Je suis née par une nuit venteuse de novembre, vers les cinq heures du matin. Je n'avais pas encore pointé mon nez que j'emmerdais déjà mon monde. Réveiller ma mère par d'atroce souffrance à une heure du matin et retarder ma venue au monde. Je fis souffrir ma pauvre mère durant plus de trois heures. La pauvre magicomage qui avait transplané au manoir n'en pouvait plus, d'une des hurlements de ma mère et des plaintes de mon père.
"Ce n'est pas normal que cela prenne autant de temps !" marmonnait-il toutes les cinq minutes. Et la magicomage avait beau lui expliquer que le "travail" d'un accouchement était parfois long il ne voulait rien entendre, si bien qu'il fut obligé de quitter la pièce par ordre du médecin. Finalement, je finis par sortir, braillant et gigotant. Un minuscule bébé avec trois cheveux blonds sur le crâne et de grands yeux bleus azure. J'étais une fille, au grand damne de mon père qui voulait un "héritier" pour perpétuer le nom des Malefoy. Il avait gagné uniquement le regard noir de ma mère encore en sueur sur son lit quand il avait ronchonné sur la nature de mon sexe. Ma mère me donna le nom d'Agatha et avait dit à mon père.
" Melissandre sera son deuxième prénom, ce n'est pas toi qui es resté à souffrir pendant quatre heures !" Soutenue par la magicomage qui lançait des regards assassin tandis qu'elle me lavait dans une bassine d'eau chaude.
La vie de mes parents commençait à changer. Il fallait veiller sur ma petite personne, chose que je me plaisais à rappeler trop souvent par des larmes de crocodiles. Dès que je fus en âge de parler de marcher et de penser par moi-même, mon éducation archaïque commença. Grandir dans une famille de sorcier comme les Malefoy n'était pas de tout repos. Surtout quand on a un père comme le mien qui était toujours derrière moi pour corriger, surveiller et réprimander mes faits et gestes. Tous les enfants de mon âge sortaient jouer avec leurs minis balais ou autres jeux puérils, pas moi. Mon père m'apprenait l'histoire de notre famille.
" Les Malefoy n'ont jamais, ô grand jamais côtoyer des moldus ou des sangs de bourbe, quand un sang est pur il faut le garder pur et non le mélanger ! Garde ça bien à l'esprit Agatha !" Cette phrase je la connaissais par cœur.
Un sang pur doit rester pur, les Malefoy par-ci les Malefoy par là. Les seuls moments où j'avais la paix et où je n'entendais pas parler des sangs purs et des Malefoy était quand mon père partait travailler et que je restais seule avec ma mère et ma nourrice. Là j'avais le droit à l'éducation dites normale d'une jeune fille de bonne famille. Mais malgré le cadre strict, j'étais tout de même traitée en princesse. J'étais couverte de cadeaux, lors de mes anniversaires ou à Noël. Tout le monde n'avait d'yeux que pour moi, à ma grande satisfaction. Je me souviens du jour où je reçus mon premier vrai balais. C'était à l'anniversaire de mes dix ans. Ce fut mon oncle qui arriva vers moi avec ce grand paquet, un sourire gigantesque lui fendant le visage presque en deux. Mon père regardait son beau-frère comme s'il allait le tuer sur place. Mais j'étais ravie et mon expression avait suffi à l'attendrir quelque peut. "Papa ! Je peux aller dans la cours essayer mon balais ?" Avais-je demandé surexcitée, sautillant autour de lui mon cadeau sous le bras.
Mes yeux brillants d'envie l'avaient fait céder et il eut un geste las de la main en signe d'approbation. Mon parrain et ma mère m'accompagnèrent dans la grande cour. Après un bref rappel sur comment voler sur un balais, je m'élançais maladroitement dans les airs, enfin plutôt à un mètre cinquante du sol, j'avais le vertige. Mon oncle avait éclaté de rire quand il avait vu la manière dont je tenais le manche à balais en le regardant d'un air très mal assuré.
"Tu devrais être content !" Avait-il déclarer à mon père qui s'était empressé de venir voir le spectacle,
"ta fille n'a aucun talent pour le vol ! Elle ne finira pas comme-moi !" Et il mit une grosse tape dans le dos de mon père qui le fusilla du regard. Oui, car la famille Malefoy de mon père et la famille Eastern de ma mère ne s'entendaient pas vraiment, voire pas du tout. Ma mère avait été "donnée" à mon père lorsqu'ils étaient adolescents, tout ça, car les deux familles étaient riches et de sang pur depuis de nombreuse générations. Sauf que ma mère était de Griffondor et mon père de Serpentard, alors je vous laisse imaginer le mélange, bref ce n'est pas de leur histoire de non amour qu'il s'agit, mais de la mienne.
L'été de mes onze ans je reçus une lettre avec les armoiries de Poudlard. Mon père était aux anges, même s'il savait pertinemment que je n'avais aucun problème avec la magie il avait toujours eu la hantise que je sois en réalité une cracmole. Et nous étions partis pour le chemin de traverse pour l'achat de manuels neufs, de chaudrons neufs de robe de sorciers neuves et tout le toutim. Quand vint la boutique de baguette magique mon père avait insisté auprès d'Olivander pour que reçoit une baguette puissante.
"Monsieur Malefoy, ce n'est pas au sorcier de choisir sa baguette!" avait répliqué le vendeur de baguette magique en levant les yeux au ciel. Il tourna ensuite son regard gris vers moi et sonda mon regard pendant une bonne minute. Il se précipita ensuite vers le bric à brac derrière lui et sorti un étuis assez long de cuir noir. La baguette était en bois de chêne et du ventricule de dragon à l'intérieur, vingt-sept centimètres cinq. C'est les bras remplis de paquet que nous sommes rentré au manoir. La rentrée à Poudlard était pour le lendemain, mais cette nuit là je ne pus fermer l'oeil tellement j'étais excitée à l'idée de quitter ENFIN ce manoir prison.
Voie 9 3/4 le Poudlard express crachait des nuées de fumée, ce train de couleur cramoisie qui était destinée à m'emmener loin de mon cocon familial était juste devant moi, c'était l'heure fatidique de dire au revoir à mes parents.
"Je reviendrai pour Noël !" Avais-je dit d'un ton surexcitée un pied sur la marche du wagon et l'autre sur le quai.
"Oui oui! et n'oublie pas de nous écrire !" Avait sanglotée ma mère.
"Promis, au revoir papa !"Mon père déposa un bref baisé sur mon front. Le gardien de la gare siffla, il était temps pour moi de dire un ultime au revoir à mes parents et de rentrer dans un wagon. Le train s'éloignait de la gare et je me faufilais entre les autres élèves, certains me parurent tellement grand, à la recherche d'un endroit où je pourrai m'asseoir tranquillement durant le voyage. Je trouvai mon bonheur, un compartiment où seulement deux élèves, apparemment de mon âge y était installé. J'ouvris la porte et servi aux deux filles un grand sourire.
"Est-ce-que je peux venir ici ?" L'une d'elle était rousse, l'autre blonde. Elles me rendirent mon sourire et je m'installai avec elles. Tout le long du voyage nous parlâmes de Poudlard, de la cérémonie de répartition et nous lièrent tout de suite une amitié.
*
Je vous épargnerez les détails de ma scolarité à Poudlard qui n'a pas vraiment d'intérêt, car ma vie commença réellement à changer l'année de mes seize ans. Tout commença durant les vacances d'été. J'avais prévu de passer l'été en compagnie de mes amies, mais obligation familiale, nous devions partir durant les deux mois de vacances. Mes parents -ou plutôt mon père - m'annoncèrent cela au dîner un soir. Ma mère n'avait pas l'air dans son assiette, elle ne mangeait pas beaucoup depuis quelques jours et s'éclipsait souvent pendant une heure ou deux avant de revenir les yeux rouges et gonflés. Mon père avait changé de comportement vis-à-vis de moi. Il était devenu gâteux limite protecteur, ce qu'il ne lui ressemblait vraiment pas. Il avait des projets pour moi, ce genre de projet que vous ne discutez pas et que vous exécutez sans opposer la moindre résistance. Et ce manège me fatiguait. Je ne savais pas ce qui se passait et ce qui avait provoqué ce brusque changement dans notre vie de famille, mais je finirai par le savoir.
Nous étions donc attablé autour d'un bon repas, comme tous les soirs. Ma mère avait la tête baisser sur les plis de sa robe et mon père me regardait avec sérieux.
"Ma fille !" avait-il dit d'un ton impérieux.
"Mon père !" avais-je répliqué d'un ton hautain ce qui me value un regard désapprobateur de mon interlocuteur.
"Demain nous partons pour le sud de la France, rencontrer une famille de sorcier, un correspondant du ministère." Je levai les yeux au ciel, laissant tomber ma fourchette.
"Et depuis quand les affaires du ministère m'intéresse ?" demandai-je froidement affrontant le regard de mon père. Ma mère renifla en s'essuyant une larme qui coulait le long de sa joue. Je sentais la moutarde qui me montait au nez, j'étais à la limite de l'explosion de colère face à cette situation.
"Mais merde qu'est ce que vous avez à la fin !" "AGATHA!!" avait tonné mon père. Il s'était levé et avait tapé du poing sur la table, nous faisant sursauter ma mère et moi. Pour autant je ne me dégonflais pas et affrontai toujours son regard.
"Quoi ? j'ai le droit de savoir ce qui ne va pas en ce moment ! Au cas où vous l'avez oublié je fais AUSSI parti de la famille !" Ce fut à mon tour de me lever.
"Et je voudrais savoir ce qui met maman dans cet état et pourquoi tu deviens aussi mielleux à mon égard et pourquoi du jour au lendemain je dois changer mes plans pour l'été pour me retrouver dans le sud de la France à faire je ne sais quoi avec je ne sais qui !!" Ma mère quitta la table dans un sanglot. Je grognais de rage en tapant du poing sur la table avant de faire volte face et de m'enfuir en courant vers ma chambre. Le lendemain, le jour du départ, mon père semblait avoir oublié notre prise de bec la veille au soir durant le dîner, mais pas moi, ni ma mère, plus pâle que jamais. Je levais les yeux au ciel et ne parla à personne. Durant le voyage j'écrivais mon journal intime sans piper mot. Il faisait presque nuit quand nous arrivâmes devant la maison -très pittoresque et relativement petite - du correspondant de mon père. C'est là que je l'ai vu pour la première fois, ce garçon, un peu plus âgé que moi, grand et musclé, son teint hâlé et ses yeux verts clair et ses cheveux en batailles d'un noir de jais. Tout s'était effacé et j'eus l'impression de flotter dans les airs. Auparavant, quand un garçon me plaisait je n'avais jamais ressenti cette sensation, alors que devant lui, je me surprenais à rougir. J'étais amoureuse. Mais je n'en montrais rien, surtout pas à mon père qui donnait l'impression d'être un lion en cage dans cette petite maison.
Les deux mois que j'ai passés dans le sud de la France en compagnie du beau Benjamin, furent les plus beaux de toute ma vie. J'avais lié un lien avec le jeune homme et nous nous sommes tout de suite plu, mais nous évitions de nous lancer des regards lourds de sens ou autre démonstration amoureuse de tout genre devant nos parents. Rien que le fait d'imaginer mon père me surprendre à bécoter un "traître à son sang" comme il le disait souvent, me faisait frissonner de peur. Nous nous retrouvions la plupart du temps sur la plage, longtemps après le coucher du soleil, quand tout le monde dormait, comme ça au moins pas de risque. Et nous étions bien, tous les deux, pour moi, Benjamin était l'homme de ma vie, j'étais réellement amoureuse et lui aussi, il me le disait sans cesse. Un soir, la veille de mon départ pour l'Angleterre, nous nous promenions au clair de lune, les pieds dans l'eau, avec pour seule musique le chant des vagues. Là il se mit en face de moi, me pri la main et me murmura à l'oreille.
" Tiens c'est pour toi..."Il me tendi un collier de perle avec pour pendentif un coquillage argenté en forme de coeur. C'était tellement mignon, pour moi c'était comme si il m'avait offert la lune. Je lui sautai au coup et l'embrassa. Ce fut la dernière fois que je le vis.C'est le coeur brisé, maussade et ronchonne que je finis mes vacances d'été. Les rares moment ou je retrouvais et sourire c'était lorsque je recevais des lettres de Benjamin. Mais mes réjouissances et mon espoir de le revoir un jour s'envolèrent l'hiver de mes seize ans. Lors de cette soirée de noël qui aurait dû être une soirée et une nuit magique, elle fut pour moi tragique. Mon père m'annonça mes fiançailles forcées avec un fils Lestrange. C'est cette nuit que mon patronus Eko, cette petite boule de poil mesquine.
*
Une année passa. Tout allait mal, voire très mal dans ma famille depuis l'été que nous avions passé dans le Sud de la France. Ma mère détournai le regard quand elle me voyait, ou bien elle éclatait en sanglot. Mon père avait l'air vieilli à chaque fois que je rentrai de Poudlard pour les vacances, choses que je faisais de plus en plus rarement pour ne pas subir cette ambiance dépressive. Mais un jour je fut bien obligée de rentrer. La veille des vacances un hibou entra sans que je m'y attende dans ma chambre, portant un parchemin avec les armoiries de notre famille. J'haussai un sourcil, c'était rare que mes parents m'envoient des lettres impromptue et un mauvais pressentiment monta en moi soudainement. J'arrachai le parchemin de la pâte du hibou qui hulula avec mépris.
Chère Agatha,
Il faut impérativement que tu vienne pendant les vacances à la maison, nous avons une nouvelle à t'annoncer
(généralement quand mon père disait cela c'est que ce n'était pas une bonne nouvelle pour moi)
C'est extrêmement important.
A demain, papa.Je rejetai ma chevelure dorée en arrière et commença à préparer mes affaires à la hâte. le temps de prévenir les professeurs que je ne restai pas pour les vacances à cause d'une affaire urgente il était déjà le soir. Et le matin arriva trop vite à mon goût et le voyage à bord du Poudlard express jusqu'à Londres fut aussi trop rapide. Sur le quai, mon père m'attendait, la mine quelque peu sinistre. Nous rentrâmes au manoir dans le silence absolu. Une fois rentré, dans le grand salon un cortège de personne dont je reconnus une bonne partie nous attendait. Les Lestrange (à mon grand désarrois), les Black, les Nott...et ma mère au milieu de tout ce beau monde, en larme, assise sur le canapé.
"Que...Qu'est ce que ça signifie tout ça ?" Balbutiai-je en me tournant vers mon père. Il ne pipa mot et m'invita à m'asseoir au côté de ma mère. Je m'exécutais sans rechigner, partagée entre l'appréhension, la peur et la surprise.
"Depuis longtemps nous te cachons un secret" commença mon père après s'être raclé la gorge. Mon coeur s'accéléra
"Mais maintenant que tu es majeur tu as le droit de savoir afin de suivre les traces de tes ancêtres, nous sommes, tous ici présent, des Mangemorts, nous servons le seigneur des ténèbres, et nous agissons pour le bien des sorciers et des sorcières"Mes mains devinrent moite et je me mis à trembler. Je me tournai vers ma mère qui la tête baissée, n'arrivais pas à contrôler ses sanglots.
"Et quand tu auras fini tes études tu deviendras l'une des nôtres" Cette phrase eut l'effet d'un couperet.
"Et si je refuse ?" murmurai-je. Mon père eut un temps de silence et dit d'une voix rauque rempli d'émotion.
"Nous serons obligé de te tuer..."Mon souffle se coupa et mes larmes montèrent d'elle-même. Je me levai, fit un signe de tête, mais un des mangemorts présents me rattrapa par le bras tandis que je partais.
"Ce n'est pas tout, tu as le droit d'être au courant de tout Agatha..."Je regardai mon père, attendant qu'il finisse sa tirade.
"Nous avons de nombreuses familles de traître à leur sang qui empêche l'ascension du seigneur des ténèbres au pouvoir, tu te souviens sans doute de la famille dont nous avons rendu visite l'été dernier..."Mon coeur fit un bond.
"Eh bien ce n'est pas vraiment un correspondant du ministère, c'est une famille qui s'est exilé en France par peur des représailles, le patriarche familiale est un magemort déserteur et leur sort est la mort, tous autant qu'ils sont..."Mes jambes me lâchèrent. Je tombai à genoux, tremblante, en sanglot.
"Je...je...suis désolée..."Je me relevai d'un bond, dégagea mon bras et couru dans ma chambre. Je m'affalai sur mon lit, pleurant à chaude larme.
Quelques minutes après, un hibou entra dans ma chambre et se posa en face de moi me tendant une patte. Je pris le morceau de parchemin et commença à lire, là je reconnus l'écriture de Benjamin et mon coeur se serra une fois encore.
Agatha, Nous avons déménager nous sommes entré en Angleterre, nous allons nous revoir bientôt, très bientôt je l'espère...J'ai hâte de te revoir, tu m'as tellement manqué ! je t'aime BenjaminJe caressais le coquillage du collier le regard dans le vide. Puis, d'un bond je fondis sur ma malle de Poudlard sortis ma plume et un morceau de parchemin, j'écrivis en toute hâte un message a ma meilleure amie. Eko me regardait d'un air mauvais.
"Ne me dis pas que tu va faire ce que je pense ?" avait il dit ses yeux lançant des éclairs.
"Je n'ai pas le choix"lançais-je.
"Au plus vite je me tire d'ici et au mieux ce sera"Puis je me dirigeai vers ma fenêtre, l'ouvrit et escalada les branches de l'arbre en face de celle ci.
J'étais parti du manoir, et je ne comptais pas y retourner, Jamais je ne deviendrai une mangemort, jamais je servirai une cause que je trouvais injuste, et plus jamais ils n'auront de pouvoir sur moi. Je suis certes une Malefoy, mais au moins j'ai la fierté de dire que je suis différente de ceux qu'ils sont.
*