Ma journée se passa comme à peu près toutes les autres. J'allais en cours, je me faisais remarquer en cours de Potion, j'allais manger avec mes camarades de maison, puis je traversais le parc pour m'installer dans un coin tranquille où je pouvais lire le livre que ma mère m'avait envoyé la veille. J'aimais bien cette petite pause dans ma journée. ça m'évitais de voir toutes ces têtes de moldus que j'avais de plus en plus de mal à m'encadrer. Je me contrôlais de moins en moins envers eux d'ailleurs. Plus ça allait, plus j'avais envie de les attaquer. Mais je devais rester discrète et rusée, sinon je ne resterai pas longtemps au château. Je prenais donc du temps seule pour me calmer un peu. Ma mère étaient un peu "folle". Disons que depuis la mort de mon père, elle avait pas mal déprimé et était parti dans un délire particulièrement noir. Les livres qu'elle m'envoyait reflétaient pas mal son état, et je devais avouer que pour une détente, c'était assez violent. Mais je m'y était habituée. Et dans ce genre de livre, j'apprenais pas mal de choses. Tout comme mes sœurs. Lila avait d'ailleurs hérité de la folie de notre mère, phobie du noir, epilepsie juvenille, elle en plus sacrément mythoman. La petite dernière n'a pas non plus était en reste. Lio est d'un sadisme indescriptible, elle peut également paraître méchante, mais par dessus tout, sa folie selon moi provient du fait qu'elle ne voit pas en les moldus que du mal. C'est certainement cela qui fait que j'ai du mal à m'entendre avec elle. Nos avis divergent de trop. Et ni ma famille, ni moi-même ne comprenons d'où ceci vient. Je n'ai d'ailleurs pas vraiment cherché à comprendre.. Mes cousins et cousines ne sont pas en reste. Nous vivons tous dans le manoir d'Alistair et Elionoir. Ils s'occupent bien de maman, et nous nous entendons tous à peu près bien.

C'est alors que j'entendis des bruits de feuilles craquer sous le poids d'un pas qui se voulait discret. Je levai lentement les yeux, posant mon livre sur le sol et empoignant ma baguette. « Stupéfi... » « EXPELIARMUS ! » Une fraction de seconde s'été passée tandis que je m'été levée, baguette à la main. Je venais de désarmer un garçon, certainement de mon âge, qui se précipitait déjà sur sa baguette. Je la fis alors voler jusqu'à ma main libre. M'approchant finalement de lui, un regard méchant le transperçant, mais avec une voix très calme. « Je rêve ou tu as essayé de m'attaquer par derrière ? » Le garçon, pas particulièrement déstabilisé soutenait mon regard avec des yeux d'un bleu étonnement clair qui me rappelaient vaguement quelqu'un. « Rends-moi ma baguette, tout de suite ! » J'éclatai de rire. « Sérieusement ? Tu crois vraiment que je vais te rendre ta baguette comme si de rien était ? » Je repris un air très sérieux. « D'abord tu m'expliques qui tu es et qu'est-ce que tu me veux. » J'avais déjà une petite idée du personnage. Sa robe de sorcier et son écharpe indiquaient qu'il appartenait à Griffondor, une maison qui abritait la plupart du temps les moldus. Je le vis alors s'approcher encore plus de moi, un rictus de colère collé sur son visage. Il aurait pu faire peur à n'importe qui, mais pas à moi. Je n'avais pas non plus l'air de lui faire peur donc.. « Je ne veux que rétablir l'ordre. Tu as l'air si fière de ta famille... Mais ce sont tous des monstres ! Ils ont tués des innocents. Et bien que je pense que tu n’ai encore tué personne, je suis certain que tu vas t'y mettre également. » J'affichai un sourire narquois. « Exactement. Tu sais maintenant ce qu'il peut t'arriver si tu oses m'attaquer de la sorte encore une fois ! » C'est alors que je compris pourquoi ces yeux me parlaient tant ! C'était les mêmes que j'avais vu sur le visage du mage qui avait tué mon père 8 ans plus tôt. Je m'apprêtai à lancer un sort mortel lorsque j'aperçu notre professeur de potion qui nous dévisageait. « Je sais qui tu es. Et crois-moi, tu ne perds rien pour attendre ! » Je lui collai sa baguette sur le torse puis ramassai mon bouquin avant de m'éloigner d'un pas pressé.

Ce léger accrochage entre le né-moldu et moi-même resta entre nous. Je crois même qu'aucun de nous ne l'a raconté à quiconque et mis à part ce prof, personne n'a su que nous nous étions parlé. Donc, après cela, nous n'avons plus eu de contact. Personnellement, j'avais prévu de m'occuper de son cas au moment opportun. De son côté, je pensais qu'il avait bien trop à perdre pour s'aventurer à m'affronter. Alors, quand on se croisait dans les couloirs, on se jetait des retards froids, méchants même. C'était à celui qui plierait le premier. Mais nous étions tous les deux biens déterminés et il était hors de question de craquer. Jusqu'au jour où, suite à ce même regard qu'on échangeait tous les jours, je me sentis rougir. Ce fut une grande surprise pour moi. Je ne suis pas le genre de rougir. Et puis, certes j'avais eu des attirances pour des garçons, mais j'étais trop fière pour les approcher. Ça devait être eux qui venaient vers moi, limite en rampant, pour avoir un minimum de mon estime. Être sang-pur était d'ailleurs la première condition. Ce qui faisait que cette petite rougeur était encore plus étonnante ! Le jour suivant, je ne le vis pas, le surlendemain non plus, et je ne le revis plus une semaine durant. J'étais presque déçue. Ce défi me manquait. J'avais presque besoin de cet échange. En même temps, on y était tout les deux habitués depuis des années.

Le lundi d'après, je le croisai, dans un couloir complètement désert. Un mini-sourire était apparut un quart de seconde sur mon visage puis son regard se posa sur moi. Je levai le menton, l'air fier, en effaçant immédiatement mon sourire pour le remplacer par une bouche pincée. Je marchai d'un pas assuré, mes yeux rivés sur lui, avec cette même froideur à laquelle il était maintenant habitué. La seconde d'après, je me retrouvais plaquer contre le mur, son bras gauche plaqué contre mes épaules et la pointe de sa baguette appuyée sur mon cou. « Je me trompe ou tu es en train de craquer Mills ? » Un sourire amusé, limite triomphant, trônait sur son visage. Je levai les yeux au ciel. « Qu'est-ce que tu baves sang de bourbe ?! » Je sentis la baguette s'enfoncer un peu plus dans mon cou. J'avais touché un point sensible. J'en profitais pour essayer de me dégager, mais son emprise sur moi était trop forte. Un rire sarcastique sorti alors de ma bouche. C'était ce que je faisais souvent quand je n'avais rien à ajouter. Et en général, je m'en allais ensuite la tête haute. Seulement ça n'était pas vraiment possible ici, et ce rire eut beaucoup moins d'effet qu'à l'accoutumée. « Ne fais pas l'innocente.. Je t'ai observée cette semaine. Avoue que j't'ai manqué ! » Légèrement surprise, je m'efforçai tout de même de ne pas le montrer. J'étais prête à répliquer lorsqu'une voix s'éleva derrière nous.  « Monsieur Fitzgerald, vous êtes prié de lâcher votre camarade sur le champ ! » Il s'exécuta, ne me lâchant pas du regard. C'était le même professeur de potion qui nous avait vus quelques années plus tard.  « Je ne sais pas à quoi vous jouez tous les deux, mais croyez-moi, je garde un œil sur vous ! » Il nous ordonna alors de regagner nos maisons. Il avait certainement deviné la raison de nos accrochages. Ça paraissait évident. Nous étions tous deux connu pour nos révoltes respectives, lui défendant les moldus, moi les sangs-purs.

1979 Un an plus tard. Nous avons arrêté de nous lancer de regard Fitzgerald et moi-même. Pour la simple et bonne raison que je pensais que l'ignorer était la meilleure solution de vengeance. Je n'avais pas oublié tout le plan que j'avais autour du sort que je lui réservais. Il allait payer pour ce que son père a fait à mon père, et pour m'avoir attaquée de la sorte deux fois. J'avais prévu de terminer mes études en médecine magique, histoire de sortir du contexte de Poudlard. Je m'intéresse cependant beaucoup à la médicomagie. Savoir ce qu'il se passe dans la tête des gens. Et surtout, pouvoir les manipuler. Je pourrais d'ailleurs utiliser cela sur Fitzgerald. Peut-être que le temps assez long que je mets à me décider est due à une autre raison. Peut-être que j'avais craqué. Mais ça n'était pas possible. Ma philosophie en serait totalement retournée. C'était inconcevable.