Bonsoir, c'est la petite garce !
Vous ne dormez pas, j'espère ? Quoique, le fait que vous vous couchiez tôt explique peut-être pourquoi vous n'êtes pas venu à la soirée de quarantaine. Des reproches ? Non, vous me connaissez.

En fait si. J'ai attendu TOUTE LA SOIREE de croiser votre regard mais vous n'étiez pas là, probablement à profiter de votre liberté quelque part dans le château. Grrr. Je suis déçue.

Je vous embrasse. Oubliez ça. Oubliez ça tout de suite. Ca n'a aucun rapport avec ce qui s'est passé l'autre fois. D'ailleurs il ne s'est rien passé. Rien du tout.

Ahnès.

J'aurais aimé vous voir, c'est tout. Il ne s'agit pas de savoir depuis quand ni pourquoi. J'avais envie de vous voir. Vous êtes rassurant.
Je....Non. Non, je ne tiens réellement pas à savoir, mon esprit se charge de l'imaginer.

Vous avez raison. Vous n'êtes pas la première bouche que j'embrasse - si on peut appeler cela embrasser - et probablement pas la dernière, je l'assumes. Un peu.
Mais sachez qu'il n'y a jamais de déni pour une erreur.

La petite garce.

Exactement. Mais étrangement, je suis dans un jour de bonté et je vous pardonne. Vous ne pouviez pas savoir que je vous attendais comme le messie. C'est moi. Votre présence est rassurante, je n'ai pas peur de le dire.

Pas moi. J'ai eu l'impression d'embrasser un mannequin de cire. Vous aviez l'air tellement béa... J'ai cru que vous étiez traumatisé à vie.

Petite garce.

Oui, sans aucune hésitation.
Mes peurs ? Je n'ai peur de rien. Pourquoi aurais-je peur ? Si j'ai envie de dire des choses touchantes, je le fais. Rassurez moi... Ces hiboux restent confidentiels, n'est-ce pas ?

... Serait-ce de l'amertume ?
Oh, c'est le manque de compagnie féminine, ça. Une fois que vous aurez trouvé quelqu'un, ce baiser ne sera qu'un souvenir parmi tant d'autres.
Pour tout vous dires, j'ai aimé notre étreinte. Pourrons nous recommencer ?

Ahnès.

Si vous tenez tellement à mourir, venez m'embrasser en salle des visiteurs. J'en serais ravie et vous serez mort en moins de dix secondes.

J'aime me mêler de la vie sentimentale des gens. Surtout de la vôtre en fait. Vous préferez l'inconnu ? Laissez moi vous dires que vous allez vous marier avec une magnifique brune aux yeux bleus, que vous aurez 4 enfants dont deux jumeaux. Voilà. je viens de vous spoiler votre vie.
Pourquoi ne répondez vous jamais ! Je veux simplement savoir si j'aurais à nouveau l'occasion de me reposer contre votre torse, la tête nichée dans le creux de votre cou. Je me fous de la surprise, la réponse à cette question m'aidera à tenir les quelques semaines qu'il me reste en quarantaine.

Ahnès.

A vrai dire, je ne peux pas savoir, vous ne m'avez jamais embrassée. La dernière fois, vous êtes resté aussi stupéfait que Léonard lorsqu'il a vu que j'étais en tête aux résultats de fin de trimestre. Ce moment était beau. Très beau. Presque orgasmique.

Maintenant vous le savez.

Pardonnez moi. Vous me manquez, c'est tout. Et l'épisode de la volière me tourne dans la tête depuis trop longtemps... Je crois que je vais devenir folle.

Ahnès.

Il n'y a qu'une seule personne que j'ai envie d'éblouir, et c'est bien loin d'être Léonard.

De vous ? Oui, de plus en plus. Mais là n'est pas la question je suppose.

Ahnès.

Surtout que ça ne sert à rien de poser la question puisque vous connaissez la réponse.

Je ne sais pas. J'ai envie d'être honnête, je n'ai pas le droit ? Alors par pitié, au lieu d'essayer de tout analyser tout le temps, vous ne pouvez pas juste répondre " Merci " ou " je ne suis pas intéressé " ou " je suis touché mais..." ? Quelque chose clair, pour une fois, pour l'amour de dieu.

Ahnès.

Vous êtes prévisible.

Je ne sais pas justement. Je ne sais pas et ça m'agaces profondément. Peut-être que vous vous amusez trop pour penser à me repousser justement.

Ahnès.

PS : Vous ais-je dit que Tandorii allait disparaître ?

C'est possible ça ?

Soit... Admettons que ce soit vrai, que vous soyez attiré par moi autant que je le suis par vous. Rah mais c'est parfaitement immoral, ce truc ! Suis-je la seule à me préoccuper de ça ? Apparemment oui. Pour être sincère, je ne sais pas dans quoi je m'embarques, et je ne sais même pas si j'en ai envie.

Ahnès.

PS : Pourquoi ? Ce n'est pas vous qui êtes en train de le tuer, jusqu'à preuve du contraire.

Je peux faire comme si, si vous voulez.

Ce n'est pas que je n'en ai pas envie. C'est juste que je trouves ça trop gros pour que ce soit réel. Ca doit être une situation tordue sortie tout droit de mon cerveau d'adolescente. Et puis je crois que j'ai peur. Enfin je ne sais pas trop. J'ai une sorte de noeud juste en dessous de l'estomac. C'est gênant et en même temps très agréable.

Ahnès.

PS : C'est ridicule ? Pourquoi éprouver de la compassion pour quelque chose que vous n'avez pas vécu ? Vous n'avez pas la moindre idée de ce que je ressens, alors comment pouvez vous compatir ?

Si tel est votre souhait.

Nous aussi ? Y'a t'il réellement un " nous "?
Oui, je pense que l'agréable surpasse le gênant. Et de très loin, même.
Flûte. Moi qui comptais sur vous pour y voir un peu plus clair, me voilà bien avancée et peut-être bien encore plus confuse qu'avant. J'envie votre capacité à vous laissez aller de la sorte, Professeur. ( Même s vous abusez à nouveau du privilège qui vous permets de m'appeler par mon prénom.)
Je ne vous en veux pas, c'est parfaitement normal. C'est même la meilleure chose à faire, rester froid et distant. Ca aide àà garder les pieds sur terre. Ca m'aide à garder les pieds sur terre.
Il n'est pas né celui qui lira ces hiboux. Ils sont enfouis tout au fond de ma valise et mon livre de soins aux créatures magiques de troisième année monte la garde.

Ne parlez pas d'yeux. Cela fait remonter en moi le souvenir du bal de Noël. Je connais vos iris par coeur, à présent, de la plus infime nuance de bleu jusqu'à la petite pointe dorée juste au dessus de votre pupille droite.
J'aime bien les yeux de votre hibou, soit dit-en passant.

Ahnès.

PS : Pourquoi " vous verrez " ?

Non. Non, c'est parfait.
C'est bien ça qui me perturbes. J'ai toujours, toujours, toujours eu l'ascendant sur tout le monde. Mais c'est quelque chose qui est en train de changer avec vous et cette égalité totale ne m'est pas familière.
Je ne me permettrais pas.... Caïn. Si on oublie la symbolique qui se cache derrière ce prénom, je le trouve très joli. Très doux. Il vous correspond parfaitement. Même si vous semblez le détester, je l'aime beaucoup, moi, et serais même capable de l'aimer pour deux.
Alors cessons d'être raisonnable, voulez vous ?

Vos compliments me vont droit au coeur et je dois avouer qu'il me tarde de confronter le bleu de vos iris avec les miens. Dans quelques semaines, peut-être.
Comment un hibou peut-il être prétentieux ?

Ahnès.

Je le sais bien, ne vous en faites pas.

Hé ! Ne rougissez pas que je ne suis pas là pour voir le spectacle ! Ceci dit, j'aime énormément l'idée que je puisse vous mettre dans cet état rien qu'avec des mots, Caïn. Si votre prénom ainsi couché sur le papier vous fait rougir, je crois que je pourrais donner tout ce que j'ai pour voir immédiatement votre réaction lorsque vous l'entendez de vive voix.
Cessez de dénigrer votre prénom et aimez le ! De toute façon, il vous suivra jusqu'à la mort, alors autant s'y faire, non ?
... J'espère pour vous que ce n'est qu'une métaphore.
C'est vrai, j'oubliais à quel point vous êtes doué pour lire dans les yeux.

Ahnès.

J'imagine. Mais comme vous m'avez dit de rester naturelle, je le fais. Et vous savez bien que je n'ai jamais été très polie. L'éducation britannique est quelque chose qui me fait cruellement défaut, n'est-il pas ?
Je n'avoue rien du tout !
Ne vous en faites pas, je le répète aussi à voix haute. Votre prénom résonne dans le dortoir et c'est comme si vous étiez à mes côtés pendant quelques instants. Votre patronyme est aussi délicieux à prononcer qu'à entendre. Je ne pense jamais m'en lasser.
Vous n'avez pas le choix. Il faut vous y faire.

Tout dépends... Si vous parlez du sens psychique, dans le sens " devenir fou ", cela voudrait dire que vous ne pensez peut-être pas ce que vous me dites. Toutes ces jolies choses, là, ne seraient qu'influencées par la folie qui sommeille sous votre crâne. J'en serais attristée.
Et si c'est le sens physique, alors la tristesse me gagnerais tout autant. Je ne pourrais plus vous embrasser par surprise dans la volière.
Oh, allons. Il vaudra multiplier les rencontres et vous verrez bien que les rouquines sont des créatures moins complexes qu'elles n'y paraissent.


Les longues semaines passeront vites.

Ahnès.