« Debout ! »

Le balai qui s'éleva à sa main sonna comme une victoire. Un sourire immense, le sourire d'un enfant simplement heureux, fendit le visage de Lysander. Il trépigna un instant, s'apercevant qu'il était le premier à avoir son balais en main. Hm. Mais que faisait donc tous les autres pour mettre autant de temps à prendre leur balai ? Il en voyait bien deux trois qui galéraient comme pas possible, un qui s'était pris le balais entre les deux jambes, une bonne majorité dont le balais ne bougeait pas d'un pouce. Mais lui, en un mot, avait réussi ce que d'autres avaient énormément de mal à faire. Son petit égo de gamin pourri gâté gonfla d'un seul coup, et il sauta d'un pied sur l'autre, attendant impatiemment que tous ses amis réussissent enfin (et enfin était le mot important de la phrase) à attraper leur balais.

Lorsqu'enfin, tous étaient passés à califourchon sur le manche, madame Bibine leur fit un petit speech, inintéressant aux yeux de la plupart, indispensables pour certain, mais en ce qui concerne Lysander, il n'écouta pas un traître mot des paroles de son professeur. Vraiment, on lui aurait demandé ce qu'elle avait dit, il aurait été complètement incapable de répondre. Pas que ça ne l'intéressait pas ... plus qu'il était beaucoup trop impatient de prendre son premier cours de vol ! Cassio lui avait dit que c'était des sensations absolument incroyable, il lui avait tout décrit au mieux. Le jeune gryffondor avait écouté chacun des mots de son récit avec une attention incroyable, et c'est peut-être jamais la seule histoire qu'il avait entendu d'un bout à l'autre. Ainsi il regardait la professeur du cours de vol qui parlait parlait et parlait encore sans s'arrêter. En disant tout ce qu'il devait savoir avant de commencer à voler. Car bien que les frères de Lysander aient déjà fait quelques petites courses de vol devant lui, bien que Cassio ait été attrapeur il y a quelques années chez les serpentard, jamais Lysander n'était monté sur un balais. Jamais il n'avait volé, sa mère étant trop inquiète à l'idée de le voir faire les mêmes expérience que ses frères. Quatre s'étaient cassés des jambes en balais, et tous étaient tombés chacun des centaines de fois, alors on pouvait comprendre le point de vue de madame McLeod. Mais que voulez vous, Lysander allait voler pour la première voir ! Et son naturel impatient reprenait le dessus, écouter les explications inutiles d'une prof, voila bien ce qui l'énervait. Ainsi, lorsque celle ci leur donna le signal de départ, il fut le premier à enfourcher son balais. Et puis, sans vraiment comprendre comment, son balais quitta le sol.

Et il démarra en trompe dans un cri de joie.

« Wouhouuuuuuu !! »

Il ne comprenait pas pourquoi il allait si vite. Un bref instant, il se dit que c'était sûrement parce qu'il n'avait pas écouté un traître mot des explications pour contrôler sa vitesse de madame Bibine. Et à cette pensée, il se dit qu'il avait vraiment bien fait de ne pas écouter ! Car il continua a filer à travers le ciel, sans rien contrôler, mais sentant seulement le vent dans ses cheveux et l'air qui lui foutait constamment le visage. Il poussa un nouveau cri de joie, lâchant ses mains du manche à balais se redressant, sa cape de sorcier claquant au vent. Il ferma les yeux et sentit la vitesse s'accumuler, comme si il ne faisait plus qu'un avec son balais. Il sentit un sentiment d'adrénaline indescriptible l'envahir, le submerger totalement, son coeur battant de plus en plus fort, à toute allure. Il n'avait pas peur. Il aurait du, il ne contrôlait rien, il en pouvait pas s'arrêter, il ne comprenait même pas, ça le surmontait. Mais il adorait ça, d'une telle manière ! Il se fichait de ce qu'il pouvait se passer, il ne voulait qu'une chose, continuer de voler ainsi ! C'était magique ! C'était donc ça que lui racontait ses frère, Andrés lui avait dit à quel point c'était quelque chose d'inimaginable, il ne s'en rendait pas compte. A l'époque. Là, maintenant, du haut de ses onze ans, il avait l'impression d'être en état de grâce.

Après, il ne se souvient plus de grand chose. On lui a dit qu'il avait percuté un arbre et qu'heureusement, il en volait pas trop haut. Il se rappelait simplement s'être reveillé à l'infirmerie, s'être redressé d'un coup et avoir ouvert des grands yeux. Puis il avait regardé l'infirmière, des étoiles dans les yeux avant de lui dire :

« C'était trop démennnnnnnnt !! Quand est-ce que j'y retourne ? »

Pseudo : Alan M. Bird
Maison : Serdaigle
Poste Souhaité : Poursuiveur
Mise en Situation : Joueur simple – situation 1

Alan, du haut de ses onze ans, avait peur de beaucoup de choses, ça oui ! Du noir, d'être loin de ses parents, des armures qui se cachaient dans les couloirs du château et qui, il en était intimement persuadé, entrait dans les dortoirs pour embêter les petits enfants la nuit en leur faisant peur. Il avait peur des chats de ses camarades, de leur crapauds, de l'arrivée des hiboux le matin, lors du courrier, il avait peur que sa maman ne lui écrive pas. Il avait peur des autres élèves ! De ceux de son âge comme des plus grands, et puis il avait aussi très peur de ses professeurs ! De leur grosse voix, de leur capes qui flottaient au vent, de leurs sourcils froncés. Il avait peur de brandir sa baguette magique devant lui, de ne pas réussir à lancer un sortilège, de réussir à en lancer un, il avait même peur de faire mal aux autres ! Il paniquait lorsqu'il voyait une baguette vaguement orientée dans sa direction, il avait peur de se perdre dans le dédale des couloirs, de tomber dans les escaliers alors que ceux là bougeaient, il avait peur d'aller dans le parc …

Par contre, le petit garçon attendait avec une impatience toute particulière les cours de vol. Et pour une fois, il ne tremblait pas à l'idée de participer à un cours – ce qui, entre nous, était déjà une belle réussite. Alan aimait bien le sport. Bien sur, avec son papa, il avait davantage eu l'occasion de pratiquer du football, du ping pong, du basket et toutes ces choses que les sorciers ne connaissaient pas. Mais aujourd'hui, alors qu'il se rendait dans le parc, le pas mal assuré mais plutôt content, Alan avait finalement hâte d'en découvrir un petit peu plus sur le Quidditch. Parce que niveau sport, sa maman avait été plutôt avare de détails. Bref, bref … Ah, il y était. Sans trop savoir à côté de qui se placer, le petit garçon, pas bien grand pour son âge, se plaça en bout de rangée et attendit patiemment que le cours commence, après avoir salué le professeur d'un petit sourire hésitant.

Comme à son habitude, l'aiglon avait écouté avec attention les recommandations – tout en regardant son balais de plus en plus fréquemment. Oui, oui, ne pas décoller avant le coup de sifflet, il avait compris ! Oui ! Il hocha frénétiquement la tête, sentant l'impatience grandir encore un petit peu d'avantage en lui. Alors, alors, dites dites dites, il pouvait y aller, maintenant ? Oui ? Oui ? OUI ? OUIIII ! Il fut parmi les premiers à se précipiter lorsqu'on leur dit – enfin – d'y aller. Vite, très vite, mais aussi très très concentré, le petit garçon tendit sa main au dessus de son balais – enfin, de celui qu'on lui avait attribué – et de sa petite voix fluette …

« DEBOUT ! »

Le balais lui sauta dans les mains aussitôt – ce fut comme une évidence. Doucement, sentant son sourire s'agrandir, Alan l'empoigna fermement avant de l'enfourcher. Bah … ça avait pas l'air bien dur. Le garçon comprenait presque instinctivement comment se placer et, en observant un peu le balais, saisit rapidement comment monter, comment descendre, comment tourner … il avait lu un petit peu sur le sujet, mais maintenant qu'il était sur le balais, tout lui semblait vraiment très simple. Très, très simple. Tellement simple qu'au coup de sifflet, le garçon décolla d'un seul coup, se hissa rapidement en hauteur et …


ϟ ϟ ϟ

Le second cours de Quidditch s'était fait désirer. La semaine avait parue bien longue au jeune homme, qui, sitôt le premier cours fini, s'était empressé d'écrire à son papa, de lui décrire le vent dans ses cheveux, sur ses joues, sur le bout de son nez. L'impression de liberté qui le prend quand il vole. François ne comprend pas, bien sur, étant moldu – mais il est heureux pour son fils. Emily, quant à elle, reste sceptique. Elle a fait du Quidditch quand elle était plus jeune, elle sait que ce sport peut être dangereux et ne le pense pas fait pour Alan. Qu'à cela ne tienne, le petit garçon se rend à son second cours de vol en trépignant – intérieurement, bien sur. Cette fois, il s'envole rapidement …

Alan se redresse – il tire un petit peu d'avantage sur le manche de son balais, sourcils froncés, un grand sourire ravi aux lèvres. Il lui suffit de se pencher légèrement sur le côté pour virer, encore, à droite, puis à gauche ! De se pencher en avant pour descendre, un tout petit peu, lentement, d'abord ! Et puis un peu plus. Plus vite. Beaucoup plus vite ! De remonter ! Tout cela lui semble tellement naturel, en fin de compte. Et puis retrouver, une fois de plus, cette sensation de vent dans ses cheveux, sur sa peau … Le froid de l'air qui passe à toute allure autour de lui ne le dérange pas plus que ça, Alan a l'habitude, du froid. Il se dit que ça doit être bien, de voler au dessus de la mer, en Irlande … Il se dit aussi que sa maman ne serra jamais d'accord – et pourtant, cette idée s'agrippe. Il s'y accroche, ne veut pas la laisser se noyer. Rapidement, il passe par dessus un élève qui va moins vite que lui, puis par dessous un autre. Chemin faisant, il se demande si sa maman voudrait bien qu'il fasse du Quidditch. Lui, en tout cas, il aimerait bien. Un coup d'oeil en bas lui indique que Madame Bibine leur fait signe de revenir. Humm … Dommage. C'était un petit peu trop court à son goût – mais bon. Doucement, Alan se penche en avant, essayant de prendre un petit peu plus de vitesse. Son cœur bat la chamade – il s'en rend tout juste compte, et arrive à s'en surprendre. Comment ça se fait ? Pourquoi ? Bah … la question n'a pas vraiment d'importance. Son sourire s'agrandit – tout ce qu'il sait, c'est qu'il se sent définitivement très bien, sur un balais. Alors, en posant les pieds sur le sol, le petit garçon s'avance vite, viiiite vers sa professeure. Tout gêné, parce qu'il n'a pas trop l'habitude de parler – et à la fois bien décidé à poser sa question.

« Dites … Dites, c'est bien vrai que les premières années ne jouent jamais ? »

Oui, c'est bien vrai. Gnu. Petite moue déçue.