CROYDON, ANGLETERRE

Loin des richesses, des terres familiales et des titres nobles, la famille Livingston suivait une vie dénuée de reconnaissance et de sympathie. Emprisonnée dans une amère mélancolie, elle subissait jour après jour une humiliation certaine face à ce que Monsieur Livingston, né moldu, avait osé comettre comme crime. Tué un sang-pur par révolte n'avait pas eu l'effet de révolution escompté, comptant le nombre d'années qu'il lui restait à passer derrière ces sombres murs que comportait la prison d'Azkaban. Militant pour un monde juste et honnête, tout ces confrères l'avaient néanmoins abandonnés. Dans un but vain et nocif pour le nom qu'il portait, le vieil homme avait porté un coup mortel au monde magique. Tout le monde en parlait et la plume acide de Mme Ernisther, célèbre journaliste de l'époque, ne cessait de conter la vie misérable qu'avait mené ce cher Livingston, prit de folie. Par principe, ce dernier avait largement fait profil bas, laissant la presse parler sans répondre à une quelconque question. Rapidement jugé coupable d'homicide volontaire malgré que la folie ait été suggérée, il laissait derrière lui une famille disloquée, ravagée par ses propres actes. Allant jusqu'à changer de nom, il n'y avait que le dernier, Alastar Livingston, prêt à se battre pour la cause de son père, quitte à sombrer dans une obsession malseine. Bien jeune à l'époque, il grandissait avec des idéaux plus qu'extrémistes, loin de ceux que son père aurait imaginé pour lui malgré ce qu'il affirmait. Prit d'une envie vengeresque, il s'auto proclamait le défenseur du sang, contrairement à ses paroles plus que haineuses envers les sangs purs, et les nobles alliés à leur cause, malgré le statut de sa mère, de sang pur. Durant sa scolarité à Poudlard, le jeune Alastar devenait de plus en plus travailleur, accédant au premier rang avec une joie non feinte. En compétition avec l'un de ses camarades, il s'était juré d'écraser tout ceux qui s'estimaient supérieur à lui. Le souvenir de son père en tête, il n'en devenait que plus ambitieux, dans une cause perdue qui n'engendrait que malheurs et déception chez ce jeune Serpentard. Ses actes jugés causés par la folie de son père, l'histoire de ce dernier ne fit que revenir à la surface, emportant avec elle une vague de haine envers les Livingston. Haine qui, ayant répercussion sur la famille entière, n'avait engendré qu'une profonde rancœur de la part du vieux Livingston, pour sa propre personne. S'en voulant bien trop de ce qu'il causait, il décéda en prison suite à une lourde dépression.

Touché par la mort de son père, l'image de la révolution qu'il admirait, Alastar se renfermait sur lui-même et ses actes ridicules, reniant sa propre famille, visant à faire ouvrir les yeux au monde magique, en vain. N'étant pas assez doué pour parvenir à ses fins, il n'en fut que plus affecté et amer. Malgré cela, quelques années après sa sortie de Poudlard, Alastar rencontrait une jeune femme, blonde aux yeux noirs comme la nuit. Amoureux comme jamais, il en avait presque oublié son objectif, cette jeune femme l'apaisant dans cela, l'enveloppant dans un cocon de douceur. Mariés rapidement, ce n'était pas le salaire du jeune Livingston, qui aurait pu subvenir à leurs besoins. Vivant durant plusieurs mois chez les parents de Mme Livingston, à Londres, Alastar pu dégoter un emploi au sein du Ministère même, se faisant oublier de la plume à papote des journalistes pour se consacrer à une vie de famille digne de ce nom, souhaitant plus que tout en fonder une avec sa tendre épouse. Loin de la capitale, à Croydon, les quelques Livingston restant vivait une période plus calme, fondée dans le déni le plus total des actes de leurs proches. Pourtant, quelques vieilles personnes, marqué par l'histoire des Livingston, continuaient leurs rumeurs et ragots au sujet de cette famille qui avait tant de haine pour les sang-purs, selon la presse. La plupart étant des familles nobles, l'image du vieux Livingston s'était profondément ancré dans celles-ci, étant le symbole même de la folie des sangs inférieurs, et de leurs envies tout bonnement ridicules de parvenir au même rang qu'eux. L'épouse de cet homme, recluse dans une maison à la devanture décrépie, avait finit ses jours auprès de la seule et unique photo de son mari qui n'avait pas brûlé avec les papiers à scandales dans sa propre cheminée.

LONDRES, ANGLETERRE

Loin des racontars, Alastar vivait une vie tranquille et plus paisible que jamais. Malgré des actes insensés, il tentait tant bien que mal d'oublier son obsession, gardant néanmoins des traces profondes des blessures du passé. Se réconciliant avec lui-même, il essayait de mener une carrière digne de ce nom au sein du ministère, malgré un petit poste qui ne lui permettait pas une reconnaissance toujours visée. Déménageant de la maison familial de sa femme, ils eurent rapidement un enfant, Isy-Blake. Son emploi le lui permettant, Alastar passait la moitié de son temps entouré de sa nouvelle famille, ne se préoccupant pas de la frustration qu'il commençait à ressentir face à ce qu'il avait dû abandonné. Cependant, loin de l'oublier comme il aurait pu le faire, il consacrait ses pensées à des coups d'états, qu'il ne commettra jamais. Dans les mensonges les plus simples, il cachait à sa femme sa terrible envie de continuer ce qu'il avait oublier derrière lui, à Croydon, ce qu'il ne fit pas. Loin de cette ville, vivant en plein coeur de la capitale, il savait qu'il était méconnu de tous ici, surtout de par ses actes et ceux de son père, et malgré ce que la presse de Croydon avait pu certifié, il n'était pas fou. Ne voulant pas tout détruire comme son père l'avait fait, il enfermait ses idéaux dans un coin de son bureau, sur de vieux parchemins qui n'étaient pas censé être là. Pourtant, plus les mois passaient, plus son statut de père de famille le pesait. Peut-être avait-il agit trop vite, ne se sentant vraisemblablement pas prêt à élever un enfant alors qu'il n'arrivait même pas à se contenir lui-même. Laissant sa femme s'occuper de l'éducation de leur fille, Alastar les délaissait au profit de son travail, désirant désormais un poste plus haut placé.

C'est à la mort de sa femme qu'il dû, prêt ou non, prendre le relais. Sa fille n'ayant que six ans, Alastar en était perplexe, perdu, ne sachant comment s'y prendre. Fortement touché par la mort de sa femme, il l'avait tout d'abord laissé chez ses beaux-parents durant plus d'une semaine et demi. Ce n'était pas pour la garder loin de toute cette histoire, mais plutôt parce qu'il ne savait pas comment annoncer cela à une petite fille, à sa fille, avec qui il devait maintenant vivre seul. Néanmoins soutenu par ses beaux-parents, ils avaient acceptés de s'occuper d'Isy lorsque Alastar ne le pourrait pas. Bien trop compréhensif, ils étaient loin d'imaginer que leur gendre rêvait plus que jamais de mettre fin à ses plans. Ressortant ses parchemins, son calepin de connaissances plus remplie qu'autrefois mais également des pensées plus sombres que la normale, il redevenait en effet celui qu'il était avant sa rencontre avec sa femme. C'est alors qu'il se senti comme libéré d'un opressement et d'une restriction qui lui avait toujours pesée dans le silence, malgré ses sentiments forts pour sa femme. Comblant le vide qu'il ressentait alors par sa trop grande présence dans la vie de sa fille, Alastar n'en devenait que plus autoritaire et dictateur. Plus les années passaient, plus il la voyait comme la potentielle Livingston qui pourrait enfin l'aider dans une quête dont elle se fichait pourtant. Malgré tout, il continuait d'affirmer que les sangs purs n'était qu'une race ayant soif de supériorité, se l'auto proclamant bien trop selon lui. Voulant les éradiquer, au contraire de ce qu'il aurait dit étant jeune, il les mettait désormais tous au même rang, ne se préoccupant plus des idéaux de chacun. Faisant une fixation malsaine là-dessus, il ne se rendait tout simplement pas compte de la peur qu'il engendrait chez sa fille. Clamant haut et fort qu'elle était obligé d'avoir des pouvoirs magiques, la petite fille n'en était que plus effrayée, n'ayant commit aucun signe qui lui révélerait ces derniers. Demandant, un jour de pluie, s'il continuerait à l'aimer même si elle n'en avait pas, la réponse n'en était que plus alarmante. « Ne pense pas à de telles bêtises, tu es une sorcière, point. Je ne veux plus t'entendre dire de telle chose, c'est bien compris ? »

Envisageant alors la vie entière de sa fille sous ses yeux, âgée d'à peine dix ans, la jeune Isy commençait déjà à apprendre les règles ainsi que les bases fondamentales qu'elle devait connaître au sujet de la magie, et de Poudlard. Emmené au ministère lors d'une seule et unique journée, si ses yeux n'auraient pas été si innocents, elle aurait pu se rendre compte de l'obsession que menait son père. Voulant à tout prix être mêlé aux grandes affaires, il sait manipuler les gens, obtenant alors à l'époque un poste plus haut placé, plus important. N'avouant jamais ses intentions, Alastar comprenait alors qu'il devait les cacher pour les mener à bien. Hormis sa fille, il ne parlait de celles-ci qu'auprès d'un de ses anciens camarades de classe, qu'il avait réussi à embarquer dans l'aventure. Dans le plus grand des secrets, Alastar prévoyait le soutien du ministère, pensée tout aussi ridicule qu'infondée. Se consacrant alors à son travail, il devenait de plus en plus absent auprès de sa fille qui passait le plus clair de son temps chez ses grands parents. Bien qu'elle adorait son père, Isy, du haut de son très jeune âge, n'en était que soulagée. Loin des cours de magie et des histoires sans fin au sujet de personnages célèbres, elle pouvait enfin respirer. C'est d'ailleurs là-bas qu'elle fit la première découverte de ses pouvoirs, explosant sans le vouloir un objet contre le mur. Loin d'être rancunière à ce sujet, sa grand-mère en avait été ravie. Tout comme Alastar qui, soulagé, continuait de lui conter les choses qu'elle devrait faire une fois à Poudlard. Toujours se surpasser pour dépasser les autres, mépriser les sangs-purs, devenir la meilleure et faire connaître leur nom à travers de grands travaux.

Prostrée dans son lit toute les soirées durant sa jeunesse, Isy ne devait contredire son père. Ne pouvant exprimer ce qu'elle ressentait, elle faisait déjà des concessions, bien trop grandes pour une petite fille de son âge. Se forçant à penser comme son père, elle n'y arrivait néanmoins pas. Tenant visiblement de sa mère, sa douceur et sa gentillesse faisait qu'elle ne pouvait s'imposer face à Alastar, acquiesçant à sa moindre parole. Sa personnalité et son caractère déjà opprimés à l'époque, façonnait une petite fille aux idéaux floues, sans aucune opinion du moment que son père ne lui avait dit comment se comporter. La croyant au départ timide, ses grands-parents n'avaient pas réagit face à tout cela, jusqu'à ce qu'Isy gaffe, avouant qu'elle ne pouvait pas sortir car son père lui avait dit que les sangs purs étaient partout. Fortement choqués, ils avaient alors essayé de la retirer un maximum de l'emprise de son père, désormais en désaccord avec lui. Alastar, mécontent, avait coupé les ponts suite à cela, privant Isy des vacances qu'elle préférait passer chez eux.

POUDLARD, LONDRES

Poudlard. Fascinée, émerveillée, Isy voyait en cet immense et somptueux château une maison chaleureuse et accueillante qu'elle n'avait jamais connu. Se sentant enfin chez elle, la petite fille essayait alors de s'intégrer doucement aux groupes d'élèves qui se formaient déjà. En vain. Bien trop timide, elle n'en restait que trop effacée pour la plupart de ses camarades, qui ne connaissaient qu'à peine son prénom. Ne forgeant qu'une seule et unique amitié à sa rentrée à Poudlard, elle avait été fortement déçue en s'apercevant qu'elle n'était que fictive et superficielle lorsque la petite fille en question l'interpellait "Isabelle". Ne pouvant se défendre, Isy était devenue une sorte de tête de turc pour certains de ses camarades de Poudlard. Apeurée face aux sangs-purs, ne sachant comment réagir face à eux à cause de son père, elle se laissait tout bonnement faire, martyrisée par quelques élèves qui n'en étaient que plus ravi. Dès ses premiers mois au sein de l'école de magie la plus célèbre, Isy s'enfermait dans son dortoir, ou bien à la bibliothèque. Entourée alors de livres, l'une de ses uniques passions à l'époque, elle entreprenait déjà la lecture de la plupart d'entre eux. Connaissant qui plus est déjà sur quoi porterait son programme de première année suite aux enseignements de son père, Isy pouvait largement se préparer à ce qu'elle allait vivre en classe, obtenant de très bonnes notes dès le départ, causant la fierté de son père. Passant ses quelques vacances dans une maison vide, elle ne faisait que lire pour occuper son temps libre, se documentant sur tout les êtres magiques qu'elle ne connaissait pas encore. Admirative face aux pratiques moldues qu'elle avait pu découvrir dans l'un de ses livres, Isy découvrait une vie dont elle avait toujours été mise à l'écart.

« C'est quoi ça, Isy ? Hein ? Tu lis ce genre d'âneries maintenant ? Et tu crois que c'est comme ça que tu te feras respecter par les sangs-purs hm ? Tu vas me faire le plaisir de ranger tout ces trucs, je ne veux plus jamais les voir dans tes mains. » A vouloir surpasser ses ennemis sur le champ de bataille, on n'en devient que plus similaire. Alastar aurait dû comprendre cela, s'engageant dans une éducation très étroite et singulière pour sa fille. Jetant l'un des seuls livres qu'elle s'était offert dans la cheminée, Isy contemplait le titre brûler petit à petit. L'étude des Moldus approfondie. Les lettres fondaient une par une alors que Alastar, visiblement énervé pour une chose qui échappait à la petite sorcière, continuait de marmonner dans sa barbe. De retour au château, elle n'avait pas attendu pour rendre tout ses livres concernant les moldus à la bibliothèque, décidant alors de les oublier pour se consacrer à ses autres lectures. Manquant malgré tout de quelque chose pour ses connaissances personnelles, elle comblait ce vide à travers des livres sorciers qui parlaient vaguement de leur mode de vie. S'intéressant rapidement à l'étude des humains en général, Isy s'imaginait déjà connaître un métier qui la fascinerait. Loin de tout cela, Alastar la poussait à faire plus, toujours plus dans ses cours et ses devoirs, mais également de se consacrer à toutes les matières qu'il y aurait pour suivre un cursus de médicomagie.

Ce n'est qu'à la fin de sa deuxième année à Poudlard qu'Isy, fortement lassée des blagues de ses camarades à son sujet, décidait enfin d'imposer sa voix cristalline. Attrapant fermement un verre de jus de citrouille pour le dernier jour d'école, elle l'avait balancé le plus fort qu'elle avait pu le faire sur le visage du camarade qu'elle avait le plus haït lors de ses premières années. Loin de la vue des professeurs, Isy ne fut évidemment pas punie, connue pour sa timidité et son sérieux. Un fin sourire satisfait sur les lèvres, elle quittait alors Poudlard, envisageant une année qui allait être bien plus tranquille que les deux précédentes. L'été même, Alastar vérifiait une fois de plus les résultats de sa fille, qui semblait bien trop confiante à son goût. Ce n'était pas assez, ce n'était jamais assez. Il la voulait au premier rang, comme lui à l'époque. Il voulait qu'elle dépasse les autres, et de loin pour bien se faire voir par tous, ce que Isy ne désirait pas le moins du monde. Déçue face au comportement de son père, elle se détachait peu à peu d'une éducation bien trop restrictive et dictatrice. Commençant enfin à suivre son propre cheminement de pensée, elle lisait tout ce qu'elle devait réellement savoir sur chaque chose que son père avait tenté de lui apprendre. Prenant toujours des distances avec ses camarades en qui elle n'avait aucune confiance, elle gardait néanmoins une énergie qu'elle n'aurait jamais soupçonnée quand il s'agissait de défendre sa cause. Maladroite et très peu douée pour cela, Isy y arrivait néanmoins un minimum pour se faire enfin entendre. Continuant à obtenir des résultats plus que satisfaisant, elle n'avait pourtant jamais tenté d'être première de la classe, ne participant d'ailleurs presque pas lorsqu'il le fallait.

FORET INTERDITE, POUDLARD

Lors d'une fin d'après-midi, Isy lisait comme à son habitude sous un grand arbre, à l'ombre. Le temps était clément ce jour-là, la pluie restant à l'écart de celle-ci. Préférant néanmoins la pluie au soleil et l'orage à la légère brise de vent qu'elle sentait s'engouffrer dans les cheveux, Isy avait maintes fois soupirer, attirant l'attention d'un jeune élève non loin de là. Ne prêtant pas attention aux interpellations de ce dernier, elle avait néanmoins finit par relever les yeux en l'entendant fortement soupiré à son tour, s'adossant à un arbre à la lisière de la forêt interdite. Fronçant les sourcils, la jeune sorcière âgée d'une quinzaine d'année environ en avait rapidement conclu qu'il devait être en retenu. Retournant à sa lecture, elle prêtait cependant attention aux paroles presque inaudibles du jeune homme qui rouspétait contre une punition injuste à cause d'un préfet sombrement idiot. Shootant dans un caillou, ce dernier avait alors manqué de rebondir contre le crâne de la jeune fille, qui avait alors baissé son livre brusquement. « C'est pas parce que t'es en retenu que tu dois m'emmerder ! » Visiblement surprit de voir une jeune étudiante connue pour être distante, effacée et timide, lui répondre ainsi, il ne pipa mot durant quelques secondes avant de froncer les sourcils à son tour. Gênée, Isy essayait de retourner à sa lecture alors qu'il répliquait. « Hé, j't'ai pas sonné ok ? Mais... C'est sûr que ça ne serait pas toi qui serait à ma place. » Moqueur, il lâchait un léger rire franc mais mesquin. Fermant alors son livre, Isy se relevait. S'époussetant parfaitement, elle prenait le temps de remettre ses cheveux en place de manière presque impeccable avant de reporter son attention sur le jeune, réputé au sein du château grâce à une certaine popularité qui avait toujours permit à la jeune fille de le juger irrespectueux et arrogant. « Et alors ? Je ne vois pas le mal qu'il y a à respecter un règlement »

Sourire moqueur, tenue désinvolte et posture nonchalante. Son vis à vis se détachait alors de l'arbre auquel il était adossé, et fit quelques pas en direction de la jeune sorcière. Haussant les épaules tout en regardant à droite, puis à gauche, il lui lançait, bien plus bas que ses dernières paroles. « T'es trop coincée, toi, pour faire ce genre de chose » Croisant alors les bras, Isy lui lançait un regard noir, ne sachant comment répliquer. Après tout, elle savait qu'il n'avait pas tord. Jamais elle n'avait osé défier quelconque autorité, se pliant à tout ce que les autres voulaient. Se mordant l'intérieur de la joue, elle allait se détourner de lui lorsqu'il l'avait alors interpellé de nouveau. « Je paris ce que tu veux que tu ne peux même pas mettre les pieds dans la forêt. T'es trop froussarde pour ça » Y voyant là un moyen de couper court à la discussion, mais également de lui faire fermer son clapet, Isy le pointait du doigt. « Très bien, regarde et tais toi » Le bousculant légèrement, c'est ce jour-là qu'Isy pénétrait seule dans la forêt interdite, suivit néanmoins du jeune sorcier presque sur ses talons. Apeurée, elle regardait continuellement dans toutes les directions possibles, ne voulant pas se faire attraper en train de commettre une infraction au règlement pour cet espèce d'imbécile. Légèrement enfoncée dans la forêt, l'obscurité se faisait bel et bien plus présente qu'à son habitude. Sentant un léger frisson, Isy fut fortement surprise en se sentant bizarre, comme étrangement bien même. Un léger sourire disparu rapidement de ses lèvres alors que des bruits peu rassurant se laissaient entendre non loin d'eux. Agrippant le bras du jeune sorcier, elle avait émit un léger cri avant de faire le chemin inverse, entendant un léger rire de la part de son camarade.

A cause du tempérament de ce jeune sorcier, mais surtout grâce à lui, elle avait pu découvrir quelque chose qui l'avait enfin fait sortir d'une cage invisible. Ayant senti une certaine frustration s'évanouir pour la première fois de sa vie, Isy se sentait libre, vivante. Depuis ce jour-là, elle avait osé recommencer des infractions, certes minuscules, mais qui était un grand pas en avant pour la demoiselle. Malgré tout, elle et sa maladresse légendaire les avaient dénoncées, lorsqu'un soir, voulant sortir du château malgré le couvre feu, elle avait émit un bruit sourd et fracassant dans une allée. Prise sur le fait, elle avait été punie, pour la première fois. Ne s'en préoccupant pas, elle s'était juré de recommencer. Enfin, elle pouvait respirer, comme si toutes ces années, elle n'avait pas pu se rendre compte du manque d'oxygène qu'elle avait ressenti. Malgré cela, au courant de ce qu'il s'était produit, Alastar avait décidé de tout mettre au clair avec sa fille. Lui passant un savon monumental, ils avaient vécu une grande altercation. Déclarant même qu'elle ne serait plus une Livingston si elle se comportait comme une imbécile, Isy en avait été affectée. C'est à partir de ce moment qu'ils avaient prit la décision d'un commun accord qu'elle passerait ses vacances au château. Obligée de se tenir à carreaux, Isy avait passé de longs mois sans rien tenter, se sentant alors de nouveau lasse, amère, de tout ceci. Jusqu'à, une fois de plus, reprendre ses activités illicites, ne serait-ce que pour aller contempler les étoiles la nuit, sur l'herbe fraiche du parc. Plus prudente, il lui arrivait néanmoins de tomber nez à nez avec quelqu'un, camarade ou non, préfet ou pas, jetant rapidement au feu les lettres de son père suite à ses bêtises, qui se faisaient néanmoins assez rares pour que peu de monde soit au courant de tout ceci. Cachant à la perfection ce goût du risque et cette envie d'aventure, Isy, bien que franche, jouait à un jeu. Mystérieuse, elle adorait tout ce qui se référait aux choses interdites. Ajoutez à cela ses passions pour le quidditch, le lac noir et les créatures dangereuses, et vous comprendrez certainement pourquoi, la jeune et timide Livingston tentait de cacher son jeu.