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Enoch ne tient plus en place, il a comme des papillons dans l’estomac. Sa troisième année commence en beauté, c’est ce qu’il se répète tandis qu’il suit le rang des Poufsouffle. Le jeune homme est presque méconnaissable. La poitrine gonflée et la tête haute, l’émotion est telle qu’il se retient de verser quelques larmes. Il attend cet instant depuis des années, depuis le jour où sa sœur lui a donné cette antiquité de balai qu’il n’a plus quitté. Il fait pâle figure à côté de petits ses camarades, qui ont la marque dernier cri, mais pour tout dire il s’en moque. Le bonheur d’être sur le terrain est si grand que le regard condescendant des autres élèves le laisse de glace, puis l’objet en soi a une grande valeur sentimentale… Il s’agit du balai avec lequel son père a appris à voler, celui sur lequel il a fait ses premiers loopings. Un héritage familial précieux… Un trésor ! À combien de chutes ce balai a-t-il survécu, et à combien de chutes survivra-t-il encore ? Sourire aux lèvres, Enoch approche du terrain. La sélection a été une source de stress indescriptible, mais à présent le voilà intégré. Batteur, à croire que c’était écrit... Un poste tout à fait adapté à ses capacités physiques. Observateur, réactif, résistant, et énergique, Coppola a le bon profil et s’il l’ignore encore, en quelques matchs à peine il s’apprête à devenir un des atouts majeurs de l’équipe de sa maison. Admirant son uniforme pour la dixième fois de la journée, il est loin de se sentir peu fier de ce que représentent les belettes, -la patience, le travail, la justesse et la loyauté. En dépit de tout ce qu’on pouvait dire des jaunes, la maison d’Holga Poufsouffle est honorable et c’est sans honte que le sorcier s’apprête à protéger les cibles des noir et or, et à laisser les balles circuler dans son camp. La pression commence tout juste à se faire sentir au moment où les membres de l’équipe enfourchent leurs balais, puis elle le prend brusquement, comme une claque, rapide et sans appel. La fluidité du jeu repose à présent sur ses épaules couvertes de tatouages, et l’équipe adverse ne compte certainement pas leur faire de cadeau. Le premier coup de sifflet part, l’ensemble des joueurs quitte le sol et déjà, Enoch suit le souaffle des yeux comme un reptile qui vient de repérer une mouche, se mouvant stratégiquement dans les airs. La cadence est beaucoup plus rapide que durant les entrainements, mais son rythme cardiaque joue le jeu, accélérant ses mouvements et focalisant son attention, autant sur les actions de l’adversaire que sur celles de ses camarades. Les poufsouffles récupèrent enfin la balle d’un mouvement à peine perceptible. La commentatrice est en extase et la poitrine d’Enoch est sur le point d’imploser. Malheureusement Caoimhe Smith course le poursuiveur qui, distrait, repasse le souaffle aux gryffons. La tension est palpable, presque insoutenable. Le troisième année se positionne par rapport aux autres de la défense. Il ne passera pas, il ne passera pas, il ne passera p… Enoch vient de prendre un coup monumental à la tête, qui lui fait perdre l’équilibre durant un bref instant. La balle rebondit et repasse à son équipe. Le sang mêlé fait de son mieux pour rester alerte. En quelques secondes il retrouve ses esprits, et quand bien même il s’attend à un autre retournement de situation, la batte fermement maintenue entre ses doigts d'adolescent, l'attrapeur vient de s’emparer du vif d’or. Second coup de sifflet, cris de joie dans les gradins… son premier match est terminé.

Des cris. Des acclamations. Des encouragements. C’était son premier match officiel. C’était le plus jour de sa vie. La jeune fille était sur le point de s’évanouir tant la pression était forte, tant son cœur battait vite. Elle n’était qu’en troisième année, de moyenne taille et mince, elle était faite pour se faufiler entre les autres joueurs. Malgré sa faible corpulence, elle avait beaucoup plus de force et d’endurance que ce qu’elle laissait paraître. S’agrippant à son balai pour ne pas tomber sous le poids des émotions, elle observait ses équipiers, l’air inquiet. Elle croisa le regard de son capitaine qui la rassura d’un sourire. Alhena inspira lentement et expira de la même manière, tentant de calmer le stress qui la rongeait un peu plus à chaque seconde. C’est à ce moment précis qu’elle se rendit compte que le Quidditch était bien plus qu’un sport pour elle : c’était une passion. La pression, le stress, la joie et le bonheur… Tous ces sentiments qu’il lui faisait ressentir. Elle aurait aimé croisé le regard de son frère jumeau, quelque part. Lui seul était capable de la rassurer. La brunette soupira et se redressa fièrement. Elle devait faire honneur à sa famille, à ses parents, à son sang et à sa maison. Elle craqua doucement ses doigts et bougea sa nuque de droite à gauche pour se dégourdir. Lorsque son capitaine fit signe à l’équipe de le suivre, elle arrêta de respirer l’espace de quelques secondes. C’était son heure. Elle allait enfin pouvoir briller autrement que par ses bonnes notes en métamorphose et en sortilèges, autrement que par son air supérieur qu’elle s’évertuait à se donner en toutes circonstances. Malgré la pression qui prenait une place de plus en plus importante dans son fort intérieur, elle gardait la tête haute et l’air fier. Une pure Serpentard.

Son cœur s’arrêta. Le vent caressa son visage, faisant s’envoler ses longs cheveux châtains récemment attachés par un simple élastique vert et argent, les couleurs de sa maison. Elle se tenait face à une équipe de Serdaigle confiante, sûre d’elle. Celle-ci était composée en majorité de garçons, seules trois filles jouaient. Cela ne la rassurait que très peu. Les battements de son cœur étaient irréguliers. La pression grandissait tel un monstre prêt à l’engloutir à la moindre erreur, au moindre faux pas. Cette pensée la fit frissonner. Elle avait peur d’être ridicule, peur de ne pas tenir son rôle à la perfection. Perfection à laquelle elle était habituée en temps normal. Le professeur de vol, actuellement arbitre de ce match jeta un coup d’œil aux deux équipes, rappelant les règles, précisant que le fairplay était de rigueur. Des sourires se dessinèrent sur les lèvres de certains joueurs suite à cette précision. Alhena serra un peu plus son balai entre ses mains. Son cœur se serra à l’idée de mal faire, de faire perdre son équipe.

« Préparez-vous. A mon coup de sifflet… - elle se saisit du sifflet, le souaffle à la main. Les joueurs se mirent en place. La jeune fille monta sur son balai, prête à décoller. Le professeur porta le sifflet à sa bouche. – Que le match commence ! – Elle siffla. »

Les joueurs décollèrent à l’unisson. Le souaffle fut lancé. Sa seule préoccupation : ne pas le laisser à l’équipe adverse. Un de ses équipiers s’en saisit, se dirigeant vers les buts, protégés par le gardien des Serdaigle. La jeune fille donna un coup en avant pour rejoindre son coéquipier qui lui jeta un coup d’œil rapide. Il tenait fermement le souaffle. Bientôt rattrapé par un aigle à l’air féroce, il fit une passe à Alhena qui, sans réfléchir, fonça vers les buts, se faufilant entre les joueurs pour marquer le premier but du match. Concentrée, elle n’entendait plus rien d’autre que le vent sifflant dans ses oreilles. Même pas le commentateur qui faisait son éloge.

« La poursuiveuse, Alhena Prince, jeune troisième année de Serpentard se dirige vers le but… - Il marqua une pause, observant le match d’un œil expert. – Attention au cognard !– Il poussa un soupir lorsqu’un batteur des verts envoya l’objet volant se promener vers le balai d’un adversaire. – Oui, elle arrive près du but, elle tire, magnifique geste et… - un silence morbide coupa le souffle à tous les spectateurs présents. - DIX POINTS POUR SERPENTARD ! s’écria le présentateur tandis que les Serpentards et quelques autres élèves se levèrent pour acclamer la jeune fille. Les Serdaigles se contentèrent d’applaudir froidement face au geste de la jeune troisième année. »

Elle fut rapidement rejointe par les deux autres poursuiveurs qui la félicitèrent du regard avant de se remettre en course. Le souaffle était désormais en possession des bleus. La jeune fille jeta rapidement un coup d’œil à l’attrapeur qui ne semblait pas apercevoir le vif d’or pour le moment. Elle donna un nouveau coup en avant pour accélérer et rattraper le Serdaigle, seul dans son avancé vers les buts des Serpentards. Le batteur de l’équipe verte frappa dans le cognard qui atteignit de plein fouet le balai de l’aigle. La jeune fille ne put s’empêcher de réprimer un sourire à la vue du garçon entrain de tomber sur le sable du terrain. Elle plongea avec son balai pour rattraper le souaffle et le passer rapidement à un de ses coéquipiers. Celui-ci rebroussa chemin et fonça vers les buts des Bleus, déstabilisés par la perte d’un de leurs poursuiveurs. La jeune fille le suivit. Alors qu’il allait lui passer la balle, elle sentit un courant d’air à quelques centimètres de son visage. Le cognard, cette balle de malheur, frappa de plein fouet l’épaule de son coéquipier qui, déstabilisé, tomba de son balai, lâchant le souaffle. La jeune fille, bien que perturbée par cette action, rattrapa le souaffle, donnant un coup d’épaule au Serdaigle qui tentait de s’en emparer. Elle échangea de nombreuses passes avec l’autre poursuiveur de son équipe avant de foncer vers les buts adverses et de s’arrêter à quelques centimètres du gardien pour marquer un magnifique but. Elle lui fit un clin d’œil, reprenant l’air hautain qu’elle affichait habituellement. L’adrénaline avait remplacé la pression, la joie d’être utile s’était chargée du stress. Quant à la pression, bien que toujours présente, elle était beaucoup moins forte qu’auparavant.

Cela promettait d’être une bonne année pour l’équipe de Serpentards.

Avalon inspira profondément. Le stress ? Non, c'était une chose qui ne l'atteignait pas. La jeune femme était toujours sûre d'elle et elle doutait rarement de ses capacités. Bien sûr, il lui arrivait que cela lui joue des tours mais elle s'en sortait toujours, d'une façon ou d'une autre. Et quand un peu d'anxiété venait à la gagner, Avalon savait parfaitement adopter un masque d'impassibilité et même y coller un petit sourire en coin arrogant. Et devant ses oeufs brouillés en cette belle journée ensoleillée de septembre, Avalon se forçait à lancer des sourires à ses amis autour de la table de Gryffondor et à prendre un air assuré lorsqu'on lui parlait du match qui allait débuter dans maintenant une heure.

« Eh Everdeen ! Prête à te prendre une raclée comme on tu n'en as jamais pris ? »

Avalon tourna la tête derrière elle vers la table des Serpentards même si elle n'avait guère besoin de vérifier de qui il s'agissait, la voix provocante de Narcisse Dawson était reconnaissable entre mille. La Gryffondor se fendit de son plus beau sourire hypocrite et battit des cils d'un air niais. En vérité, même si les paroles de Narcisse ne la touchait pas directement, elles n'arrangeaient rien au stress qu'elle sentait peu à peu monter en elle. Et cela l'agaçait, elle d'habitude si confiante, elle se sentait perdre ses moyens. Pourtant Avalon savait bien qu'elle était doué au Quidditch. D'ailleurs après tout elle n'avait pas été sélectionnée et acceptée dans l'équipe pour rien ! Elle jeta un oeil aux grandes fenêtres de la Grande Salle qui laissaient passer des rayons de Soleil matinal, c'était vraiment un temps parfait pour jouer au Quidditch, un soleil radieux, une toute petite brise semblait souffler, bref, Avalon n'aurait pas pu rêver mieux pour son premier match. Elle reporta son attention sur Narcisse.

« Merci pour cet avertissement Dawson, je tâcherai de faire attention à tes cognards pendant que je volerai vers les buts à Serpentard et que je marquerai, bien évidemment. »

Elle marqua sa réplique en montrant à Narcisse toute une rangée de dents bien alignées avant de se retourner et d'engloutir ses oeufs brouillés. Il était temps qu'elle aille se changer et vite rejoindre l'équipe dans les vestiaires, au moins une demi-heure avant que le coup d'envoi du match ne soit donné. Elle savait que leur capitaine allait leur donner des conseils et une stratégie précise, alors pas question d'être en retard.

~ ~ ~

« [...] Alors soyez motivés, jouez comme je savais que vous pouvez le faire et ce match on va le gagner ! »

Des cris et des applaudissements retentirent dans les vestiaires des rouges et or lorsque la capitaine acheva son discours d'encouragement. Avalon sourit, le stress était toujours là bien sûr mais elle sentait maintenant une forte excitation monter en elle. Elle avait hâte d'enjamber son balais acheté par sa mère dès son entrée à Poudlard, elle avait hâte de sentir l'air frais et les rayons du soleil sur son visage. Les sensations, c'est ça qui lui plaisait dans le Quidditch. Son père n'aimait pas ça, son frère et Alison non plus alors c'était sa mère qui avait appris à Avalon tout ce qu'elle savait et c'était grâce à elle qu'elle s'était découverte une passion pour le Quidditch. Jouer en équipe n'était pas habituellement son domaine, à vrai dire le poste qu'elle aurait aimé jouer été le poste d'attrapeur mais pas question de renoncer à entrer dans l'équipe pour autant ! Avalon aurait supporté d'avoir son pire ennemi dans l'équipe pour pouvoir jouer.

Il était temps. Avaon, vêtue de sa robe de Quidditch rouge et or ornée d'un six doré sur son dos, et le reste de l'équipe sortirent du vestiaire et débouchèrent sur le terrain sous les acclamations -et les sifflets- des élèves dans les tribunes. Avalon était grisée, transportée même si son angoisse monta d'un cran tout d'un coup. Elle monta alors sur son balais, deux secondes plus tard un coup de sifflet retentit, elle donna un coup de pied par terre et commença à s'élever dans les airs. Alors le match débuta. C'était extraordinaire, une fois dans les airs, Avalon sentit son angoisse se dissiper : elle était dans son élément. Elle se rapprocha de ses deux camarades poursuiveuses, Gryffondor avait le ballon. Elle réceptionna une jolie passe de sa co-équipière et la renvoya impeccablement. Avalon sourit furtivement, finalement elle ne perdait pas ses moyens. Le match se poursuivit tranquillement pendant soixante minutes, Gryffondor marqua dix fois et Serpentard neuf. Avalon souriait à présent de toutes ses dents, essayant en même temps de rester concentrée. Et alors qu'elle se dirigeait à toute vitesse vers les buts, le Souafle à la main, un cognard la percuta brutalement. Elle sentit une douleur vive au bras mais se cramponna tant qu'elle put à son balais et après quelques turbulences, elle réussit à se stabiliser. Elle s'aperçut que dans son malheur elle avait lâché le Souafle mais cela n'avait aucune importance puisque l'attrapeuse de Gryffondor venait d'attraper le vif d'or pendant que la jolie brune était occupée à se cramponner à son balais ! Sous le vacarme que faisaient les supporters de Gryffondor, Avalon descendit rapidement à terre, massant son bras endoloris, fatiguée mais ravie. Ils avaient gagné, elle avait joué son premier match, elle avait plutôt bien joué et en plus ils avaient gagné ! Une de ses co-équipière la serra dans ses bras et Avalon lui rendit son étreinte en riant. La jeune fille leva la tête vers les tribunes des rouge et or en délire. Oui, cette sensation de satisfaction profonde elle pourrait parfaitement s'y habituer.