Gala dormait profondément lorsque les contractions se firent sentir. Enceinte depuis plus de huit mois, elle savait que son accouchement était proche. Mais pas d’hôpital moldu pour elle, un médecin sorcier arriva quelques heures après, constatant que son enfant allait bientôt naître. En effet, après une bonne heure de cris et de gémissements tous plus aigus et forts les uns que les autres, naquit Lucrèce, qu’ils nommèrent ainsi en hommage au philosophe latin, moldu certes, mais d’une grande intelligence. Son père vint les voir, et regarda avec des yeux critiques le nouveau-né. Plutôt bien formé, il était assez potelé, pas difforme en somme. Acquiesçant de la tête en direction du médecin, il le congédia de ce simple geste. Ainsi la vie du bébé était sauve. Car chez les Black, on ne voulait pas d’handicapés ou de difformes, ce serait une honte pour la famille, pour la lignée. Même si le père de cet enfant était déçu que ce ne soit pas un garçon, son épouse lui promis de lui en donner un quand sa fille sera assez grande, ce qui le rassura un peu. La mère de Lucrèce avait un accent russe assez prononcé quand elle parlait anglais, ce qui faisait son charme. Ils s’étaient rencontrés lors d’un voyage qu’Alphard entreprit à travers l’Europe, pour un sorcier qu’il servait. Elle descendait d’une prestigieuse lignée de magiciens russes, ce qui charma tout de suite le Black. Cinq ans après, ils se marièrent avec l’approbation de toute la famille.

Ainsi cette naissance était bien vue dans leur entourage, et très vite la petite se fit adopter par tous les membres du clan. Bien qu’elle ne s’entende pas avec la plupart des membres de sa famille sinon son père et sa mère, Lucrèce se lia d’une forte amitié avec leur elfe de maison, Machin. Il était très doux et gentil avec elle, c’était une sorte de percepteur, bien qu’il fût vieux et usé. Machin lui avait appris les bonnes manières, la doctrine Black, ce qu’il fallait savoir sur le monde des sorciers, et ce jusqu’à sa mort. Cette dernière attrista énormément la petite fille, qui venait alors d’avoir cinq ans. Elle apprit avec sa mère à parler latin, car elle était professionnelle dans l’histoire des sorciers à travers le monde, et il semblerait que le monde latin ait été très propice au développement de la sorcellerie. Son père, lui, elle ne le voyait que très peu, étant très occupé par son travail. Elle ne savait pas ce qu’il faisait et ignorait presque tout de lui. Pourtant elle portait son nom, et l’on disait qu’elle avait les mêmes cheveux que lui. Il n’y a que de rares soirs où, quand elle n’arrivait pas à dormir, elle descendait au salon de leur coquette demeure du centre de Londres et que, regardant dans l’entrebâillement de la porte, elle le voyait discuter avec de nombreuses personnes aux habits sombres, et parler de choses qu’elle ne comprenait pas.

Quand son père la surprenait, elle se faisait rouspéter, souvent gifler, et le nouvel elfe de maison le ramenait dans sa chambre. Elle ne l’aimait pas, celui-là, il n’était pas comme Machin, il ne l’aidait jamais et ne faisait que de la dénoncer. Parfois elle lui jetait des cailloux, et attendait avec hâte le jour où elle connaîtrait des sorts pour lui faire du mal. Suivant une éducation assez stricte, elle développa pourtant un caractère méprisable, que l’on montrait souvent du doigt lors des dîners de famille. Mais on la félicitait de son langage correct et très développé pour son âge, et déjà elle savait tenir un débat avec ses oncles. Très mature du haut de ses huit ans, elle ne s’amusait pas avec ses cousins et préférait écouter les discussions de grandes personnes. Son invitation à Poudlard arriva presque la veille de ses onze ans. Ses parents hésitèrent, car Dumbledore n’était pas très bien vues des lignées Black et Malefoy. Pourtant elle y fut envoyée, et de toute hâte elle prépara ses valises pour aller au château. C’est émerveillée qu’elle découvrit le Poudlard Express, et qu’elle regarda par les vitres les paysages des landes anglaises, avec une soif d’apprentissage sans limites. Le Choixpeau ne s’attarda pas sur son compte, et elle prit presque immédiatement sa place dans sa maison.

Elle ressentait une profonde haine envers les autres enfants qu’elle trouvait trop immatures, haïssant les nés-moldus et autres sang-de-bourbe, ayant été élevée pour les détester. L’apprentie sorcière se découvrit une passion pour les sorts d’envoûtement, ainsi que pour le Quidditch, qu’elle regardait avec émerveillement sans pour autant s’y aventurer. Ce n’était pas une sportive, mais une littéraire qui aimait s’aventurer dans les longs couloirs de la bibliothèque. Elle apprécia très trop les tumultes de la drague, passant d’un garçon à un autre très rapidement, les faisant fondre de son regard de biche qu’elle tenait de sa mère. Ses années à Poudlard passèrent si vite qu’elle ne les vit à peine venir, appréciant ses vacances en famille malgré le fait que son père n’était quasiment jamais là pour la féliciter ou même prendre de ses nouvelles. C’était presque un inconnu pour elle, contrairement à sa mère à qui elle vouait une grande admiration.

Lucrèce avait une bande d’amis qu’elle revoyait tous les ans et à chaque rentrée, qu’elle ne lâchait presque jamais car ils lui étaient très chers, bien qu’elle appréciait la solitude et la liberté dont elle pouvait profiter à sa guise. En son cœur néanmoins naissait une peur et un désir des plus anormaux : alors que toutes les filles de son entourage sortaient avec des garçons et s’y tenaient, elle papillonnait entre plusieurs prétendants, parfois cela ne durait que quelques jours. La forme d’un torse musclé, d’épaules larges et de bras forts qui pourraient l’enlacer ne l’attirait guère. Ce qui lui plaisait, c’était plutôt les poitrines, les jolies fesses bombées, les longs cheveux soyeux, les traits fins du visage d’une femme. Pensant d’abord à une maladie, elle se força à apprécier les mâles, mais elle se résigna à rester célibataire, considérant son homosexualité comme une tare et la cachant des yeux de tous.

Lors de sa cinquième année à Poudlard, elle passa le BUSE, qu’elle réussit plutôt bien, même si son géniteur n’en pensa pas autant, la menaçant de toutes les punitions pour qu’elle obtienne la meilleure note aux ASPIC, ou au moins un E, pour « honorer la famille et emplir ton père de fierté », trouvant ça un peu ironique au passage pour quelqu’un qui ne s’intéressait même pas à elle. La septième année arrivée, alors que ses efforts étaient au maximum et que son rythme de travail était de presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre, elle passa les ASPIC et obtint … Effort Exceptionnel, comme elle le prédisait.

Maudissant tous les élèves qui avaient obtenu l’Optimal, elle rentra chez elle la queue entre les jambes, honteuse de ses résultats. Son père, absent, ne lui envoya une beuglante que quelques jours après, bien que sa mère l’ait supplié de ne pas trop en vouloir à sa fille. Noël 1978, son Patronus apparut, ainsi que tous ceux des autres jeunes gens de l’école de sorcellerie, semant une belle pagaille au sein de l’établissement. Néron, lui, se plaisait aux côtés de sa maîtresse, bien qu’il fût horriblement complexe à éduquer, que ce soit sous sa forme d’insecte ou celle de canidé. Voulant continuer ses études pour prouver à son père qu’elle n’était pas si nulle qu’il pouvait le présager, elle fut acceptée en Enseignement Magique, car depuis toujours Lucrèce voulait partager sa passion et celle que sa mère eut avant elle : celle de l’Histoire de la Magie, mais aussi en apprendre davantage sur les sortilèges et devenir puissante voire même redoutable. La tête plein d’ambitions et de projets, elle commença son cycle d’études avec optimisme, déterminée à montrer de quel bois elle se chauffe.