Une naissance honteuse, un secret bien gardé, une nuit d'hiver. On a menti, pour sauver l'honneur de la famille. On a triché, on a sali, mais qu'importe tout ce qui a toujours compté c'est le prestige, le regards des gens. Les Fitch sont des sangs purs, tous autant qu'ils sont. Fiers comme des coqs, comment accepté de divulguer cette immonde infidélité ? Le sang impur qui coule dans ces veines, dans tes veines, est un secret pour tout le monde. Même pour toi, principale concernée. Tu as grandi dans l'illusion, le mensonge le plus complet. On t'a apprise à être fière, à travailler, à mépriser les sangs mêlés. Nul n'a sa place avec un sang dilué, pollué d'ondes moldues. C'est ce que dit ta mère, à peu près tous les jours depuis ta naissance. Comme pour tromper la honte, se jouer de la réalité. Elle balaie la vérité, le dégoût, à coup de mensonge gros comme le monde. Ta mère a toujours été distante, froide. Elle n'a pas apprécié le fait que tu ne sois pas capable d'utiliser la magie avant un certain âge. Elle n'a pas accepté ton comportement désinvolte, ton mépris des règles, tes fréquentations. Parce que toi, t'en as jamais rien eu à faire de ces histoires. Toi, tu ne vois pas les différences. C'est dans les veines, dans le corps, rien ne change. Les gens sont les mêmes. Les gens sont gentils, intelligents, poli. Peut-être plus parfois que ceux de bonnes familles. Ces sangs purs que fréquente ta famille. Ca a toujours accentué sa difficulté à t'accepter, à te considérer comme sa fille. Vous n'avez rien en commun, pas même le sang ou les gênes et ça, elle a toujours eu du mal à l'encaisser. Ton père a toujours été volage, un peu par ci, un peu par là. Faut dire que c'est un bel homme ton père. Il impose le respect, il a un charisme que même toi tu envies. Il ne s'est jamais privé, ou très peu. Du moins, tu l'as toujours soupçonné de rompre le contrat, mais tu ne lui en as jamais voulu. Alexander Fitch est admirable, Irina Fitch si froide et détestable. Comment ne pas voyager ? Ton père, c'est un peu la seule figure parentale que tu ais eu. Il a beaucoup changé au fil du temps. Il était très aimant et présent lorsque tu étais petite, mais plus tu grandissais, plus le fossé qu'il y a désormais entre vous c'est creusé. Il est devenu plus distant, plus ferme avec toi. Il n'a jamais cautionné ton comportement, ton idée au sujet des moldus, des impurs. Il a toujours eu quelque chose à redire sur ta pratique de la magie, sur tes ambitions, tes résultats. Jamais assez bien. Il est devenu de plus en plus rude, jusqu'à complètement devenir un mur lorsqu'il t'a surpris à te laisser aller avec une fille. Rien de bien méchant. Une attirance, un baiser, des sentiments. C'était naturel. Le seul problème, c'est que les filles sont faites pour aimer les garçons. T'as bien essayé de lui expliquer que t'étais du genre à aimer les deux, que pour toi la barrière du sexe n'existait pas, mais il n'a rien voulu entendre. Une fille, ça n'aime pas une autre fille. C'est comme ça, pas autrement. Elle t'avait retourné la tête. Retourné le cœur. Elle te faisait chavirer, bordel que tu l'aimais. T'aurais tout donné pour son sourire, son doux regard, sa peau si douce et pâle. Mais, il n'était pas du même avis. Tout s’est passé rapidement. Les choses se sont enchaîné à une vitesse non soupçonné. Des hurlements. Une décision. Elle avait disparu. Où ? Comment ? Des questions sans réponses. Tu ne sais pas, tu n'as jamais su. Il te l'a enlevé. Ce jour-là, ton cœur a explosé. T'as vu le bonheur te glisser entre les doigts. Amer. C'était amer. C'est toujours amer. T'as pleuré, des jours durant. T'as dû mentir, faire bonne figure. Monsieur Fitch est très persuasif, très influent. Un sang pur que tout le monde respect. Un sorcier connu et reconnu. T'as pas eu le choix toi. T'as dû l'oublier. T'as essayé, encore et encore. Puis, t'as fini par te forger une nouvelle identité. Tu t'es endurcie. T'as trouvé un but ; le surpasser. A force d'entendre ses discours, tu t'es conditionné. Puis, t'as fini par y trouver une certaine vérité. Au fond, tu lui en voulais, tu lui en as toujours voulu, mais t'avais ce besoin de le rendre fier. Tu l'as toujours eu. Une sorte d'esprit de compétition, une envie d'y parvenir. Peut-être que t'as toujours eu ce trou dans le cœur. Ce vide immense qui laisse incomplet. Peut-être qu'il l'a juste accentué en t'enlevant Iris. Et, peut-être même que ça n'a jamais rien eu avoir avec elle. Peut-être que ce n'était qu'une pièce indépendante du puzzle. T'as jamais su, tu ne le sauras surement jamais. Tout ce que tu sais, c'est que tu ne l'as pas oublié, qu'on te pousse dans les bras d'un cousin sang pur, que t'as ton père à surpasser. C'est déjà bien assez. Tu ne sais même pas comment faire face. Tu vas finir par te noyer un jour, c'est une certitude.