Je suis d'origine française, comme mon nom peut l'indiquer. Après avoir rencontré ma mère, s'être mariés et tout le tralala qui suit, mon père a décidé de venir s'installer dans un petit village voisin de Londres. N'étant pas encore né, je n'ai pas pu m'opposer à ce déménagement, je n'ai pas pu éviter la vie de sorcier qui allait s'en suivre. Mais au final, je ne suis pas si malheureux que ça.

Mercredi 14 Juillet 1964, Parc National des Arts.

A ce moment-là, je ne formulais encore que les mêmes bruits répétitifs, quelque chose qui petit à petit allait devenir de vrais mots. On peut dire qu'à trois ans, j'avais encore la tête remplie de rêves fous et irréalisables, tel que marcher sur l'eau, ou encore devenir le premier pilote d'une voiture volante. Les belles années. Enfin, pour les autres. Pour moi, les pires, gâchées, une après les autres. Qui aurait cru que l'âme de ma chère mère était damné ? Personne, pas même son pire ennemi, j'en suis certain. Ce qui est fait est fait et en aucun cas je déciderais de revenir en arrière. Mes souvenirs les plus lointains sont flous, certes, mais c'est mieux ainsi, je ne veux pas souffrir de la mort d'un proche, pas maintenant. Ce n'est pas le moment. Pour mon petit frère, c'est pire. Imaginez-vous, une seule seconde, le jour de votre naissance est aussi celui du décès de votre mère. Tous les ans, mon père souffre, mais malgré tout garde le sourire, pour lui. C'est mon modèle. « Alors, papa, c'est quand que je reverrais maman ? » D'abord il ne me répondit pas, le regard droit sur le jardin fleuri devant lui, laissant un silence qui en disait long s'installer entre nous deux. Je n'osais plus dire un mot, de peur d'enfoncer le couteau un peu plus dans la plaie, malgré mon désir ardent de réponses. Ce fût qu'après de longues minutes qu'il eut le courage de lâcher tout ce qui lui pesait sur le coeur. « Maman ne reviendra plus, mon amour, elle est partie pour toujours en nous laissant.... un petit frère. Mais je te le dis en face, je ne sais pas si je vais le garder. » En parlant de coeur, le mien se brisa, mais pas totalement. Je n'avais que trois ans, ma mère, je ne l'avais pas vraiment connue. Elle me laissait un petit frère... Moi je voulais le garder, m'occuper de lui comme maman s'occupait de moi. « Papa ? Moi je veux le garder, ce petit frère... »

Samedi 14 Juillet  1971, Jardin des Descamps.

Les fabuleux signes de Poudlard me sont apparus vers l'âge de dix ans. Qui aurait pensé qu'un jour je deviendrais un sorcier ? C'était censé rester de la science-fiction, comme les vampires, les loups-garous... Voilà qu'on me disait que non, que toutes ses horribles choses existaient, mais pas sous cet angle. On me disait que la moitié était des gentils, les autres des partisans du mal. Et comme par hasard, ce premier signe tombait le jour du septième anniversaire de mon frère, qu'on avait finalement nourrit sous notre toit. Néanmoins, je ne regrette rien, c'est mon petit protégé. Comme tous les jours d'été, un soleil puissant baignait notre jardin de ses rayons, faisant sortir de minuscules fleurs du gazon. Vêtu d'un t-shirt ordinaire et d'un trois-quart beige, j'avais sorti mon vélo, comptant faire une petite balade avec mes cousins dans les sous-bois de derrière. Mais à peine avais-je mis mon pied sur la pédale droite que je dérapas, m'envoyant dans un buisson d'épines. Avec l'aide de mes cousins, je réussis à m'ouvrir de partout, du sang tachant mes vêtements. En pleure, je rejoignis rapidement mon père, les bras suspendus au-dessus de ma tête. « Paaaaaaaa.... pa ! Regarde ! Papa, j'ai m.... aaaaaaaal ! » Il se retourna à peine, puis repris son couteau et continue de couper le gâteau, l'air un peu agacé. « Ne fais pas l'imbécile, Damdam ! Tu n'as rien... » Il se mit à éclater de rire avec les autres adultes présents à la petite fête. Moi, je m'inspectais de nouveau, tournant sur moi-même comme un chien qui essaye d'attraper sa queue. Pourtant, j'étais certain d'avoir vu le sang couler, la preuve, mes vêtements étaient blindés de sang ! « Mais... Papa je te jure ! »

Lundi 15 Août 1972, Chalet des Descamps.

Comme tous les matins, mon père, une tasse de café en main et emmitouflé dans son peignoir bleu nuit, marchait tranquillement vers la boîte aux lettres, pendant que je nourrissais notre petit chien. Il s'en foutait complètement de l'herbe mouillée sous ses pieds, il continuait tranquillement d'avancer sur le gazon. Mon père et ses ridicules manières de grand chef... A force, ça devenait laçant. Et dire qu'aujourd'hui je devrais encore une fois passé la serpillière dans les escaliers, sortir pendre le linge. Ah, parfois je regrettais de ne pas avoir connu ma mère, elle m'aurait étée d'un grand secours. Mais comme je l'ai dit plus haut, je ne veux pas avoir à perdre un proche, pas maintenant. Ce n'est pas le moment. « Damdam, viens un peu s'il te plaît » De retour dans la cuisine, il fumait sa dernière clope, le regard scotché sur une vieille enveloppe qui me semblait faites en parchemin, à l'écriture encrée verte émeraude. Et je détestais quand il m'appelait Damdam, ce surnom était réservé à mes quelques amis, point ! « Quoi ? » Il me tendit la lettre et m'ordonna de la lire à voix haute devant lui. Une fois que j'eus terminé, il était anéanti et moi... aux anges. Moi ? Un sorcier ? Pourquoi pas, ce serait une occasion pour une presque nouvelle vie non ? Puis voler sur un balai, jeter des sors... Le rêve de tous les gamins de onze ans ! Mais je rêvais un peu trop, peut-être...

« 27,9 cm, Bois de Séquoia, Ventricule de coeur de dragon. Très flexible, M. Descamps ! Une bonne baguette, je dirais même une très bonne baguette ! » M. Ollivanders. Ses paroles, je m'en souviens comme s'y c'était hier, un grand homme ! Je l'appréciais beaucoup, mais on ne fait qu'un seul passage chez lui, ce qui est dommage... Le chemin de traverse était sûrement mon lieu favoris, excepté, bien sûr, Poudlard et Pré-au-lard. En parlant de Poudlard... Là-bas, j'ai tout de suite accroché pour le quidditch, mais encore jamais je n'avais été sélectionné dans l'équipe de ma maison. Pourquoi ? Bonne question, on ne me le disait jamais. Peut-être à cause de la nature de mon sang impur ? Dès la seconde où on m'a parlé des sangs impurs et purs, je savais que je m'attirerais facilement des ennuis...

Dimanche 31 Août 1974, Chambre d'Antoine D.

Ma rentrée à Poudlard c'était réellement bien passée, finalement. Je m'étais tout de suite adapté au mode de vie sorcier, contrairement à mon petit frère. Je me souviens encore de la fois où je suis monté à bord du Poudlard Express, à onze ans. J'étais serein et sûr de moi, n'ayant pas peur de ce qu'il pourrait bien m'arriver. Et je me demande ce qu'Antoine aurait fait si je n'aurai pas été là, à sa rentrée... Il s'en serait sorti, mais... différemment. Je frappais doucement à la porte de sa chambre, alors qu'il bouclait sa valise. Ses yeux remplis de peur et de tristesse me fendirent le coeur. J'avais toujours été très lié avec lui, s'il pleurait, je pleurais. S'il était heureux, j'étais heureux. Et vise versa. C'était comme un automatisme. « Damien... C'est bien là-bas ? Je me ferai des nouveaux amis rapidement ? » Je pris une profonde inspiration et regardait mes chaussures. Je ne voulais pas lui faire de la peine en lui avouant que notre nature de sang allait peut-être changer sa vie comme elle avait changé la mienne. De toute façon, sa vie changera, c'est inévitable. « Antoine, ce ne sera peut-être pas comme tu le penses. Je te l'ai déjà dit, les sangs-purs négligent ceux comme nous du plus haut point... » Je ne pus résister plus, la phrasa sortit seule de ma bouche. « Allez, viens dans mes bras. »

J'ai toujours été un garçon pas très attentif en cours, mais envers mes amis c'était tout le contraire. Et comme je m'y attendais, j'étais souvent rejeté à cause de mon sang impur. Et puis quelle importance ? J'étais aussi accepté dans un groupe avec cette différence. C'est à la fois un défaut et une qualité. Puis, cette histoire de patronus ne fait qu'embellir ma vie. En plus de Dame déo, ma chouette effraie, je pouvais m'approprier un confident, un ami qui ne me quitterait jamais et qui, - magnifique ! -, pouvait prendre deux formes totalement différentes. Dans mon cas, le plus souvent un chien berger blanc suisse ou alors un poulpe. On dit qu'il reflète celui que je suis, mais je n'ai toujours pas compris pourquoi un poulpe... Bref, ce qui compte maintenant c'est l'avenir et j'espère devenir un bon auror. De toute façon, j'ai mon plan de secours.