BELLUM PATRONUM
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Version 34
Nouveau tournant, nouvelle version installée ainsi que les nouveautés qui vont avec ! Vous pouvez la commenter ici.
Groupes fermés
Les sang-purs étrangers sont fermés. Redirigez-vous vers les familles de la saga ou des membres.
équilibre des groupes
Nous manquons d'étudiants, de membres des partis politiques Phénix et Gardiens. Nous manquons également de Mangemorts.
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| you sold your soul to feed your vanity, your fantasies and lies (jasper) | | | you sold your soul to feed your vanity, your fantasies and lies (jasper) par Invité, Mar 3 Nov - 19:27 ( #) | Jasper Tobias Nott ft. Bill Skarsgard sang-pur 21 ans Célibataire, libre comme l'air Asexuel et Aromantique Cursus Enseignement Magique, parcours Recherche Chauve-souris et vautour pro-mangemort par son éducation, refuse la subordination crédit images | |
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] À propos Nom: Nott, illustre famille de sang-pur ayant un goût très prononcé pour les ténèbres. Le sang pourri de cette famille coule dans ses veines, corrompt son âme. Comme eux, Jasper est maudit à sa façon. Longtemps, il a essayé de se persuader qu'il était différent mais au final, il ne vaut guère mieux que les autres, il est exactement comme eux, torturé, maudit et étrange. Prénom: Jasper, Tobias. Jasper fait évidemment référence à Jasper Tudor, l'oncle du futur Henri Tudor, père d'Henry VIII et Tobias, un nom maintes fois extrait de la lignée, prénom de nombreux aïeux. Âge et Date de Naissance: Jasper est né le 21 janvier 1959, il est du signe du Verseau et il approche tout doucement des 22 ans. Nature du sang: Sang-pur, évidemment, comment pourrai-il en être autrement? Situation familiale: Jasper est le fils unique de Liber Nott et d'une Yaxley, qu'il n'a jamais connue puisqu'elle est morte en lui donnant la vie. Père et fils ne s'entendent pas très bien, ils n'ont quasiment aucun lien et pour cause: Liber s'est rapidement désintéressé de l'enfant, le confiant tout d'abord à la famille de son épouse décédée, puis à ses propres parents qui l'ont élevé comme si Jasper était leur fils. Knight Lupin est le parrain du jeune Nott, ils sont beaucoup plus proches que Jasper l'aura été de son père. L'esprit de famille étant aux sang-pur ce qu'il est, Jasper n'est pas très proche de sa famille, néanmoins, tout ce qu'il fait doit être fait dans l'intérêt du clan. Patronus: Le patronus de Jasper se prénomme Janus et il prend tantôt la forme d'un chauve-souris, tantôt d'un vautour. Miroir du Rised: La Connaissance universelle, élucider tous les secrets du monde Epouvantard: des chaînes, une cage, la sensation d'étouffer, la claustrophobie... En bref, tout ce qui est susceptible de nuire à son indépendance et à sa liberté. Composition de la baguette magique: La baguette de Jasper est faite de bois d'if et de crin de licorne, elle mesure vingt-cinq centimètres, elle est très souple et très rapide, en plus d'être d'une grande précision. Elle est particulièrement efficace pour le combat. Etudes Suivies: Jasper est en enseignement magique, parcours recherche. Il est très intéressé par les arts occultes et les arcanes sombres de la magie. Ses options sont arithmancie, astronomie et histoire de la magie. En raison de son don de voyance, Jasper a toujours boycotté le cours de divination, considérant que ce cours est du foutage de gueule et que l'enseignant(e) est un charlatan. Animal de compagnie: Aucun | Caractère L'âme de Jasper est incontestablement maudite. Il est profondément torturé, attiré par le morbide et le décadent, par la connaissance du monde et le pouvoir. Il oscille en permanence entre deux extrêmes, tantôt il est froid et manipulateur, dénué d'empathie, parfois ses émotions bouillonnent et explosent, occasionnant de nombreux dégâts. Jasper est animé par une force destructrice et autodestructrice qui n'est guère compréhensible par son entourage. Fou, cinglé, flippant sont des qualificatifs qui reviennent souvent lorsque l'on parle de lui. Il est vrai que Jasper n'a pas grand-chose de sympathique et avenant, il est doté d'une beauté froide et cruelle, comme s'il eut été gravé dans le marbre.
Il est vrai que Jasper est intelligent. Il aime lire - il s'inspire énormément du Prince, de Machiavel - il se laisse facilement envoûter par les secrets les plus sombres de la magie, il est attiré par les ténèbres comme un insecte est attiré par une flamme. Il rêve de détenir toute la connaissance du monde, il est perpétuellement en quête de perfection. Jasper a un esprit très rationnel et analytique. Il passe son temps à analyser, décortiquer, anticiper, il observe, étudie dans les moindres détails, rien n'échappe à son regard avisé. Il ne ressent ni honte, ni empathie, ni culpabilité, en fait, il est rongé par la colère et l'amertume, une profonde rancoeur lui tord les tripes et annihile sa raison. Jasper est violent, colérique et il démarre au quart de tour, fonçant dans le tas sans se poser de questions: il cogne et parle ensuite. Il s'est d'ailleurs plusieurs fois retrouvé en retenu pour s'être bagarré avec ses camarades.
Pourtant, on ne peut pas dire que Jasper est du genre turbulent. D'ordinaire, il est plutôt très calme, réservé, presque asocial. Il hante les rayons de la bibliothèque, passe son temps à étudier, à se prendre de passion pour un domaine précis puis se lasser. Jasper se lasse très rapidement, rien ne captive son intérêt suffisamment longtemps. Ce qui peut être un problème dans un monde où on impose aux étudiants de savoir "ce qu'ils veulent faire plus tard" car Jasper ne sait tout simplement pas.
Jasper est profondément indépendant, idéaliste et il refuse toute forme de subordination, que ce soit hiérarchique ou jurer allégeance à un quelconque maître. Jasper n'a ni dieu ni maître, il refuse de laisser son esprit se faire gouverner par de telles chimères. Les mauvaises langues prétendront qu'il est anarchiste. C'est peut-être vrai, allez savoir. Quoiqu'il en soit, Jasper éprouve de grosses difficultés à respecter la hiérarchie et les règlements. Il refuse d'être prisonnier d'un quelconque carcan, il tient à sa liberté comme à la prunelle de ses yeux. Il s'est également affranchi des règles de la morale, il se fiche bien de la notion du bien et du mal, il se contente de suivre ses propres règles, ses propres principes. C'est la raison pour laquelle il paraîtra amoral, d'autant plus qu'il est bien incapable d'éprouver des remords ou de la culpabilité. Il est profondément égoïste, souvent taxé de sans-coeur, il ne connaît ni la compassion, ni l'altruisme.
Dans le fond, Jasper est profondément lâche. Il dispose de nombreuses stratégies d'évitement, il fuit les responsabilités autant que possible et n'hésite pas à laisser les autres dans l'embarras pour sauver sa peau. Aussi ne répugnera-t-il pas à mentir pour couvrir ses arrières, il fera même porter le chapeau aux autres. Jasper n'est absolument pas digne de confiance, pas fiable et profondément égoïste. Intelligent, rusé, c'est un fieffé manipulateur qui ne recule devant rien pour parvenir à ses fins. C'est pour cela qu'il apparaît toujours confiant, sûr de lui, aucun doute ne vient ébranler ses traits qui semblent figés. On peut même dire qu'il est enveloppé d'une aura d'intelligence, de prestance, il sait convaincre et surtout persuader en jouant sur la corde sensible. Il sait user de la subtilité quand cela s'avère nécessaire. Bien qu'il s'exprime dans un langage volontairement pédant, il peut faire preuve d'une incroyable vulgarité, fort peu digne de l'éducation qu'il a reçu. Il n'hésite jamais à employer des termes crus et sans équivoque, qui ne laissent aucune place à l'imagination. Dans tous les cas, il semble toujours avoir une longueur d'avance sur les autres, il se permet même le luxe de les mener en bateau et de brouiller les pistes.
| [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Patronus Le patronus de Jasper prend la forme d'une chauve-souris et d'un vautour. Deux animaux de très mauvais augure puisque le premier nourrit les nombreux mythes de vampires et le second est réputé pour être un charognard, attendant la mort de ses victimes pour les dévorer sans les chasser. Deux caractéristiques qui correspondent étrangement bien à Jasper, qui ne s'est jamais caché de vampiriser les gens qu'il côtoie, quitte à drainer tout ce qu'il y a de positif en eux. Pourtant, entre Jasper et son patronus, ça n'a jamais été le grand amour, ça ne le sera sans doute jamais. Le jeune homme l'a appelé Janus en référence au dieu romain. Janus est le dieu des commencements et des fins, des choix à prendre et des portes qui s'ouvrent et qui se ferment. Qui d'autre aurait pu illustrer le mieux la dualité de Jasper que ce dieu aux deux visages opposés?
Janus essaie autant que possible de raisonner Jasper, de lui faire comprendre le monde qui l'entoure, si bien qu'il paraît cruellement moralisateur aux yeux du jeune homme. Jasper ne l'écoute pas, il l'ignore, il le dédaigne, il déteste cette partie de lui et encore plus les formes que peuvent prendre son patronus. Pourtant, il adore ses ténèbres, il les adule, alors pourquoi rejette-t-il avec autant de véhémence cet avatar de son âme? Cela met Jasper face à ses propres contradictions. Janus est sa conscience, sa part d'humanité, l'entité qui le fait douter, le transformant ainsi en colosse aux pieds d'argile. Si l'Autre n'était pas autant là pour lui faire la morale, peut-être garderait-il ce masque intact, inébranlable. Jasper déteste tellement tout ce qui pourrait le rendre vulnérable aux yeux des autres. Pour lui, Janus n'est qu'un parasite, un emmerdeur, quelque chose dont il voudrait se débarrasser une bonnes fois pour toutes, mais qui est source de frustration puisque cette chose, il doit se la coltiner à vie.
D'ailleurs, Jasper regrette de ne pas avoir été frappé par la peste des patronus. Il aurait aimé voir cette part de lui se disloquer et se dissoudre dans le néant, assister en direct au démantèlement de son âme. Qu'est-ce que cela aurait changé, au juste, son âme était déjà fragmentée, brisée, il n'était plus à un dommage près. Pouvait-on déjà briser quelque chose qui était déjà cassé, fissuré? Il a pourtant fallu qu'il soit immunisé, supportant les diatribes de Janus qui semblaient se multiplier, comme si la Créature avait pour seul but d'emmerder son sorcier. Et Janus ne s'en prive pas, distillant remarque mesquine sur remarque mesquine, assommant le Prince de reproches, de fausse morale, de bons principes. Janus est très probablement sadique et comble les pulsions masochistes de son maître, qui dans le fond se complaît dans toute cette violence et toute cette souffrance, jouissant de son âme torturée.
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Pseudo et âge: styxx (audrey), 25 ans Où as-tu trouvé le forum ? Disons que ça fait un moment que je traîne mes baskets dessus. Personnage: Issu d'une famille de sorciers du livre As-tu un autre compte sur BP ? Ouep, alias Quinn l'emmerdeuse. Présence: 7/7 en ce qui s'agit de la connexion, pour le rp c'est très aléatoire (flemme, obligations, pannes d'inspiration, etc) Une remarque ? |
Dernière édition par Jasper T. Nott le Mer 25 Nov - 21:11, édité 7 fois |
| | Re: you sold your soul to feed your vanity, your fantasies and lies (jasper) par Invité, Mar 3 Nov - 19:27 ( #) | Histoire Happiness can be found even in the darkest of times [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Chapitre 1. Apreté des sons, tourmente des vents, mémoire...qui m'oublie, qui me fuit. 001. SHADOWS. « Elle est où, ma mère ? » La question tournait en boucle dans ma tête et il n'y avait personne pour y répondre. Se sentant inconfortables, ils faisaient semblant de ne pas avoir écouté. Ignorer les questions d'un enfant était tellement facile quand on voulait taire quelque chose d'embarrassant. Pourtant, il n'y avait rien de plus normal pour un enfant de demander où était sa mère. Il faut dire que je ne l'ai jamais connue, ma mère. On me disait qu'elle était partie, on ne s'attardait jamais sur la question. On balayait mes interrogations comme un vulgaire fétu de paille. Aussi loin que je me rappelle, j'avais toujours suscité la profonde indifférence de mes proches. J'étais le gamin invisible, celui qu'on pouvait oublier facilement quelque part, celui à qui on ne demandait jamais son avis, celui pour le compte duquel on prenait tout un tas de décisions saugrenues. Malgré tout, il demeurait dans mon cœur une certitude : maman n'était jamais partie. Elle ne m'aurait pas abandonnée, jamais. Parce que les mères n'abandonnent pas leurs enfants. « Elle est où, ma mère ? » réitérai-je, bien décidé à avoir une réponse à mes questions. « Pas maintenant, Jasper. » ça aussi, c'était un grand classique. Pas maintenant. Ils n'avaient jamais le temps de toute façon. Il y avait toujours mieux à faire. C'était l'histoire de ma vie, je passais toujours au second plan. Je n'étais que peu de chose dans ce monde et on me le faisait bien comprendre. Et dans l'esprit de l'enfant que j'étais, c'était la confusion qui régnait en maître, la confusion qui devenait peine et ensuite haine. Je n'étais rien, je ne serai jamais rien. Ma vie dépendra toujours d'autres personnes, je serai toujours subordonné à d'autres, plus puissants que moi. Qu'y-avait-il de mal à rejeter cette idée ? Je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas parce qu'on ne m'expliquait pas. Je voyais les gens défiler autour de moi sans jamais savoir à qui j'avais affaire. Mon monde était uniquement constitué d'ombres qui filaient sans demander leur reste, sans jamais m'accorder un seul regard. L'enfant que j'étais ne comprenait pas pourquoi ce silence, pourquoi cette indifférence, pourquoi je n'étais rien alors que dans d'autres familles les enfants représentaient tout. x 002. NIGHTMARES. J'ai toujours eu peur du noir et des ombres qui accompagnent l'obscurité. J'ai peur qu'elles attendent tapies dans l'ombre pour me croquer. J'ai toujours eu peur de la pénombre qui oppresse, théâtre de mes angoisses nocturnes. Je ne pouvais fermer l'oeil sans sentir la peur m'étreindre la gorge, sans sentir l'effroi me glacer l'échine. Pour que je consente enfin à sombrer dans un sommeil sans rêves, il me fallait l'obscurité la plus totale. Je ne supportais pas la lumière, les formes qui se dessinaient ça et là. J'avais peur du croque-mitaine et je ne l'avais jamais avoué à personne. Pourtant, ces angoisses étaient bien réelles. Dans ces moments là, je sentais la panique monter crescendo d'heure en heure, la peur qui me mordait les tripes, les sueurs froides me dévaler le dos. Ce soir là, j'avais réussi tant bien que mal à m'endormir. Je n'arrêtais pas de remuer dans mon lit, en proie à mes démons intérieurs. Je voyais ces formes bouger, danser sous mes yeux, cruelles et inquiétantes. C'était des images floues, indistinctes, confuses, auxquelles je ne comprenais rien du tout. C'était des enchaînements de sensations, d'impressions, de sentiments divers et variés qui ne m'appartenaient pas, qui n'étaient pas moi. Le tout nourrissait le monstre tapi dans l'ombre et auquel personne ne croyait. Personne ne venait le chasser et me dire que tout irait bien, qu'il n'allait pas me manger. Il y avait des larmes, du sang et des cris, des éclats de voix qui me vrillaient le crâne. « Maman. » murmurai-je, en proie à une terreur indicible. L'angoisse empoisonnait mon sang, elle se distillait dans mes veines et dans mon cœur, elle gangrenait même mes neurones. J'avais les poumons comprimés par l'effet de l'anxiété, le cœur qui cognait dans ma poitrine comme un forcené, les larmes qui me montaient aux yeux. J'avais toujours ce goût de sang dans la bouche, la nausée au bord des lèvres et j'étais incapable de me réveiller. J'étais prisonnier de mon propre corps, de mon propre esprit, mes membres ne répondaient plus aux ordres donnés par mon cerveau. « MAMAN ! » C'était un hurlement viscéral, qui venait du fond des tripes. Je sentais la vie peu à peu quitter mon corps, l'asphyxie qui me guettait, je me débattais comme un beau diable. Au point même que je ne réalisai pas que deux bras fermes m'avaient empoigné pour tenter de me maîtriser. J'ouvris brutalement les yeux, renouant avec la réalité. J'étais en nage, l'épouvante dansait au fond de mes yeux et j'avais des fourmillements un peu partout. Je clignai des yeux, hébété comme une taupe en plein jour. Il y avait cette voix douce qui essayait tant de me rassurer. Ce n'est rien, ce n'est rien d'autre qu'un foutu cauchemar. Mais moi, je savais bien que ce n'était pas que ça, qu'il y avait autre chose. Et par dessus tout, je venais de me rendre compte d'une chose d'une importance capitale : ma mère ne m'avait pas abandonné, jamais. J'ignorais comment un tel phénomène pouvait être possible, mais j'étais persuadé d'avoir vu le moment où elle avait perdu la vie. Plus encore, je venais de vivre l'instant où j'étais venu au monde.
003. DEATH. La mort peut frapper n'importe qui, n'importe où, n'importe quand. Parfois il y avait des signes précurseurs et d'autres fois non. La mort fascinait autant qu'elle pouvait effrayer, il n'y avait jamais de demi mesure, c'était la loi du tout ou rien. En fin de compte, il n'y avait que les vivants qui souffraient de l'absence. Le plus dur était de combler le vide que les êtres chers laissaient quand ils disparaissaient et même que parfois, le vide ne se refermait jamais. Lorsqu'on me pose la question Est-ce que tu as déjà vu la mort? je ne savais jamais quoi répondre. Comment expliquer que je la voyais au sens littéral du terme, que je voyais les autres tomber avant qu'ils n'expirent ? Comment vivre quand tu sais quand viendra la dernière heure de ceux que tu aimes ? J'aurais pu prévoir, anticiper, m'adapter mais la douleur était toujours aussi vive, aussi dévorante. Elle rongeait les chairs comme le plus corrosif des acides. En plus de cela, il y avait la culpabilité. Je savais mais je n'avais rien dit, j'avais laissé faire. Je ne pouvais de toute façon rien faire contre le destin. Je l'avais vue mourir mon aïeule, quelques jours avant son agonie. C'était une vision qui m'avait saisi en plein jour, figé en plein élan. J'avais senti mon propre environnement se brouiller, devenir flou. Mon corps n'était plus que coton ou gelée, mes capacités sensorielles semblaient s'accroître comme jamais. J'étais ailleurs et pourtant bel et bien présent.
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Grand-Mère? Je m'approchais du lit de l'aïeule, inquiet de ne pas la voir bouger. Elle semblait si paisible, ses cheveux étalés sur l'oreiller comme une auréole, on aurait dit un ange. J'avançais mes doigts pour toucher sa joue toute ridée. La chair était encore tiède sous mon toucher. Elle dormait peut-être...Pourtant, quelque chose dans l'atmosphère changea. L'angoisse vint me prendre aux tripes. C'était une angoisse indicible, terrifiante, paralysante, qui m'empêchait de tourner les talons et de quitter la pièce. Je pris sa main dans la mienne. Elle ne réagit pas. Je serrais un peu ses doigts, espérant qu'elle sente ma présence. Elle avait un peu froid aux mains, alors, je les serrais entre les miennes pour les réchauffer. Elle ne bougeait pas, elle restait désespérément immobile, comme une statue de sel.
« Jasper ! » s'écria la voix de mon oncle, me faisant sursauter.
Je me reculai brutalement du lit, comme si je venais d'être brûlé vif. La main de ma grand-mère retomba mollement sur le matelas rebondi. Je levai les yeux vers mon oncle, son fils, le frère de maman. Il me prit par l'épaule pour m'éloigner.
« Tu ne dois pas rester là. » m'ordonna-t-il en me poussant fermement vers la sortie. « Allez, viens ! »
Mais elle va être toute seule quand elle va se réveiller, voulus-je protester, mais aucun son ne franchit mes lèvres. Déjà, je m'asphyxiais sur place, comme si je savais, comme si j'avais deviné ce qui était en train de se passer. Mes deux pieds restaient cloués au sol, mes jambes refusaient de m'obéir. Seuls mes yeux bougeaient dans leurs orbites, regardaient tout partout avec une frénésie presque démente. Jasper! Mon prénom résonna dans mon esprit ténébreux, lointain comme un écho. L'écho rebondit plusieurs fois dans ma boîte crânienne. J'avais beau vouloir répondre, je criais dans le vide. ** Il n'y avait plus que cette boîte en bois qui renfermait son corps. Elle était dedans, enfermée dans le noir. Peut-être même qu'elle avait peur. Moi aussi j'avais peur du noir, des démons qui me rattrapent, de ces lutins maléfiques qui corrompaient mon âme et qui se délitait peu à peu. Je sentais l'obscurité m'embrasser, me caresser du bout des doigts, m'empoisonner peu à peu. C'était comme une tâche d'encre sur un tissu et qui refusait de partir. À côté, mon oncle se recueillait. C'était bizarre comme concept, je n'y croyais pas vraiment à tout ça, je me disais que s'il y avait un quelconque dieu sur cette terre, il devait être bien cruel car seuls les meilleurs partaient en premier. Je finis par tourner le dos au cercueil, puis je sortis du mausolée familial d'un pas raide et titubant. Dehors, les cloches tintinnabulaient un peu trop joyeusement à mon goût. Je shootai dans un caillou, ressentant le besoin de me défouler. Ils pouvaient aller se faire voir, je n'irai pas à l'enterrement. Je ne voulais pas voir disparaître sous terre celle que j'avais aimé comme une mère, et qui m'avait traité comme son fils. C'était grâce à elle que j'avais encore cette part d'humanité, que je ressentais encore de la joie, de la tristesse, ou encore, de l'amour. J'aurais aimé pouvoir promettre que j'allais chérir cette partie de moi pendant longtemps, que j'allais tout faire pour la préserver, mais dans le fond, je savais que c'était un mensonge, car tout comme la mort, le mal était inéluctable, c'était sous ma peau, dans mes gènes, c'était mon essence même et je ne pouvais strictement rien y changer. Chapitre 2. Je pars pour l'aventure car ici la vie m'ennuie, recompter les blessures, recompter l'infini. 004. RULES. « Tu te souviens de ce que je t'ai dit, Jasper ? »
Le regard de Grand-père Nott me scrutait, me sondait, semblait vouloir me disséquer sur place. Je soutenais son regard sans ciller, pinçant les lèvres en signe de négation. Pourtant, je me souvenais parfaitement de ce qu'il m'avait dit, puisqu'il me l'avait répété maintes et maintes fois. C'était limpide, clair comme de l'eau de roche, mais je ne voulais pas m'enfermer dans une promesse que je n'étais pas sûr de pouvoir tenir. Me demander d'être docile, discipliné revenait à me demander la lune. Demain, c'était ma première rentrée à Poudlard et tous voulaient que je me comporte comme le digne héritier que j'étais, un descendant d'une illustre famille de sorciers. Dans la bouche de Grand-père Nott, cela impliquait d'adopter plusieurs attitudes :
1- avoir un comportement exemplaire. Sous-entendu, ne pas faire de vagues, ne pas jouer les agitateurs, les fauteurs de trouble. Rester dans les rangs, ne rien faire d'interdit, ne pas dire haut et fort ce que l'on pense. Se faire tout petit, mais pas trop non plus parce qu'il fallait remettre les inférieurs à leur place. Il fallait se faire respecter, en imposer en somme. Il fallait être digne de son rang, digne de son nom, chaque incartade sera sévèrement punie.
2- Ne pas fréquenter n'importe qui. Ça aussi, c'était une règle élémentaire. Il me l'avait rabâchée tellement de fois. Nous étions des sang-pur, nous étions des Nott, nous étions les membres d'une illustre famille et il était de notre devoir de contribuer au prestige de cette lignée. Cela signifiait qu'il fallait bannir les impurs de notre entourage (cf point n°1), leur faire comprendre que nous étions supérieurs en tous points et qu'ils ne seront jamais comme nous. Aussi était-il parfaitement inutile d'essayer de nous approcher, ils ne recevront que du mépris. Par conséquent, il n'était absolument pas envisageable de corrompre cette lignée en s'acoquinant de gentes impures. L'exemplarité était valable jusque dans la vie privée.
3- La famille avant tout. Nous étions une famille, nous étions un clan. Nous étions suffisamment nombreux pour que chacun de nos actes aient une répercussion sur les autres. Le moindre dérapage entraînait un effet domino qu'il fallait stopper au plus vite. Chacun de nos faits et gestes doivent être réalisés dans l'intérêt de notre famille. Notre opinion ne compte pas, même si nous ne sommes pas d'accord nous devons acquiescer. Il fallait penser collectif et non individuel. Nous étions un ensemble, nous étions un tout et nous étions indivisibles. Les dissidents n'étaient aucunement tolérés.
4- Le mérite doit rester l'objectif principal. Certes, notre nom nous confère certains avantages, nous ouvre certaines portes, mais l'oisiveté est extrêmement mal vue. Nous devons travailler, récolter des bonnes notes, s'attirer les faveurs de certains enseignants, fayoter mais pas trop non plus. Il est dans notre intérêt de décrocher nos diplômes haut la main, car les plus hauts postes nous sont assurés. Personne ne doit pouvoir douter de nos compétences, remettre en cause notre légitimité parce que nous étions trop ceci ou pas assez cela. Encore une fois, il s'agit d'honorer le prestige de notre nom. Aucun écart ne sera toléré.
5- Respecter et se faire respecter. Machiavel disait que pour régner, mieux valait être craint qu'aimé. La crainte inspirait le respect, le laxisme engendrait l'abus. Mieux valait être trop ferme que pas assez, quitte à paraître désagréable. Nous étions là pour nouer des relations durables avec d'autres sang-pur, créer des alliances entre les familles pour mieux asseoir notre domination. Nous devions accepter les mariages arrangés car même si notre promis(e) ne nous plaisait pas, cela était fait dans l'intérêt de notre empire. Nous n'étions pas là pour être copains avec tout le monde, la plupart des personnes que nous allons côtoyer étaient d'ailleurs peu dignes d'intérêt.
La liste était longue, on pourrait continuer longtemps comme ça. Pourtant, Grand-père Nott me les avait répétés comme un mantra, s'attendant à ce que je les applique à la lettre. Ces principes étaient là, gravés dans ma chair, n'attendant qu'à être mis en application. Poudlard allait m'ouvrir le champ des possibles, j'allais pouvoir me frayer un chemin jusqu'à la Grandeur et me faire un nom dans l'histoire si je m'en donnais les moyens. Et en vertu de ces règles, j'allais devoir faire tout ce qui était en mon pouvoir pour y parvenir. Je n'avais pas le choix, je n'avais jamais eu le choix. « Oui, je me souviens. » finis-je par répondre après un long moment. « C'était limpide. » J'aurais voulu tourner les talons et me fondre dans la foule, me laisser engloutir par elle. J'aurais voulu ne pas être un Nott et passer totalement inaperçu. J'aurais voulu être comme ces autres gamins qui embrassaient leur mère avant de partir et qui promettaient d'écrire tous les jours. J'aurais voulu avoir une vie normale, mais même ça, c'était trop demander. Sur le quai, le train siffla une fois, annonçant un départ imminent. Mon oncle avait chargé mes bagages dans le train et il venait de revenir à l'instant. Il me serra l'épaule tout en me faisant ses dernières recommandations. « Et surtout, ne fais pas trop de vagues. Rappelle-toi que tu as un nom à honorer. » Je pinçai une nouvelle fois les lèvres. Ça, c'était l'esprit de famille façon Nott. Glacial comme un hiver arctique. Je leur adressai un sourire crispé et un signe de tête entendu, puis je montai dans le train, prêt à aller vers ce qui allait être mon nouveau foyer, et ma nouvelle famille. De toute façon, la situation ne pouvait pas être pire qu'en ce moment, n'est-ce pas ?x 005. COWARDICE. Malgré tout ce que je peux en dire, le tableau n’est pas si rose. Comme tout le monde j’ai des défauts, et pas des moindres, ils peuvent aisément devenir énervants à souhait, d’autant plus que dans mon cas ils ont tendance à s’exacerber. Vous aurez pu vous douter que je suis quelqu’un d’orgueilleux, trop même. C’est un fait, chez nous on n’a jamais lésiné sur l’orgueil, qui se teinte parfois d’arrogance. Je suis fier, beaucoup trop, je n’abandonne jamais, même quand la situation est critique, surtout quand mon honneur est en jeu. Je ne me lançais dans rien qui puisse me salir, j’ai une réputation immaculée à entretenir. Malgré tout, ce masque de perfection tombe à de nombreuses reprises, parce que la perfection n’existait pas, bien qu’on puisse s’en rapprocher. J’avais beau être comme un prince, n’empêche qu’on pouvait aisément me déchoir si seulement on le tentait. Je n’étais pas inviolable, je n’étais pas inaccessible. Et j’en pâlirais de honte si jamais ça venait à se savoir à Poudlard que la nuit tombée, quand je croyais dormir à poings fermés, je me réveille en sursaut après avoir gémi et crié dans mon sommeil, signe que j’étais en proie à d’affreux cauchemars, les mêmes depuis des lustres. Ils ont commencé à peu près quand j’étais en âge de m'en rappeler. Le tout m’ayant suffisamment traumatisé pour que cela me marque durablement, au point que ces rêves soient récurrents.
Mais c’était la juste contrepartie à mon égoïsme et à ma couardise, je les avais suffisamment montrés lors de ce bref mais éprouvant épisode. Je n’avais pas d’amis, ou alors ils étaient rares, après tout on ne s’encombrait pas de personnes avares à souhait. Je ne méritais pas mon surnom de Prince par hasard. Machiavel disait dans Le Prince qu’il valait mieux être craint qu’aimé pour régner. Ce qui dans un sens n’était pas faux, c’était tellement facile, trop facile. Mais je ne me plaignais pas de mon existence, je me contentais de vivre, me laissant bercer par le courant, ou agiter par une lame plus forte, mais au final, rien ne venait perturber mon existence tranquille, si ce n’était que le choix crucial que j’allais devoir trancher, tôt ou tard, mais rien ne presse, je m’efforçais juste de ne pas y penser. Je préférais l’insouciance, tellement plus facile, tellement plus confortable. Je pouvais m’y prélasser avec aise, me complaisant dans mon image de jeune premier innocent et parfait que je me plaisais à jouer, avec une aisance presque déconcertante. Pour tous, j’étais un saint, sans tâches, irréprochable, mais mes ennemis savaient bien à qui ils se heurtaient, sous le vernis impeccable se cachait quelque chose de plus sombre et plus sournois, quand je vous dis que les apparences sont trompeuses…Mais mon rôle d’ange me lassait facilement, j’aspirais à une existence plus pimentée, moins emmerdante peut-être. Mais l’aventure ce n’était pas mon dada, au contraire, plus je l’évitais et mieux je me portais. D’où me vient ce désamour pour le risque? D’une petite mésaventure dont je suis peu fier, et dont j’entends encore parler à mon grand désespoir, le dissimuler sous des sourires et mes grands airs n’aura pas eu l’effet escompté.
J’étais en cinquième année, beaucoup moins sage qu’il n’y paraît. Je traînais avec Edwin, qui me suivait sans broncher, simple exécutant, j’ignorais pourquoi il traînait alors avec moi, quand j’essayais d’être détestable au possible, à croire qu’il avait un fort penchant masochiste, ou alors ma perfection l’aveuglait, ce qui était une hypothèse comme une autre. Quoiqu’il en soit, j’avais mon fidèle, toujours flanqué à mes basques, embarqué dans mes magouilles, j’avais une réputation à tenir moi! J’avais voulu faire une sale blague au préfet des Gryffondor, qui était une tête à claques. Comme les autres de cette maison, d’ailleurs, il n’y en avait pas un pour rattraper l’autre. Seulement, comme Edwin était un imbécile, parce que ce n’était JAMAIS de ma faute, il s’est arrangé pour tout faire foirer. Evidemment. Nous avons écopé d’une retenue, donnée par une peau de vache, qui ne nous avait pas épargné. J’eus un sourire en repensant à cet évènement, parce que tout compte fait c’était très drôle. Tout dépendait du point de vue, bien évidemment.« Crétin! Il faut toujours que tu fasses tout de travers, t’es un incapable! » Je fulminais, mes joues d’albâtre s’étant colorées d’un beau rouge brique sous l’effet de la colère, alors qu’Edwin s’était renfrogné, en proie à une colère sourde. « C’était tes ordres, tes idées, je n’y peux rien si ton plan comportait une faille!» un spasme agita ma tempe, alors que je serrai mes mâchoires, furieusement. « Mon plan était parfait, contrairement à toi qui ne l’es pas et qui le seras jamais ». Edwin le fixa, estomaqué par autant de culot. Même dans ces moments là, je conservais ma fierté, croyant à ma propre perfection, que c’était navrant, mais tellement jouissif. « T’as toujours eu ce foutu truc pour faire porter le chapeau aux autres. » Je m’interrompis dans ma marche, me retournant lentement. Ainsi donc, il insinuait que je n’étais pas capable d’assumer mes erreurs, pour peu que j’en fasse? J‘éclatai d‘un rire froid et sans vie « Tu parles de moi comme si tu me connaissais depuis toujours, Clarks. » Puis, esquivant ce sujet brûlant, je me remis en marche, ayant dans l’idée de m’éloigner de cet endroit de malheur. Edwin s’arrêta à ma hauteur, trottinant à mes côtés, déjà essoufflé.« Au fond Jasper, qui te connaît, toi qui ne veux jamais rien montrer à personne sinon ce que tu veux bien montrer? » Je soupirai d’un air méprisant, en secouant la tête avec négation. Je fis un geste impoli de la main, alors que je voyais rouge. Je descendis la volée de marches tout en essayant de semer Edwin, lequel ne se laissait pas distancer à mon grand dam. Nous nous retrouvâmes aux serres servant au cours de Botanique, là où notre professeur allait nous confier notre mission du soir. « Vous voilà donc, il manquerait plus que vous ayez trop tardé. J’ai besoin que vous alliez me cueillir quelques champignons bondissants, dont voici un exemplaire. Ce seront ceux que vous allez étudier au prochain cours, alors n’en faites pas de la charpie. » Il partit ensuite sur une explication concernant la cueillette, si longue et soporifique qu’elle aurait pu tenir en un traité. Je fis semblant de me réveiller brusquement quand il eut fini son topo, flanquant un coup de coude à Edwin au passage, qui semblait s’être réellement endormi. Je hochai la tête d’un air entendu, pris une boîte qui se fermait de façon hermétique, avant de m’emparer de la pince coupante qui allait me servir pour recueillir les moisissures. Je grimaçai. Je n’ai jamais aimé les champignons et je n’aimerai sans doute jamais. Je n’aimais pas les champignons comme je n’aimais pas beaucoup d’autres choses. J’étais difficile, trop même.
Un instant plus tard, nous voilà en train de cheminer entre les arbres, pince coupante dans une main, baguette magique dans l’autre, je n’étais rassuré que parce j’avais un œil sur mon cher Lumos, comme si cette putain de lueur allait faire quelque chose contre le danger. Et c’était le cas, je me sentais rassuré. J’espérais juste ne pas avoir à utiliser la pince comme arme. Edwin marchait à mes côtés, le silence s’étant installé, oppressant. Je ne savais pas si c’était l’ambiance particulièrement glauque qui me faisait débloquer, mais j’avais l’impression qu’il allait arriver quelque chose. Je sursautais au moindre craquement de branche, avant de jurer, dépité de m’être laissé surprendre. Je serrai la mâchoire, crispant mes doigts fins et longilignes sur ma baguette magique, laquelle éclairait faiblement les environs. Encore heureux. Bientôt, je m’aperçus que j’étais seul. J’arquai un sourcil, cherchant du regard Edwin. Et ne voyant pas mon camarade, je risquais un faible. « Edwin? » Pas de réponse. Mon rythme cardiaque augmenta d’un cran, cette fois, je fronçais les sourcils. « Allez Edwin, putain, t’es où, fais pas le con! » Seul le silence accueillit mes paroles, un silence de mort. Il n’y avait plus un bruit dans cette forêt minable, et force est de constater que j’étais en train de flipper comme un malade, mais plutôt mourir que de l’avouer. « EDWIN! BORDEL DE CUL, RAMENE TOI IMMEDIATEMENT! OU JE…ou je… » je terminai dans un filet de voix, le rouge aux joues. Oui, j’étais vulgaire, et oui, c’était une habitude. Je jurais beaucoup, n’en ayant pas grand-chose à foutre de la bienséance. Une façon comme une autre de casser une image lisse et sans accroc. Mon père se serait offusqué d’un tel langage, mais je m’en foutais, il n’était pas là. Et merde, j’avais peur! J’inspirai profondément, insultant mentalement ma baguette magique de ne pas éclairer davantage, j’aurais tué pour une de ces lampes de poche qu’avaient ces foutus moldus. « Ed’… » Ma voix n’était plus que supplique, j’implorais presque mon ami de revenir, j’en étais pathétique, mais ne le dites à personne surtout, j’ai peur du noir…Quand soudain, je sentis un gros choc au niveau des omoplates. Je me rattrapai de justesse à l’arbre, le nez dans la mousse piégée au creux de l’écorce, alors que des éclats de rire d’Edwin se faisaient entendre, le feu follet bondissant autour de moi, ses cheveux roux ébouriffés brillant d’un éclat étrange dans les ténèbres découpées par la lune pâle.« Putain t’es con Clarks, t’es con bordel, ça t’éclate? » Edwin ne pouvait plus respirer, tellement il riait. Je me jetai sur lui, le rouant de coups de poings. Je le haïssais en ce moment même, oh Seigneur, que j’avais envie de me venger de cet affront. « Aïe, zen Jaspy, c’était une blague! Une fichue blague! » Je flanquai à Edwin un crochet droit, me broyant les phalanges au passage. Ignorant la douleur qui me fusillait le poing, je beuglai, ne décolérant pas.« Tu te la foutras où je pense ta blague, la prochaine fois! » Edwin me regarda soudainement d’un air très sérieux. « Tu as eu peur? » Je me renfrognai à ce moment précis, oubliant mes idées de vengeance. Je tiquai, légèrement agacé, avant de répondre, un poil agressif« Non. Jamais de la vie. » Edwin cligna des yeux, peu convaincu. Et crut bon d’insister « Si, tu as eu peur. Si tu réagis comme ça c’est que t’as eu peur. » Je me tournai dangereusement vers Edwin, qui massait sa mâchoire endolorie par mon accès d’humeur. Mes yeux semblaient vouloir le fusiller sur place, j’avais dans la bouche le goût de la colère, ce poison ô combien délicieux me ravageant déjà les veines, provoquant d’importants dégâts. « Si je suis énervé, triple crétin, c’est parce que ta connerie m’emmerde! Tu m’emmerdes. Alors va te faire foutre Clarks! » Sur ce, je tournai les talons, oubliant que j’étais en retenue, qu’en y coupant cours je m’exposais à de sérieuses représailles. Mais si je restais une seconde de plus dans le coin, j’allais étriper Edwin. J’avais déjà foutu en l’air ma pince coupante, ne gardant que ma baguette -encore heureux-. Edwin arqua un sourcil, avant de lâcher.« Mais…Et la retenue? » Je lui fis un doigt d’honneur, oublieux des bonnes manières, une mèche brune me tombant devant les yeux sans que je ne cherchai à la remettre en place. Je lançai simplement un « démerde toi. » avant de m’éloigner à grands pas. C’était de la folie, je le savais, mais j’étais fou, je n’étais pas réputé pour être raisonnable, j’obéissais à une impulsion, à une putain d’impulsion qui me vaudrait sans doute quelques remontrances. Edwin, dans un vain espoir de me retenir, me lança, alors que je m’éloignais d’un pas rageur. « mais tu vas te perdre. » Je levai les yeux au ciel, clairement excédé. Je n’avais peur de rien, j’avais ma baguette, même si mon entreprise était clairement suicidaire. « Rien à foutre », m’étais-je contenté de dire, avec humeur, horriblement vexé. Le Prince n’était guère reluisant en ce moment. x 006. ANIMALS. J'ai toujours pensé que les sombrals étaient des belles bêtes. Dommage qu'ils aient si mauvaise réputation. Pour beaucoup, ces animaux étaient maudits. Ils apportaient le malheur, ils n'étaient que mauvais présages. Dans un sens, c'était compréhensible. Les sombrals n'étaient visibles que par ceux qui avaient vu la mort de très près. Les autres demeuraient drapés dans leur innocence, aveugles comme des nouveaux-nés. Moi, j'avais vu la mort de très près. Ma propre âme était damnée, torturée, déchiquetée en mille morceaux. J'étais maudit dix fois, j'avais traversé les neuf cercles de l'enfer pour embrasser un reliquat de vie. Je n'étais plus que l'ombre de moi-même, un mort-vivant avec le cerveau déglingué par toutes ces choses que je voyais et qui ne m'appartenaient pas. J'avais même la gueule de l'emploi, le visage émacié, des cernes bleuâtres soulignaient mon regard d'acier. Je transpirais la mort jusqu'au bout de mes doigts, je crois bien que je fais fuir les autres tant j'avais l'air froid et lugubre. Même une allée de pierres tombales aurait plus fière allure. Pourtant, quand je regardais la crinière des abraxans claquer au vent, j'étais content d'avoir ce petit truc en plus. Je ne cillais même pas lorsque je les voyais dévorer la chair crue qu'on leur présentait. Je me contentais de flatter leur croupe, sentant leur cœur battre dans leur poitrail. J'étais fasciné de sentir les battements puissant de cette machine formidable sous mes doigts. Pour un peu, je plaindrais les autres, parce qu'ils loupaient un tel spectacle. J'étais tellement perdu dans la contemplation de ce miracle de la vie que je n'avais pas vu un camarade s'approcher de moi, espérant peut-être faire un brin de conversation.
« Qui ? » Se contenta-t-il de demander, sans songer un seul instant que sa question puisse être aussi intrusive.
Mon regard le balayait de bas en haut, le détaillant sans vergogne. À mesure que je poursuivais mon observation, un sourire vaguement moqueur se dessinait sur mon visage de marbre. Il voulait vraiment savoir, pas vrai ? Après tout, il avait eu le culot de m'aborder, du genre coucou, je sais que tu vois les Sombrals mais au fait, qui est mort dans ta famille? S'il voulait savoir, alors, il n'allait pas être déçu du voyage.
« Moi » répondis-je alors, une lueur d'intelligence brillant dans mon regard si sombre. « Je suis mort plusieurs fois, et j'ai toujours ressuscité. Bien sûr, le tribut à payer est toujours plus élevé, mais je vais bien, bientôt je serai immortel. »
Un jour peut-être, quand j'aurai fini de brûler en enfer, quand j'aurai fini de me laisser consumer par mes péchés, quand je serai enfin digne de percer les mystères de cette légende. En attendant, je devais me contenter de mon passage sur Terre, de faire ce que j'étais censé faire, chercher, posséder la Connaissance et le Progrès, m'élever au dessus de tous ces ploucs, leur montrer à tous que j'étais bien mieux qu'eux. Et à en voir l'expression déconfite de mon interlocuteur, je pus en déduire que j'avais fait mouche. Je crus même entendre un cinglé franchir ses lèvres avant qu'il ne s'éloigne à grands pas, me laissant à nouveau seul avec la créature. Chapitre 3. Tant de jours, de nuits trop brèves, c'est ce pire que tu achèves, sans y croire, illusoire. 007. BOREDOM. « Hé ! » s'écria une voix féminine, qui courait dans ma direction à en juger par le claquement répété de ses talons sur les pavés. « Hé, attends ! » La fille finit par me contourner, pour me faire face. Je la toisais d'un regard vide, dénué d'intérêt. Elle n'était qu'un parasite dans mon décor, un élément qui ne devait pas y figurer. Je n'étais pas celui qui allait s'exprimer en premier, étant dans l'incapacité totale d'initier une conversation, aussi j'attendis patiemment qu'elle s'exprime enfin. « Tu as perdu ça. » dit-elle en me tendant mon carnet. Je le lui repris, non sans la regarder avec méfiance. « Ne t'inquiètes pas. » ajouta-t-elle précipitamment. « Je ne l'ai pas ouvert, juré craché. » Elle était agaçante à toujours parler, à déverser des litres de non-sens et à gesticuler comme si elle avait des vers. Elle devait même avoir mal aux lèvres à force de sourire. Cela sonnait tellement faux, tellement pas naturel. Elle ne méritait même pas un merci. Après tout, elle ne faisait que de me rendre quelque chose qui m'appartenait, elle n'avait rien fait d'extraordinaire. Je ne lui devais rien. « Au fait, moi c'est Mina Ainsworth. » se présenta-t-elle, toujours en souriant, en me tendant la main sans doute pour que je la serre en retour. À la place, je regardai sa main tendue avec circonspection, avant de fourrer les miennes dans les poches de mon blouson en cuir, non sans pincer les lèvres avec mépris. La dénommée Mina me dévisagea quelques instants, légèrement coite, avant de laisser tomber sa main le long de son corps, ayant sans doute compris que je n'avais pas l'intention de la saluer – pas de cette façon, en tout cas. « Toi c'est Jasper, c'est ça ? » demanda-t-elle, décidant de faire la conversation toute seule. « Tu as un joli nom. » Alors, un maigre sourire en coin vint étirer mes lèvres trop pâles, légèrement flatté par l'intérêt qu'elle semblait me porter. Au fond, j'en avais besoin, d'être sollicité ainsi, d'exister aux yeux des autres, de monopoliser toute leur attention. Je jetai alors un regard scrutateur à la demoiselle, daignant enfin m'intéresser à elle, à voir autre chose en elle qu'une bouche débitant un lot d'insanités. Elle avait de belles boucles brunes et soyeuses, de grands yeux marron bordés de longs cils noirs et recourbés, un sourire candide et un regard innocent. Elle transpirait l'innocence, l'innocence à l'état pur. Ce fut ce trait de caractère qui retint particulièrement mon attention. Elle avait éveillé en moi un intérêt morbide, je ressentais le besoin de la posséder, de la ternir, de la détruire. Savait-elle qu'en se présentant à moi, elle venait de se jeter dans la gueule du loup, de tomber entre les griffes du prédateur ? Sans doute pas, car sinon, elle se serait enfuie à toutes jambes. « Jasper ? » insista-t-elle, voyant que je ne répondais pas. « J'étais en train de me dire que tu avais de très jolis yeux. » répondis-je finalement, ce qui la laissa muette de surprise. À l'intérieur, j'étais en train de savourer ma victoire. Je n'avais rien dit de toute la conversation – ou tout du moins, de son monologue – et je venais de faire mouche, comme d'habitude. Le prédateur en moi se réjouissait : je la tenais. [/size] x
008. HATRED. « Je crois que je suis amoureuse de toi. » La voix de Mina venait de s'élever, murmure incertain. Je tournai instantanément la tête vers elle. Après ce qui s'était passé l'autre fois, j'avais cru qu'elle partirait, qu'elle verrait ô combien je pouvais être néfaste pour elle, mais elle était restée, et ce simple constat avait suffi à ravir mon ego. Au final, peut-être avait-elle plus besoin de moi, que moi j'avais besoin d'elle. Elle était sous mon emprise, et elle n'avait plus la possibilité de s'y soustraire. Elle prit mon visage fatigué entre ses mains, puis elle m'embrassa. « Ouais. » lâcha-t-elle avec une certaine nonchalance. « Tu est bizarre, mais je t'aime quand même. » Au lieu de me délecter de ses mots doux, je sentis la fureur m'envahir. J'étais en colère contre elle, parce que mon plan ne se déroulait pas comme prévu. Encore une fois, je me sentais perdre pied, je ne pouvais pas supporter de l'entendre dire ses mots. Je voulais qu'elle soit à ma merci, qu'elle me soit totalement soumise, sous mon emprise, mais certainement pas amoureuse de moi. Et comme si mon absence de réaction n'avait aucune importance, elle vint se blottir contre moi pour me serrer tout doucement dans ses bras, sa joue contre la mienne. « Bizarre ? » me contentai-je simplement de demander, alors que je me crispais à son contact. « Quand je dis bizarre, ce n'est pas péjoratif, hein. » s'empressa-t-elle d'ajouter en m'embrassant sur la joue, puis au coin des lèvres. « C'est comment alors, si ce n'est pas péjoratif ? » Mina soupira, avant d'ébouriffer mes cheveux. « Tu ne réagis jamais comme on s'y attend. Ah ça, tu me surprends chaque jour. » Je soupirai longuement. La conversation me lassait déjà. Mon regard, lui, s'était assombri. « Tu ne parles jamais. » dit-elle alors, ce qui sonna comme un reproche. « Alors quoi ? » demandai-je, froidement. « Qu'est-ce que je dois faire, au juste ? Que j'acquiesce à tes bavardages inutiles ne te suffit donc pas ? Tu veux que moi aussi je me mette à déblatérer des idioties ? » Mina s'éloigna alors de moi, offusquée. « Tu veux que je te couvre de compliments, que je te répète à longueur de temps à quel point tu es jolie, que tu es la femme de ma vie, ou que sais-je d'autre comme conneries ? C'est donc à ça que rêvent les petites dindes sans cervelle dans ton genre ? » Dans mes paroles, il n'y avait aucune colère, aucune animosité, juste un froid tranchant, glaçant. Je ressentais une nouvelle fois le vide, le néant qui revenait s'emparer de moi. « Tu veux que je te dise, Mina ? Ces mots, tu ne les mérites pas, parce que tu n'es rien. Tu n'es même pas intéressante, je pensais que tu étais différente des autres, mais même pas. » Alors c'était ça. Elle ne représentait donc plus aucun intérêt à mes yeux. Au mieux, elle n'aura été qu'un passe-temps, mais rien d'autre. Elle m'avait déçu en me qualifiant de bizarre. C'était une erreur qui à mes yeux était impardonnable. Alors, je ressentais le besoin de l'humilier, de la piétiner, comme pour la punir de cet affront. Je voulais qu'elle sache qui c'était le patron, qui était aux commandes. Lorsqu'elle leva ses yeux pleins de larmes vers moi, je sus que j'avais gagné, et j'en étais fier. Mon ego blessé était doucement en train de se réparer. « Dégage. » ordonnai-je d'un ton autoritaire. « Mais Jasp... » protesta-t-elle d'une toute petite voix. « DEGAGE ! » hurlai-je en me levant d'un bond, tandis que Mina était tombée sur les fesses, au sol. « Ne fais pas ça. » coassa-t-elle, les larmes roulant à nouveau sur ses joues. « Je ferai tout ce que tu voudras, absolument tout, mais ne me laisse pas. » J'attrapai alors Mina brutalement par le bras, pour la forcer à se relever. Elle s'agrippa à mon épaule, légèrement tremblante, tandis que j'attrapais ses boucles brunes sans aucune douceur, pour approcher son oreille de ma bouche. « Dans je ne veux plus te voir, il y a un terme qui t'échappe ? » Je la repoussai alors tout aussi brusquement. Mina tomba à nouveau au sol, terrorisée. Elle recula un peu pour s'éloigner de moi. Elle avait enfin compris. Elle avait vu mon vrai visage, tout du moins, une partie.
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009. FIGHT. « Hé ! » J'avais comme qui dirait une impression de déjà-vu. Sauf que ce n'était pas Mina qui m'appelait, mais une voix masculine, en pleine mue. « Nott, je te cause. » Je continuais de marcher d'un pas rapide, mon sac à dos sur l'épaule. L'autre m'attrapa par le col et me plaqua contre le mur avec brutalité. « C'est toi le salaud qui a sauté ma sœur ? » Génial. J'étais encore pris dans une histoire où le cul était impliqué – comme dans 90% des bastons, en fait, les 10% restant étant tout simplement des histoires de pognon. « Je ne vois pas de quoi tu parles. » répondis-je avec mon calme légendaire, impassible comme à mon habitude. Je n'avais rien vu venir, que déjà, j'étais au sol. Je pissais le sang, mon nez venait d'éclater sous l'impact du poing que l'on venait de me jeter en plein visage. J'étais allongé au sol, en position foetale, la joue contre le pavé frais de la cour. « Oh, mais je vois qu'il ne tient pas debout. » se moqua l'autre en me donnant un coup de pied, dans le ventre cette fois. « Pédale. » L'insulte venait de fuser sans m'atteindre. « Tu mériterais que je te coupe les couilles pour ça. » menaça-t-il, tandis qu'il venait à nouveau de me saisir par le col pour me relever, non sans me secouer comme un prunier dans la manœuvre. « Lève-toi si t'es un homme ! » Plutôt que de jeter son mégot de cigarette au sol, le type jugea bon de me l'écraser sur le visage, avant de le jeter négligemment dans le caniveau. Je sifflai longuement sous l'effet de la douleur, la brûlure n'étant vraiment pas agréable. « Vous n'avez pas de preuve. » murmurai-je en un râle sifflant, alors que mon visage se tordait sous la souffrance. « Et que penses-tu du fait que c'est Mina elle-même qui est venue pleurer parce que tu l'avais maltraitée. Tu en dis quoi, Nott, c'est une preuve suffisante pour toi ou faut-il sortir le dossier à charge ? » Mina. Le prénom m'effleura vaguement, avant de se perdre dans les méandres de mes souvenirs. Qu'était-elle aller raconter encore ? À ce que je sache, elle était consentante, elle m'avait même supplié plusieurs fois de la prendre. L'autre abruti était vraiment à côté de la plaque. « Le dossier à charges, carrément ? » grognai-je non sans sarcasme. Apparemment, ma réponse ne lui avait pas plu puisqu'il m'attrapa sauvagement à la gorge. « Encore un mot de travers, et je te fais éclater tous les putains de vaisseaux sanguins de ton putain de cou, espèce de fils de pute. » menaça le soi-disant frère de Mina tout en me postillonnant dessus. Je remarquai alors avec un certain dégoût que son haleine empestait l'alcool. Un rictus méprisant apparut alors sur mes lèvres. C'était encore un putain de camé, en plus d'être un de ces impurs. Quelqu'un de méprisable, en somme. « Et en plus, tu es en train de te foutre de ma gueule ? » beugla l'autre, en resserrant son emprise autour de mon cou. « Il y a de quoi, non ? » soufflai-je, toujours provocateur. Il m'envoya alors un coup de genou dans les parties intimes, ce qui me fit hurler. Je m'effondrai au sol, hurlant et gémissant de douleur tout en me tenant l'entrejambe. Le fait que je sois à terre n'avait pas l'air d'émouvoir l'autre outre-mesure, puisqu'il continua à m'asséner des coups de pieds – il portait des rangers – qui me donnèrent l'impression que mon corps tout entier était en train de se disloquer sous la violence des chocs que je subissais. « Noah, arrête. » s'écria une voix féminine, qui sauta sur son dos pour le ceinturer et l'empêcher de faire tout autre mouvement. J'eus le temps de reconnaître vaguement Mina avant de perdre connaissance.
Chapitre 4. Viens donc danser sur la mort, viens donc danser sur ma voix, je suis cette douleur en plein coeur, je suis la fièvre, je suis Cuba.
010. ULTRAVIOLENCE. La colère était ma plus vieille amie. Elle me brûlait de l'intérieur, mettait mes nerfs à vif, empoisonnait mon esprit. J'étais doté d'un de ces tempéraments sanguins qui démarraient au quart de tour, qui fonçaient dans le tas sans poser de questions. Je frappais d'abord et je réfléchissais ensuite. Il suffisait d'une bête provocation, de quelques mots lancés de travers pour me faire réagir. Cette colère, j'avais le plus grand mal à la maîtriser, à la verrouiller, il faut dire que la discipline, ce n'est pas vraiment mon fort. Il y avait aussi des sujets sensibles, comme le grain que j'avais dans la tête ou ma mère. Tant de choses sur lesquelles mieux valait ne pas me provoquer sous peine de s'exposer à des sévères représailles. Certains ne l'avaient pas compris, ils ne le comprendront sans doute jamais. Il y avait ce type, là, dans mon dortoir, que je ne pouvais pas encadrer et qui n'avait jamais cessé de me faire des réflexions désagréables. Je venais de le rencontrer dans l'Allée des Embrumes tandis que je faisais quelques emplettes. Cette fois là, c'était la fois de trop. La fois où il aurait mieux fait de se taire. « Hé, Nott, tu vas encore passer l'année à pleurnicher après ta maman ? » L'information se fraya péniblement un chemin jusqu'à mon cerveau. Pleurnicher après ma maman. Il faisait directement référence à mes terreurs nocturnes, à ces visions qui venaient me visiter une fois les yeux fermés, à ce moment de ma vie que je vivais encore et encore, comme coincé dans une faille spatio-temporelle. « Pardon ? » Le ton était froid, sans appel. C'était une question rhétorique, à laquelle il ne fallait surtout pas répondre. C'était un pardon qui mettait au défi de répéter, parce que j'avais entendu quelque chose qui ne me plaisait pas. « Je viens de te demander si tu vas encore passer l'année à pleurnicher après ta maman. » réitéra l'autre, apparemment nullement effrayé par mon ton pseudo-menaçant. « C'est vrai, quoi, il ne se passe pas une nuit sans que tu l'appelles. Ça fait combien de temps qu'elle est morte, déjà ? » Je me tournai lentement vers Willis, le regard meurtrier. Je m'approchais d'un pas lent et leste, à la manière d'un prédateur. Je serrais les poings, résistant à l'envie de les lui envoyer dans sa face de rat. Willis ne se dégonfla pas. « Je me disais aussi. En fait, t'es juste un putain de cinglé. » Ne réponds pas! m'intima mon patronus, qui tentait vainement de me tirer en arrière. Le vautour venait de planter ses serres dans le bas de ma veste et il tirait, dans l'espoir de me retenir. Je le balaya d'un revers de manche furieux. Il s'envola sous sa forme de chauve-souris pour aller se poser sur un toit, un peu plus haut au dessus de ma tête. Le lien tira un peu. « Descends de là ! » tonnai-je, ne supportant pas cette sensation. C'était comme si on était en train de m'arracher la peau. Janus n'en fit qu'à sa tête. Il resta sur son perchoir, comme pour me punir d'avoir osé le rejeter. Je me jetai alors sur mon ennemi, l'empoignant par la chemise pour le plaquer contre le mur. « je te préviens, Willis, si tu refais un seul commentaire sur ma mère, je te jure que ce sera la dernière chose que tu feras de ta vie, j'empêcherais ta sale gueule de nuire à nouveau. » Willis ricana. « Tu te prends pour qui, Nott ? C'est ton nom qui te donne des ailes et qui fait que tu te penses supérieur aux autres ? » Il avait tout faux. Mon nom ne me donnait pas des ailes mais au contraire, il m'enchaînait à un futur que je n'étais pas certain de désirer. « Dans le fond, tu vaux pas mieux que les autres. » cracha Willis avec mépris. Mon poing partit, percutant sa tempe gauche. La tête de ma victime rebondit contre le mur. Willis ricana. Un deuxième coup le frappa, et encore un autre. Aveuglé par la rage, la haine, la rancoeur, je laissais les coups pleuvoir, sans me soucier de savoir où je frappais. Tout ce qui m'importait, c'était de faire taire ce connard, de le faire payer pour toutes ces années où lui et ses stupides petits copains ont passé à me maltraiter, à me violenter, à m'insulter. Il est mort, arrête! m'intima Janus, en volant autour de moi. Je lâchai la silhouette inerte de Willis, qui s'affaissa contre le mur comme une vulgaire poupée de chiffon. Et voilà que je me mettais à trembler, subissant le contrecoup de tous ces sentiments brutaux que je venais de ressentir. Je levai alors mes mains vers mon visage, pour mieux les regarder. Elles étaient maculées d'une substance noire et poisseuse, qui brillait dans l'obscurité. Mon regard se posa à nouveau sur le corps inerte qui gisait à mes pieds. Alors, je disparus dans un craquement sec.
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011. MADNESS. Je contemplais le sang qui s'écoulait dans le lavabo, maculant le blanc de l'émail en rouge. Mes mains étaient tellement ensanglantées que je ne distinguais plus ma peau en dessous, à moins que ma propre chair ne soit également à vif. Mes jointures étaient douloureuses, la peau s'était fait la malle à l'endroit où j'avais frappé Willis. Je fermai les yeux lorsque le visage défiguré de mon ancien ennemi m'apparut. Même les yeux fermés, je ne parvenais pas à chasser cette vision de géhenne, et elle me hantera sans doute jusqu'à la fin de mes jours. Je bougeais mes doigts avec difficultés, ils étaient douloureux, enflés. La peau me tiraillait affreusement dès lors que je m'avisais de bouger un peu. J'attrapai le savon et le frottai sur ma peau meurtrie. Grave erreur. La douleur se réveilla, se répercutant dans chacun de mes nerfs en autant de picotements. Je lâchai le savon au sol, qui tomba dans un poc sonore. Je me baissai pour le ramasser avant de le jeter sur le présentoir avec violence. Je relevai la tête vers le miroir. Mon reflet me renvoya une image atroce, celle du monstre que j'étais devenu. J'y voyais mon regard fou,injecté dans le sang, mes lèvres tordues en un rictus malfaisant, mon teint blafard. Je toisais mon propre reflet, le mettant au défi de révéler ce que j'étais vraiment. Un monstre, assoiffé de sang, un tueur, un assassin. Cette vision de moi même me fut insupportable. J'envoyai mon poing dans le miroir, qui se fendilla en une dizaine de fragments qui me renvoyèrent eux aussi mon reflet. Au lieu de disparaître, je m'étais démultiplié. Je me voyais en des dizaines d'exemplaires et tous me toisaient, me jugeaient. Je me mis à rire devant le miroir brisé, un rire dément, viscéral. Je riais tellement que je me tenais les côtes, puis, je m'appuyai sur le rebord du lavabo pour ne pas tomber. Des éclats de verre s'étaient glissés sous ma peau mais ce n'était même pas grave, je ne ressentais même plus la douleur puis même, ça me faisait marrer. Je mis quelques minutes avant de calmer mon hilarité. J'essuyai mon visage avec la serviette ensanglantée. Mon regard croisa à nouveau ces mini-moi qui me riaient au nez. « C'est ça ! » leur lançai-je, avec hostilité. « Marrez-vous ! » Je fus soudainement saisi d'un vertige qui me força à m'agripper au meuble. Déjà, le sang affluait à mes tempes, ma vue se brouillait. Je pris mon visage entre mes mains. Jasper, souffla mon patronus. Pas maintenant ! Ce n'est pas le putain de moment, ne le voyait-il pas ? Puis, ce fut le mal de crâne, intense, brutal, me donnant l'impression que mon crâne allait exploser. Tu vois mon gars, ça c'est ton karma, et il a voulu te punir.
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012. FATE. C'était tout d'abord une douleur sourde, puis un peu plus diffuse qui me donna l'impression qu'une armée de marteaux piqueurs venait de s'installer dans ma tête. Les yeux bien ouverts, je fixais le plafond. Mon regard avait du mal à s'habituer à la pénombre environnante. Je distinguais à peine la forme des meubles de ma chambre malgré les premières lueurs du jour qui filtraient à travers les rideaux. Je laissai échapper un soupir empreint de lassitude. Fini le sommeil, Morphée m'avait abandonné et toute perspective d'avoir enfin une nuit complète s'était envolée. Tout en maugréant, je m'extirpai des couvertures. Le froid glacial vint transpercer ma peau et me mordre les os. Mécanique, mon regard balayait la pièce, à la recherche de la source du courant d'air. Mes pieds nus battaient la moquette tandis que j'avançais vers la fenêtre. Je frissonnai derechef en m'approchant. La cause de ce dérèglement de température était toute simple : la fenêtre était ouverte. Je m'empressai de la fermer. À tâtons je traversai la pièce, avant de m'asseoir à une table. J'allumai une bougie pour avoir un peu de lumière. Je versai un peau d'eau dans un verre mais j'étais malhabile, mes mains tremblaient, c'était tout un challenge de le remplir sans en mettre à côté. Je portai le récipient à mes lèvres et bus une gorgée d'eau. Et voilà ces maux de tête qui revenaient, ils n'étaient jamais partis en réalité. Je me massai les tempes. Rares étaient les nuits que je passais sans avoir de migraines. C'était un phénomène régulier, presque habituel et pourtant, je ne m'y faisais toujours pas. Je crois bien que je ne m'y habituerai jamais. La faute à ces visions, probablement. Ça venait forcément de là. Si je ne les avais pas, je ne m'en porterais que mieux. Je ne verrais pas ces choses qui n'existaient pas, ces souvenirs qui ne m'appartenaient pas, ces visions qui ne me concernaient pas. Il n'y avait pas plus désagréable que d'endosser le rôle d'un oiseau de mauvais augure. Je n'aimais pas savoir qu'il allait arriver quelque chose de grave. Les mauvaises nouvelles n'étaient pas toujours plaisantes à avouer. Parfois, j'aimerais faire comme si de rien n'était, ignorer toutes ces choses que je voyais. Peut-être serais-je moins...perturbé, perpétuellement à côté de mes pompes. Les autres me qualifiaient de bizarre, d'infréquentable, ils préféraient fuir ma présence sans jamais chercher à comprendre ce que j'étais. Tant pis pour eux. Je discutais pas avec ceux qui ne voulaient rien savoir. De toute façon, je ne répondais jamais aux questions, je me contentais de les éluder les trois quarts du temps.
Je me redressai, grimaçant à cause de la brûlure qui me dévorait encore l'avant bras. Lentement, je remontai la manche de mon haut de pyjama. Ce n'était qu'un mauvais rêve, m'efforçais-je de répéter, autant pour me rassurer que pour essayer de m'en convaincre. Il n'y avait rien sur ma peau laiteuse, pas encore, en tout cas. Je me pris la tête entre mes mains et restai prostré quelques instants. Je m'efforçais de respirer profondément pour tenter de refouler la crise d'angoisse qui montait en moi. Une peur irrationnelle commençait à poindre et me léchait les veines, empoisonnant peu à peu mon système. Mon souffle se faisait davantage saccadé, j'avais même des palpitations. Mes épaules furent secouées de quelques tremblements. Je détestais l'état dans lequel j'étais lorsque je faisais un mauvais rêve. Pourtant, ce songe-là était bien plus qu'un cauchemar, il était même atrocement réaliste, je m'en souvenais dans les moindres détails. Je me rappelais jusqu'à l'atmosphère glauque et lugubre des lieux où avait lieu mon initiation. Je crispai le poing, regardant les veines de mon bras palpiter de concert. C'était là, dans la peau. Je me souvenais de la douleur cuisante qui accompagnait un tel marquage et je priais de toutes mes forces pour ne pas avoir à le subir un jour tant c'était atroce. Il paraît que c'était aussi douloureux qu'un doloris. Mes doigts pianotaient nerveusement sur le bois de la table. Puis, pris d'un accès de rage incontrôlée, je balayai tout ce qui s'y trouvait. Le verre encore plein se renversa, son contenu formant une auréole sombre sur la moquette claire. Je détestais ces flashs qui s'invitaient dans ma tête par intermittence, je détestais ces images, ces sensations. J'aurais aimé pouvoir les verrouiller, les faire taire une bonne fois pour toutes mais c'était impossible, elles avaient tendance à surgir là où je m'y attendais le moins, ou dans un moment tout à fait inapproprié car sinon, ce n'était pas drôle. Je chassai rageusement les larmes qui roulaient sur mes joues. Redresse-toi. Sois un homme! Je crus entendre la voix de mon père, tandis que toutes ces injonctions me revenaient en mémoire. Lui aussi, je le détestais, je le détestais pour tout ce qu'il voulait faire de moi. Un soldat, un larbin, un esclave. Cette seule idée était insoutenable et pourtant, il ne se trompait pas, je ne pouvais pas y échapper. Je l'avais vu, à plusieurs reprises. Je m'étais vu le servir, monter en grade, me faire sanctionner parfois, par manque de discipline. Au moins me savoir dissident eut-il le mérite d'apporter une maigre consolation. Je me souvenais de tout, de la douleur, de la haine, de l'odeur du sang et de la mort tout autour. Ce futur, c'était le mien, et il approchait à grands pas.
était-il trop tard pour changer son destin ?
Dernière édition par Jasper T. Nott le Mar 24 Nov - 19:43, édité 13 fois |
| | Re: you sold your soul to feed your vanity, your fantasies and lies (jasper) par Invité, Mar 3 Nov - 19:56 ( #) | Quiiiin Ca fait bizarre de te voir dans la peau d'un homme Hâte de voir ce que tu nous réserves ! Bon courage |
| | Re: you sold your soul to feed your vanity, your fantasies and lies (jasper) par Invité, Mar 3 Nov - 20:01 ( #) | Re bienvenue |
| | Re: you sold your soul to feed your vanity, your fantasies and lies (jasper) par Invité, Mar 3 Nov - 20:20 ( #) | Re bienvenue ! |
| | Re: you sold your soul to feed your vanity, your fantasies and lies (jasper) par Invité, Mar 3 Nov - 20:23 ( #) | Re bienvenue ! T'es plutôt pas mal en mâle dis donc Bon courage pour ta fiche |
| | Re: you sold your soul to feed your vanity, your fantasies and lies (jasper) par Invité, Mar 3 Nov - 20:51 ( #) | Re bienvenue à toi |
| | Re: you sold your soul to feed your vanity, your fantasies and lies (jasper) par Invité, Mar 3 Nov - 20:51 ( #) | Re bienvenue rouquine |
| | Re: you sold your soul to feed your vanity, your fantasies and lies (jasper) par Guest, Mar 3 Nov - 20:52 ( #) | Bienvenue parmi nous et bon courage pour ta fiche |
| | Re: you sold your soul to feed your vanity, your fantasies and lies (jasper) par Invité, Mar 3 Nov - 20:52 ( #) | |
| | Re: you sold your soul to feed your vanity, your fantasies and lies (jasper) par Invité, Mar 3 Nov - 20:58 ( #) | Re bienvenue |
| | Re: you sold your soul to feed your vanity, your fantasies and lies (jasper) par Invité, Mar 3 Nov - 21:06 ( #) | bienvenuuue |
| | Re: you sold your soul to feed your vanity, your fantasies and lies (jasper) par Invité, Mar 3 Nov - 21:23 ( #) | rebienvenue ! bill, quel bon choix d'avatar |
| | Re: you sold your soul to feed your vanity, your fantasies and lies (jasper) par Invité, Mar 3 Nov - 22:56 ( #) | Bill mais c'est quoi cette famille de bg la Lien Bon retour parmi nous |
| | Re: you sold your soul to feed your vanity, your fantasies and lies (jasper) par Invité, Mer 4 Nov - 0:33 ( #) | Genre, tu me réserves un lien toi Rebienvenue |
| | Re: you sold your soul to feed your vanity, your fantasies and lies (jasper) par Contenu sponsorisé, ( #) | |
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