Chapitre un : Radio Londres.

Un bruit encore. C'était un cri strident, venu d'outre-tombe. Un hurlement déchaîné qui hurlait partout, ne laissant aucun répit à personne. Le bruit frappait le sol, rebondissait sur les immeubles, il cognait les arbres et traversait les nuages.
Dans la rue, des hommes couraient à vive allure, un bras protégeant leurs fragiles crânes. Des moustaches dansaient dans les rues, des talons claquaient et très vite, ce fut le vide absolu. A la cave, vite.

Le ciel s'était obscurci, ce n'était point du mauvais temps ni même la vengeance d'un magicien déchaîné, non. C'était simplement des nations folles qui s'affrontaient. Des avions allemands venaient achever un pays déjà mourant, et en brave s'hérissaient les pilotes de la Royal Air Force. Nous étions le sept avril 1941, à un mois de la victoire de l'Angleterre sur les forces de l'Axe.

Et c'est ce sept avril, sous l'effondrement des bâtiments, dans une des trois caves d'un énorme manoir londonien qu'un bébé décida d'arriver. Et alors qu'au dehors, les mugissements des avions se faisaient encore plus forts, les cris d'une sorcière déchiraient les oreilles d'un homme paniqué. L'homme regardait la porte au dessus, sa baguette à la main. Il avait protégé les lieux mais ne savait comment faire. Avec les allemands au moins, on sait comment réagir   se disait-il alors qu'il tentait de faire respirer sa femme de façon plus régulière.

Il n'était point médecin, lui, richissime héritier qui occupait de hautes fonctions d'état, il ne savait par conséquent comment accoucher une femme et trouver un médecin par temps de bombardements se résumait à trouver une aiguille dans une grange emplie de foin. Sainte Mangouste débordait de sorciers malades, affectés par la privation, le rationnement et par quelques maladies liées à ce climat peu convenable. Et il était hors de question de faire appel aux moldus, ces gens n'avaient aucun talent lorsqu'il s'agissait de médecine et leurs hôpitaux n'étaient guerre dans un meilleur état.

A ce moment précis, alors que son enfant était en train de sortir du ventre de sa mère, il maudit Hitler et les nazis. Il fixa sa femme, ses cheveux étaient collés à ses tempes en sueur. La jeune femme soufflait, soufflait et soufflait encore. Elle ne semblait pas mal au point d'y laisser sa vie mais suffisamment pour hurler lorsqu'une contraction prenait son ventre d'assaut. Et alors que les courageux pilotes de la Royal Air Force mourraient dans le ciel, se battant à un contre cent contre les as de la Luftwaffe, la jeune femme expulsa enfin son enfant.

D'un coup de baguette, le père sectionna du mieux qu'il put le cordon. A ce moment, la porte de la cave bascula, et derrière, le père ne vit qu'une robe pourpre. Avant qu'il est pu jeter un sort, l'homme derrière la porte prit la parole. "Quelqu'un a besoin d'un mage accoucheur par ici ? "

Comme toujours avec les administrations, même sorcières, il était trop tard.

Chapitre deux : Il faut sauver le soldat Flint.

L'absence. Avant ce moment, Karen ne savait point ce que c'était véritablement que l'absence. L'absence n'était pas seulement physique, elle était surtout mentale.

Bien que son mari se soit en allé souvent pour des raisons professionnelles, elle avait la garantie de le revoir, aujourd'hui, rien n'était plus incertain que de pouvoir poser à nouveau ses yeux dans les siens. Rien n'était moins sûr qu'il puisse encore entrer en elle, délicat comme un tapis de velours ou plus brutalement, comme une bête.

Rien n'était tracé, plus aucune ligne n'était définie, et c'était bien ça le pire dans l'absence. La sorcière noyait l'ennui et son inquiétude en promenant son fils un peu partout. Elle le conduisait dans de sombres endroits comme ces magasins de l'Allée des Embrumes qu'elle et son époux affectionnaient tant, et parfois, elle le conduisait jusqu'à Gringotts pour y retirer de l'argent hérité.

Mais à trois ans, l'endroit que le jeune Moses préférait, c'était l'animalerie du Chemin de Traverse. Il pouvait s'y perdre pendant des heures, contemplant tour à tour les rats, bien trop vicieux et manipulateurs, les chats qui le faisaient éternuer à chaque fois qu'il s'en approchait. Il s'attardait souvent auprès des hiboux, car bien que bruyants, il trouvait ces derniers majestueux. C'était les yeux de l'un d'eux qui le marquèrent à jamais.

Cette même année, celle des découvertes, la mère du futur professeur reçu une lettre du Ministère de la Magie. Elle s'était mise à pleurer à l'ouverture, et ne s'arrêtait plus depuis lors, et bien que le gamin n'eut rien compris, c'était les yeux du hiboux qui l'avait apporté qui n'étaient pas de bonne augure, et finalement lui aussi s'était mis à pleurer.

Deux heures plus tard, sa mère aux yeux rouges vint le ramasser du coin de salon où il s'était échoué et en lui caressant les cheveux, elle lui appris que son père revenait à la maison. Sa mission secrète pour le Ministère était terminée.


Chapitre trois : Manifestation surnaturelle.

Il faisait froid au dehors. Le froid était si glacial qu'on ne pouvait sortir sans des couches entières de vêtements hivernaux. A l'intérieur du manoir Flint, il faisait pourtant une température idéale, les cheminées magiques fonctionnant à plein régime. Une musique de fond se dispersait dans toutes les pièces de la maison et il régnait à l'intérieur un véritable climat de paix.

Au second, une femme se détendait sur son lit, les yeux clos, elle semblait déjà loin au pays des rêves, parfaitement horizontale et complètement reposée.
Elle ronflait légèrement au rythme de l'horloge qui battait la mesure dans le couloir.

Au rez-de-chaussée, dans le plus vaste des salons de la maison se tenait un petit garçon. Ce dernier s'amusait à compter les poissons d'un aquarium de moyenne importance qui finissait de créer une atmosphère de repos parfait. "neuf, dix... " Puis le trou. Le garçonnet ne se souvenait plus. Impossible. Il visualisa le reste dans sa tête, mais entre le dix et le douze, il lui était impossible de se rappeler du bon nombre.
Il mit sa main sur l'aquarium, fermant les yeux, tentant de se souvenir absolument. Il força sur sa concentration, dix... Dix, dix et puis... ET PUIS ? hurla t-il intérieurement.

A ce moment précis, un craquement. Un craquement sourd. Et une impression d'être emporté loin par des flots interrompus. L'aquarium avait cédé, et le jeune homme apeuré s'était réfugié derrière un fauteuil de grande marque.
Réveillée, sa mère avait accourue dés les premiers bruits et lorsqu'elle avait compris ce qui venait de se passer, elle avait joint ses deux mains comme si elle priait, et s'agenouillant devant son fils de sept ans, elle dit "Mon chéri, toi aussi, tu es un sorcier !", elle essuya ensuite ses larmes, attendant avec hâte le retour de son mari pour le lui dire.

Chapitre 4 : Londres, ici Poudlard.

Une enveloppe. Lorsqu'on parle encore de ses onze ans au jeune homme, c'est son souvenir le plus précis. Une enveloppe ni blanche ni grise, mais d'une couleur crème indéfinissable. C'était une enveloppe qu'il s'était amusé à caresser si souvent qu'elle avait imprimé la forme de ses doigts de pré-adolescent.

Lorsqu'il l'avait trouvé, elle trônait fièrement sur la table de la cuisine, ses deux parents étaient là, installés. Son père bien que déjà en retard avait décidé de patienter jusqu'au réveil du jeune homme. Tellement rassuré que son fils eut une place à Poudlard et qu'il ne soit pas l'un de ces cracmols complètement dénués de sens moral, il était ce matin d'une humeur si joyeuse que la lune aurait été un présent qu'il était à même de promettre à quiconque. Même aux sangs de bourbe qu'il méprisait tant.

Le jeune homme avait ouvert sa lettre avec tellement de parcimonie et d'excitation camouflée qu'à la fin, les larmes coulaient toutes seules. La joie du trio était communicative et les domestiques eux aussi affichaient des mines ravies, par pure hypocrisie surement.

L'été avait filé à une vitesse folle. Sa mère et lui s'étaient rendu sur le Chemin de Traverse où elle lui avait acheté son nécessaire de parfait étudiant en magie à Poudlard, ils avaient fait une nouvelle halte dans la boutique qu'il préférait, SON animalerie. Sa mère lui fit choisir un animal et le lui offrit. Il prit un hiboux, noir et classique.

Son esprit à lui n'était point embrumé, c'était clair et net. Dans le Poudlard Express, il avait remué la question dans tous les sens, et bien qu'il soit proche des serpentards par son père, il espérait que le Choixpeau décide qu'il devrait faire sa scolarité à Serdaigle. De leur doctrine, il se sentait le plus proche.

C'était inexplicable, mais lui, aux parents si arrêtés désirait faire ses études dans une maison plus modérée, basée sur la culture plutôt que sur le sang. (Bien qu'il attache de l'importance à la condition du sang tout de même.)
Dés son plus jeune âge, ses pouvoirs de girouette se mirent parfaitement en place et il se montra le plus changeant des élèves.

Et c'était à Serdaigle qu'il ferait ses études, le Choixpeau en avait décidé ainsi.

Chapitre 5 : Le Monde Magique

Sept ans qui avaient filé en un temps record. C'était l'impression que ça donnait à l'homme dans son esprit. C'était comme un train chez les moldus qui pendant sept ans avait roulé à pleine vitesse sans ne jamais toucher pied.

L'homme était sorti de Poudlard la tête haute, il avait obtenu toutes ses BUSE et ASPICS. Il avait ensuite intégré un cursus universitaire où il avait développé ses talents de magie offensive.
A la sortie de cette université, son père l'avait fait initié et Moses Ryan Flint était officiellement devenu un Mangemort. Plus par obligation familial que par véritable conviction, ce fut en vérité un plaisir que d'être introduit dans une société aussi secrète que cela.

A la même époque, le jeune homme s'interrogea grandement sur son avenir, il ne savait qu'en faire... Il se posa des questions naturelles : intégrer un gouvernement dont les convictions n'étaient pas siennes, devenir le larbin de son père ou répondre à cette annonce de recrutement, celle qui disait que Poudlard se cherchait un professeur de Défenses contre les forces du mal.
Il fut établi qu'en plus de tout, cela pourrait servir la cause des mangemorts et qu'un infiltré à Poudlard pourrait se révéler utile.

Il passa quelques tests après un entretient, et ce dernier fut engagé, se révélant être un magicien moyen, assez talentueux pour retenir l'attention de Dumbledore du moins.
Du temps passa encore et aujourd'hui plus que jamais, il était temps de prendre sa revanche sur une vie bien trop cadrée et de faire valir ses propres intérêts, quitte à se mettre un peu en danger.