- C’est une fille !

Dit la sage femme d’une voix douce en déposant l’enfant sur le ventre d’Abigaël Williams. La jeune maman n’était pas au meilleur de sa forme comme pouvaient en témoigner la sueur qui perlait sur son front ainsi que la fatigue exprimée par ses cernes, néanmoins elle demeurait radieuse. La joie et l’émerveillement se lisait sur son visage, tout comme sur celui de son mari et de sa première fille. Au vu de cette famille qui semblait unie et comblée, personne ne doutait une seconde que cet enfant ne manquerait de rien. Il n’était pas difficile de voir au premier coup d’œil que les Williams étaient de bons parents, leur aînée était polie, discrète et souriante et sa jeune soeur était vouée à hériter tout comme elle de la meilleure éducation ainsi que d'un amour inconditionnel. Cette petite fille avait bien de la chance, se disaient les médecins, en bonne santé, une grande soeur adorable pour veiller sur elle et des parents heureux et amoureux, que demander de plus? La décoration minimaliste et vieillotte n’altérait en rien le bonheur et la liesse qui régnaient dans la chambre numéro quatre cent sept. Cet enfant était attendu et venait sceller une nouvelle fois l’amour des Williams. Le couple semblait plus épanoui que jamais aux côtés de leurs deux filles, rien ne semblait pouvoir entacher ce moment de bonheur partagé. Rien hormis ce hibou qui traversa soudain la pièce et vint se poser sur l’épaule d’Ethan. Au vu du regard inquiet de sa femme, elle en connaissait l’expéditeur et cela ne présageait rien de bon. Alice, elle aussi avait regardé le hibou d'un regard méfiant semblant craindre une mauvaise nouvelle, Ciara quant à elle se mis à pleurer, effrayée par l’irruption du volatile et percevant certainement le malaise qui venait d’envahir la pièce.  Ethan lui non plus n’en menait pas large, son sourire avait fait place à une mine anxieuse, il saisit rapidement l’enveloppe et entreprit de l’ouvrir. Lorsqu’il déplia la lettre, des ballons surgirent accompagnés d’une douce mélodie, celui-ci se tourna alors vers sa femme pour la lui présenter tout en caressant la tête d'Alice pour la rassurer.

- Tout va bien, ce n’est qu’une lettre de félicitations !

Abigaël se détendit et adressa un sourire à son mari qui s’assit à côté d’elle sur son lit d’hôpital en lui embrassant le front pour marquer la fin de ce moment de trouble. Il caressa ensuite la tête déjà un brin chevelue du bébé en le regardant les yeux plein d'amour.

- On va être tellement heureux tous les quatre.

Ethan avait raison, Ciara vécut une enfance très heureuse, entourée de deux parents adorables et attentionnés et d'une grande soeur protectrice et attentive, elle n’a jamais manqué de rien. Sa mère avait mis de côté son travail pour les élever et était particulièrement douce et aimante. Le seul point noir était les absences de son père liées à son travail d’auror, la petite fille le réclamait souvent mais Abigaël et Alice savaient trouver les mots justes pour la réconforter.

(...)

Ciara n’avait que quelques années d'existence à son actif et pourtant elle avait déjà un caractère bien trempé. Loin d’être timide, elle n’éprouvait aucune gêne à discuter avec des inconnus et était une enfant très franche, sans retenue qui ne savait pas agir avec tact. Cela a souvent valu des regards réprobateurs à l’égard de ses géniteurs car la petite n’hésitait pas à dévoiler le fond de sa pensée à voix haute, elle avait par exemple le plus naturellement du monde expliqué à un gobelin de Gringotts à quel point elle trouvait ces créatures répugnantes et laides, ‘’toi ça va encore’’ avait-elle-même ajouté avec un grand sourire. Oui, Ciara était maladroite dans ses propos comme dans ses gestes, il lui arrivait régulièrement de tomber où de se faire des bleus si bien qu’elle ne pleurait presque plus. C’était une enfant casse-cou pas chochotte pour un sous. On pouvait même se demander si on n’avait pas omis d’apprendre à la petite fille à s’arrêter lorsqu’on lui avait apprit à marcher. Elle courrait, courrait sans cesse, partout, détruisant tout sur son passage. Impossible de la quitter des yeux plus de quelques secondes, sous peine de la retrouver dans un placard où dans le jardin du manoir. Heureusement que les grilles étaient assez hautes, sinon elle serait déjà sortit à coup sur. Vous l’aurez deviné ce n’était pas le genre d’enfant qui restait sagement attablée où devant le poste de télé, elle avait constamment besoin de bouger, de parler, de crier et d'attirer l'attention. Visiblement, personne ne lui avait apprit à se taire non plus, elle posait sans cesse des questions et malgré son jeune âge avait toujours quelque chose à raconter. C’était une petite fille éveillée, intelligente et qui comprenait vite. En revanche, elle avait beaucoup de mal à accepter qu’on lui impose quoi que ce soit, elle tenait à son indépendance et surtout à son libre arbitre et lorsqu'elle avait une idée en tête, il était impossible de l'en détourner. Elle était têtue comme une mule. Ce soir là par exemple, malgré toutes les recommandations de sa mère, l'histoire de plus qu'elle avait su obtenir et les paroles pleine de sagesse de sa soeur, Ciara ne parvenait et ne souhaitait pas trouver le sommeil. Le vent faisait claquer les volets du manoir londonien, les étoiles brillaient dans le ciel clair et la pleine lune illuminait la chambre d'enfant. Assise sur le rebord de la fenêtre, elle fixait l’allée du jardin qui était toujours désespérément vide. Il était une heure du matin et le marchand de sable était déjà passé pour les enfants de l’âge de la jeune sorcière seulement voilà, elle était très inquiète et ne parvenait pas à trouver le sommeil malgré les mots rassurants d'Alice. Ce n’était pas la première fois que cela lui arrivait et malheureusement pour elle ça ne serait pas non plus la dernière, le métier d’auror était incompatible avec des horaires fixes et vu à quel point son père était doué, il n’était pas prêt de se faire licencié. Bien sur l’idée d’aider un peu le destin avait déjà traversé l’esprit de Ciara mais elle s’était ravisée lorsque sa sœur lui avait fait la leçon à ce sujet. Bien qu'elle détestait cela, il fallait bien admettre qu'Alice avait raison, son métier rendait son père heureux et elle n'avait aucunement le droit de le priver de ce bonheur. En revanche, cela n’empêchait pas qu’elle demande régulièrement à son père de choisir de l’abandonner, elle avait très peur pour lui et craignait qu’il lui arrive quelque chose. Sa mère, elle non plus ne dormait pas, Ciara l’entendait faire les cent pas dans le salon, elle prétendait toujours qu’il ne fallait pas s’inquiéter mais elle n’était jamais tranquille quand son mari était en mission, surtout par les temps actuels. Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom gagnait de plus en plus de terrain et semblait rassembler à présent un bon nombre d’adeptes,  évidemment la jeune sorcière ne connaissait pas toute l’histoire, afin de la préserver mais Ciara avait la fâcheuse habitude d'écouter aux portes et elle avait plusieurs fois surpris des conversations à ce sujet. Bien sur elle n'avait pas tout compris mais elle était consciente qu’un méchant monsieur faisait de très vilaines choses et qu’on avait du mal à l’arrêter pour l'instant. Elle avait déjà préparé son épée en bois pour aller le fracasser elle même mais sa soeur l'en avait encore une fois empêchée. Ciara continuait de fixer désespérément le portail en fer forgé tout en faisant la discussion à son singe en peluche qu'elle tenait fermement dans ses bras. Heureusement celui-ci n'avait pas beaucoup de conversation et elle finit par s’endormir mais son sommeil fut de courte durée, les sanglots de sa mère vinrent la tirer de son rêve. La petite fille se leva et vint s’asseoir sans bruit sur la dernière marche de l’escalier en bois. Ethan était rentré, elle l’entendait qui tentait de consoler et résonner sa mère, les disputes devenaient de plus en plus fréquentes entre eux et bien qu’ils essayaient de préserver Ciara et sa sœur un maximum en leur cachant, ce n’était pas la première fois qu’elle assistait de loin à ce genre de scène. Heureusement, à cette époque, elle était loin d’imaginer qu’ils finiraient par se séparer et considérait que leur famille était heureuse, unie et indestructible.

(...)

Les stéthoscopes et fausses seringues avaient peu à peu remplacés les armes en bois pour le plus grand bonheur de ses parents. En revanche, la demoiselle ne semblait pas s'être assagie ni même calmée, l'état de sa chambre pouvait en témoigner. C’était un véritable champs de bataille car la jeune sorcière toujours aussi survoltée ne trouvait jamais le temps de ranger préférant s'amuser. Oui ses habitudes demeuraient inchangées, courir dans la maison, chanter, danser, bavarder et même attendre le retour de son père à la fenêtre. Cette nuit encore, Ciara était en train de de guetter l'allée du jardin tout en dessinant, en levant les yeux elle repéra amusée un chat qui tentait de pénétrer dans la résidence familiale. Il avait tenté de passer sous les grilles du portail mais son gros ventre l’en avait empêché, après plusieurs essais celui-ci changea de stratégie et entreprit en vain de se faufiler à travers les barreaux. Et ce qui devait arriver arriva, le gros matou resta coincé, en le voyant tenter de se dégager, Ciara ne put s’empêcher d'éclater de rire. Heureusement, l’acharnement de l’animal finit par porter ses fruits, il parvint à s’en extirpé et partit en roulade arrière avant d’atterrir sur la chaussée. Celui-ci leva alors la tête dans sa direction et lança un regard à la petite fille qui riait toujours de bon cœur. * Oh minou, tu es trop drôle, si seulement je pouvais t'adopter !* A ses pensées comme par magie, le portail se déverrouilla et s’ouvrit pour laisser entrer le chat. Ciara bondit, était-ce elle qui était à l’origine de cette soudaine ouverture ? Elle n’avait tout de même pas pu se déverrouiller toute seule ? Peut-être n’était-elle pas fermée à clé après-tout ?! La jeune fille devait en avoir le cœur net, elle avait attendu toute sa vie que ses pouvoirs se manifestent et elle ne voulait pour rien au monde rater ce moment si solennel. Elle dévala l’escalier et tira violemment la manche de sa soeur qui s’était assoupie en lisant devant la cheminée.

- Alice, Alice ! Le portail était verrouillé hein? Hein qu'il était verrouillé?

La jeune Serdaigle entrouvrit les yeux et haussa les épaules. Ciara ne pris pas la peine de lui expliquer quoi que ce soit, ni même d'enfiler des chaussures et courut à toute vitesse dans le jardin jusqu'à la petite porte. Son coeur battait à la chamade, toute sa vie elle avait attendu ce moment et encore plus depuis qu'Alice avait reçu sa lettre. C'est toute tremblante que la petite brune appuya sur la poignée de la porte qui s'était refermée, pour pour tenter de l'ouvrir. Celle-ci était bel et bien verrouillée. Un cri de joie explosa alors dans le quartier, attrapant le chat au passage, Ciara entama une danse endiablée tout en riant. Le boucan interpella sa mère et Alice qui accourent sur la pallier.

- Ça va pas non? On a des voisins je te signale!

Lança cette dernière tout en lui faisant signe d'arrêter de crier.

- Il y a des gens qui dorment.

Poursuivit-elle en baillant.

- Et ou as-tu encore trouvé ce chat?

Sa mère leva les yeux au ciel et s'approcha pour caresser l'animal. Elle aimait les bêtes mais pas de là à en voir débarquer de nouveaux chaque semaine.Elle commençait à en avoir assez que sa fille lui en ramène de nouveaux chaque semaine. Celle-ci le lâcha dans les bras d'Abigaël et sauta sur place en souriant.

- Maman on s'en fiche!  Je suis une sorcière ! j'ai réussi à déverrouiller le portail depuis ma chambre! Moi aussi j'ai des pouvoirs magiques!

A ces mots Alice accourut et lui sauta dans les bras, heureuse d'apprendre la nouvelle. Sa mère rejoint alors leur étreinte et caressa la petite tête brune de Ciara.

- Je n'en ai jamais douté! Félicitations ma chérie !

La demoiselle ne put se rendormir ce soir là et guetta le retour de son père, le sourire jusqu’aux oreilles. A peine celui-ci eut-il franchit le portail que sa cadette accourût pieds nus et en pyjama lui sauter dans les bras.

-Puis-je savoir ce que tu fais encore debout à une heure pareille jeune fille ?

Dit-il en la serrant dans ses bras.

- Je suis une sorcière papa !

Ethan esquissa un sourire puis la porta jusqu'à la maison en la serrant contre lui.

- Mais ça ne fait pas de toi quelqu’un d’invulnérable, allez rentrons avant que tu ne tombes malade petite chipie !

En rentrant, il embrassa sa femme sur le front et alla mettre la dernière sorcière de la famille au lit. Alice, elle dormait, bien sagement, rêvant sans doute de leur futurs moments ensemble à Poudlard. Ciara se souviendrait toujours de ce moment, du sourire d'Alice, de l'étreinte, du regard complice et fier qu’avaient échangé ses parents. Ce fut sans doute la plus belle soirée de sa courte vie.

(...)

Trois ans plus tard, Ciara reçu enfin la lettre tant attendue de l'école de sorcellerie. Surexcitée, ses parents eurent bien du mal à la canaliser les heures et même les jours qui suivirent. Elle les poussa même à chercher ses fournitures dès le lendemain et ils finirent par céder. Pour la récompenser de son admission, elle se vit offrir par son père une magnifique chouette qu'elle prénomma Flash. C'était un hibou très rapide mais quelques peu maladroit, il lui correspondait parfaitement. Dès qu'ils furent de retour à la maison, la jeune sorcière commença à lire les ouvrages qu'elle allait étudier à l'école sous le regard amusé de ses parents. Elle entreprit même de lire ceux d'Alice. Sans surprise dès les premières semaines à Poudlard, Ciara se fit remarquer écopa d'une retenue. Elle était très dissipée en cours comme pendant ses moments de libre et se contenait difficilement au vu de ce nouvel environnement. En revanche, elle était une élève brillante, intéressée et toujours de bonne humeur. L'absence de ses parents lui pesait mais elle passait beaucoup de temps avec sa soeur et avait une telle soif d'apprendre et de liberté qu'elle s'acclimata vite à la vie au château,  et s'y sentit bien vite comme chez elle. Ce fut encore plus le cas après la séparation d'Abigaël et Ethan. Ciara avait bien du mal à trouver sa place à présent au sein de cette famille décomposée et souffrait terriblement du manque d'attention et de temps de ceux-ci. Depuis, elle semblait encore plus incontrôlable qu'avant, enchaînant les bêtises, les fugues et les étourderies.

(...)

Ciara souriait tout en regardant les paysages défiler devant ses yeux. Elle était heureuse de rentrer à Poudlard et avait hâte de commencer de nouvelles aventures. Bien sur, ses parents l'avaient sermonné avant son départ mais ils savaient pertinemment que leur fille n'en ferait qu'à sa tête. Heureusement, Alice était toujours là pour veiller aux grains.  Parfois même un peu trop, ce qui avait tendance à exaspérer sa cadette. Généralement et malgré leurs différences, elle s'entendaient tout de même très bien. Elles se complétaient en un sens, Alice était responsable, réfléchie, sérieuse et Ciara impulsive, espiègle, tête en l'air, intrépide. Chacune avait quelque chose à apporter à l'autre et elles s'aimaient profondément. Bastet, la chouette d’Alice était tout aussi calme que sa maîtresse tandis qu' Héris, le chat de Ciara s'était déjà évadé du wagon. Il avait les mêmes envies de liberté et de bouger qu'elle, d'ailleurs celle-ci ne tarda pas à le suivre, elle se leva et disparu dans le couloir en prétextant aller chercher quelques friandises. C'était tout à fait plausible, Ciara était très gourmande et personne n'émis donc de doute quant à l'objectif de sa balade. En réalité, la jeune sorcière était comme à son habitude à la recherche d'action et elle allait être servie. Un bruit tonitruant retentit suivi d'explosions et de cris, puis avant même de pouvoir réaliser, un choc. Le wagon dans lequel se trouvait Ciara se détacha, prenant de plus en plus de vitesse sur les rails. Le bruit de crissement du frein de secours se fit entendre mais rien n'y fit. Celui-ci continuait sa route à toute allure et se tanguait dangereusement de droite à gauche. Les jeunes sorciers tentaient alors de s'agripper tant bien que mal en tentant d'éviter les chutes de bagages et de cages pour ne pas se blesser. La panique commençait à gagner le wagon. Il tremblait, tressautait et vibrait de plus en plus et les tentatives de freinage des apprentis sorciers restèrent vain. Ciara jura tout en rempant vers le compartiment qu'elle avait quitté, il fallait qu'elle s'assure qu'Alice n'ait rien. C'est alors qu'ils déraillèrent, envoyant la jeune sorcière valser contre les parois. Celle-ci se caressa le genou puis se leva tant bien que mal pour voir vers où ils se dirigeaient. Il s'agissait visiblement d'une plaine sans grand danger à l'horizon, Ciara reprit donc sa route en direction du compartiment où elle avait quitté sa soeur. Le wagon roula sur plusieurs mètres, sans ralentir, à la première bosse, la plupart des fenêtres se brisèrent et la jeune sorcière chuta à nouveau, plus lourdement cette fois. Elle n'était pas la seule puisque lorsqu'elle tourna la tête, elle croisa le regard paniqué de plusieurs autres élèves. Certains tenaient encore debout mais étaient trimballés de droite à gauche lors des secousses et se cognaient tout autant que ceux qui étaient au sol. Ciara avait heureusement abandonné de se lever car le wagon fut subitement et violemment immobilisé par un sapin.La plupart des jeunes sorciers furent envoyés violemment au bout du couloir désormais sombre. Des craquements, des gémissement et des cris retentirent à nouveau tout comme les brisements de verre et Ciara perdit lentement connaissance. Lorsqu'elle se réveilla, le bout de train était calme et pratiquement désert, les seuls personnes restantes étaient inanimées. La jeune femme, blessée, se leva et marcha tant bien que mal jusqu'à son compartiment en s'agrippant aux parois cabossées. Alice n'était pas là, il ne restait qu'une de leurs amies et elle semblait endormie. Ciara la secoua alors et lui hurla de se réveiller en vain. Ses cris furent tellement stridents qu'ils alertèrent un gryffondor au dehors qui vint tout de suite la secourir. Sous le coup de l'émotion, bien qu'il soit son ami, la jeune sorcière lui mit une gifle tout en jurant et en lui aboyant dessus. Ne prenant pas compte de sa crise d'hystérie, celui-ci la porta contre son gré comme un vulgaire sac de pommes de terre malgré ses coups et ses cris. Une fois les pieds sur la terre ferme, Ciara hurla sur le rouge et or qui venait de la secourir.

- Joachim fous-moi la paix, je partirai pas sans elle et tu le sais alors laisse moi y retourner merde !

Celui-ci resta de marbre et attendit qu'elle reprenne sa respiration pour laisser enfin entendre sa voix.

- Mais de rien!

Ciara grogna et tenta de le pousser pour pénétrer à nouveau dans le wagon mais celui-ci saisit son bras et l'obligea à s'asseoir dans l'herbe fraîche. Il s'éclipsa ensuite pour secourir d'autres blessés après avoir préconisé à la jeune sorcière d'attendre ici que sa sœur la retrouve. A ces mots, elle prit sa tête entre ses mains et se mit à se balancer d'avant en arrière en tentant de retenir ses larmes. Alice arriva alors et elles se jetèrent dans les bras l'une de l'autre, leur cœur battant à la chamade. Elles avaient eu si peur que maintenant qu'elles se retrouvaient le temps semblait s'arrêter et elles se touchaient et s'agrippaient comme si elles ne s'étaient pas vus depuis des années. Alice essuya du sang sur le visage de Ciara avec sa manche et elles entreprirent ensemble d'aider leurs camarades à secourir les autres.

La cadette aidait à soigner et panser les blessures à l'aide de ce qu'elle trouvait et l'aînée aidait à dégager les corps.  Après une éternité passée dans l’horreur et la crainte, les secours arrivèrent enfin et Alice et sa soeur furent conduite à l'infirmerie de l'école où les attendait leur père, soulagé de retrouver ses deux filles en vie.

(...)

Toutes deux furent particulièrement choquées mais Ciara recommença à vivre comme de rien était dès le lendemain, en étant aussi souriante, blagueuse et joviale que d'habitude. Elle avait été très peinée par cet événement tragique mais refusait de se morfondre où de se laisser aller à quelque pleurnicheries. Ses sentiments d'angoisse où de tristesse, la jeune femme les gardait pour elle, elle avait toujours été très secrète, elle garde des séquelles de cette journée encore aujourd'hui mais elle s'en cache très bien et semble avoir passé le cap, encore plus motivée à profiter de la vie qu'avant. En ce qui concerne la maladie des patronus, Ciara contrairement à sa soeur n'a pas été directement touchée. Evidemment cela a tout de même eu un impact car elle a, à nouveau, souffert de la peur de perdre Alice. Heureusement, aujourd'hui celle-ci va mieux et leur relation est plus étroite que jamais. Elles passent des moments ensemble très régulièrement et bien qu'elles se brouillent souvent au vu de leur caractère divergent, leur amour est intact. La jeune sorcière poursuit ses études de médecine en médicomagie et compte bien les réussir tout en continuant malgré tout de s'amuser comme elle l'a fait jusqu'à présent. De toute façon, ses parents et sa sœur se chargent à merveille de s'inquiéter pour ses études, Ciara leur délègue bien volonté ce stress, '' Si ce n'est pas cette année, ce sera l'an prochain'' répétait-elle souvent en riant.