient la vraie. « Cherches pas à t’esquiver ! Je t’ai dit que tu devais lui en faire baver. Sors avec d’autres mecs, rend le jaloux ! » Cora eut un petit rire, c’était la même conversation qui revenait sans cesse. « Nan, mais c’est vrai, c’est bien mignon vos petits mots, mais il faudrait qu’il bouge un peu ses fesses. Et s’il ne le fait pas, fais en sorte qui le fasse. » Tout semblait si clair dans l’esprit de Shena, alors que pour elle c’était différent. Après tout, jamais ils ne parlaient vraiment de sentiments dans ses lettres. Il lui avait dit une fois qu’il l’aimait, et cela lui avait fait si mal à ce moment-là, pourtant c’était il y a des années. Parfois, elle avait même l’impression que c’était dans une autre vie. « En même temps, ce n’est pas comme si un autre garçon m’avait invité à sortir, je te rappelles. » Les yeux de Shena se mirent alors subitement à pétiller. « Non, non … mais qu’est-ce que j’ai dit, là… » Pas de doute que maintenant sa cousine avait une excuse toutes trouver pour se mêler de sa vie amoureuse.