BELLUM PATRONUM


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if you wake up at a different time, in a different place, could you wake up as a different person ? (sasha)
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par Invité, Jeu 26 Mai - 18:20 (#)
Sasha Castiel Ivory
Faust
ft. jessica sikosek
sang-mêlée
vingt-trois ans
célibataire
homosexuelle
première année de cycle secondaire, parcours médecine magique
paon blanc
neutre
burning bridges
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À propos
Nom: Faust Prénoms: Sasha Castiel Ivory Âge et Date de Naissance: vingt-trois ans, née le 20 janvier 1959 Nature du sang: sang-mêlée Situation familiale: célibataire. Sasha est la fille de Leviathan Faust mais aucun des deux n'est au courant de la nature de leur parenté. Elle fut recueillie par la cousine de celui-ci, Hazael Faust, et son compagnon de l'époque, Christian Carpenter, qui se sont présentés comme ses parents biologiques. Sasha croit être la nièce de Leviathan, un oncle généreux mais peu impliqué dans les affaires familiales. Suite à de nombreuses disputes, les parents adoptifs de Sasha se séparent peu de temps après sa naissance et elle est confiée à son père qui s'expatrie au Japon en 1960. Hazael donne ensuite naissance à Roshario Brown, officiellement la demi-sœur de Sasha qu'elle voit pendant les vacances lorsqu'elle revient en Occident. En vérité, sa véritable mère est une sorcière qui a disparu dans la nature après l'avoir confiée à Hazael, cette dernière ayant gardé le secret jusque dans la tombe. Patronus: un paon blanc Miroir du Rised: Hakuba, son meilleur ami décédé, le sourire aux lèvres, lui faisant signe sous des cerisiers en fleurs Epouvantard: un cheval blanc Composition de la baguette magique: bois de tilleul et plume de phénix Etudes Suivies: entre en première année de médecine magique (cycle secondaire) à la rentrée de septembre 1982 Animal de compagnie: aucun.
Caractère
La première chose qui vous frappera lorsque vous rencontrerez Sasha, pour la simple et bonne raison que c’est peut-être pour cela que vous la rencontrerez, c’est qu’elle est atteinte d’une grave maladie que les moldus nomment narcolepsie et qui reste relativement rare dans leur monde comme dans le monde des sorciers. Sous traitement, elle parvient à réguler son sommeil, mais sans, elle peut s’effondrer dans les couloirs de l’école, devant vos yeux, sans que vous ne vous y attendiez. Sa maladie la terrifie mais la fascine presque tout autant. Elle est persuadée que l’origine de ces crises narcoleptiques provient d’un évènement traumatisant qu’elle a vécu : le décès de son meilleur ami, condamné par un tribunal à la peine de mort pour avoir usé de magie noire et utilisé des sortilèges impardonnables à plusieurs reprises. Se détournant d’un parcours qui aurait fait d’elle une excellente sorcière, Sasha se rabat finalement sur la médecine, probablement désireuse de faire des recherches sur sa maladie et trouver un remède. Il s’agit en outre d’une femme plutôt discrète, au nombre d’amis restreints, mais qui se révèle être une sorcière dont le caractère se situe à mi-chemin entre l’espièglerie et le cynisme. Parfois, elle ne vous répond que par un sourire énigmatique et c’est à vous de comprendre ce qu’il signifie, elle ne se bornera pas à vous l’expliquer. Seuls les gens perspicaces l’intéressent véritablement, même si elle se montre courtoise envers tout le monde. Sasha est une élève brillante. Elle a majoré plusieurs matières du premier cycle aux examens de fin de cycle, dans une école réputée pour sa sévérité de son enseignement : Mahoutokoro, un établissement situé sur une île volcanique aux abords des côtes japonaises. Sasha sait d’ailleurs lire, écrire et parler couramment japonais. Il n’est ainsi pas rare de l’entendre jurer en cette langue ou se comporter selon des coutumes asiatiques qu’elle a connues toute sa vie, puisqu’elle a passé plus de vingt ans au Japon. Elle entretient par exemple un véritable respect pour les éléments naturels, comme le veulent les croyances japonaises, malgré le fait qu’elle sache pertinemment qu’il n’y a rien de divin dans tout ça. Elle a néanmoins de très bonnes notes en botanique grâce à cela, et si elle n’a pas d’animal de compagnie (mis à part son patronus), elle aime tout particulièrement les plantes. Son appartement à Tokyo était une véritable fresque florale et végétale. A vrai dire, elle a toujours su qu’elle avait un statut d’expatriée américaine sur le sol japonais, mais elle considère l’archipel nippon comme sa véritable maison, un foyer qu’elle a dû quitter pour l’Angleterre à contrecœur. Elle est cependant consciente de l’aspect psychologiquement fort et incertain qu’elle entretient avec ce pays, ce pourquoi elle en est restée éloignée pendant quelques mois et elle n’est pas encore prête à y remettre les pieds. Elle n’a jamais ressenti un profond attachement pour sa famille : elle éprouve une grande affection à leur égard mais elle n’est pas certaine que ce soit réciproque. Son père, Christian, est un mage de nationalité américaine qui a probablement fait plusieurs fois le tour du monde. Il ne sait pas rester en place et Sasha a hérité de son caractère d’explorateur, car elle se passionne vite pour n’importe quelle culture – elle a passé une semaine enfermée chez elle lorsqu’elle avait quinze ans pour étudier la magie inca, impossible pour son meilleur ami de la raisonner et de la faire sortir. Elle aime l’odeur des livres et des bibliothèques. Le bruit l’agace d’ailleurs tout particulièrement dans des endroits supposés silencieux. Elle peint pour se détendre, essayant notamment de reproduire les estampes de célèbres artistes japonais, comme les Trente-six vues du mont Fuji de Hokusai, pour les plus connues. Elle reste une grande amatrice d’art en général, en particulier de l’art moldu car elle considère qu’ils ne prennent pas tout pour acquis, comme les sorciers peuvent le faire. Il lui arrive donc régulièrement de traîner dans les quartiers moldus des différentes villes où elle est allée pour visiter ces siècles de civilisation. The Nightmare de Johann Heinrich Füssli reste le tableau qui la passionne et la terrifie le plus : elle a l’impression d’avoir vécu la scène représentée sur la toile, et de la revivre à chaque crise narcoleptique. Néanmoins Sasha a cette étrange tendance à s’imprégner de tout ce qui pourrait la terrifier, partant du principe que mieux connaître l’inconnu le rend beaucoup moins terrifiant. Pour cette raison, elle n’éprouve aucune aversion envers les insectes et n’a pas longtemps eu peur du noir : lorsqu’elle était petite, elle se levait de son lit, insistant auprès de son père pour que l’obscurité soit totale et pénétrante, puis elle retrouvait à tâtons tous les détails de sa chambre, se rendant compte que la pénombre n’y changeait rien. Souvent, elle finissait par se rendormir sur le sol et son père la retrouvait le lendemain à quelques mètres de son lit, plongée dans un profond sommeil. Cette attirance pour ce qui l’effraie la mène parfois vers des dangers plus grands que de simples peurs d’enfant. Elle a du mal, par exemple, à véritablement séparer le bien du mal. Ayant déjà subi une fois le sortilège de l’Imperium, elle n’échappe pas au traumatisme que la magie noire a provoqué mais elle ne peut s’empêcher de trouver ce pouvoir fascinant. De ce fait, Sasha n’a pas une position fixe dans la bataille qui fait rage en Angleterre et dans le monde. Son père n’est jamais allé au bout de sa formation d’Auror car il désirait découvrir le monde, mais il a depuis longtemps choisi son camp et a toujours répondu présent pour résister à Voldemort lorsque la situation devenait critique – ce qui a été le cas durant les dernières années. Sasha, elle, n’a pas suivi un cursus offensif pour rejoindre des rangs des Aurors : elle trouve la vision occidentale de la magie bien trop manichéenne et elle est simplement passionnée par ce que la sorcellerie a de mystérieux et de puissant, quitte à parfois frôler la limite du politiquement correct et se faire avocate du Diable. Pour cette raison, elle se considère comme neutre dans cette bataille – cela découle peut-être du regret qu’elle éprouve par rapport à l’abandon de son parcours pour se tourner vers la médecine puisque sa maladie l’exposait bien trop au danger, mais Sasha ne parle pas de ses déceptions et de ses échecs. Elle reste toute de même fière avant tout, même si elle a parfois du mal à l’admettre.
Patronus
Tsukuyomi est un paon blanc mâle avec lequel Sasha entretient une relation toute particulière. Il n’est pas vraiment son ami, mais bien son confident le plus proche. Sasha étant d’une nature plutôt hésitante et sceptique, il l’aide à prendre une décision. Elle lui reconnait une grande sagesse mais elle le trouve agaçant, car il ne résiste pas à la tentation de faire des commentaires sur absolument tout. Il est plutôt orgueilleux, même s’il ne l’admettra jamais, et elle croit souvent apercevoir des expressions particulièrement humaines dans son regard, ce qui ne l’étonne pas puisqu’elle sait qu’il s’agit d’un fragment d’elle-même qui a pris forme à ses côtés. Elle a du mal à se souvenir des instants où il n’était pas là. Pas forcément parce qu’il lui manquerait, mais parce qu’elle sent qu’il a toujours été là. Il est assez susceptible et peut se montrer taciturne et vexé, mais son instinct de protection finit toujours par l’emporter sur le reste. Non, ils ne sont pas amis : ils sont simplement la même personne, avec ses défauts et ses qualités, qu’il faut réussir à accepter en entier. Tsukuyomi représente les traits accentués de la personnalité de Sasha : son cynisme, sa sagesse mais aussi sa réflexion sur le monde qui l’entoure. Les décisions qu’il lui dit de prendre ne sont pas forcément raisonnables, mais il s’agit de ce qu’elle ressent et ce dont elle a envie sans parvenir à l’admettre. L’oiseau n’a pas la capacité de mettre une distance éthique ou morale aux actes qu’elle peut entreprendre. Et Sasha lui raconte ses secrets et les peurs qu’elle n’a pas véritablement réussi à surmonter. Elle craint que l’on puisse lire dans ses pensées, à tout moment, que l’on puisse s’immiscer dans son esprit, puisque c’est l’impression qu’elle a eu lorsqu’elle fut sous l’emprise du sortilège de l’Imperium. Tsukuyomi devrait être le seul à avoir le droit de le faire. Pour cette raison, ils parlent japonais ensemble. Bien entendu, un legilimens un peu doué serait capable de traduire, mais la barrière de la langue reste tout de même une certaine protection pour les sorciers non-avertis : on s’attend à une défense magique mais on se retrouve confronté à tout autre chose. Le paon parle anglais mais il est très rare qu’il s’adresse à elle en une autre langue que le japonais. Après tout, il a hérité de ses craintes comme de ses ruses.
Pseudo et âge: yellow/elsa, 20 ans Où as-tu trouvé le forum ? rue quincampoix  Personnage: inventé hihi As-tu un autre compte sur BP ? naaah  athanaditnon Présence: autant que possible Daengelo Une remarque ? du love  if you wake up at a different time, in a different place, could you wake up as a different person ? (sasha) 1094600113 et des boules  wuuuuut (comprendraquipourra)  


Dernière édition par Sasha C. Faust le Lun 30 Mai - 8:11, édité 10 fois
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Message Re: if you wake up at a different time, in a different place, could you wake up as a different person ? (sasha)
par Invité, Jeu 26 Mai - 18:20 (#)
Find a dream, shut it down + Stars, too, were time travelers. How many of those ancient points of light were the last echoes of suns now dead? How many had been born but their light not yet come this far? If all the suns but ours collapsed tonight, how many lifetimes would it take us to realize we were alone? I had always known the sky was full of mysteries—but not until now had I realized how full of them the earth was.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]New York, USA, 1972 – Mon cher Henry, j’espère que tu vas bien. Tu sais, ça me fait rire parce que la seule chose que je vois dans les journaux depuis ce matin, c’est la visite de Nixon à Pékin, et ça me rend presque nostalgique de l’époque où toi et moi on vivait ensemble à Chinatown. Des sorciers sinologues, ça ne courait pas les rues de la ville mais nous étions des passionnés. Je suis heureux de voir que ce pays s’ouvre au monde, on pourra peut-être soulever de nouveau quelques mystères. Cela m’a fait me replonger dans nos archives d’étudiants en sinologie. Un vieux carton dont on se servait pour cacher le hash avant que tu ne partes. Je suis retombé sur un carnet, une sorte de journal intime que l’on n’avait pas trop eu le temps de traduire – sûrement parce que les caractères sont peu soignés et que nous étions décidément des flemmards à l’époque. J’ai tenté de le relire, un vrai roman aujourd’hui ! Parfait pour nos témoignages, j’ai hâte que le livre soit édité. Je me ferai une joie de te l’offrir quand tu rentreras de l’hôpital.
Papa t’embrasse,
Charles

Cherchant à écarter du pouvoir ses opposants politiques et à voir quels étaient ceux qui le suivraient, Mao Zedong, le chef du Parti Communiste Chinois, a lancé en 1958 le mouvement du Grand Bond en Avant, ponctionnant aux paysans chinois l’ensemble de leurs récoltes pour les vendre à l’étranger. Il provoque ainsi une terrible famine qui traverse tout le pays pendant quatre ans. Les greniers sont pleins mais les gens meurent de faim : il s’agit d’une famine orchestrée par le gouvernement, mais cela a longtemps été caché par les dirigeants chinois. Voici ici la traduction d’un extrait du journal de Zhou Fangyin datant de 1959. Cette traduction date de 1972 et est parue dans l’ouvrage Sinologie et sorcellerie : le monde des sorciers d’Extrême-Orient, écrit par Charles Albarn et feu-Henry Albarn, mort d’un cancer en 1973. Ce livre est interdit de publication en Chine  – Ce n’est pas le monde dans lequel nous avons été élevés que notre fils connaîtra. Ce n’est pas le monde que nous voulons lui offrir, lui promettant une révolution pour que finalement, les révolutionnaires deviennent eux-mêmes les bourreaux. J’ai longtemps écrit dans ce journal mais je n’arrive plus à tracer le moindre trait, tant l’horreur que nous vivons est indescriptible. Nous avions décidé d’être des explorateurs mais nous sommes en fin de compte des exilés : les campagnes sont mortes. Mortes, car les récoltes n’ont pas le temps de mûrir qu’on les dévore déjà à même le champ pour qu’elles ne disparaissent pas à jamais entre les mains de l’Etat. Mortes, car je vois plus distinctement le relief des côtes de ces corps affamés que celui du paysage montagneux, au loin. Mortes, car j’ai vu ce matin une mère vendre son enfant pour qu’il soit mangé, là, dans le champ. Je ne peux pas rester, je ne peux pas partir, mais je ne veux pas que notre fils connaisse cette atrocité-là. Je ne veux pas qu’il connaisse le poids de la mort alors qu’il ne sait pas encore marcher sur ses deux jambes.
Wei a manifestement pu se débrouiller pour obtenir un portoloin grâce à ses connexions dans le PCC. Il a pris de grands risques mais il l’a fait dès qu’il a su que j’avais accouché. Notre fils n’est pas encore recensé, j’ai fait en sorte qu’il échappe à la bureaucratie. Il n’a même pas de nom. Il n’est même pas chinois. Il descend pourtant d’un si vieux lignage. Je le sens, je le sais dès que je regarde dans ses yeux, il sera un mage puissant, au sang pur et aux décisions sages. Devrait-il abandonner un tel destin sous prétexte qu’il ne serait plus un Han, un vrai chinois ? C’est de sa vie dont on parle, et je viens de voir des enfants dévorés par des hommes, des hommes comme moi, comme les ancêtres de Wei. Cet enfer ne semble pas avoir de fin. Ce portoloin est sa chance : j’ai ouï-dire que certains sorciers soutenant le maoïsme les détruisent un à un pour empêcher les gens de sortir de Chine. Je ferais mieux de vite retourner à Nankin : Wei risque gros pour ce qu’il fait, il pourrait être envoyé en prison ou en camp de travail. Pire encore, exécuté. Enfin, je ne sais pas vraiment si c’est pire.



    i.


Boston, USA, 1959 – Le regard lourd de sens alors qu’elle n’observait que la douce couleur acajou de la porte, Blanche y frappa quelques coups secs avant de se redresser et de soupirer, maintenant fermement le drap épais qu’elle portait contre sa poitrine. Elle n’attendit pas longtemps avant que le bruit des pas retentisse sur le sol, de l’autre côté, et on lui ouvrit : apparut devant ses yeux une femme gracieuse, au sourire énigmatique et au visage émacié, pâle car elle s’était maquillée, peut-être un peu trop aux goûts des conservateurs. Blanche, elle, trouvait que ça lui allait bien. Hazael Faust l’avait toujours fascinée. Cette dernière baissa les prunelles vers le fameux drap et s’écarta pour laisser entrer Blanche, qui tenta tout de même de la saluer sans obtenir de réponse. Elle s’installa sur un fauteuil en cuir, près de la cheminée, jugeant que Hazael et Christian avaient toujours eu des goûts fins, quoiqu’ostentatoires. Elle n’attendit pas une seconde de plus et déplia le drap. On pouvait à présent voir entre ses bras le visage fragile d’un nourrisson endormi. Blanche se demandait depuis qu’elle était sortie de l’hôpital comment cette enfant pouvait autant garder son calme. N’importe qui aurait pu sentir que sa mère était affolée, la chevelure hirsute et l’air hagard. Mais les médicomages l’avaient assurée d’une chose : Sasha allait bien. Elle voulait l’abandonner mais lui avait tout de même trouvé un nom, car elle y croyait encore, à l’amour maternel, à l’instinct, on lui avait trop répété qu’elle le ressentirait dès qu’elle aurait son premier enfant. Peut-être se forçait-elle. Peut-être imaginait-elle qu’elle était mère, quelques minutes avant de s’évanouir dans la nature. Peut-être avait-elle peur de se sentir coupable, alors elle lui avait donné un nom. « Elle s’appelle Sasha. Sasha Faust. » Les sourcils d’Hazael se froncèrent subitement et elle ne put s’empêcher de pencher la tête. Après tout, elle n’avait pas revu Blanche depuis de nombreux mois. Elle n’avait eu des nouvelles que par courrier et chaque hibou qui s’était posé à sa fenêtre avait été synonyme d’un étrange soulagement. Blanche était vivante, quelque part. Elle reconnaissait le ton de sa voix cristalline entre les traits et les courbes de son écriture. « C’est la fille de Levi. » Hazael leva la paume pour la couper, les lèvres pincées en signe d’agacement. Bien entendu qu’il s’agissait de sa fille. Blanche lui avait avoué l’affection infinie qu’elle ressentait à l’égard de son cousin et, malgré le fait qu’elle n’imaginait pas une seule seconde Leviathan accepter la vérité, elle ne pouvait que croire en l’affirmation de son amie : elle l’avait aimé, elle avait fui en constatant sa grossesse et à présent elle revenait pour rendre l’enfant, un enfant qui ne lui appartenait pas, qu’elle avait volé en disparaissant dans la nature. Hazael n’arrivait pas à sourire plus franchement. La seule image qui traversait son esprit était celle de l’éclat brillant dans les yeux de son cousin lorsqu’elle lui avait demandé où se trouvait Blanche, quelques mois plus tôt. Il n’avait pas su lui répondre. Oh, elle est partie, accompagnant ses mots d’un geste évasif de la main comme pour balayer des souvenirs heureux de sa mémoire et réprimer la tristesse. Leviathan n’était pas triste : il était bien trop cynique pour pleurer, bien trop espiègle pour s’attacher, bien trop rusé pour se laisser prendre au piège, et pourtant Blanche l’avait pourtant blessé, quelque part, Hazael en était persuadée. Elle soupira, s’approcha et tendit les bras pour saisir le nourrisson. Blanche, épuisée, la laissa faire sans broncher. L’enfant resta endormie. Hazael ne voulut pas la réveiller, même si elle désirait observer la couleur de ses iris, persuadée d’y reconnaître celle des yeux de son cousin. Elle fixa les traits à peine formés de sa figure avant de reporter son regard sur Blanche, entrouvrant les lèvres. Elle semblait hésitante et Blanche n’en avait pas l’habitude. « Tu veux que … » Elle déglutit avec difficulté, raffermissant sa prise autour du drap. « Tu veux qu’on la garde ? » Blanche resta silencieuse, incapable de ciller alors qu’Hazael la toisait avec un tel sérieux. Elles savaient toutes deux laquelle avait pu avoir un enfant et laquelle voulait être mère. « Christian serait si heureux, tu ne crois pas ? » C’était tabou entre elles. On ne parlait pas d’impuissance, pas de stérilité. On ne racontait que les belles choses, les miracles. Les enfants inespérés déposés au pas des portes d’entrée. Et Blanche savait que Hazael avait pris sa décision à l’instant où Sasha s’était retrouvée dans ses bras.



    ii.


Tokyo, Japan, 1963 – Christian plissa les yeux et soupira, caressant tranquillement le bout de sa baguette d’un air absent. Il se sentait seul entre ces quatre murs malgré la présence de Sasha dans la chambre d’à côté. Il ne pouvait pas s’empêcher de penser à ces longues années passées aux Etats-Unis aux côtés d’Hazael, des nombreuses disputes qu’ils avaient dû subir et cette décision finale : un départ. Il voulait croire que Sasha n’y était pour rien dans leur rupture. Il voulait y croire, car la situation s’était détériorée bien avant l’arrivée de la fillette dans leur vie. Il était un incapable, en vérité. Un homme, non un père, même s’il l’avait longtemps cru. Même si l’arrivée de Sasha dans sa vie avait été la plus belle chose qui lui soit arrivé. Comment pouvait-il à ce point être attaché à cette petite fille sans pour autant l’appeler sienne ? Elle prononçait le mot « papa » régulièrement, mais il l’entendait faux à chaque fois, souriant discrètement et la prenant dans ses bras pour détourner son attention. Il avait du mal à la regarder dans les yeux. Il ne savait pas prendre ses responsabilités et Sasha le comprendrait bien assez tôt, il le craignait. Se levant de son siège, il s’approcha de la fenêtre pour contempler la ville qui s’étendait sous ses yeux. Etait-ce donc ce en quoi il croyait ? L’aventure infinie, à perte de vue ? C’était ainsi qu’il considérait sa paternité, peut-être. Il ne voulait cependant pas décevoir Sasha. Il ne voulait pas être cet homme-là. Ne s’était-il pas battu pour la garder, pour l’emmener au Japon avec lui ? Que regrettait-il aujourd’hui ? Les regards, peut-être, car ce n’était pas une habitude de voir un père élever seul son enfant, sans figure maternelle à ses côtés. Il soupira, tirant son paquet de cigarettes de sa poche pour en allumer une. Il avait dû arrêter de fumer pendant des mois, mais Sasha aurait compris pourquoi il se laissait de nouveau tenter ces jours-ci, si elle avait eu l’âge. Elle était intelligente. Il ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’elle tenait ça de Leviathan, et qu’elle hériterait également de son arrogance, de son sourire suffisant et de ses manières agaçantes. Christian ne l’avait jamais apprécié, le peu de fois où il avait dû le rencontrer. Il espérait se tromper, en vérité. Il voulait que cet homme soit autre chose que ses défauts et que Sasha en soit épargnée. Ne lui avait-on pas dit qu’il était charismatique et drôle ? Ils n’avaient sûrement pas le même humour. Il faut qu’elle garde son nom. Elle doit être une Faust, lui avait précisé Hazael. Un nom connu, un réseau dès la naissance et un lien direct avec Leviathan pour la mettre sur la piste lorsqu’elle serait prête. Personne ne se souviendrait d’une Carpenter, tout le monde se presserait pour voir une Faust. Leviathan ne s’en soucierait pas mais il lui offrirait des cadeaux à Noël. Elle serait donc une Faust. Voilà comment Christian avait compris qu’il ne serait jamais son père. Qu’il n’avait pas à s’accrocher, même s’il l’avait fait, qu’il avait juste à attendre que la petite ait sept ans afin de la mettre à l’école. Il s’était renseigné : Mahoutokoro ouvrait ses portes aux enfants de cet âge, même s’ils ne commençaient l’apprentissage magique qu’à onze ans, comme lui-même l’avait fait à Poudlard presque vingt ans auparavant. On lui avait promis un avenir d’Auror mais il avait préféré s’enfuir et vivre une vie d’explorateur et d’aventurier. Il y avait tant à découvrir dans le monde pour rester bloqué à Londres sous le joug du Ministère. Il avait cru retrouver un semblant de stabilité à Boston, il avait cru vouloir fonder une famille avec Hazael mais il fallait se rendre à l’évidence, il n’était pas fait pour ça. Il sut pourtant en recrachant la fumée de sa cigarette qu’il éprouvait un amour inexorable pour Sasha, et qu’il n’était justement pas certain de pouvoir le supporter.



    iii.


Mahoutokoro, School of Magic, Minami Iwo Jima, Japan, 1970 – Elle commençait à connaître ces couloirs de néphrite dans lesquels ses pas résonnaient si fort par cœur. Cette école était sa maison, ces murs étaient son foyer et elle adorait voir les élèves plus expérimentés jouer avec le feu des torches, les changer de couleur et dompter leur forme hostile et brûlante. Elle admirait les teints des robes des professeurs qui semblaient glisser sur le sol, presque le survoler. Levant les yeux au plafond, elle contempla les ornements en forme de dragons et de divers animaux fantastiques que l’on avait taillés dans la pierre si longtemps auparavant. Elle sentait les siècles glisser sous les semelles de ses chaussures et son regard se braqua sur l’extrémité du couloir : celui-ci ne semblait pas avoir de fin. Parfois, elle traversait une salle et une odeur de soufre la prenait à la gorge. On lui avait raconté que l’école se situait sur une île volcanique et elle avait vite accepté l’idée. Elle était ici chez elle, après tout. Sasha Faust. Les élèves lui lançaient d’étranges regards car elle ne leur ressemblait pas. Elle avait des yeux en amande, plissés et sombres, mais pas bridés. Elle avait de longs cheveux bruns, mais un visage caucasien qui intriguait. Elle était différente et on remarquait toujours la différence, pour mieux la pointer du doigt. On n’avait pas peur d’elle, on lui souriait et on l’aimait comme n’importe quel autre enfant. On se moquait de ces sons qu’elle prononçait parfois avec difficulté et de son accent américain, mais rien de gratuitement méchant. Elle était différente, mais ils l’étaient tous face aux nouveaux défis qui les attendaient. Ils allaient enfin apprendre à jeter des sorts, à devenir des magiciens. Sasha avait vu son père agiter sa baguette un nombre incalculable de fois, des gestes discrets comme amples, rendant sa vie si simple. Elle avait longtemps répété quelques formules, déçue de constater que rien ne se passait lorsqu’elle s’y essayait. Elle avait même tenté d’utiliser les baguettes avec lesquelles elle mangeait mais à nouveau, elle avait vite compris que son tour viendrait, qu’elle apprendrait. Elle s’était sentie prête lorsqu’elle avait eu sa propre baguette, elle avait apprécié son pouvoir et la connexion qu’elle avait tissé avec dès le premier contact. Elle la sortit d’un pan de sa robe et hésita à la pointer vers l’une des torches qui ornaient le mur. Avant qu’elle ne puisse se décider à agir, on posa une main sur son épaule et elle sursauta, se retournant brusquement en dissimulant sa baguette tant bien que mal derrière son dos. Elle fut soulagée de constater qu’il s’agissait d’un jeune garçon, probablement de son âge, lui adressant un sourire complice, ses cheveux raides et noirs retombant sur son front d’ivoire. « Je ne suis pas sûr qu’on puisse rester seuls dans les couloirs. » Il avait raison et Sasha acquiesça. Pourtant, aucun des deux n’esquissa le moindre mouvement vers les salles de classe ou la permanence. Le garçon pinça ses lèvres et désigna d’un geste vif la baguette que Sasha cachait en vain. « Je peux la voir ? » Elle plissa les paupières, suspicieuse, mais elle voyait bien que cet enfant ne lui voulait aucun mal. Il prit d’ailleurs l’initiative de lui montrer la sienne. Bien entendu, elle n’essaya pas de la prendre. Ils avaient peur d’une quelconque réaction défensive de la part de la baguette. « Elle est en cerisier. Mon précepteur m’a toujours dit que les mages japonais appréciaient tout particulièrement le bois de cerisier. C’est un arbre noble. » Sasha contempla l’objet avec toute l’attention du monde, puis elle tendit le bras pour montrer sa propre baguette, bravant sa timidité. « C’est du tilleul. Je sais pas ce qu’en pensent les mages japonais, mais moi je l’aime bien. » Cette remarque arracha un rire au garçon qui finit par se présenter, toujours hilare : « Je m’appelle Hakuba. » Sasha acquiesça. Elle ne parlait pas beaucoup car selon elle, son japonais restait encore approximatif, elle avait toujours peur d’être mal comprise par la population autochtone. Mais elle avait compris la signification de ce prénom : cheval blanc. Elle regrettait presque de ne pas pouvoir le faire rêver avec le sien : « Moi c’est Sasha. Sasha Faust. » Et, aussi simplement que ça, elle comprit que se créait dans ce couloir un sentiment bien plus fort que tout ce que la magie pourrait lui offrir : une amitié lisse, forgée dans la pureté de leurs émotions et le respect qu’ils éprouvèrent immédiatement l’un envers l’autre. Hakuba lui saisit la main et l’entraîna vers la sortie du couloir. « Viens, c’est bientôt l’heure de rentrer ! Tu habites à Tokyo ? » Sasha acquiesça. Elle adorait ce moment : lorsque les pétrels géants venaient les chercher où qu’ils soient pour les ramener chez eux. Pas tant pour retrouver son père, qu’elle avait toujours trouvé distant, même si elle ne doutait en rien de son affection. Mais elle aimait cette impression de liberté que lui offrait l’oiseau alors qu’il survolait la mer jusqu’à la côte japonaise, caressant ses plumes puissantes et goûtant la saveur du vent marin qui fouettait ses joues d’enfant : on lui apprenait à voler.



    iv.


Tokyo, Japan, 1972 – Hakuba lui manquait. Sasha était habituée à passer son temps libre avec lui dans les rues de la ville car ils étaient tous deux subjugués par l’animation dont elle faisait preuve jour et nuit. Ils étaient encore jeunes, en troisième années seulement. Elle passa sa main sur sa robe pour en faire disparaître les plis : le tissu était toujours rose pâle, comme à son arrivée, même si certains de ses amis voulaient la persuader du contraire. Sasha était la meilleure de sa classe, c’était indéniable, mais elle était trop modeste à son âge pour s’en vanter. Si on excellait en toutes les matières, la robe adoptait une teinte dorée. Elle avait longtemps regardé passer les étudiants dans les couloirs de Mahoutokoro, et c’était ceux aux robes d’or qui avaient le plus attiré son attention. Après tout, ils dégageaient une aura tout particulière : celle du savoir et de la sagesse. Au fond d’elle, elle désirait bien sûr faire partie de ces gens-là un jour. Mais ce n’était pas par ambition qu’elle étudiait et travaillait assidument, simplement par intérêt. Elle devait tenir cela de son père. Christian avait été un élève brillant et il aurait pu devenir un puissant Auror. Voilà comment on appelait les mages qui défendaient les sorciers contre les forces du mal en Occident. Ici, au Japon, c’était différent. On ne parlait pas de manière aussi manichéenne, en séparant forcément le bien du mal. On les associait, généralement. On tenait à son honneur avant tout. Sasha voulait suivre les pas de son père mais mieux réussir. Elle ne cachait pas que les cours de sortilèges étaient ses préférés, même si elle excellait en toutes les matières – laissant un avantage à Hakuba pour le Quidditch. Elle pouvait retourner aux Etats-Unis ou bien aller en Angleterre une fois son cursus fini afin de voir un peu le monde. Elle avait des origines occidentales mais elle connaissait peu ses cousins, les Brown. Elle n’était pas certaine d’être vraiment bien reçue à chaque fois qu’elle allait les voir. Généralement, elle préférait rester à Tokyo avec Hakuba. Mais il n’était pas là, l’équipe de Quidditch de Mahoutokoro l’ayant recruté pour un stage au beau milieu de l’Océan Pacifique. Christian était retourné à Londres. Sasha savait que la situation était critique. Son père ne lui en parlait jamais mais elle n’était pas idiote. Elle le connaissait assez pour appréhender ses réactions et ses émotions. A présent, il vivait entre le Japon et l’Angleterre, oubliant parfois que sa fille n’avait que treize ans tant elle lui paraissait mature et responsable – et heureusement, elle l’était. Elle vivait seule, la plupart du temps. Mahoutokoro était une école et non un internat, mais elle y passait son temps, épuisée par ses journées dès qu’elle rentrait à Tokyo. Elle voyait peu son père, mais elle comprenait son absence. Il avait plus important à faire. Elle ne se sentait pas moins aimée pour autant. Finalement, elle accrocha sa robe de sorcière sur un cintre qu’elle rangea dans le placard de sa chambre. Un soupir lui échappa lorsqu’elle referma la porte : la couleur or n’était pas la seule teinte que pouvait prendre le tissu. Si on pratiquait la magie noire, la robe devenait blanche. A cette idée, Sasha eut des frissons : les robes d’or étaient rares mais elle n’avait jamais vu une seule robe blanche dans les couloirs de l’école. Il y avait des rumeurs, bien sûr. Mais les sorciers concernés étaient expulsés car la robe était obligatoire à Mahoutokoro et que le sortilège qui avait été lancé au tissu était trop ancien pour être détourné. C’était l’une des premières choses que les professeurs précisaient aux premières années : ne trahissez pas votre honneur car la robe, elle, vous trahira.



    v.


Beijing, China, January 31st, 1976 – Sasha retint son souffle et se colla au mur, un sourire aux lèvres. Le sortilège de camouflage ne serait pas efficace très longtemps et ils devaient vite trouver un endroit où ils seraient seuls. Difficile à faire lorsque la ville entière célébrait le nouvel an. Hakuba avait décidé de passer ses vacances à ses côtés et lui montrer ce qu’il n’avait jamais voulu montrer à quiconque : ses origines. Elle savait qu’il ne connaissait pas ses parents. Qu’il n’était japonais que parce qu’on l’avait laissé dans un orphelinat de Tokyo et qu’on lui avait donné un nom japonais. Il était un Zhou, fils de Zhou Wei et de Zhou Fangyin, ou du moins s’en doutait-il car cette dernière lui avait confié un carnet : son journal intime. Il en avait parcouru les pages dans son enfance et s’était toujours dit qu’il s’agissait de ses parents. Il parlait et lisait très mal le chinois, trop habitué au japonais, mais une jeune sorcière de l’orphelinat lui avait traduit quelques lignes, quelques pages, assez pour qu’il se souvienne du nom de ceux qui l’avaient probablement mis au monde avant de l’abandonner. Hakuba était un homme fier et Sasha devinait lorsqu’il se sentait blessé. Il désigna une ruelle qui semblait vide. En s’y engageant, ils constatèrent qu’il s’agissait d’une impasse. Sasha s’approcha de la porte d’entrée d’une maison. Dessus, elle reconnut le caractère chinois du bonheur, 福, collé à l’envers sur la paroi. « C’est bizarre. Il n’est pas dans le bon sens. » Hakuba s’approcha et sourit, haussant les épaules. « Non, c’est un jeu de mot chinois plutôt connu. » Il murmura lumos et sa baguette illumina le perron. « En chinois, tu dis le bonheur est retourné et le bonheur est arrivé de la même façon, phonétiquement parlant. Les adultes connaissent ce tour, mais les enfants non, donc dès qu’ils voient un caractère bonheur retourné, ils ne peuvent pas s’empêcher de le crier sur tous les toits : le bonheur est retourné ! le bonheur est retourné ! Ce qui revient à dire que le bonheur est arrivé. » Il lança un regard complice à Sasha avant de reprendre : « Et tout le monde sait que la vérité sort de la bouche des enfants. C’est un porte-bonheur. » Il prononça ces derniers mots avec ironie avant de s’assoir sur la marche. Sasha l’imita, épuisée. Ils avaient beaucoup voyagé depuis le Japon, souvent illégalement. Le vol en balais était manifestement fatiguant, même si Sasha était fascinée par la technique que possédait Hakuba – il chevauchait non plus un manche, mais l’air et les nuages. « En tout cas c’est bien de la bouche des adultes que sort le mensonge. » Il voulait en parler mais ne savait pas par où commencer. Il ne connaissait pas ses origines, prétendant s’en moquer à chaque fois qu’on en venait à lui parler de la Chine. Il était japonais avant tout : la Chine était ce pays hybride et fermé que personne ne comprendrait jamais, dont personne ne pouvait anticiper les actes. Il n’en parlait même pas bien la langue. Et pourtant, Sasha avait vu ses yeux briller d’admiration lorsque le dragon du défilé avait surgi d’entre les immeubles. Les deux adolescents n’en avaient jamais vus de vrais, mais rien que de voir cette reproduction moldue leur avait donné des frissons. Sasha agita la lanterne rouge qu’on lui avait confiée pour l’occasion. Au loin, des pétards retentirent et elle tourna la tête dans cette direction. « Ils font fuir les démons. Ils les effrayent avec du bruit. Les moldus ne sont pas cons, ils sont juste naïfs. » Parce que les pétards devaient probablement faire fuir des créatures, quelles qu’elles soient, des festivités, sans même que les moldus ne connaissent leur existence, mais qu’il faudrait plus que des pétards pour chasser un démon. « C’est l’année du Dragon de feu. » s’enquit-elle finalement dans un soupir, et Hakuba ricana. « Toujours pas l’année du cheval blanc, hein ? » La jeune fille leva les yeux au ciel. La blague ne vieillissait donc jamais ? Personne n’avait pu s’empêcher de rire en découvrant que le patronus de Hakuba était un cheval, et que la couleur laiteuse du sortilège le rendait complètement blanc, comme si ça n’avait été qu’une vaste arnaque dès le départ. Agacé par l’ironie du sort – sans aucun jeu de mot – il avait secoué la tête et gardé sa fierté en prétendant qu’au moins, son nom signifiait vraiment quelque chose. Mais depuis, il évitait de s’entraîner trop à jeter ce sortilège : on ne perdait jamais une occasion pour se moquer de lui. « J’adore ton patronus, tu le sais bien. » conclut finalement son amie avant de poser sa tête sur son épaule. Elle ignorait comment ils allaient faire pour rentrer chez eux. Pour tout dire, elle avait un peu froid et se rapprocha de l’extrémité claire de la baguette de Hakuba dans l’espoir d’y retrouver un peu de réconfort. L’effervescence du nouvel an retombait petit à petit et Sasha bailla enfin. « J’espère que tu sais où on va dormir parce que je tiendrai pas toute la nuit. » Un léger rire s’échappa d’entre ses lèvres, puis un silence ponctua les paroles de Sasha. Il réfléchissait encore à ce qu’il pouvait bien lui dire. « J’ai retrouvé ma mère. » Un étrange soulagement traversa son regard mais il ne la laissa pas réagir. Pas avant d’avoir terminé son histoire : il s’était décidé à repartir en Chine plusieurs mois auparavant, sur son temps libre, afin de la retrouver. Fangyin était celle qui avait tenu le journal dont Hakuba avait hérité, les informations dont il se souvenait étaient nombreuses. Le journal, lui, avait disparu, mais il lui avait suffi de se rendre à Nankin, la ville natale de Wei et Fangyin, pour la rencontrer. Elle lui avait paru probablement plus vieille qu’elle ne l’était vraiment, assise derrière le guichet d’une bibliothèque à attendre chaque jour les lecteurs assidus. Il ne s’était pas présenté. Il n’avait d’ailleurs posé que très peu de questions car il savait à quel point on soupçonnait la collaboration. Elle lui avait parlé de son mari : exilé dans les campagnes lors de la Révolution Culturelle, elle ne l’avait plus revu depuis longtemps. Il était mort, pensait-elle, sans savoir qu’elle parlait au fils de cet homme, à son fils à elle. Son visage avait reflété une profonde tristesse qu’elle ne pouvait pas exprimer, si bien que sa voix était restée neutre et basse. Elle se moquait de le dire. Elle détestait le gouvernement et elle avait envie de mourir. Hakuba l’avait compris et il l’avait laissée. « Les Zhou sont bien plus qu’une famille. C’est un lignage chinois remontant à la dynastie Qing. Des sang-purs, de puissants mages qui contrôlaient de nombreuses formes de magie. Ils étaient riches et puissants. La révolution communiste de 1949 en Chine a fini de disperser ceux qui restaient. Mais j’en suis le seul héritier mâle. » Sasha déglutit et tourna son visage vers lui alors qu’il observait les immeubles d’en face, pensif. Elle n’eut pas besoin de lui poser la question : elle sut que quelque chose avait changé et que c’était irréparable.



    vi.


Tokyo, Japan, 1976 – Sasha porta sa main à ses lèvres pour cacher son sourire alors qu’elle vit une silhouette familière se profiler au bout de la rue. Elle était heureuse de voir son cousin, même si elle le connaissait assez pour le trouver agaçant. Silas Brown, une autre pièce rapportée de la famille. Elle lui fit signe et il s’approcha de sa démarche nonchalante. Ils étaient toujours des adolescents, malgré tout, les autres l’oubliaient bien trop souvent. Christian était presque tout le temps absent et Sasha s’était habituée à son absence. Elle était enfin en dernière année. Les examens ne l’inquiétaient pas. Son esprit était bien plus concerné par la voie que son meilleur ami avait empruntée. Hakuba venait moins en cours. Il avait perdu le goût pour l’apprentissage que Mahoutokoro lui avait transmis. Et les professeurs n’étaient pas enclins à pardonner aux cancres et aux lâches. Le poids de son passé l’avait rattrapé : il en voulait au monde entier, prétendant qu’il était victime d’une profonde trahison et qu’il fallait faire payer les coupables, un jour. Il désirait s’en prendre à ceux qui l’avaient arraché à sa famille, à son sang, ce sang pur et chinois qui le fascinait tant. Sasha l’avait laissé faire, pensant qu’il ne s’agissait que d’une crise existentielle et non de véritables convictions, mais leurs chemins s’étaient séparés lorsqu’il avait commencé à fréquenter un groupe de sorciers à Tokyo donc les revendications paraissaient bien extrémistes à la jeune fille. Tous des sang-purs, tous des mages issus de grandes familles, ne faisant aucune distinction entre le bien et le mal car ils se prétendaient tous légitimes face à un tel pouvoir. Les forces du mal intriguaient Sasha. Elle s’était enfin décidée à entamer le parcours d’offensive magique à Mahoutokoro une fois ses examens réussis. Non pas forcément pour devenir un Auror. Simplement pour découvrir ce que la magie pouvait lui apporter, car il s’agissait là de la plus grandes des aventures. Elle comprenait mieux son père à présent : pourquoi il n’avait jamais terminé sa formation et qu’il était parti explorer le monde. C’était ce qu’elle avait envie de faire : découvrir l’inimaginable. Elle s’inclina légèrement en avant pour saluer Silas et son cousin sourcilla, amusé. « C’est tellement pas la même culture. » Sasha se redressa, presque surprise d’entendre de l’anglais tant le japonais était devenu bien plus fluide dans son esprit depuis que son père était rarement présent à la maison. Elle appréciait l’humour vif et noir de Silas, qui se pencha vers elle pour la saluer à l’européenne. Malgré son flegme, elle ne pouvait s’empêcher d’apprécier sa présence. Elle la trouvait chaleureuse. Peut-être avait-elle finalement besoin de se rendre compte qu’elle avait une famille, quelque part. Qu’elle n’était pas seule, malgré l’absence de Christian et les nouvelles habitudes de Hakuba. Elle avait toujours ressenti une connexion toute particulière avec Silas. Peut-être s’agissait-il de leur place au sein de la famille Brown : ils aimaient se voir différents. Sasha s’était vue différente toute sa vie. Trouvait-elle en Silas cette idée du frère qu’elle n’avait jamais eu ? Elle ne le connaissait pas encore assez pour le considérer comme tel, mais elle ressentait une émotion qui lui était étrangère, qui lui avait toujours été interdite : avoir l’impression de ressembler à quelqu’un.



    vii.


Mahoutokoro, School of Magic, Minami Iwo Jima, Japan, 1978 – Elle ne put empêcher les larmes de couler sur ses joues alors elle les sécha d’un geste vif, de peur qu’on ne la voit. Il y avait cette voix dans sa tête, elle avait du mal à s’y habituer. Elle ouvrit les yeux mais resta recroquevillée dans un coin malgré la fraîcheur des murs. La fin de l’année était proche : elle s’était attendue à un autre cadeau que celui-là. Elle voulait prendre Christian dans ses bras et lui chuchoter un joyeux Noël, puisqu’il s’agissait de la seule fête occidentale qu’ils daignaient encore célébrer. Elle voulait voir le sourire de Hakuba, lui qui savait la rendre heureuse même dans les pires instants. Sasha. Ses mâchoires se serrèrent alors qu’elle entendit son prénom résonner distinctement dans son esprit. Il faudrait peut-être qu’on commence à parler toi et moi. Elle prit une large inspiration et leva son menton en direction de ce qui se trouvait à quelques centimètres d’elle, seulement. Un paon blanc qui l’observait depuis plusieurs minutes. Elle croyait rêver mais elle était certaine d’être éveillée. La solitude se soldait-elle en ces hallucinations ? Le paon prit un air exaspéré et elle put ressentir toute l’étendue de son impatience comme une vague déferlant entre ses côtes. Elle le reconnaissait entre mille : il s’agissait de son patronus, un sort qu’elle avait étrangement du mal à accomplir, mais il lui suffit de fixer l’animal dans les yeux pour qu’un sentiment de plénitude l’enveloppe avec sérénité. Elle le laissa s’approcher. Ses plumes immaculées frôlèrent sa peau et cette fois, des souvenirs déferlèrent dans sa mémoire : des sourires, des rires et des éclats de joie. Le visage d’Hakuba apparut et elle douta un instant d’avoir vécu la scène que l’oiseau faisait danser dans son esprit. Une image simple, juste son visage et son air confiant, sa beauté émaciée, aiguisée par l’âge, ses yeux sombres et l’agilité avec laquelle il maniait sa baguette. Il était digne de la noblesse des cerisiers. Sasha comprenait ses désirs. Elle aurait eu les mêmes si elle avait été à sa place. Elle était triste qu’il ne soit plus là mais elle savait qu’il était à la recherche d’une chose que Mahoutokoro ne pouvait pas lui offrir. Tu n’as pas peur de lui, Sasha. Tu ne dois pas avoir peur de ton ami, il essaye simplement de comprendre. Un fracas la tira de ses pensées et devant elle se dressa soudain un autre élève dont elle ne parvint pas à reconnaître l’identité. A ses côtés se découpait la silhouette féline d’un lynx aux yeux ambrés. Elle fronça les sourcils tandis que le paon battit des ailes, nerveux. «  Sasha ! Toi aussi ! » Il désignait le paon d’un geste fébrile, mais il semblait émerveillé. « C’est dans toute l’école ! » Epuisée, elle ne sut quoi répondre. Il l’aida à se relever, ce qu’elle fit. Le paon la suivit, étrangement fidèle. Je n’ai pas de nom. Il parlait japonais, et ce avec une aisance infinie. Sa voix était tendre comme les vibrations d’une contrebasse. Il était apaisant, en vérité, et Sasha le remercia au fond d’elle sans comprendre pourquoi ni comment tout cela était arrivé. Pas de quoi. Sa réponse était spontanée. Je te trouverai un nom, pensa-t-elle. Elle le sentit acquiescer. La sorcellerie était donc encore pleine de surprises et elle avait hâte de les découvrir.



    viii.


Mahoutokoro, School of Magic, Minami Iwo Jima, Japan, 1981 – Sa main fermement enroulée autour de sa baguette magique, Sasha poussa la porte de la salle de classe et la referma derrière elle. Elle savait ce qu’elle trouverait à l’intérieur. Là, entre les tables, se dressait la silhouette qu’elle redoutait le plus. Il n’avait pas changé. C’était ce qu’elle cherchait à croire au plus profond d’elle-même : qu’il était resté le même. Hakuba avait quitté l’école à la fin du premier cycle, ne suivant pas Sasha dans le parcours d’offensive magique. Elle s’était résignée à le voir partir pour de bon. Leur amitié paraissait survivre aux coups durs et à la distance. Lorsqu’elle put enfin voir son visage, elle se força à le reconnaître : le même angle de menton, la même coupe de cheveux, le même nez fin, la même pâleur presque osseuse de ses pommettes. Elle fut prise d’effroi : l’éclat blanc du tissu de la robe de Hakuba lui donnait l’allure d’un spectre, bien plus terrifiant que les fantômes qui hantaient les cachots de l’école. « Ça t’étonne vraiment, Sasha ? » Il ne cachait pas cette couleur blanche, synonyme du mal qu’il avait pu causer, des sortilèges de magie noire qu’il avait pu lancer. Sasha, elle, rayonnait dans les ténèbres : sa robe brillait d’un doré riche et lumineux. « Moi, en tout cas, ça ne m’étonne pas. » poursuivit Hakuba dans un ricanement en désignant les habits de son amie. L’était-elle toujours ? Elle l’ignorait. Bien sûr qu’il l’est encore. Elle jeta un regard en coin au paon blanc qui sauta sur l’une des tables en laissant derrière lui une traînée astrale et volatile. Il écarta les plumes avec nonchalance. Tsukuyomi était un patronus au caractère bien suffisant mais Sasha prenaient toujours en compte ses conseils. Hakuba se redressa et on put voir apparaître derrière lui la forme nébuleuse d’un cheval blanc qui gronda en leur direction. « Casse-toi Sasha. J’ai pas envie de me battre contre toi. » Car c’était là tout le but de l’histoire : Hakuba et ses comparses attaquaient l’école. Ils ne pensaient pas gagner : simplement faire des dégâts, bousculer l’institution et marteler l’autorité en la noyant dans une magie noire qu’aucun d’eux ne contrôlait réellement. Son meilleur ami avait goûté à un fruit interdit et, comme chaque être existant sur cette terre, il en avait aimé la saveur. « Tu n’as pas à le faire. L’école est encerclée, de toute façon. Tu ne parviendras pas à sortir. » Elle croyait encore fermement à la loyauté qu’ils avaient l’un envers l’autre. Elle n’imaginait pas Hakuba capable de la trahir elle aussi. Il leva les yeux au ciel, agacé. Lorsque ses prunelles rencontrèrent les siennes à nouveau, elle comprit enfin qu’il ne s’agissait plus du même homme. « Tu vas m’aider à sortir alors. » Le patronus de Hakuba se cabra et son hennissement glaça Sasha d’horreur. Un sortilège de stupéfaction n’aurait pas été plus efficace pour la paralyser, l’espace d’une seconde. Assez pour qu’elle n’ait pas le temps de lever sa baguette et de se protéger. « IMPERO ! » Elle tenta tout de même, en vain, et le sort la frappa de plein fouet, s’immisçant dans sa chair, ses os et son esprit pour la bloquer complètement. Tout ce qu’elle parvenait à voir était la silhouette de Hakuba et la forme ectoplasmique de son patronus qui s’avancèrent vers elle. Elle sentit Tsukuyomi, quelque part, mais la docilité s’abattit sur lui également. La seule chose qu’elle entendit fut la voix de son meilleur ami vibrant dans ses artères comme sur ses tympans alors qu’il s’arrêtait à sa hauteur. Voici un pouvoir que l’on ne t’enseignera jamais entre ces quatre murs. Il est pourtant infini. Elle se tourna et suivit ses directives à la lettre. Dans le couloir, elle jeta des sortilèges aux élèves et désarma les étudiants avec cette dextérité dont elle était dotée depuis les premières leçons de magie. Tu pourrais faire ce que tu voudrais. Tu m’as toujours dit que tu avais soif de pouvoir et de liberté, toi aussi. Elle chercha à nier les mots qu’il prononçait mais elle en fut incapable. Il ne la laissait pas parler. L’équilibre était rompu. C’était presque trop facile. Voilà bien le défaut dont Hakuba ne se séparerait jamais : considérer les choses comme acquises. Elle sentit le joug de son meilleur ami se relever après plusieurs minutes, peut-être des dizaines de minutes de combat, mais l’une des robes d’or parvint à atteindre Hakuba, qui s’effondra sur le sol. Sasha l’imita et la ressemblance lui parût étrange : elle ignorait si le sortilège de l’Imperium faisait toujours effet et qu’elle suivait Hakuba dans sa torpeur pour cette raison ou si, à l’inverse, le handicap était levé subitement mais qu’elle avait perdu la force de rester debout, de rester éveillée, de rester elle-même.



    ix.


Godric’s Hollow, England, 1981 – Sasha ouvrit ses paupières lourdes et ne put retenir un bâillement, long et significatif. Elle se trouvait entre des draps qu’elle crut inconnus avant de reconnaître les murs de la chambre d’amis, chez les Brown, celle où elle dormait toujours lorsqu’elle venait passer ses vacances en Angleterre. Elle soupira : elle ne s’était cependant pas couchée dans ce lit, elle était au moins certaine de cela. Ses derniers souvenirs lui offraient l’image des rues de la ville au crépuscule, puis la torpeur, à nouveau. Ces crises duraient depuis plusieurs mois déjà mais les médicomages ne lui avaient diagnostiqué qu’un sommeil. Particulièrement profond, certes, et celui-ci durait longtemps : elle avait le temps de rêver, prenant l’habitude de noter ce dont elle se souvenait au réveil. Elle se redressa pour chercher le carnet où elle écrivait assidument toutes ses expériences, mais on l’interrompit d’un raclement de gorge, si bien qu’elle tourna brusquement la tête pour constater la présence d’un homme sur le pas de la porte, l’épaule posé contre la plinthe verticale, les bras croisés. « Je t’aurais bien dit que je suis navré de te réveiller mais ça fait plus de quinze heures d’affilé que tu dors alors pour tout t’avouer, je crois plutôt que ça me soulage. » Elle plissa des yeux, tendant la main pour caresser les plumes de Tsukuyomi, allongé sur le lit à ses côtés. « Bonjour mon oncle. » Leviathan se détacha de l’encadrement pour s’approcher. « Bonsoir, plutôt. » Sasha haussa les épaules. La confusion lui arrivait régulièrement. La notion du temps n’avait plus d’importance. Hakuba était mort : condamné à la peine capitale par le ministère de la magie japonais, comme la plupart de ceux qui avaient attaqué l’école. Elle éprouvait à la fois une profonde colère et une éternelle incompréhension face à son manque de discernement, mais par-dessus tout, une immense tristesse. Son ami lui manquait terriblement. Elle sentait la chaleur des souvenirs qu’elle partageait avec lui et la monstruosité de son esprit qui s’était glissé dans le sien, et ces deux émotions s’entremêlaient pour se nouer fermement autour de son cœur. A chaque fois qu’elle s’effondrait, elle revivait la scène : elle n’eut jamais l’occasion de le revoir et gardait en elle l’image de son visage froid et de sa robe blanche qu’il avait fièrement paradé dans les couloirs de Mahoutokoro pour montrer son pouvoir. Mais il y avait une raison pour laquelle on ne voyait pas de robes blanches entre ces murs de néphrite : elles n’y avaient pas leur place. La présence de sa famille ne changeait rien à sa condition et à sa faiblesse : les Brown pleuraient la mort d’Hazael mais Sasha n’avait plus assez de larme. Le décès de sa mère creusait un vide encore plus grand dans sa poitrine alors qu’elle observait les mines grisées de ses cousins et de sa demi-sœur chaque jour depuis l’enterrement. A nouveau, une étrange nostalgie s’emparait d’elle : elle l’avait si peu connue. La mélancolie s’abattait ainsi sur des souvenirs qui n’existeraient jamais. Leviathan soupira en constatant le silence de sa nièce puis son regard se posa sur Tsukuyomi et ses lèvres se pincèrent dans une attitude réflexive. « Un ami ornithologue m’a dit que les paons blancs n’étaient pas albinos mais leucistiques. » Sasha haussa les sourcils et secoua légèrement la tête, esquissant un mince sourire sur ses lèvres pâles. Son oncle avait une manière bien à lui de l’aborder, avec cette distance et ce cynisme qui la caractérisait elle aussi. Elle n’aurait pas pu en dire plus : Leviathan était un homme mystérieux et, d’après des gens qu’elle avait pu côtoyer et qui le connaissaient mieux, plutôt agaçant. La maladie de sa nièce l’intriguait et il semblait doté d’une curiosité sans limite qu’elle trouvait amusante, à la différence des autres. « Narcolepsie. Les moldus appellent ça comme ça. » Son ton érudit fit de nouveau sourire Sasha mais Leviathan ne paraissait pas vouloir s’attarder dans la chambre. Il reporta son attention sur elle et cilla en silence avant de conclure. « Tu devrais descendre. Ton cousin Silas s’ennuie. Il a déjà battu tout le monde aux échecs cet été. Deux fois. » Sasha leva les yeux au ciel, imaginant déjà l’air morose de Silas, entouré de cette famille qu’il avait du mal à accepter. « Ton père est parti, une urgence à Londres. Tu dormais. » ajouta finalement Leviathan une fois dans le couloir. Il ne se voulait pas blessant mais il l’était, un peu. Car Sasha n’y pouvait rien : parfois, le traitement la lâchait, tout simplement, et ces morceaux de réalité lui échappaient sans qu’elle ne puisse les rattraper. Son sommeil subit l’arrachait au monde : elle craignait de bientôt le confondre avec ces rêves tissés de silence et de mémoire qui l’emportaient parfois pendant des heures, ces heures qui devenaient jours, mois, années car ce repos apathique les étirait sans relâche pour emprisonner la jeune fille le plus longtemps possible.



    x.


London, England, 1982 – Le printemps avait toujours plu à Sasha mais il était différent de l’autre côté du monde. Le Japon lui manquait, pourtant elle savait qu’elle ne pouvait pas y retourner, pas pour l’instant. Elle tenait dans ses mains une lettre écrite sur un parchemin de qualité : elle en avait reconnu le sceau dès que le hibou l’avait déposé dans sa boîte aux lettres. Poudlard l’acceptait en première année de cycle secondaire à la rentrée de septembre. Elle s’était presque naturellement orientée vers la médecine magique, jugeant plus prudent d’abandonner ses études en offensive car ces années appartenaient au passé, à la vie qu’elle avait vécu au Japon, là où elle avait enterré ses secrets. Silas avait accepté de faire attention à elle, mais elle avait surtout besoin de quelqu’un pour la guider. Le poids du prestige restait sur ses épaules. Dans sa valise, la robe couleur or de Mahoutokoro brillait d’un éclat qui semblait éternel. Elle ne pensait pas la remettre un jour mais elle ne pouvait pas s’en séparer. Il lui fallait quelques souvenirs, tout de même. Elle ouvrit la lettre et son cœur eut un raté alors qu’elle se rendait compte que l’école l’acceptait entre ses rangs. Les cas comme le sien lui paraissaient rares, puisque chaque école de sorcellerie avait sa façon d’enseigner. Peut-être que c’était quelque chose de bien plus courant qu’elle ne le pensait, mais un honneur immense s’abattit sur son esprit : elle était fière d’elle et voulait relever ce nouveau défi. Tsukuyomi sauta sur la table et son bec rencontra une petite clé qu’elle avait laissé traîner. Il s’agissait de l’unique chose qu’Hazael lui avait léguée, ainsi qu’un mot énigmatique, qu’elle trouvait presque cliché : Quand tu te sentiras prête. Hazael F. Elle savait où trouver ce que cette clé ouvrait : elle avait vus des clés similaires lorsqu’elle était allée à Kyoto. On glissait un message dans la boîte correspondante et on l’accrochait parmi d’autres, dans des jardins publics. Sasha soupira. Elle avait donc laissé bien laissé ses secrets au Japon. Mais il lui faudrait du temps avant de s’y rendre de nouveau. Après tout, on l’avait crue mature, et elle l’était tout particulièrement. Mais elle était surtout humaine, ce qui restait sa plus grande force et sa pire faiblesse.

(c) cosmic dust


Dernière édition par Sasha C. Faust le Sam 28 Mai - 15:13, édité 7 fois
Leviathan Faust
admin - shame to die with one bullet left
Leviathan Faust
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Message Re: if you wake up at a different time, in a different place, could you wake up as a different person ? (sasha)
par Leviathan Faust, Jeu 26 Mai - 18:21 (#)
Preums

wuuuuut

EDIT:

non mais c'est quoi ce manque de respect du au paternel? roll roll euh novice. Je t'en prie. j'étais pas la seule à pas connaître la fonction "citer multiple" s't'eu plaît.

(sou, ma vengeance sera terrible. crains mon courroux)

wesh.

OMG COMMENT JE SUIS CONTENTE DE TE VOIR  ICI Han!
Jessica est trop belle dead dead les gènes de malade jaredditoui j'espère que t'en es fière roll

J'AI TROP HATE D'AVOIR DES LIENS PARCE QU'ON EN A QUE DALLE HOHOHOHOHOHOHOHOHHO

quand je lis le nom de ton patronus, j'ai la voix de naruto en tête #références
en vrai t'essayes de faire hipster avec ta forme unique avoue wuuuuut

EDIT 2:
bienvenue btw
faut que je matte supernatural à cause de toi


Dernière édition par Leviathan M. Faust le Jeu 26 Mai - 20:59, édité 3 fois
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Message Re: if you wake up at a different time, in a different place, could you wake up as a different person ? (sasha)
par Invité, Jeu 26 Mai - 18:21 (#)
louise


EDIT: LOUISE JE T'AI TELLEMENT GRUGÉE Twisted Twisted Twisted Twisted

BIENVENUE CHEZ LES FOUS ELSA ALBERT ALBERT ALBERT

J'ai hâte de jouer notre lien, trop de traîtres dans cette famille ça va plus. Igor

J'espère que tu te plairas ici, ça me fait trop plaisir de te voir enfin avec la petite Sasha Brille Brille Brille
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par Invité, Jeu 26 Mai - 18:28 (#)
du love et des boules non mais RIP

AH BAH ENFIN wuuuuut bienvenue officiellement if you wake up at a different time, in a different place, could you wake up as a different person ? (sasha) 3702258196
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par Invité, Jeu 26 Mai - 18:28 (#)
Bienvenuue, bon courage pour ta fiche Brille

Faudra qu'on ait un lien vu que je suppose que tu es de la famille de Levi qui est le parrain de Seb jaredditoui
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Message Re: if you wake up at a different time, in a different place, could you wake up as a different person ? (sasha)
par Invité, Jeu 26 Mai - 18:30 (#)
ELSAAAAAA Han! NONPASAUBAAAIN Ça fait tellement plaisir de te voir enfin ici, bienvenue ! love

Du love et des boules. Beaucoupdeboules. PARTY HARD
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Message Re: if you wake up at a different time, in a different place, could you wake up as a different person ? (sasha)
par Invité, Jeu 26 Mai - 18:46 (#)
bienvenue et bon courage pour ta fiche love
très bon choix d'avatar Brille
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Message Re: if you wake up at a different time, in a different place, could you wake up as a different person ? (sasha)
par Invité, Jeu 26 Mai - 19:04 (#)
Bienvenue ici if you wake up at a different time, in a different place, could you wake up as a different person ? (sasha) 1094600113
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par Invité, Jeu 26 Mai - 19:13 (#)
Bienvenue parmi nous NONPASAUBAAAIN
Cette demoiselle promet en tous cas roger j'aime beaucoup les prénoms et la bouille hihi
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par Invité, Jeu 26 Mai - 19:14 (#)
Bienvenue Han!
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par Invité, Jeu 26 Mai - 19:28 (#)
(j'ai tenté la citation multiple j'ai réussi c'est merveilleux  Chou )

Leviathan M. Faust a écrit:
Preums

wuuuuut

HOHOHOHOHOHOHOHOHHO  HOHOHOHOHOHOHOHOHHO  HOHOHOHOHOHOHOHOHHO

Roshario Brown a écrit:
louise


EDIT: LOUISE JE T'AI TELLEMENT GRUGÉE Twisted Twisted Twisted Twisted

BIENVENUE CHEZ LES FOUS ELSA ALBERT ALBERT ALBERT

J'ai hâte de jouer notre lien, trop de traîtres dans cette famille ça va plus. Igor

J'espère que tu te plairas ici, ça me fait trop plaisir de te voir enfin avec la petite Sasha Brille Brille Brille

COMMENT T'AS TELLEMENT GRUGÉ LOUISE OMG SOU LA PERFECTION  Chou en même temps Louise c'est un peu une novice avouons le  hihi
Ma Sou  Daengelo tu avais dit que tu allais me convaincre lors de notre rencontre et me voilà  dead you're so fab  dead CA MÉRITE UN HAÏKU  wuuuuut merci  wuuuuut  wuuuuut

Nahuel E. Irwin a écrit:
du love et des boules non mais RIP

AH BAH ENFIN wuuuuut bienvenue officiellement if you wake up at a different time, in a different place, could you wake up as a different person ? (sasha) 3702258196

toi  Daengelo OUI LA RÉFÉRENCE ULTIME  HOHOHOHOHOHOHOHOHHO  HOHOHOHOHOHOHOHOHHO je me suis faite désirer parce que je suis comme ça c'est tout  8) merci Emrys le plus cool  8)  8)

Sebastian D. Prince a écrit:
Bienvenuue, bon courage pour ta fiche Brille

Faudra qu'on ait un lien vu que je suppose que tu es de la famille de Levi qui est le parrain de Seb jaredditoui

Merci  Daengelo avec plaisir pour le lien Brille  Chou

Orpheus Von Sachsenheim a écrit:
ELSAAAAAA Han! NONPASAUBAAAIN Ça fait tellement plaisir de te voir enfin ici, bienvenue ! love

Du love et des boules. Beaucoupdeboules. PARTY HARD

AËL  if you wake up at a different time, in a different place, could you wake up as a different person ? (sasha) 1094600113  if you wake up at a different time, in a different place, could you wake up as a different person ? (sasha) 1094600113 i miss you le vendredi  wuuuuut reviens  wuuuuut ça fait tellement plaisir d'être là  TT duloveetdesboules (etdesliens, je te stalkerai bientôt  wuuuuut )

Merci à tous et à toutes, vous êtes beaux dead mention spécial pour Knight, Vincent est canon Daengelo j'écris vite ma fiche, j'ai hâte de rp avec tout ce beau monde siffle
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par Invité, Jeu 26 Mai - 19:33 (#)
ELSAAAAA Twisted il était temps omg dead
t'es belle Chou bienvenue ici hihi et nous faut un lien digne de tomlet wuuuuut #tomletauxherbes
JE TE JETTE DES BOULES DESSUS OK Daengelo Daengelo Daengelo

EDIT: j'avais pas vu ta signature made in perfection, j'approuve bave
O. Jill Peverell
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Message Re: if you wake up at a different time, in a different place, could you wake up as a different person ? (sasha)
par O. Jill Peverell, Jeu 26 Mai - 19:40 (#)
Welcome Chou Ça promet wuuuuut
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par Invité, Jeu 26 Mai - 19:43 (#)
Bienvenue dans le coin Han! Ange
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Message Re: if you wake up at a different time, in a different place, could you wake up as a different person ? (sasha)
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