Septembre 1971
Papa m'a offert un carnet ce matin. Il me l'a donné au moment où je montais dans le Poudlard Express pour ma première rentrée. J'ai eu si peur... Je suis habitué au brouhaha de la maison, elle est toujours pleine de monde et là, je me suis tout d'un coup retrouvé tout seul. C'était intimidant. Il m'a offert ce carnet en me disant que je pourrais y écrire mes pensées et ma vie de tous les jours. Il a ajouté qu'il l'avait spécialement ensorcelé pour moi pour qu'il ne soit lisible qu'après l'avoir tapoté de ma baguette en murmurant un mot de passe. J'ai chuchoté « merci », ça m'a fait très plaisir. Il a insisté sur le fait qu'il fallait que je relate les moments forts de ma vie, disant que les écrire me ferait du bien. Je sais pas s'il a raison mais je vais essayer.
Poudlard est magnifique, c'est encore plus beau que dans mes rêves. J'aime particulièrement les fantômes, même si il y en a deux qui me font un peu peur. Comme les gens de ma famille, j'ai été envoyé à Gryffondor. Sur le coup, ça m'a un peu fâché, j'aurais aimé être différent mais finalement les élèves de ma maison ont l'air gentils et accueillants puis ça fera plaisir à mes parents.
Là je suis sur mon lit, dans mon dortoir. La tour est grande, de la fenêtre je vois tout le parc et même un bout de la Forêt Interdite ! Les trois garçons de ma chambre ont l'air gentils, ils veulent qu'on parle de Quidditch maintenant donc je vais arrêter là. Je dois leur dire quel joueur est mon préféré et pourquoi. Faudra aussi que je pense demain à mettre aux murs mes posters.

Avril 1975
L'école, c'est chiant. J'en ai marre de me lever tous les matins pour aller écouter des leçons inintéressantes sur l'histoire de la magie. Je manque de m'endormir à chaque fois. Honnêtement, la seule chose qui me motive un tant soit peu ici, c'est le Quidditch. Dès que les cours sont (enfin) finis, je cours au stade pour regarder l'équipe de ma maison s'entraîner. J'étudie leurs mouvements, leur tactique et je les regarde voler, se passer le souaffle, éviter les cognards. C'est vraiment un sport passionnant. Si seulement j'étais un peu plus doué sur un balai... C'est vraiment injuste, la vie.
Et maman qui m'a encore envoyé une écharpe moche en me disant qu'il y a intérêt à ce que je la porte pour ne pas être malade (le printemps a du mal à s'imposer ici) et que si je le fais pas, elle le saura grâce à Nora... Cette cafteuse. En plus, elle a aussi été répartie à Gryffondor à la rentrée dernière, je peux jamais être tranquille dans la salle commune maintenant.

Janvier 1979
J'en reviens pas. Depuis quelques jours, j'ai un truc qui me suit partout. Un énorme chien collant mais plutôt sympa. Il paraît que c'est mon Patronus, c'est censé représenté mon caractère ou je sais pas quoi. Quasiment tous les jeunes ont maintenant un animal qui leur colle aux basques et moi, j'y échappe pas. Au final ça me fait plaisir. Maman n'a jamais voulu que j'ai un chien et là, elle peut rien dire. Sa tête quand elle a compris ça, c'était génial. Puis Nora se retrouve avec un gros tigre, le bonheur que ça lui inspire fait qu'elle se promène depuis deux semaines avec le sourire le plus niais au monde. Elle est mignonne, cette gamine quand  même.
Bref, en tous cas, je l'ai appelé Hamisch en référence au célèbre joueur de Quidditch des années 50 que j'ai en poster sur mes murs ! Le seul problème, c'est qu'il a pas l'air d'accord et qu'il a décidé de ne répondre qu'à Mimi. Avec le temps, j'arriverai sûrement à lui faire entendre raison, c'est quand même trop cool comme prénom ! Par contre je suis pas d'accord, il adore grimper sur mon lit pour faire des câlins mais le bidule fait genre soixante kilos, je vais mourir étouffer un jour.
Je l'aime bien quand même.

Juillet 1979
Ça y est, j'en ai fini des études ! Mes parents sont pas enchantés mais je m'en fiche, j'ai fini mon premier cycle, j'ai validé mes ASPIC, ils ont rien à dire. J'ai décidé de partir voyager un temps. Je sais pas encore ce que je veux faire de ma vie mais je suis jeune alors autant en profiter ! Idéalement, j'aimerais travailler dans le milieu du Quidditch mais je ne suis pas un bon joueur et plutôt crever que de continuer mes études pour devenir journaliste sportif. J'ai toujours été plus doué de mes mains que sur le papier de toute manière. Papa m'a dit que je devrais me lancer dans la fabrication de balai, c'est vrai que j'adore rafistoler les vieux balais de la maison, ça pourrait être une bonne idée.
Pour le moment, je veux voyager, voir du pays, découvrir les communautés sorcières étrangères et pourquoi pas, apprendre d'elles en matière de balai.

Mai 1981
Je suis rentré en Angleterre depuis quelques mois et je viens enfin de décrocher mon premier emploi ! Je vais fabriquer les balais pour le magasin de Quidditch du Chemin de Traverse, je suis pas peu fier je dois avouer. Le directeur a été bluffé devant les références que j'ai accumulé à l'étranger, j'ai pas travaillé plusieurs mois aux États-Unis pour rien ça fait plaisir, puis il a bien vu que j'étais un passionné. Je crois que j'ai fini de le convaincre quand je lui ai dit que j'étais un fervent supporteur des Chauves-souris de Fichu Castel, lui aussi, il m'a serré la main et accueilli à bras ouverts. Je suis content, je travaillerai tranquillement dans l'arrière-boutique et j'ai champ libre pour partir chercher les meilleurs matériaux à l'étranger. Contact minime avec la clientèle et grands airs quand j'en ai besoin, le rêve. Mimi sera content d'aller se dégourdir les pattes ailleurs aussi, avec ses grosses patounes il a tendance à se sentir rapidement à l'étroit en Angleterre.
Par contre, c'est quoi ce contexte politique de merde ici ? Je pars quelques mois et quand je reviens, bam, c'est caca partout. Je sens les membres de ma famille sur leurs gardes et je leur fais confiance alors je vais rester vigilant.

Novembre 1983
Bon c'est de plus en plus la merde en Angleterre, ma famille a même dû quitter le Terrier. Le Terrier quoi, j'en reviens pas. Je fais office de rebelle dans la fratrie, à rester aussi en vue à Londres mais je prends le risque, ces abrutis ne me feront pas peur. Du moment que Nora est en sécurité avec les parents...
Ce matin, j'étais tellement préoccupé par la situation que j'ai mis plus d'une heure à ensorceler le balais sur lequel je travaillais ! Et pourtant, bois de qualité, façonné avec soin, ça aurait dû être facile. Il faut que j'essaie de me calmer, l'inquiétude me joue des tours et mon travail ne doit pas en pâtir. Ma magie non plus. Mes sortilèges informulés, ma spécialité, ou non pourraient s'avérer utiles pour ma survie dans un futur proche. Hamisch n'a jamais été aussi protecteur vis à vis de moi, j'ai confiance en son instinct mais ses crocs seraient bien inutiles face à ce que mon père m'a raconté dernièrement.