21 Aout 1970, chemin de Traverse - "La matinée était claire et douce à Londres. C'était l'aube d'une belle journée qui se préparait, et les Williams espérait que rien ne puisse assombrir le programme familial. Alice, l'ainée des deux soeurs, avait reçu quelques semaines plus tôt la précieuse lettre de Poudlard, l'école de magie. Elle était à présent en âge d'étudier tout ce que ce monde pouvait lui offrir et d'apprendre à se servir de ses pouvoirs de sorcière. Ses parents étaient particulièrement fiers d'elle, et on pouvait lire le bonheur dans leur regard lorsqu'ils posaient les yeux sur leur fille. Ils avaient pris pour l'occasion leur journée, afin d'emmener toute la petite famille au Chemin de traverse pour préparer la rentrée dignement. Par chance ce jour là, le temps était clément, même si les matinées se faisaient plus fraiches à l'approche de septembre. Les deux petites filles étaient excitées comme des puces et il avait été bien difficile de les faire se concentrer pour emprunter le réseau des cheminées.

Quelques jours seulement avant la célèbre rentrée à Poudlard, les allées bordant les magasins pour étudiants étaient bondées d'adolescents avec leurs parents, livres fraichement reliés en main et nouvelles cages à oiseaux sous le bras. Cela ululait, piaillait, discutait et marchandait de tous les côtés, ce qui n'était pas pour rassurer la petite Alice. En tant que fille d'auror et de médicomage, ce n'était pas la première fois qu'elle se rendait dans le quartier sorcier, mais les ruelles du Chemin de traverse étaient habituellement plus calmes, et moins encombrées. Ethan et Abigaël décidèrent de se rendre dans la première boutique rencontrée, Ollivander - Fabricants de baguettes magiques, pour éviter la cohue. Plusieurs jeunes attendaient déjà dans la pièce principale étroite à l'odeur peu agréable, observant les longues étales et tout le matériel que proposait le vendeur. Après quelques minutes d'attentes, ce fut le tour d'Alice. Alors que son père avait porté une main protectrice sur son épaule, la demoiselle s'affaissa quelque peu en voyant arriver le vieillard. Il la scruta un instant et, sans dire un mot, alla chercher une baguette dans un tiroir derrière lui. Elle était grise, en bois de hêtre, courte et un peu flexible, et contenait en son coeur quelques crins de licorne. Alice l'a pris entre ses mains et fit un geste, en attentes d'une réaction, mais il ne se passa rien, pas la moindre étincelle ou le plus petit tremblement. Le vieil homme prononça vaguement un "Ah, je sais" et reparti aussi vite qu'il était arrivé. Il revint quelques instant plus tard avec une nouvelle boite. En son sein, une baguette blanche plus longue, taillée dans un chêne assez souple. Elle était finement ciselée, avec de magnifiques dessins sur le manche. Lorsque Alice la pris en main, la baguette émit un rayonnement bleuté délicat et enjôleur. Le choix était fait. Le vieil homme émit ce qui sembla être un sourire et dit simplement « Tu as plus de caractère que je ne le pensais petite. Une baguette ne se trompe jamais. ». Il posa son regard d'acier sur Bethany et, en guise de salutation, leur dit « A dans deux ans »

Une fois la baguette achetée, la famille se rendit chez Fleury et Bott puis chez Madame Guipure pour acheter les nouveaux livres ainsi que la robe et les habits réglementaires demandés par Poudlard. Abigaël promit à sa fille de lui donner son premier chaudron, et les quatre Williams se rendirent à l'animalerie. La boutique était plus lumineuse et accueillante que chez Ollivander, et des tas d'animaux s’agitaient partout pour donner à l'endroit une sensation de vie très impressionnante. Après avoir inspecté chatons, vieux matous, crapauds et hiboux, Alice finit par jeter son dévolu sur une grande chouette rayée qui trônait près d'une fenêtre. La famille avait déjà deux hiboux, Cookies et Ivy, qui appartenaient respectivement à Ethan et Abigaël. Cependant ils avaient jugé utile d'en acheter également un à Alice pour lui donner de la compagnie lorsqu'elle serait à Poudlard. En plus de cela Cookies commençait à se faire particulièrement vieille et un autre messager ne serait pas de trop chez les Williams. Le choix de la petite était fait.

La journée se termina par un petit tour aux magasins de farces et attrapes, puis dans l'une des glacerie du quartier. Ce fut probablement l'un des plus beaux jours de la vie de la jeune femme, qui pour une fois était entourée de sa famille au grand complet pour un moment lui étant destiné. Il fallut attendre ensuite deux ans supplémentaires pour revivre un évènement comme celui-ci, lorsque Bethany fut elle même admise à l'école de magie."



Décembre 1978, demeure des Williams. - "Ce soir là, la jeune femme lisait près du feu de cheminée, dans la grande maison paternelle. Alors qu'elle était rentrée pour les vacances de Noël, elle espérait pouvoir simplement se reposer chez elle, avec sa famille, et profiter de l'amour qu'on lui offrait ici. Une pile de livres sur l'offensive magique à ses côtés, les genoux repliés contre elle sous un long plaid de laine, elle était gracieusement juchée sur l'un des gros fauteuils du salon. Encore une fois, son père était absent, et sa mère était encore éprouvée de leur séparation, et donc travaillait énormément. Elle se retrouvait ce soir là seule, comme une enfant perdue dans cette grande bâtisse londonienne. Alice ne s'attendait pas particulièrement à passer les jours précédents Noël avec pour seule compagnie sa chouette Bastet. Sa petite soeur Bethany était sortie pour la soirée, malgré le mauvais temps londonien, et reviendrait surement frigorifiée en regrettant d'avoir mis une robe courte. Alice avait préféré, comme à son habitude, rester au chaud à la maison pour étudier. En voyant la neige tomber derrière les grandes fenêtres, elle ne pouvait qu'approuver elle même son choix. La fin de journée s'annonçait calme.

Il était à peine dix-neuf heures lorsque le phénomène commença. La jeune femme fut prise d'un important mal de tête et une lourde fatigue l'empara. A cet instant, Alice avait jugé bon de simplement reposer ses bouquins et de s'allonger un peu plus confortablement dans le fauteuil. Il lui en fallu peu pour s'endormir assez profondément.
Elle fut réveillée par sa jeune soeur, qui était rentrée en trombe en claquant la lourde porte d'entrée. vingt-et-une heure.
« Alice, où est papa ? » elle parlait vite, et n'avait même pas pris le temps d'enlever son manteau
« Euh, aucune idée.. Il n'est pas rentré, il doit encore être au travail. » l'ainée de la famille était encore embrumée par le sommeil et avait à peine ouvert les yeux, sa voix était lasse, et elle était visiblement habituée aux sauts d'humeur de sa petite soeur
« Jamais là quand on a besoin de lui. »
« Arrête de raler, qu'est ce que tu veux ? »
« BAH REGARDE !!! »
Alice leva ses yeux somnolents vers Bethany et vit, furtivement, une ombre bleutée flotter aux côtés de sa soeur. La jeune femme se redressa subitement et cligna frénétiquement des paupières, comme si cela pouvait rendre la chose plus réelle. Elle croisa le regard de sa sœur, plus petite, le visage rond et les traits similaires aux siens. Elle semblait terrifiée. Alice se leva et s’approcha, certaine que le nuage de poussière essayait de prendre forme. Il se mouvait à hauteur de tête de Bethany et ondulait doucement, se dessinant à vue d’œil. Soudain, la jeune femme se baissa, comme prise d’un spasme, se tenant la tête entre deux mains.
« Je l’entends dans ma tête ! Il me parle !!! »
Alice assit sa sœur sur le canapé et envoya ensuite Bastet faire parvenir un message à son père en grande urgence. Elle ne savait pas ce qui pouvait se passer, et craignait pour la santé de Bethany. Il se passa presque une heure avant que l’ombre bleutée apparu plus tôt ne prenne vraiment correctement la forme d’un animal. Cela se fit petit à petit, jusqu’à que ce que les textures, la tangibilité, ne le rende encore plus réel. A vingt-deux heures trente, le patronus de Bethany avait pris la forme d’un petit être tout ce qu’il y a de plus normal. Cette dernière avait finit par se calmer et prétendait pouvoir l’entendre parler dans son cerveau aussi distinctement qu’elle entendait Alice. Elle semblait soudain rassurée, apaisée de voir l’animal en face d’elle. Ils étaient liés.

Leur père rentra peu avant minuit à la maison. Il semblait inquiet, avait les cheveux ébouriffés couverts de petits flocons de neige et tenait sa robe de sorcier fermement dans la main. Il n’avait pas pu rentrer avant, pris par le travail, et c’était fait un sang d’encre. La rumeur se propageait que des évènements similaires se produisaient dans toute la Grande-Bretagne, et que le ministère de la Magie cherchait une explication à tout ça.
Cette nuit fut courte, et périlleuse, rythmée par d’incessantes arrivées de hiboux. Alice s’était couchée peu après sa sœur, et s’était finalement endormie d’un sommeil lourd et perturbé.

A son réveil, un léopard au pelage de feu était assis sur la couverture.
Elle se leva en sursaut, provoquant en elle un vertige l’obligeant à se rassoir immédiatement. L’animal qui l'observait avait un regard particulièrement perçant, intelligent, presque… humain. La surprise fut d’autant plus importante lorsqu’elle perçut sa voix, résonnant au fond de son cerveau. Nevada, grand léopard doux comme la soie, lui parlait très distinctement. Elle comprit alors le regard que Bethany lui avait retourné la veille. Le patronus en face d’elle était son complément, son évidence indescriptible. Elle voyait dans son regard qu’il l’a comprenait, et l’aimait plus profondément que n’importe qui. Elle ne cria pas, ne parla pas. Alice ressentait ce lien incassable au plus profond de son être et su, à parti de cet instant, que Nevada était son tout."



1e Septembre 1980, Voie 9 3/4; Poudlard Express - On ne pouvait pas rêver mieux comme journée maussade pour une rentrée. La capitale anglaise croulait sous le vent de l'est qui hululait entre les poutres de la gare. Même la Tamise semblait déchainée et donner du fil à retordre aux bateaux de plaisance. Le ciel était d'un gris sombre, menaçant, et les grands-mères prévoyaient de l'orage pour la soirée. Alice et Bethany aurait bien repoussé leur rentrée à Poudlard de quelques jours et rester aux chaud chez elles un peu plus longtemps, mais il fallait partir. Il était presque dix heures quarante cinq quand elles arrivèrent, en compagnie de leur père, sur le pied de gare. Ce dernier ne participait pas, cette année, aux différents préparatifs pour la rentrée des élèves, et prenait donc le train comme ses filles, dans les quartiers réservés aux professeurs. Leur mère était venue à la gare elle aussi. Elle avait toujours tenu, et ce depuis leur enfance, à les emmener jusqu’au train chaque premier septembre de la nouvelle année scolaire, et cela ne changerait pas même si elle était divorcée. Les deux jeunes femmes, de dix neuf et vingt-et-un ans, venaient de porter leurs lourdes valises à l’intérieur du troisième wagon lorsqu’il fallu dire les derniers au revoir. Elles embrassèrent chacune leur mère, à l’abri de la pluie sous les paravents de la gare, pour enfin s’installer dans leur compartiment. Bastet, la chouette d’Alice, et Héris, le chat de Bethany, les attendaient patiemment sur les sièges dans leurs cages respectives. Il ne fallu pas attendre beaucoup plus longtemps pour que le chef de gare souffle dans son sifflet et annonce le départ du train. Leur mère leur adressa un dernier geste de la main avant de disparaitre dans la foule opaque des familles.

Le trajet commença paisiblement, comme à son habitude, et Alice lisait un livre à côté de sa sœur et quelques amies qu’elles avaient l’habitude de retrouver au fil des ans. La pluie frappait contre les vitres du train et on entendait le vent faire claquer les loquets. Les animaux étaient quelques peu nerveux, mais il n’y avait rien d’exceptionnel à cela. Il arriva cependant un moment où, soudainement, l’ambiance joyeuse régnant dans les wagons changea radicalement. On entendit un bruit, comme une explosion, puis des cris. Affreux, assourdissants. Et puis encore un choc. Le wagon dans lequel se trouvait Alice se détacha des autres, partant à toute vitesse en roue libre sur les voies. On entendait les crissements des mécanismes, probablement fait pour essayer d’arrêter le train lorsqu’il y avait un quelconque problème. Mais ici rien ne fonctionna comme prévu. Les jeunes sorciers s’agrippaient comme ils pouvaient aux sièges, retenant les cages, évitant les bagages qui tombaient des étagères. Le wagon tout entier vibrait et tressautait sans qu'aucun sort ne puisse l'arrêter. Allant toujours de plus en plus vite, ce dernier finit par complètement dérailler. Les élèves se retrouvèrent projetés au sol lors d'une secousse et, alors que le compartiment tout entier se retournait, Alice se cogna la tête contre le rebord de la banquette et sombra momentanément. Elle fit un rêve étrange, fidèle à ce qu'on pourrait décrire du moment où l'on flirt avec la mort. La jeune femme vit alors sa vie défiler, comme si elle n'avait été jusqu'à ce jour spectatrice d'un film.

Elle vit son enfance dans la grande bâtisse londonienne, entourée de sa petite soeur et de ses parents. Son père, trop souvent absent, sa mère à la maison alors qu'elle avait abandonnée ses études de médicomage. Elle se revit faire du vélo dans Hide Park, ouvrir en cachette les livres "interdits" de la bibliothèque, chanter devant l'arbre de Noël et jouer sur le grand tapis qui sentait le pin. Elle se prit à penser au jour où elle reçut la lettre de Poudlard, aux regards fiers de ses parents, à celui envieux de sa petite soeur. Elle se souvint de l'achat des fournitures, de l'annonce faite par le Choixpeau qui l'amena dans sa maison, de son premier balais, des rires, des souvenirs... De sa vie toute entière jusqu'à cet instant précis.

Le wagon roula sur plusieurs mètres le long de la plaine, brisant les fenêtres, cabossant le métal peint. Les jeunes sorciers étaient trimballés dans ses secousses tels des pantins désarticulés, avant que tout ne soit arrêté violemment par un sapin.
Un silence de mort s'abattit dans les lieux, avant que les premières complaintes ne surgissent. Alice reprit connaissance à ce moment là, dans le brouhaha atroce des cris désespérés des uns et des autres, oubliant son rêve à demi conscient. Certains animaux, avec la panique et la confusion, avaient réussis à sortir de leurs cages, et des chouettes volaient tant bien que mal entre les murs étroits des compartiments. Plusieurs étudiants étaient inconscients, ou pire, et personne n'osait rien bouger de peur que tout s'effondre. Alice rampa sur le verre brisé et les valises éparpillées, s'écorchant les bras et s'égratignant les genoux. Elle jeta un regard autour d'elle, dans l'espoir de retrouver sa soeur, mais celle-ci était hors de vue, surement éjectée en dehors de la pièce. Alice ouvrit la cage d'Héris pour qu'il s'échappe et tira l'une de ses amies par la manche. Cette dernière était inconsciente et du sang coulait de son oreille. La jeune femme secoua le corps inanimé de la petite blonde mais rien n'y fit. Elle hurla à son amie de se réveiller, de bouger, de dire quelque chose, perdant peu à peu espoir. Alice, trop faible pour tirer le corps plus loin, finit par sortir du wagon par une fenêtre brisée. Tout le bâtiment était couché sur le côté et on pouvait voir la trainée qu'il avait fait dans l'herbe depuis les rails. Le reste du train n'était pas visible et Alice se demanda ce qu'il était arrivé aux autres, ce qu'il était arrivé à son père...

Un jeune homme de 12e année, les vêtements à demi déchirés, l'aida à sortir en la prenant par les épaules. Dehors se trouvaient déjà plusieurs sorciers, et d'autres sortaient encore. Les plus jeunes pleuraient et tremblaient, les plus âgés tentaient d'aider les blessés. Alice retrouva sa soeur assise dans l'herbe, les paumes contre les tempes, et se jeta dans ses bras. Elle sentait leurs deux coeurs battre intensément vite, et les mains cherchant désespérément la peau de l'autre, comme pour se rassurer de sa réalité. Alice essuya du sang sur le visage de Bethany avec sa manche et entreprit d'aider ses camarades à secourir les autres. Peu à peu sortir les corps des quelques étudiants les plus malchanceux, certains jeunes adultes en médicomagie entreprirent des sorts, parfois risqués, pour soigner les plus mal en point. Il fallu attendre encore un moment pour que de l'aide de Poudlard et des villes alentours leur parviennent. Alice et sa soeur se retrouvèrent à l'infirmerie de l'école, où elles purent retrouver leur père presque sain et sauf de la catastrophe. La demoiselle fut particulièrement choquée par l'évènement et passa autant de temps qu'elle le put à aider les autres, sans vraiment s'occuper d'elle même.



Décembre 1980, Poudlard - L'attentat contre le Poudlard Express n'était pas encore digérés par bons nombres d'étudiants. Certains, grièvement blessés, n'étaient pas encore revenus à l'école, et les dortoirs n'avaient pas vraiment retrouvés leur joie de vivre. Les commémorations avaient été nombreuses, et Alice était particulièrement en colère de voir que les mesures de sécurités n'étaient pas suffisantes pour les protéger. Elle en voulait à la terre entière d'avoir perdu des amis dans cette horreur, mais elle était reconnaissante de s'en être sortie presque indemne. Elle avait eu de nombreuses plaies liées aux morceaux de verres s'étant logés un peu partout dans ses bras et ses jambes, et elle était encore plutôt faible. Malheureusement, c'est à ce moment que décida de frapper la maladie des patronus. Alice ne fut pas touchée immédiatement. Elle vit ses amis, ceux qui s'en étaient sorti, tomber malades les uns après les autres. Elle refusait de voir encore des proches mourir.  La jeune femme commença a ressentir les effets de la maladie peu avant Noël, alors que certains commençaient déjà à délirer dans leurs lits d'hopitaux. Elle fut rappatriée à Poudlard pour examens presque immédiatement, persuadée pendant ces jours, comme tous les autres, qu'elle allait en mourir. Elle subit une fatigue intense et redoutable pendant de longues semaines durant lequel elle ne pouvait presque plus étudier. Elle stressait horriblement, jusqu'à commencer se perdre ses cheveux. Cela s'aggrava petit à petit, comme chez les autres. L'état grippal dura chez elle deux semaines durant lequel elle fut alitée constamment. Dans ses phases de délire, tout bougeait autour d'elle et elles voyaient des évènements étranges se produire. Les visites de ses proches, pourtant très fréquentes, passaient souvent inaperçues de son corps affaiblies. Son état, comme celui de ces camarades, inquiéta fortement et ses parents se firent un véritable sang d'encres. Ils la veillèrent de nombreuses nuits sans pouvoir rien faire. Presque deux mois après le début de la maladie, les premiers signes d'améliorations se firent ressentir. Alice allait mieux, elle pouvait se lever marcher, se nourrir de nouveau toute seule. Elle avait quelques nausées et vomissait un peu, mais elle pensait enfin s'en être sortie. Jusqu'à ce que Nevada s'affaiblisse également.

Le petit renard polaire perdait de sa vivacité de jours en jours, et ne parlait presque plus. Il était constamment collé fébrilement à Alice, qui tentait de le cajolait le plus possible. Elle assistait impuissante au déclin de son être le plus cher. Petit à petit, Nevada commença a disparaitre. Subitement au début, puis de plus en plus souvent, et de plus en plus longtemps. Il reprenait un état brumeux, impalpable, et Alice avait peur de le voir redevenir un patronus ordinaire. Arriva un jour où le renard disparu complètement. La communication entre les deux êtres fut coupée et ce fut alors le silence complet pendant de longs jours. La jeune femme était inconsolable et passait son temps à pleurer. Elle arrêta les cours qu'elle avait réussis à prendre par correspondance et on la mis en quarantaine avec d'autres étudiants. Elle était faible et sa peine n'avait pas d'égale, elle pensait avoir perdu à jamais le seul être qui l'avait compris pleinement, et le silence dans sa tête lui était insupportable. Rien d'autre n'avait d'importance et même l'arrivée des examens lui était égal. Ses parents, fous d'inquiétudes, avaient fait venir les meilleurs médicomages, mais rien n'y faisait. Sa propre mère, qui était elle même dans le métier, se rendait folle de ne rien pouvoir faire pour aider sa fille.

Début avril, après trois semaines d'absence, Nevada réapparu, lentement. Cela commença comme un souffle délicat, un murmure. Et puis les mots se firent plus nets, plus distincts et enfin compréhensibles. Le renard réapparu sous la forme d'un nuage bleuté aux côtés d'Alice, qui retrouvait alors un peu de sa joie de vivre. Au bout de quelques jours il fut palpable, et repris son apparence originel. Il était le même, la même fourrure blanche et douce, le même caractère joueur et affectueux. Le soulagement fut à la hauteur de la peine ressentie lorsque Alice put affirmer qu'elle avait retrouvé son âme soeur comme elle l'avait quitté. La jeune femme n'eut pas besoin de prendre le remède établi par Samuel Shacklebolt, et tour rentra plus ou moins bien dans l'ordre en quelque temps.



Aujourd'hui, partout et nul part - Alice est tout à fait remise de la peste des Patronus, et de l'attentat survenue il y a déjà un an de cela. La douleur est toujours vive, mais les mots sont plus faciles à prononcer. Elle est plus proche que jamais de Nevada, et s'investit particulièrement dans les commémorations faites aux victimes. Elle entre dans sa douzième année à Poudlard, en spécialisation dans l'offensive. La jeune femme a décidé depuis plusieurs années de suivre les traces de son père, et de devenir Auror. Cela inquiète particulièrement ses proches, mais elle ne peut contredire le feu qui brule dans son ventre. Elle est avide d'action, de danger, de responsabilités. Et elle fera tout pour réussir.

To be continued...



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